23 décembre 2011

Homélie du 20 novembre 2011-Dies solemnis

Homélie du 34ème dimanche du temps ordinaire (Christ Roi) – Année A



Si vous avez l’occasion de visiter l’exposition du « Grand Sacre », à l’abbatiale saint Martin, au centre de la ville, vous aurez une image de la façon dont on honorait la royauté du Christ, dans l’Eucharistie jusqu’au milieu du XXème siècle.

De quoi s’agit-il ? C’est une reconnaissance de la grande procession organisée chaque année, au départ de la cathédrale, à travers les grandes artères de la ville et jusqu’au-delà de la Maine. A la Fête-Dieu, fête du saint Sacrement, une hostie consacrée, exposée dans un ostensoir, était portée solennellement sous un dais. Avec les plus riches ornements, le clergé, les chorales, les musiques et de nombreuses institutions religieuses suivaient, passant devant de très nombreux fidèles. Beaucoup parmi les plus âgés d’entre nous ont connu ces manifestations de foi, caractéristiques d’une époque.

Si l’on remonte encore un peu plus loin, certains se souviendront du Congrès Eucharistique national, à Angers en 1933, avec des arcs de triomphe à différents endroits de la cité. C’était une manière de rendre très publique la vénération à l’égard du Christ d’une population presqu’entièrement baptisée. Qu’on le regrette ou non, on ne verrait guère la possibilité de semblables manifestations aujourd’hui.

Que la piété s’exprime par la beauté, par des signes extérieurs marquants, par des chants et des fêtes, c’est bon et parfois nécessaire, mais il ne faut pas oublier que l’essentiel n’est pas là.

Le Seigneur nous a dit que sa royauté n’était pas de ce monde. Et rappelons-nous le moment où il a dit le plus clairement qu’il était Roi. C’était lorsqu’il comparut devant Pilate. Celui-ci lui demanda : « Es-tu le Roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Est-ce de toi-même que tu dis cela ? Ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? » Puis il ajouta « Tu l’as dit, je suis Roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. »

La royauté du Christ n’est pas celle des hommes, de la richesse, du pouvoir, de la domination. Il est venu établir, selon la préface de la messe, « un règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. »

Comme le chante l’office des moines aujourd’hui : « Qu’il soit béni, qu’il vienne, le Roi, notre Seigneur. Il vient à nous sans faste, grandeur ni majesté, vêtu comme le pauvre dans son humilité… Il vient nous racheter… Il montre à tous les humbles la face du Sauveur… Il donne aux misérables la paix du bon Pasteur. Il est doux. Il est humble. C’est lui qui nous mène jusqu’à la liberté. »

Que nous disent les textes de la liturgie ? Dans le livre du prophète Ezéchiel : « C’est moi qui ferai paître mon troupeau, c’est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur ! La brebis perdue, je la chercherai, l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. »

Saint Paul nous invite à rendre grâce : « rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint. Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien aimé. »

Mais, nous prévient l’Evangile, pour avoir en héritage le royaume, il faut agir envers le prochain avec beaucoup de bonté. « A propos du règne de Dieu, écrit Origène un théologien grec du 3ème siècle, il faut encore remarquer ceci : comme il n’y a pas d’union entre la justice et l’impiété, entre la lumière et les ténèbres… le règne du péché est inconciliable avec le règne de Dieu. Si donc nous voulons que Dieu règne sur nous, que jamais le péché ne règne dans notre corps mortel. »

« Le vainqueur, dit le Seigneur dans l’Apocalypse, celui qui garde jusqu’à la fin mes œuvres, je lui donnerai pouvoir sur les nations… je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône. » « Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir puissance, divinité, sagesse, force et honneur. »

Et la prière après la communion exprimera très bien comment nous sommes destinés à participer à cette royauté :

« Nous mettons notre gloire, Seigneur, à obéir au Christ Roi de l’univers. Fais que nous puissions vivre avec lui, éternellement, dans la demeure du Ciel. »

Amen.

Père Jean Rouillard

06 décembre 2011

Homélie du 13 novembre 2011-Le Purgatoire existe bien !

Homélie du 33ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A


Quelle définition donneriez-vous de la messe à celui qui vous demanderait ?
Il y a plusieurs niveaux de réponse, comme par exemple « renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix » … mais l’évangile d’aujourd’hui nous fournit une formule qui, évidemment, ne suffit pas pour tout dire, mais qui dit quelque chose d’essentiel, et qui est particulièrement approprié pour la période que nous connaissons, de fin d’année liturgique : la messe c’est « entrer dans la joie de son maître »

Nous anticipons, pendant la messe, ce moment éternel qu’est le Ciel, où Jésus dit « entre dans la joie de ton maître ! » Nous fêtions (ce matin) hier Saint Josaphat, et la prière après la communion disait de l’autel qu’il est « la table du Ciel », c’est-à-dire ce lieu où mystérieusement, le festin des noces de l’Agneau –comme dit l’Apocalypse- nous est enseigné, de sorte que, habitués au dialogue simple et profond avec Dieu dans la liturgie, nous ne soyons pas surpris par le passage de la vie à la Vie …

C’est sans doute la raison pour laquelle, en Orient, on a coutume de dire que la liturgie –entendez la messe- c’est « le Ciel sur la Terre ». Pendant la messe, nous entrons dans le Ciel, nous entrons dans la joie de notre maître … mais évidemment, ceci suppose deux étapes préalables : le don de Dieu et la gestion fidèle que nous faisons de ces dons divins.

C’est très important de noter que la parabole commence par un don du maître, 1 talent (plusieurs dizaines de kilos de pièces d’argent !), ou 2 ou 5 talents qui sont le signe d’une grande confiance de la part de Dieu : avant d’exiger quoi que ce soit de l’homme, Dieu lui confie beaucoup de choses et ces choses appartiennent toujours à Dieu.

A vrai dire, il y a deux péchés : celui de ne pas faire fructifier ce que Dieu nous a donné, et l’autre qui consiste à s’imaginer que nous sommes propriétaires de ce que Dieu dépose en nous.

Dans la parabole, il y en a même un troisième : la peur de Dieu … mais il me semble qu’aujourd’hui, le péché moderne n’est pas la peur de Dieu, qui n’est pas à la mode du tout, ce serait plutôt l’oubli de Dieu, et que nous nous considérions propriétaires de notre corps -qui est un don de Dieu, propriétaires des sacrements -qui sont des dons de Dieu, propriétaires de nos richesses intérieures -qui sont des dons de Dieu.

Il y a donc d’abord le don divin (qui continue à appartenir à Dieu), ensuite la gestion de ces dons qui nous est confiée dans un incroyable pari de Dieu et enfin, et enfin seulement, l’entrée dans la joie du maître.

Et Jésus, là comme ailleurs, se montre clair sur les deux conditions que l’on peut connaître au Ciel : le salut et la damnation.

Je trouve très curieux que ce soit développé récemment dans l’Eglise le soupçon à propos du Purgatoire (sous prétexte qu’on ne le trouve pas dans l’Ecriture ; l’Enfer s’y trouve et il est tout aussi évacué que le purgatoire !!!), parce que, comme chacun sait, le Purgatoire se trouve du côté des sauvés, du côté du Salut qt que c’est une manière merveilleuse d’annoncer à tous que même avec un poids de péché il y a de la place pour tout le monde au Ciel ! Ainsi, le monde ne se partage pas entre les purs d’un côté et les impurs de l’autre, mais cette purification progressive qu’on appelle « Purgatoire » est une façon de dire que les impurs seront admis au Ciel … mais avec une purification.

Et donc, en fait, la négation du Purgatoire fait reculer la conscience de la miséricorde divine, car la tendresse de Dieu n’est pas un grand machin mou qui ferait oublier l’Enfer, mais une attitude juste et tendre et le signe de la volonté de Dieu de sauver tous les hommes : en effet, il se « débrouille » pour rattraper les impurs (que nous sommes) ;

Tout l’enjeu de notre vie spirituelle est de trouver dès l’instant de notre mort la joie du maître, sans avoir besoin d’une purification, dont la vie se charge parfois

La sainteté est la seule manière honnête de supprimer le Purgatoire

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 06 novembre 2011-réveillez les chrétiens endormis !

Homélie du 32ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A


Les jours que nous connaissons ont quelque chose de glauque : il pleut souvent, les jours raccourcissent, il recommence à faire froid, et en plus la fête de la Toussaint avec son 02 novembre tout près d’elle, nous rappelle nos défunts, tout ça n’est pas très bon pour le moral …

Et dans ce contexte, une lumière très intense se dégage de la liturgie d’aujourd’hui : la lumière de la Sagesse, dans la première lecture, la lumière du désir de Dieu, dans le psaume, la lumière de l’Espérance pour les défunts, dans la deuxième lecture, et enfin et surtout, la lumière de l’amour, dans cette parabole de Jésus, dont on oublie souvent qu’elle concerne un mariage, une noce.

Nous allons repartir de cette église remplis de lumière, et surtout, après la liturgie de la parole, remplis de la présence de Jésus, reçue dans la communion spirituelle ou dans la communion à l’hostie consacrée. Nous allons repartir de cette église, remplis de lumière …

A cette lumière fondamentale s’ajoutent des lumières particulières sur notre paroisse bien-aimée : Louis, lycéen qui vient de communier pour la première fois et se prépare à la confirmation ; Delphine, une jeune femme adulte se prépare elle aussi à la confirmation ; Bernard et Lény qui se préparent au baptême. C’est toujours bon que la lumière de Dieu prenne un visage humain proche, concret …
« La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée (prologue de St Jean) ». La parabole se passe de nuit et le psaume déclare : « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. »

La nuit dont il s’agit peut bien être la souffrance ou le deuil, mais en tous les cas, c’est certain : la nuit représente dans l’Ecriture « le pouvoir des ténèbres » (expression que l’on trouve dans l’Evangile ; exemple : Luc 22,53) :

Nous avons un exemple, en ce moment-même, en ville : des affiches annoncent en toute impunité un salon de l’érotisme ; en réalité, il s’agit d’une promotion de la pornographie, et que font les cathos ? Rien du tout, ils reviennent chez eux, au chaud, prennent leur dose quotidienne de télévisine, afin que, bien shootés, ils ne puissent pas réagir à quoi que ce soit, la seule chose dont ils ont peur étant de se tromper de poubelle quand ils jettent un morceau de plastique …

Car la télévisine contient une puissante morphine spirituelle, mais aussi, curieusement, un autre genre de molécule, stimulante, quant à elle, qui fait du pot d’échappement l’ennemi public numéro 1.

Dans ce salon, qui s’affiche régulièrement à Angers, il se passe la même chose qu’au salon de l’agriculture, sauf qu’à la place des vaches, se sont des femmes qui sont exposées … J’avoue avoir du mal à comprendre pourquoi cela ne révolte pas les femmes …

Mais je crois qu’il y a encore plus grave : c’est que par notre faute, les ténèbres, la nuit, s’installent sur un mot magnifique par lequel on définit Dieu : l’ Amour ! Nous laissons défigurer l’amour devant les enfants et les adolescents, simplement parce que nous sommes paresseux et anesthésiés par la télévisine.

Quelle conception de l’amour vos enfants ou vos petits-enfants vont-ils avoir dans une dizaine d’années ? Et d’ailleurs, quelle conception de l’amour conjugal ont-ils aujourd’hui ? Sans compter que cette banalisation affecte aussi la qualité de l’amour conjugal, la noblesse de l’amour conjugal, la pureté de l’amour conjugal, à l’intérieur des ménages, en faisant évoluer les comportements intimes, en faisant reculer la dignité de l’être humain …

C’est sans doute là que le problème se noue : nous savons bien que nous ne sommes pas meilleurs que les autres, et alors peut-être avons-nous peur de jouer les petits saints (qui fait l’ange fait la bête) et d’être traités d’hypocrites … mais ça n’est pas parce que nous ne sommes pas purs que nous ne devons pas nous purifier nous-mêmes et faire en sorte que la société dont nous sommes des acteurs responsables respecte la dignité de l’être humain !

Je vous propose, donc, afin que les chrétiens soient à Angers des porteurs d’une vraie lumière qui lutte contre les ténèbres, d’écrire à Monsieur le Maire, pour lui demander de ne plus afficher ce genre de publicité qui salit les yeux de la jeunesse et qui salit l’amour.

L’année scolaire dernière nous étions 4 ou 5 à écrire … cette année 250 ou 500 ? Pensez aux enfants, et aux jeunes, et pas seulement à vous. Vous savez qu’un groupe de jeunes à Paris a fait une intervention musclée dans un théâtre, où –par ailleurs- l’on jetait des excréments sur un portrait du Christ (rien de plus normal, n’est-ce pas ? Si un artiste jetait une demie-crotte de pigeon sur une représentation du prophète Mahomet, notre président interviendrait en personne pour déclarer solennellement que la république ne peut pas tolérer l’intolérable, et que la liberté d’expression a tout de même des limites, mais comme c’est Jésus, c’est moins grave). Si les jeunes en question se sont montrés violents, ce n’est pas bien … mais c’est de notre faute : nous n’empêchons pas la violence (notamment pornographique) d’atteindre la jeunesse, et la jeunesse, désemparée, abandonnée par les adultes, écoute volontiers la violence qui est par là symboliquement entrée en elle … nous savons bien que lorsque nous regardons un spectacle violent, nous subissons symboliquement cette violence, et il faut bien gérer çà, comme on peut …

« La lumière a brillé dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêté » : c’est la tranquille assurance qui nous permet d’aborder tout cela sereinement, mais sereinement ne signifie pas niaisement !

Dieu veut faire alliance avec l’homme, il veut épouser l’humanité (c’est la noce dont parle Jésus) et il a déposé en nous l’huile spirituelle, l’Esprit Saint, et nous demande de veiller, d’être vigilants, de veiller sur l’amour, de préparer son retour (la nuit de noces).

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 30 octobre 2011-la carotte et le bâton

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire-Année A
La première lecture, du livre du prophète Malachie, nous a fait entendre de sévères reproches aux prêtres du temple.

La seconde lecture, de Saint Paul, était pleine de douceur, d’affection et de félicitations.

L’Evangile, par la bouche de Jésus, retrouvait des accents de réprobation à l’égard des scribes et des pharisiens.

Cette alternance de critiques et d’encouragements n’est-elle pas le fait de toute éducation ? La Parole de Dieu est éducatrice. De la première à la dernière page, la Bible relève dans le comportement des hommes ce qui est juste et ce qui dévie, ce qui est droit et ce qui a besoin d’être redressé.

Tout comme les parents agissent envers leurs enfants. Bien souvent ils doivent corriger leur façon d’agir, les mettre en garde contre les dangers, les erreurs, les défauts ; parfois même la punition est nécessaire, mais il ne faut pas manquer d’encourager, de soutenir, de féliciter et de souligner les progrès et tout ce qui est positif.

La Parole du Prophète nous rappelle la grandeur de Dieu : « Je suis le grand roi, dit le Seigneur de l’univers, et mon nom inspire la crainte parmi les nations. » Alors qu’ils devraient de tout cœur glorifier ce grand nom du Seigneur, les prêtres du Temple agissent en accommodant la Loi ; par exemple ils présentent en offrande un animal boiteux ou malade, plutôt que le meilleur du troupeau. Les apparences sont sauves, mais le cœur n’y est pas.

« Vous vous êtes écartés de la route – dit le Seigneur – vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez perverti mon alliance avec vous. » « A mon tour, je vous ai déconsidérés, abaissés devant tout le peuple. »

Cinq siècles et demi plus tard, Jésus réagit de la même façon devant les torts des scribes et des pharisiens. Il ne conteste pas les connaissances des scribes, qui appartenaient le plus souvent au parti des pharisiens. Jésus reconnaît leur autorité officielle : « Ils enseignent dans la chaire de Moïse. » Mais Jésus leur reproche de ne pas mettre leurs actions en conformité avec leurs belles paroles. « Ils disent et ne font pas. » Et leurs motivations sont suspectes : « Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes. » « Ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues. » Voilà des mots étranges… Les « phylactères » sont de petits étuis contenant une reproduction des paroles essentielles de la Loi (comme « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. ») Les Juifs attachaient ces étuis à leur bras gauche ou à leur front.

Quant aux « franges », tous les Juifs en portaient, donc Jésus aussi. Saint Matthieu a écrit la guérison d’une femme souffrant d’hémorragie depuis douze ans, qui s’approcha de jésus par derrière, et toucha la frange de son vêtement. Elle se disait : « Si j’arrive seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée. » Jésus se retournant et la voyant dit : « Confiance ma fille, ta foi t’a sauvée. » Les pharisiens augmentaient la longueur de ces franges par vanité religieuse.

Nous retrouvons toujours la même motivation, la même propension à se mettre en avant, à chercher les places d’honneur, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques. Ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.

A l’inverse saint Paul écrira aux Philippiens : « Le Christ Jésus, lui qui est de condition divine, s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. »

Le même Saint Paul félicite aujourd’hui les Thessaloniciens, auxquels il a annoncé l’Evangile-Dieu. Ces disciples sont ouverts à la Parole de Dieu. Ils se laissent transformer par elle, cette parole qui nous rappelle que nous sommes tous frères. Nous n’avons pas à chercher à dominer notre prochain, à lui imposer notre volonté, à tenter de le contraindre contre son gré. Au contraire, « le plus grand parmi vous – dit le Christ – sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé. »

La raison fondamentale de ce comportement tient au fait que nous n’avons qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Nous n’avons qu’un seul maître, c’est le Christ.

C’est bien dans cet esprit que le pape benoît XVI a réuni jeudi dernier à Assise les représentants des différentes religions, et même des non croyants, comme l’avait fait Jean-Paul II il y a 25 ans.

Quelles que soient les orientations spirituelles des uns et des autres, il est du plus haut intérêt pour l’humanité de chercher à se comprendre, à s’admettre différents, et à vivre dans le respect réciproque.

Aller dans le sens de la paix, c’est tendre vers le Royaume de Dieu. Que l’approche de la Toussaint nous fasse progresser dans ce sens.

Amen.

Père Jean Rouillard

Homélie du 23 octobre 2011-Année A

Homélie du 30ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A



Lorsque Jésus répond à cette question qui lui est posée sur « le grand commandement », nous sommes à une période tardive de l’histoire d’Israël, qui a déjà presque deux mille ans … et les commandements aussi, ont eu leur « histoire » !

1ère période : le Sinaï, 1250 environ avant Jésus-Christ : par Moïse, Israël reçoit les 10 commandements)
La 2ème période vient aussitôt après, pour préciser des choses sur la vie quotidienne ; on arrive alors au chiffre de 613 … pas ridicule, quand on songe aux 2532 articles du code civil ou aux 1752 du code de droit canonique !
La 3ème période se situe à la fin des 40 années dans le désert, juste avant la mort de Moïse ; là, il n’y a plus qu’un seul commandement, on l’écoute (Dt 30) : Je te propose aujourd'hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Écoute les commandements que je te donne aujourd'hui : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, garder ses ordres, ses commandements et ses décrets. Alors, tu vivras et te multiplieras […] Mais si tu détournes ton cœur, si tu n'obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, je te le déclare aujourd'hui : certainement vous périrez, […] je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance,
Jésus dit : « voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est alors que commence la 4ème période, cette fois avec deux commandements. La nouveauté, ici, réside dans le fait que l’amour du prochain et de Dieu ne sont plus juxtaposés, comme deux éléments qui s’appellent l’un l’autre, Ils sont les deux faces d’une même réalité.
L’amour de Dieu et l’amour du prochain font l’objet d’une même recherche, d’une même démarche. Il n’y a pas de lutte entre la prière, amour de Dieu et l’action, amour des autres, la prière et l’action sont les deux faces d’un même amour de Dieu, qui se traduit par l’amour des autres.

Tout cela est rendu possible par le don de l’Esprit Saint, qui est répandu dans nos cœurs afin que nous aimions, que nous nous aimions du même amour que Dieu !

Nous avons eu un beau cadeau, dimanche dernier, au week-end jeunes familles : les soeurs du Grand Fougeray ont fait une sorte de "relecture" des commandements, sur le mode du "oui" . Les trois premiers commandement sont un oui à Dieu (Dieu, premier servi, même avant le rugby !), le quatrième est un oui à la famille, le cinquième à la vie, le sixième et le neuvième sont des oui à l'amour, le septième et le dixième sont un oui à la société, le huitième commandement est un oui à la vérité ... mais pour pouvoir dire oui, il faut savoir dire non !

J'ai une suggestion à vous faire : réapprendre les commandements (au cas où ...) et surtout vous demander comment "prendre les devants" de chacun d'eux, plutôt que d'attendre d'être pris en défaut par l'un ou l'autre ; la vie en couple se résumerait-elle à ne pas offenser son épouse ou son époux ? Trouvons au contraire des manières nouvelles d'être encore plus attentifs, tendres, respectueux. Dieu nous a fait don de l'imagination, c'est pour que nous nous en servions dans un but noble !

Les vacances de la Toussaint nous font entrer dans une grande méditation sur la sainteté de Dieu, qui se reflète sur les visage de nos aînés les saints. Tout cela un "goût" céleste, une bonne odeur du Ciel, qui nous met en appétit ... spirituel !
P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 16 octobre 2011-semaine missionnaire

Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire-Année A

Aujourd’hui commence la semaine missionnaire mondiale. Ce n’est pas une nouveauté car une telle semaine existe tous les ans. Mais il est bon et nécessaire que l’Eglise nous remette périodiquement devant les exigences essentielles de notre vie chrétienne. Or, être missionnaire est l’affaire de chacun et chacune.

Autrefois ce terme était réservé aux prêtres, religieux et religieuses qui partaient dans des pays lointains rencontrer des populations aux langues inconnues, aux coutumes surprenantes, aux mentalités considérées comme peu évoluées, sinon barbares. Ces missionnaires, le plus souvent, surtout les femmes, partaient pour ne plus revenir dans leur pays natal. C’était un adieu définitif à leur famille. On peut s’incliner devant de tels sacrifices acceptés en esprit de foi et pour partager cette foi. On peut leur appliquer ces mots de Saint Paul aux Thessaloniciens : « A tout instant nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous, en faisant mention de vous dans nos prières. Sans cesse nous nous souvenons que votre foi est active, que notre charité se donne de la peine, que notre espérance tient bon en Notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. »

Avant la guerre de ,1939-1945, la deuxième guerre mondiale, quand on rencontrait dans les rues de la ville d’Angers un noir, on en parlait en famille, car c’était rare, exceptionnel. On pensait alors à ces missionnaires d’Afrique et d’autres continents lointains. Les temps ont bien changé, et dans certains quartiers de la capitale il y a autant de gens colorés que de blancs, sinon plus. C’est une raison de nous rappeler les lignes du prophète Isaïe : « Parole du Seigneur au roi Cyrus : Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre ; en dehors de moi, il n’y a pas de Dieu. »

Quelles sont les croyances de tous ces gens que nous côtoyons sans cesse ? Quelle est notre responsabilité à leur égard ? Quel témoignage leur donnons-nous ?

Rendons grâce pour tout ce qui est très heureux. Parmi ces étrangers qui viennent sur notre sol, il se trouve des prêtres devenus chrétiens à la suite de l’évangélisation accomplie par les missionnaires partis de chez nous. Et nous sommes habitués à bénéficier des services de ceux qui maintenant viennent suppléer le manque de prêtres en nos régions. Les efforts et les sacrifices de nos prédécesseurs n’ont pas été vains. Ils portent du fruit d’une façon qui n’était pas prévue il y a seulement un demi-siècle.

Mais cela ne nous dispense aucunement de travailler à la mission de l’Eglise aujourd’hui.

Il se trouve, au cours de l’histoire, des vocations tout à fait remarquables. Je pense à cette laïque lyonnaise, Pauline Jaricot, qui ai 19ème siècle a lancé une organisation de sensibilisation de l’opinion aux questions missionnaires, qui est à la base de l’importante structure actuelles des Œuvres Pontificales Missionnaires.

Cet exemple souligne que l’action en faveur des missions n’est pas réservée aux « gens d’Eglise » comme l’on dit, ou aux personnes capables de s’expatrier plus ou moins longuement. Tout est dans la disposition du cœur.

Jésus interpellait les Pharisiens en leur disant : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Il leur rappelait les exigences de la justice en matière de transactions financières sans doute, mais surtout il éveillait leur conscience au sujet de leur relation à Dieu.

Rendons à Dieu ce qui est à Dieu. Or toute notre vie est à Dieu. Nous avons donc à lui rendre grâce pour tous ses dons, le don de la foi en premier lieu.

Chacun peut être missionnaire là où il est en répondant généreusement aux appels du Seigneur.

L’Eglise fête samedi Sainte Thérèse d’Avila. Tout en restant en Espagne, elle a eu un rayonnement mondial, qui se poursuit par la prière de toutes les carmélites. On sait que l’une d’elles, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus est devenue patronne des missions. Son témoignage se poursuit même par la vénération de ses reliques de pays en pays.

En ce dimanche c’est aussi la fête de Sainte Hedwige, mère de famille nombreuse très éprouvée, avant de devenir religieuse en Pologne.

C’est également la fête de Sainte Marguerite Marie, que le Seigneur chargeait d’obtenir l’institution d’une fête en l’honneur de son sacré Cœur.

Ces grandes figures de l’Eglise illustrent l’extrême variété des témoignages missionnaires, et des appels du Seigneur, exprimés notamment par le psaume :

« Allez dire aux nations : « Le Seigneur est Roi ! » « Racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! »

« Au Seigneur notre Dieu tout honneur et toute gloire ! »

Amen.

Père Jean Rouillard