06 décembre 2011

Homélie du 06 novembre 2011-réveillez les chrétiens endormis !

Homélie du 32ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A


Les jours que nous connaissons ont quelque chose de glauque : il pleut souvent, les jours raccourcissent, il recommence à faire froid, et en plus la fête de la Toussaint avec son 02 novembre tout près d’elle, nous rappelle nos défunts, tout ça n’est pas très bon pour le moral …

Et dans ce contexte, une lumière très intense se dégage de la liturgie d’aujourd’hui : la lumière de la Sagesse, dans la première lecture, la lumière du désir de Dieu, dans le psaume, la lumière de l’Espérance pour les défunts, dans la deuxième lecture, et enfin et surtout, la lumière de l’amour, dans cette parabole de Jésus, dont on oublie souvent qu’elle concerne un mariage, une noce.

Nous allons repartir de cette église remplis de lumière, et surtout, après la liturgie de la parole, remplis de la présence de Jésus, reçue dans la communion spirituelle ou dans la communion à l’hostie consacrée. Nous allons repartir de cette église, remplis de lumière …

A cette lumière fondamentale s’ajoutent des lumières particulières sur notre paroisse bien-aimée : Louis, lycéen qui vient de communier pour la première fois et se prépare à la confirmation ; Delphine, une jeune femme adulte se prépare elle aussi à la confirmation ; Bernard et Lény qui se préparent au baptême. C’est toujours bon que la lumière de Dieu prenne un visage humain proche, concret …
« La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée (prologue de St Jean) ». La parabole se passe de nuit et le psaume déclare : « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. »

La nuit dont il s’agit peut bien être la souffrance ou le deuil, mais en tous les cas, c’est certain : la nuit représente dans l’Ecriture « le pouvoir des ténèbres » (expression que l’on trouve dans l’Evangile ; exemple : Luc 22,53) :

Nous avons un exemple, en ce moment-même, en ville : des affiches annoncent en toute impunité un salon de l’érotisme ; en réalité, il s’agit d’une promotion de la pornographie, et que font les cathos ? Rien du tout, ils reviennent chez eux, au chaud, prennent leur dose quotidienne de télévisine, afin que, bien shootés, ils ne puissent pas réagir à quoi que ce soit, la seule chose dont ils ont peur étant de se tromper de poubelle quand ils jettent un morceau de plastique …

Car la télévisine contient une puissante morphine spirituelle, mais aussi, curieusement, un autre genre de molécule, stimulante, quant à elle, qui fait du pot d’échappement l’ennemi public numéro 1.

Dans ce salon, qui s’affiche régulièrement à Angers, il se passe la même chose qu’au salon de l’agriculture, sauf qu’à la place des vaches, se sont des femmes qui sont exposées … J’avoue avoir du mal à comprendre pourquoi cela ne révolte pas les femmes …

Mais je crois qu’il y a encore plus grave : c’est que par notre faute, les ténèbres, la nuit, s’installent sur un mot magnifique par lequel on définit Dieu : l’ Amour ! Nous laissons défigurer l’amour devant les enfants et les adolescents, simplement parce que nous sommes paresseux et anesthésiés par la télévisine.

Quelle conception de l’amour vos enfants ou vos petits-enfants vont-ils avoir dans une dizaine d’années ? Et d’ailleurs, quelle conception de l’amour conjugal ont-ils aujourd’hui ? Sans compter que cette banalisation affecte aussi la qualité de l’amour conjugal, la noblesse de l’amour conjugal, la pureté de l’amour conjugal, à l’intérieur des ménages, en faisant évoluer les comportements intimes, en faisant reculer la dignité de l’être humain …

C’est sans doute là que le problème se noue : nous savons bien que nous ne sommes pas meilleurs que les autres, et alors peut-être avons-nous peur de jouer les petits saints (qui fait l’ange fait la bête) et d’être traités d’hypocrites … mais ça n’est pas parce que nous ne sommes pas purs que nous ne devons pas nous purifier nous-mêmes et faire en sorte que la société dont nous sommes des acteurs responsables respecte la dignité de l’être humain !

Je vous propose, donc, afin que les chrétiens soient à Angers des porteurs d’une vraie lumière qui lutte contre les ténèbres, d’écrire à Monsieur le Maire, pour lui demander de ne plus afficher ce genre de publicité qui salit les yeux de la jeunesse et qui salit l’amour.

L’année scolaire dernière nous étions 4 ou 5 à écrire … cette année 250 ou 500 ? Pensez aux enfants, et aux jeunes, et pas seulement à vous. Vous savez qu’un groupe de jeunes à Paris a fait une intervention musclée dans un théâtre, où –par ailleurs- l’on jetait des excréments sur un portrait du Christ (rien de plus normal, n’est-ce pas ? Si un artiste jetait une demie-crotte de pigeon sur une représentation du prophète Mahomet, notre président interviendrait en personne pour déclarer solennellement que la république ne peut pas tolérer l’intolérable, et que la liberté d’expression a tout de même des limites, mais comme c’est Jésus, c’est moins grave). Si les jeunes en question se sont montrés violents, ce n’est pas bien … mais c’est de notre faute : nous n’empêchons pas la violence (notamment pornographique) d’atteindre la jeunesse, et la jeunesse, désemparée, abandonnée par les adultes, écoute volontiers la violence qui est par là symboliquement entrée en elle … nous savons bien que lorsque nous regardons un spectacle violent, nous subissons symboliquement cette violence, et il faut bien gérer çà, comme on peut …

« La lumière a brillé dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêté » : c’est la tranquille assurance qui nous permet d’aborder tout cela sereinement, mais sereinement ne signifie pas niaisement !

Dieu veut faire alliance avec l’homme, il veut épouser l’humanité (c’est la noce dont parle Jésus) et il a déposé en nous l’huile spirituelle, l’Esprit Saint, et nous demande de veiller, d’être vigilants, de veiller sur l’amour, de préparer son retour (la nuit de noces).

P. Emmanuel d'Andigné

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