06 décembre 2011

Homélie du 30 octobre 2011-la carotte et le bâton

Homélie du 31ème dimanche du Temps ordinaire-Année A
La première lecture, du livre du prophète Malachie, nous a fait entendre de sévères reproches aux prêtres du temple.

La seconde lecture, de Saint Paul, était pleine de douceur, d’affection et de félicitations.

L’Evangile, par la bouche de Jésus, retrouvait des accents de réprobation à l’égard des scribes et des pharisiens.

Cette alternance de critiques et d’encouragements n’est-elle pas le fait de toute éducation ? La Parole de Dieu est éducatrice. De la première à la dernière page, la Bible relève dans le comportement des hommes ce qui est juste et ce qui dévie, ce qui est droit et ce qui a besoin d’être redressé.

Tout comme les parents agissent envers leurs enfants. Bien souvent ils doivent corriger leur façon d’agir, les mettre en garde contre les dangers, les erreurs, les défauts ; parfois même la punition est nécessaire, mais il ne faut pas manquer d’encourager, de soutenir, de féliciter et de souligner les progrès et tout ce qui est positif.

La Parole du Prophète nous rappelle la grandeur de Dieu : « Je suis le grand roi, dit le Seigneur de l’univers, et mon nom inspire la crainte parmi les nations. » Alors qu’ils devraient de tout cœur glorifier ce grand nom du Seigneur, les prêtres du Temple agissent en accommodant la Loi ; par exemple ils présentent en offrande un animal boiteux ou malade, plutôt que le meilleur du troupeau. Les apparences sont sauves, mais le cœur n’y est pas.

« Vous vous êtes écartés de la route – dit le Seigneur – vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez perverti mon alliance avec vous. » « A mon tour, je vous ai déconsidérés, abaissés devant tout le peuple. »

Cinq siècles et demi plus tard, Jésus réagit de la même façon devant les torts des scribes et des pharisiens. Il ne conteste pas les connaissances des scribes, qui appartenaient le plus souvent au parti des pharisiens. Jésus reconnaît leur autorité officielle : « Ils enseignent dans la chaire de Moïse. » Mais Jésus leur reproche de ne pas mettre leurs actions en conformité avec leurs belles paroles. « Ils disent et ne font pas. » Et leurs motivations sont suspectes : « Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes. » « Ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues. » Voilà des mots étranges… Les « phylactères » sont de petits étuis contenant une reproduction des paroles essentielles de la Loi (comme « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. ») Les Juifs attachaient ces étuis à leur bras gauche ou à leur front.

Quant aux « franges », tous les Juifs en portaient, donc Jésus aussi. Saint Matthieu a écrit la guérison d’une femme souffrant d’hémorragie depuis douze ans, qui s’approcha de jésus par derrière, et toucha la frange de son vêtement. Elle se disait : « Si j’arrive seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée. » Jésus se retournant et la voyant dit : « Confiance ma fille, ta foi t’a sauvée. » Les pharisiens augmentaient la longueur de ces franges par vanité religieuse.

Nous retrouvons toujours la même motivation, la même propension à se mettre en avant, à chercher les places d’honneur, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques. Ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.

A l’inverse saint Paul écrira aux Philippiens : « Le Christ Jésus, lui qui est de condition divine, s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. »

Le même Saint Paul félicite aujourd’hui les Thessaloniciens, auxquels il a annoncé l’Evangile-Dieu. Ces disciples sont ouverts à la Parole de Dieu. Ils se laissent transformer par elle, cette parole qui nous rappelle que nous sommes tous frères. Nous n’avons pas à chercher à dominer notre prochain, à lui imposer notre volonté, à tenter de le contraindre contre son gré. Au contraire, « le plus grand parmi vous – dit le Christ – sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé. »

La raison fondamentale de ce comportement tient au fait que nous n’avons qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Nous n’avons qu’un seul maître, c’est le Christ.

C’est bien dans cet esprit que le pape benoît XVI a réuni jeudi dernier à Assise les représentants des différentes religions, et même des non croyants, comme l’avait fait Jean-Paul II il y a 25 ans.

Quelles que soient les orientations spirituelles des uns et des autres, il est du plus haut intérêt pour l’humanité de chercher à se comprendre, à s’admettre différents, et à vivre dans le respect réciproque.

Aller dans le sens de la paix, c’est tendre vers le Royaume de Dieu. Que l’approche de la Toussaint nous fasse progresser dans ce sens.

Amen.

Père Jean Rouillard

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