Homélie du 1er dimanche de l'Avent - Année B (Saint Marc)
Cette semaine, à l’aumônerie, des adultes sont venus me voir, un peu catastrophés, en me disant que les lycéens avaient demandé « venez divin messie » comme chant pour une messe prochaine … il était plutôt comique que des adultes qui avaient le double de l’âge des lycéens trouvent « vieillot » un chant réclamé par des jeunes !!!
En tous les cas, dans ce chant, il y a une chose qui est « futée », c’est la répétition de ce beau mot « venez », quatre fois, rien que dans le refrain … En effet, l’Avent c’est « l’avènement » de Jésus, et il y a trois Avents : la venue dans la chair, à Bethléem, il y a deux mille ans ; la venue dans les cœurs, ici, chaque année, ainsi que les enfants nous le rappellent par leur goût des crèches ; la venue de Jésus dans la Gloire, quand il viendra juger les vivants et les morts, et son Règne n’aura pas de fin » .
C’est aussi à quatre reprises que jésus dit « veillez » (sans compter le « prenez garde », qui veut dire la même chose) : l’Avent est par excellence un temps privilégié pour exercer l’art de la prière. Je vous propose, tout au long de l’Avent, une courte « promenade », comme dans un jardin, où les plantes seraient les lectures de chaque dimanche, ainsi j’ai l’espoir que vous arriverez à Noël les bras chargés de fruits et de fleurs, pour votre nourriture et votre joie spirituelle.
Dieu nous enseigne l’art de la prière, 1ère partie
Il faut, me semble-t-il, commencer par l’Evangile, qui est une belle parabole de la prière : Dieu nous fait don de toute sa richesse, il nous la confie (sa richesse, c’est l’Amour), et la gestion de ce bien qu’est l’Amour se fait au moyen de deux autres dons, la Foi et l’Espérance. La Foi fait confiance à son maître sans le voir, l’Espérance attend le maître compte bien le revoir définitivement. Autrement dit, pour reprendre un mot de Saint Augustin (lettre à Proba), la prière est l’exercice de la Foi, de l’Espérance et de la Charité, ou pour le dire autrement : la prière est le développement de la Foi, de l’Espérance et de l’Amour.
Et là, il faut bien avouer quelque chose : Dieu se retire, quand on prie sur le long terme ! Dieu nous laisse, c’est un abandon –sensible, certes, il ne cesse pas d’exister-, Dieu est silencieux, comme quelqu’un qui n’est pas là …
Du coup, le silence, dans la prière, est une manière de se retirer du monde, comme Dieu, pour le rejoindre dans son silence (il y a, pourtant, des moments de grâce où l’on sent son « parfum » malgré l’éloignement) : l’art de la prière consiste donc à s’appauvrir de tout ce qui ne vient pas de Dieu et ainsi à être des vrais diamants, de véritables émeraudes, et non pas simplement des émaux, nous qui avons tant de valeur, comme des pierres brutes qu’il faut tailler et polir.
Il y a donc une ascèse dans la prière, non pas malheureusement l’ascèse -64 ou l’ascèse-longue (ce serait trop facile), mais bien « l’askèsis » grecque, cet entraînement parfois rugueux qui permet de l’emporter dans les courses de fond.
Cette « taille « de la pierre peut être comparée aussi -c’est ce que fait Isaïe dans la première lecture- au travail du potier : « nous sommes l’argile, tu es le potier » … voilà un nouveau trésor pour découvrir « l’art de la prière » !
En effet, la prière est une transformation, elle produit une « métamorphose » (selon que vous prenez l’origine latine ou grecque), d’abord intérieure, mais quelque fois même extérieure, pensez, par exemple, à ces visages de moines « rayonnants » -comme on dit- ou alors au visage de Moïse lorsqu’il revenait de la prière.
Dieu nous a façonnés, physiquement, dans le sein de notre mère, et Dieu continue à nous façonner, spirituellement, dans le sein de l’Eglise, notre mère.
Saint Paul, dans la deuxième lecture, prononce le mot le plus précis, le plus théologique : « communion ». Terminons notre « promenade » par ce mot magnifique : il signifie « charge que l’on porte à plusieurs ». N’est-il pas vrai que nous sommes différents de Dieu ? Et pourtant, nous portons la même charge que lui : le Salut du monde (« pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde, dit-on à la messe »).
Peu à peu, en effet, celui qui prie sera animé des intentions de Dieu, du projet de Dieu, de la volonté de Dieu, et ainsi se construit la « communion des saints », lien qui unit, du coup, l’Eglise militante ici-bas, l’Eglise souffrante au Purgatoire, et l’Eglise triomphante, celle du Paradis. La prière est une initiation au Paradis, ce « jardin » où Dieu nous invite à nous promener …
P. Emmanuel d'Andigné
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