Homélie du 34ème dimanche du temps ordinaire (Christ Roi) – Année A
Si vous avez l’occasion de visiter l’exposition du « Grand Sacre », à l’abbatiale saint Martin, au centre de la ville, vous aurez une image de la façon dont on honorait la royauté du Christ, dans l’Eucharistie jusqu’au milieu du XXème siècle.
De quoi s’agit-il ? C’est une reconnaissance de la grande procession organisée chaque année, au départ de la cathédrale, à travers les grandes artères de la ville et jusqu’au-delà de la Maine. A la Fête-Dieu, fête du saint Sacrement, une hostie consacrée, exposée dans un ostensoir, était portée solennellement sous un dais. Avec les plus riches ornements, le clergé, les chorales, les musiques et de nombreuses institutions religieuses suivaient, passant devant de très nombreux fidèles. Beaucoup parmi les plus âgés d’entre nous ont connu ces manifestations de foi, caractéristiques d’une époque.
Si l’on remonte encore un peu plus loin, certains se souviendront du Congrès Eucharistique national, à Angers en 1933, avec des arcs de triomphe à différents endroits de la cité. C’était une manière de rendre très publique la vénération à l’égard du Christ d’une population presqu’entièrement baptisée. Qu’on le regrette ou non, on ne verrait guère la possibilité de semblables manifestations aujourd’hui.
Que la piété s’exprime par la beauté, par des signes extérieurs marquants, par des chants et des fêtes, c’est bon et parfois nécessaire, mais il ne faut pas oublier que l’essentiel n’est pas là.
Le Seigneur nous a dit que sa royauté n’était pas de ce monde. Et rappelons-nous le moment où il a dit le plus clairement qu’il était Roi. C’était lorsqu’il comparut devant Pilate. Celui-ci lui demanda : « Es-tu le Roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Est-ce de toi-même que tu dis cela ? Ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? » Puis il ajouta « Tu l’as dit, je suis Roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. »
La royauté du Christ n’est pas celle des hommes, de la richesse, du pouvoir, de la domination. Il est venu établir, selon la préface de la messe, « un règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. »
Comme le chante l’office des moines aujourd’hui : « Qu’il soit béni, qu’il vienne, le Roi, notre Seigneur. Il vient à nous sans faste, grandeur ni majesté, vêtu comme le pauvre dans son humilité… Il vient nous racheter… Il montre à tous les humbles la face du Sauveur… Il donne aux misérables la paix du bon Pasteur. Il est doux. Il est humble. C’est lui qui nous mène jusqu’à la liberté. »
Que nous disent les textes de la liturgie ? Dans le livre du prophète Ezéchiel : « C’est moi qui ferai paître mon troupeau, c’est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur ! La brebis perdue, je la chercherai, l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. »
Saint Paul nous invite à rendre grâce : « rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint. Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien aimé. »
Mais, nous prévient l’Evangile, pour avoir en héritage le royaume, il faut agir envers le prochain avec beaucoup de bonté. « A propos du règne de Dieu, écrit Origène un théologien grec du 3ème siècle, il faut encore remarquer ceci : comme il n’y a pas d’union entre la justice et l’impiété, entre la lumière et les ténèbres… le règne du péché est inconciliable avec le règne de Dieu. Si donc nous voulons que Dieu règne sur nous, que jamais le péché ne règne dans notre corps mortel. »
« Le vainqueur, dit le Seigneur dans l’Apocalypse, celui qui garde jusqu’à la fin mes œuvres, je lui donnerai pouvoir sur les nations… je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône. » « Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir puissance, divinité, sagesse, force et honneur. »
Et la prière après la communion exprimera très bien comment nous sommes destinés à participer à cette royauté :
« Nous mettons notre gloire, Seigneur, à obéir au Christ Roi de l’univers. Fais que nous puissions vivre avec lui, éternellement, dans la demeure du Ciel. »
Amen.
Père Jean Rouillard
23 décembre 2011
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