06 décembre 2011

Homélie du 13 novembre 2011-Le Purgatoire existe bien !

Homélie du 33ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A


Quelle définition donneriez-vous de la messe à celui qui vous demanderait ?
Il y a plusieurs niveaux de réponse, comme par exemple « renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix » … mais l’évangile d’aujourd’hui nous fournit une formule qui, évidemment, ne suffit pas pour tout dire, mais qui dit quelque chose d’essentiel, et qui est particulièrement approprié pour la période que nous connaissons, de fin d’année liturgique : la messe c’est « entrer dans la joie de son maître »

Nous anticipons, pendant la messe, ce moment éternel qu’est le Ciel, où Jésus dit « entre dans la joie de ton maître ! » Nous fêtions (ce matin) hier Saint Josaphat, et la prière après la communion disait de l’autel qu’il est « la table du Ciel », c’est-à-dire ce lieu où mystérieusement, le festin des noces de l’Agneau –comme dit l’Apocalypse- nous est enseigné, de sorte que, habitués au dialogue simple et profond avec Dieu dans la liturgie, nous ne soyons pas surpris par le passage de la vie à la Vie …

C’est sans doute la raison pour laquelle, en Orient, on a coutume de dire que la liturgie –entendez la messe- c’est « le Ciel sur la Terre ». Pendant la messe, nous entrons dans le Ciel, nous entrons dans la joie de notre maître … mais évidemment, ceci suppose deux étapes préalables : le don de Dieu et la gestion fidèle que nous faisons de ces dons divins.

C’est très important de noter que la parabole commence par un don du maître, 1 talent (plusieurs dizaines de kilos de pièces d’argent !), ou 2 ou 5 talents qui sont le signe d’une grande confiance de la part de Dieu : avant d’exiger quoi que ce soit de l’homme, Dieu lui confie beaucoup de choses et ces choses appartiennent toujours à Dieu.

A vrai dire, il y a deux péchés : celui de ne pas faire fructifier ce que Dieu nous a donné, et l’autre qui consiste à s’imaginer que nous sommes propriétaires de ce que Dieu dépose en nous.

Dans la parabole, il y en a même un troisième : la peur de Dieu … mais il me semble qu’aujourd’hui, le péché moderne n’est pas la peur de Dieu, qui n’est pas à la mode du tout, ce serait plutôt l’oubli de Dieu, et que nous nous considérions propriétaires de notre corps -qui est un don de Dieu, propriétaires des sacrements -qui sont des dons de Dieu, propriétaires de nos richesses intérieures -qui sont des dons de Dieu.

Il y a donc d’abord le don divin (qui continue à appartenir à Dieu), ensuite la gestion de ces dons qui nous est confiée dans un incroyable pari de Dieu et enfin, et enfin seulement, l’entrée dans la joie du maître.

Et Jésus, là comme ailleurs, se montre clair sur les deux conditions que l’on peut connaître au Ciel : le salut et la damnation.

Je trouve très curieux que ce soit développé récemment dans l’Eglise le soupçon à propos du Purgatoire (sous prétexte qu’on ne le trouve pas dans l’Ecriture ; l’Enfer s’y trouve et il est tout aussi évacué que le purgatoire !!!), parce que, comme chacun sait, le Purgatoire se trouve du côté des sauvés, du côté du Salut qt que c’est une manière merveilleuse d’annoncer à tous que même avec un poids de péché il y a de la place pour tout le monde au Ciel ! Ainsi, le monde ne se partage pas entre les purs d’un côté et les impurs de l’autre, mais cette purification progressive qu’on appelle « Purgatoire » est une façon de dire que les impurs seront admis au Ciel … mais avec une purification.

Et donc, en fait, la négation du Purgatoire fait reculer la conscience de la miséricorde divine, car la tendresse de Dieu n’est pas un grand machin mou qui ferait oublier l’Enfer, mais une attitude juste et tendre et le signe de la volonté de Dieu de sauver tous les hommes : en effet, il se « débrouille » pour rattraper les impurs (que nous sommes) ;

Tout l’enjeu de notre vie spirituelle est de trouver dès l’instant de notre mort la joie du maître, sans avoir besoin d’une purification, dont la vie se charge parfois

La sainteté est la seule manière honnête de supprimer le Purgatoire

P. Emmanuel d'Andigné

Aucun commentaire: