23 décembre 2011

Homélie du 04 décembre 2011-Dieu nous enseigne l'art de la prière (II)

Homélie du 2ème dimanche de l'Avent - Année B (saint Marc)


Dieu nous enseigne l’art de la prière, 2ème partie

Aujourd’hui, la figure de Jean le Baptiste (et celle d’Isaïe, en filigrane) nous met dans une tonalité nouvelle : celle de la conversion. La prière, en effet, est un chemin de conversion.

Celui qui prie se convertit, au sens littéral du terme, d’abord, en ce sens qu’il se tourne vers Dieu (Convertere signifie se tourner complètement). Mais il se convertit aussi au sens figuré, parce qu’il s’aperçoit qu’il s’était détourné de lui, pour mille raisons, et tôt ou tard, il prend conscience de ce phénomène.

Connaissez-vous l’histoire du Père Jérôme, à l’abbaye de Sept fons ? Dans la tourmente des années 70, cette abbaye a connu une époque difficile, où la prière était remplacée, parfois, par des séances de psychologie collective, de sorte que l’Abbé ne savait plus comment faire « revenir » la prière dans son monastère ( !) ; il eut alors l’intelligence de confier un à un les novices au père Jérôme, qui, sans faire de bruit, a retourné cette situation à la faveur de Dieu en commençant par : « je vous demande de faire sept fois par jour un acte d’adoration » ; les novices se conformèrent à cette recommandation et toute la vie du monastère en fut transformée, de sorte qu’aujourd’hui, cette abbaye est florissante, joyeuse, elle recrute et elle fonde (la prochaine fondation est prévue pour le 08 décembre !)

Cet exemple me paraît très transposable, non ? Chacun de nous est capable de cet acte à la fois très rapide, très pur et très profond par lequel on offre à Dieu son adoration pour ne pas l’oublier, tout au long de la journée. Nous pouvons nous aider de la « prière de l’Ange », enseignée aux enfants de Fatima : « mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ; je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne vous aiment pas ».

Ajoutons tout de même que ce n’est pas seulement par les actes d’adoration que le Père Jérôme a « remonté » l’Abbaye, mais aussi, par deux autres dispositions fondamentales : le respect de la règle et la formation intellectuelle. Là encore, il nous faut transposer à notre « cas » : nous devons nous former intellectuellement et vivre pleinement dans la société de notre temps, en respectant ce qui est digne de l’homme dans les règles établies. Prière et vie sont inséparables

L’intérêt de cette histoire est de nous montrer que même lorsque tout va mal, et que tout semble aller à volo, Dieu est là, comme un Père Jérôme, qui allume une flamme, puis une autre, puis une autre, jusqu’à ce que le feu (de l’amour) se déclare !

L’Avent est une période de conversion, la prière est une œuvre de conversion, et c’est bien pourquoi nous sommes en violet en ce moment …

Dans l’Evangile, Saint Jean-Baptiste cite Isaïe (PREMIERE LECTURE) : « il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu. »

Et bien nous avons là les trois aspects de la conversion !

Il est bien évident qu’il s’agit des ravins du cœur, des montagnes du cœur et des sentiers du cœur, le cœur au sens biblique du terme : le centre le plus profond de l’homme, la partie spirituelle de l’âme …

Combler les ravins ? C’est-à-dire ne pas se décourager, ne pas désespérer quand on est dans le creux …

Abaisser les montagnes (collines) ? Il s’agit de ne pas s’enorgueillir, de rechercher l’humilité, qui n’est ni la vanité (s’élever soi-même outre-mesure) ni la pusillanimité (qu’on pourrait illustrer par l’expression « tomber dans le ravin » !)

Rendre droit les sentiers ou aplanir les routes déformées ? Cela revient à dire être droit (que votre oui soit oui, que votre non soit non), éviter les raisonnements compliqués au bout desquels on ne fait finalement pas le bien.

Je termine en soulignant le psaume, qui lui aussi nous instruit sur l’art de la prière : « j’écoute, que dira le Seigneur Dieu ? » ; et puis le Prophète disait : « La bouche du Seigneur a parlé » ; et puis nous disons à la fin d’une lecture « parole du Seigneur » …
Bref, la prière est une écoute convertie de ce que Dieu veut nous dire : nous allons tâcher de ne pas simplement entendre la parole de Dieu, écrite ou transmise, mais de l’écouter, avec un cœur ouvert !


P. Emmanuel d'Andigné

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