Pour m’adresser à vous ce soir, je vais demander à deux personnes de venir m’aider (là, les personnes du premier rang s’inquiètent : il est bien capable de venir chercher l’un de nous…). Rassurez-vous, les deux personnes sont déjà désignées, et elles sont au Ciel. L’un est né à Angers et il nous a quittés en 1988, l’autre vient de l’Aveyron et nous a quittés en 1967 …
A priori rien ne les unit, ou pas grand’chose, ce sont deux personnalités très différentes, deux parcours très différents, mais ça m’amuse assez de les réunir devant vous ce soir !
Le premier se nomme Joseph Wresinsky (récemment surnommé « l’insoumis » au cinéma), et l’autre Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (Henri Grialou), un carme fondateur de l’Institut ND de Vie. Ils ont un point commun, outre la foi, le sacerdoce, le baptême … qui n’est autre que l’image du pont.
Cette image convient bien à Noël, vous allez voir pourquoi et comment. En tous les cas, il me paraît évident que le goût que l’un et l’autre avaient pour cette image vient directement du Christ, qui est le pontife par excellence (pontife, en français vient de « pontifex » en latin, qui signifie « celui qui fait des ponts) …
Joseph Wresinsky considérait que le monde des riches et celui des pauvres étaient séparés l’un de l’autre comme le continent est séparé d’une île ; durant l’histoire, bien souvent des riches ont eu la bonne idée de venir en aide aux pauvres, mais de telle manière que, seuls à bâtir le pont, la « jonction » entre les deux monde se faisait toujours mal ; inversement, lorsque ce sont les pauvres qui veulent construire le pont par eux-mêmes et sans les riches, c’est l’échec qui les attend, par manque de moyens … l’idée du Père Wresinsky est de confier la construction du pont aux deux « mondes » conjointement et par conséquent, son intuition comporte l’idée que les pauvres aident les pauvres avec l’aide des riches, et que les pauvres se prennent en main, plutôt que de tout attendre du « continent ».
Tout le monde comprend bien la pertinence d’un tel propos à Noël … nous devons lutter contre la misère (le Père Wresinsky est le fondateur d’ATD Quart-Monde).
Mais il est tout aussi évident que nous devons lutter contre la misère spirituelle, et c’est là qu’intervient le père marie-Eugène (mais attention, vous verrez que les deux hommes se rejoindront bientôt !) : l’image du pont permet à celui-ci de décrire le mystère de l’Incarnation (Dieu se fait homme en Jésus-Christ) et sa conséquence pour la vie chrétienne, en particulier dans le domaine de la prière.
Il y a un abîme, évidemment, entre Dieu et sa création, tant celui-ci est parfait et celle-là imparfaite …
Il fallait bien sûr que Dieu lance un pont qui tienne à la fois de Dieu et de l’homme, et ce pont ou ce pontife (qui fait le pont), c’est le Fils de Dieu fait homme, qui se fait pauvre au milieu des pauvres, pour que l’humanité, certes, trouve en Dieu son salut, mais puisse participer à son propre salut.
Pour que nous soyons sauvés, il faut la grâce ! Entendez : il faut que Dieu fasse l’essentiel du pont ; mais pour que ce salut soit humain et non extra-terrestre, il faut de l’humain, et Jésus est tout ce qu’il y a de plus humain.
Le Père Marie-Eugène parle souvent du pont, mais à vrai dire d’avantage pour décrire l’Annonciation, qui est le moment exact (il y a neuf mois exactement nous le fêtions, évidemment) où se produit l’Incarnation, dans le sein de Marie.
Noël n’est que le moment de la visibilité de l’Enfant-Dieu, de l’épiphanie de l’Enfant-Dieu, Noël et l’Epiphanie sont une seule et même fête, en fait …
Mais un pont ne sert pas à faire beau, ni dans les discours du père Wresinsky, ni dans ceux de son confrère Carme … il sert à l’homme pour s’avancer vers Dieu et à Dieu pour s’avancer vers l’homme.
J’ai donc deux propositions à vous faire : je vous invite à faire de ce Noël 2011 une véritable naissance, ou plutôt peut-être une renaissance : faites comme si c’était votre premier Noël, plutôt que de le vivre comme un Noël de plus, en attendant le prochain qui devrait en principe avoir lieu le 25 décembre 2012, selon toute probabilité …
Et alors, et c’est ma deuxième proposition, demandez au Père Marie-Eugène de vous accompagner ; il existe pour cela deux moyens concrets : lire ses enseignements et le prier ; l’Eglise, en effet, nous encourage à le prier, car depuis le 19 décembre dernier, il a été déclaré vénérable par Benoît XVI (la prochaine étape, si Dieu le veut, c’est la béatification) !
Vous découvrirez dans ces ouvrages que le signe d’une vraie prière, son fruit, c’est le désir de servir (la prière produit naturellement l’apostolat), la qualité d’une oraison se vérifie au désir que nous avons de servir tout homme, et spécialement les plus pauvres …
Joyeux Noël !
P. Emmanuel d'Andigné
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