30 décembre 2008

Homélies

DIMANCHE DE LA SAINTE FAMILLE – ANNEE B


28 Décembre 2008



Je rappelle la première prière de cette messe : « Tu as voulu, Seigneur, que la Sainte Famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous la grâce de pratiquer comme elle les vertus familiales et d’être unis par les liens de ton amour, avant de nous retrouver pour l’éternité dans la joie de ta maison. »

L’essentiel est dit. Pourquoi l’Eglise a-t-elle institué cette fête aussitôt après Noël ? Pour qu’elle nous fasse contempler l’atmosphère d’union profonde dans l’amour de Marie et Joseph avec l’Enfant Jésus, et que nous en tirions profit pour nous-mêmes.

Il ne suffit pas de se pencher avec attendrissement sur la crèche illuminée. Cette crèche nous appelle à réfléchir sur la venue de l’Enfant Dieu, et donc sur le sens de notre propre existence.
En réalité il n’est guère possible de comparer dans le détail nos familles à celle de Jésus. Celle-ci est tout-à-fait unique, exceptionnelle, extraordinaire et profondément mystérieuse. Nous ne trouvons pas plus de points communs avec la famille d’Abraham, Sara et Isaac.
Et pourtant c’est la même intervention du Seigneur, du Maître des temps et de l’histoire, dans notre humanité. Puis c’est la même réponse, humble et confiante, dans la foi, des parents d’Isaac et de Jésus.

Les « vertus familiales » dont parlait la prière, nous les voyons pratiquées avec une absolue générosité dans la Sainte Famille.

L’Eglise, par la voix du Pape et des évêques, n’a pas manqué de nous les donner en exemple, particulièrement dans les textes des Conciles, repris à notre époque par le catéchisme de l’Eglise catholique, que je cite ici :

« La famille chrétienne est une Communion de personnes, trace et image de la Communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l’œuvre créatrice du Père. Elle est appelée à partager la prière et le sacrifice du Christ. La prière quotidienne et la lecture de la Parole de Dieu fortifient en elle la charité. Les relations au sein de la famille entraînent une affinité de sentiments, d’affections et d’intérêts, qui provient surtout du mutuel respect des personnes. La famille est une communauté privilégiée appelée à réaliser « une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans l’éducation des enfants. »

Ces textes, qui expriment un idéal très élevé, peuvent paraître à certains assez théoriques et abstraits. Ils méritent pourtant d’être étudiés, et leurs applications concrètes sont d’une importance fondamentale pour la vie en société.
J’ajoute donc cette dernière citation :

« La famille est la cellule originelle de la vie sociale. Elle est la société naturelle où l’homme et la femme sont appelés au don de soi dans l’amour et dans le don de la vie. L’autorité, la stabilité et la vie de relations au sein de la famille constituent les fondements de la liberté, de la sécurité, de la fraternité au sein de la société. La famille est le communauté dans laquelle dès l’enfance on peut apprendre les valeurs morales, commencer à honorer Dieu et bien user de la liberté. La vie de famille est initiation à la vie en société. »

Nous aurons pu noter au passage quelques expressions vite dites, et pourtant de grande importance, telles que :
- le mutuel respect des personnes
- la mise en commun des pensées entre les époux
- l’attentive coopération des parents dans l’éducation de leurs enfants
- tout cela supposant un don de soi dans l’amour.

Nous avons malheureusement souvent sous les yeux de grandes carences dans ces domaines. Les mésententes, les paroles agressives, les conflits dans lesquels chacun reste sur ses positions sans aucune concession, sont autant de causes de souffrances qui devraient être évitées. Nous savons aussi combien les dissociations de couples sont néfastes pour l’autorité nécessaire à l’égard des enfants, leur équilibre psychologique, leurs relations vis-à-vis des parents.

La famille chrétienne doit apprendre les valeurs morales, non pas comme des contraintes pénibles, mais comme les fondements de la liberté, de la sécurité, de la fraternité. C’est ainsi qu’elle honore Dieu.

La famille chrétienne a une mission irremplaçable dans la société d’aujourd’hui. Elle doit témoigner de l’Esprit Saint qui l’anime, de l’Esprit qui unit chacun de ses membres par les liens de l’amour du Seigneur _ pour reprendre les termes de la prière : « avant de nous retrouver pour l’éternité dans la joie de sa maison. »

Amen
Père Jean Rouillard

27 décembre 2008

Homélie de la nuit de Noël - II

Homélie de la messe de minuit
Sans doute connaissez-vous Edith Stein, cette carmélite d’origine juive, qui fut déportée à Auschwitz, après s’être convertie au christianisme, notamment grâce à deux facteurs déclenchant : d’abord une femme qui, au milieu de ses courses a fait une visite au saint-Sacrement, ce qui étonnait beaucoup la jeune fille juive qui n’avait jamais vu ça dans une synagogue, et ensuite un baby-sitting… véridique ! Baby-sitting au cours duquel elle a lu « le chemin de la perfection » de sainte Thérèse d’Avila, lecture qu’elle termina fort tard dans la nuit en s’exclamant « Das ist die Wahrheit (c’est la vérité)! »

C’est par le carmel qu’Edith Stein a découvert le Christ, c’est donc au carmel qu’elle décida d’apprendre à le connaître mieux. Au Carmel elle découvrit que la vocation des carmélites consiste à se tenir constamment aux pieds de la croix, afin d’intercéder pour le monde, de prier pour tous les hommes de la terre, demandant pardon et appelant sur eux la tendresse du crucifié …

Quelques temps après sa conversion, Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix écrit un livre magnifique intitulé « la science de la croix ».

En effet, celui qui se tient longtemps, longuement, fréquemment, assidûment, en esprit aux pieds de la croix, finit par acquérir une véritable science, un savoir organisé, précis, profond, qui lui permet de comprendre ce qui s’est passé ce jour-là, où notre Salut a été réalisé !!!

Ce soir, nous sommes aux pieds de la croix, bien sûr, puisque nous célébrons la messe, et que la messe est le renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix. Mais nous sommes aussi (c’est Noël), aux pieds de la crèche … et je voudrais tout simplement vous proposer d’entrer dans ce que l’on pourrait appeler (vous l’avez compris) la « science de la crèche » …

Avec un groupe d’enfants la semaine dernière, nous avons fait un exercice très simple et en fait assez difficile et qui consistait en ceci : se tenir, en silence, devant une crèche, et en recevoir, mystérieusement, un enseignement, un savoir, une science … la science de la crèche !

Le plus difficile, c’est de trouver une occasion de faire cet exercice sans le regard d’autrui (Qui nous gênerait sans doute) et d’avoir le courage de prendre du temps pour cela. Une fois que nous y sommes, je connais au moins deux méthodes, selon son tempérament :

la 1ère consiste à se tenir devant la crèche, sans rien dire, sans rien faire, et à se laisser toucher par la scène … il se produit alors, si on y parvient, un enseignement par capillarité, un peu comme si nous étions une goutte d’eau qui s’approche d’une flaque, l’eau attirant l’eau, et la flaque transformant toute goutte en elle-même.

Mais pour certains, il est trop difficile de se tenir ainsi, inactifs, aussi existe-t-il une deuxième méthode qui a quelques parentés avec l’enseignement de saint Ignace …

Je regarde la Vierge Marie, et j’essaie d’imaginer ce qu’elle peut bien penser, ressentir : une fois cet exercice réalisé, je puis m’adresser à elle pour qu’elle m’aide dans cette méditation, et quelle prie pour moi, afin que je comprenne mieux la grâce de Noël.

Et puis, je passe à Saint-Joseph, et puis les bergers, et puis les anges, et puis les mages …

Il y a beaucoup de trésors, dans cette scène en apparence si simple :
quelle détermination, chez Dieu, pour accepter un tel traitement pour parvenir à ses fins … quelle humilité, de la part de Dieu, de se faire rejeter par les aubergistes … quelle drôle de façon de la part du Messie de se montrer pour la première fois au monde … quelle aventure pour Joseph, qui pensait sans doute faire un mariage comme tout le monde … quelle aventure pour Marie, qui a donné le sein au Fils de Dieu …quelle grâce pour les bergers qui passaient par là et auraient pu passer ailleurs …quelle récompense pour les Mages,
qui obtiennent maintenant le résultat de leurs recherches …quel beau jour pour les enfants, à cette époque déjà, eux qui comprennent si vite ce que l’on comprend si lentement …quelle joie pour la création toute entière qui voit là en elle-même le principe de son ordre retrouvé !

La science de la crèche est bien plus vaste que cette litanie, que Dieu nous fasse la grâce d’être des scientifiques de cette science-là, ainsi soit-il !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie de la nuit de Noël - I

Homélie de la messe de 19h30
On nous offre souvent, au presbytère, un très grand nombre de choses, et c’est très bien … et je voudrais m’attarder ce soir notamment sur les noix ! La noix est un fruit très intéressant pour aborder de façon générale la vie chrétienne : La noix est un « fruit à coque (comme la noisette ou la noix de cajou) », et elle possède les vertus suivantes (source : wikipédia )

La noix est très riche en lipides, donc très énergétique : 583,3 kcal par 100 g. Elle contient également 11 % de protides et 10 % de glucides. Riche en oméga-3, en oméga-6 et en mélatonine, elle apporte aussi des fibres alimentaires ainsi que des vitamines (principalement vitamine E, et vitamine B3, B5 et B6), et des sels minéraux (potassium, phosphore et magnésium).

Sur le plan diététique et vis à vis des risques cardio-vasculaires, ce fruit s'avère intéressant d'une part car ses lipides sont essentiellement polyinsaturés (72 % du total des lipides) et, d'autre part, par sa teneur en magnésium et fibres, reconnus comme étant des facteurs protecteurs.


De ces caractéristiques principales de ce fruit étonnant, je voudrais tirer plusieurs leçons, la première concerne Jésus, et les deux autres nous concernent nous, qui sommes ses disciples …

Lorsque Jésus est né, il n’avait pas belle apparence, ou plutôt, il n’avait pas l’apparence d’un Dieu. Un Dieu, ça ne naît pas dans une étable … un Dieu, ça n’a pas de Maman, et ça n’a pas besoin d’un Papa pour être protégé ! Jésus, le salut de Dieu en personne, ne s’est pas fait connaître par son apparence, il s’est fait reconnaître par sa richesse intérieure.

Son apparence était même parfois dure, dure comme une coque : « vous êtes des sépulcres blanchis » … « engeance de vipères »… « allez vous-en loin de moi, maudits ! » … on disait même dit, un jour en l’en l’entendant dire qu’il fallait manger sa chair et boire son sang : « ces paroles sont dures, qui peut les entendre (Jean 6) ? »

Animé par un amour très vrai et très fort, il avait le souci de nourrir et de sauver, pas le souci de paraître et d’être reconnu. Et quand on le connaissait mieux, il laissait percer la coque et il disait : « venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous procurerai le repos »

Deuxième leçon :
la noix est très utile aussi pour décrire certains phénomènes de la vie chrétienne : de même que beaucoup de ses contemporains ont mal jugé Jésus sur son apparence, de la même façon, nous avons tendance à juger très vite, trop vite …

Si nous venons dans une église 3 fois par an, nous avons tendance à juger ceux dont on voit bien qu’ils ont l’habitude, et qu’ils viennent chaque dimanche, sur l’apparence … et inversement, nous pourrions peut-être avoir la tentation de juger des personnes qui sont là presque par hasard …

« Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés … », dit Jésus !

Mais évidemment, dire cela, cela ne suffit pas, il faut aller plus loin, et c’est grâce aux enfants que nous pourrons le faire, c’est la troisième et dernière leçon de la noix …

Troisième leçon :
En effet, ce fruit a une caractéristique très intéressante : que le fruit soit bon ou pourri, la coque reste dure, c’est uniquement en ouvrant la coque que vous saurez si le fruit est bon … cela signifie que nous pouvons conserver toutes les apparences de la foi, conserver l’extérieur du christianisme, en venant à la messe 3 fois par an, ou même une fois par semaine, sans que l’on puisse s’apercevoir, à l’extérieur, que le fruit ne va pas bien …

Nous devons surtout nous attacher à notre fruit intérieur, à développer les richesses qui sont en nous et que Dieu y a déposés dans le baptême et ne pas se réfugier derrière la coque en nous disant : « le curé a dit qu’il ne fallait pas juger, je peux donc tranquillement me laisser aller, on ne me jugera pas … »

C’est là que les enfants interviennent : leur coque est moins dure, il y a moins de différence entre le fruit et la coque, au début de son développement, même la coque de la noix est tendre !

Je vous invite donc à imiter les enfants, dans ce qui est imitable, pour faire en sorte que cette foi, cet amour que vous avez à l’intérieur ne soient pas de nature à décevoir ceux qui ne voient que la coque, et ne déçoivent pas Dieu surtout, car lui a le droit de juger et il le fera à la fin des temps.

Imiter les enfants, à Noël, ce n’est pas difficile, il suffit de se mettre devant une crèche et de s’émerveiller, de se laisser toucher par un Dieu « tout petit et tout chaud », comme dirait Sartre, et de demander à Dieu la guérison intérieure, la conversion, le véritable amour de Dieu et des autres, pour que Noël ne soit pas un folklore, plus jamais, mais un événement spirituel personnel.

P. Emmanuel d'Andigné

homélie du 21 décembre 2008

homélie du 4ème dimanche de l’Avent, année B



Dimanche dernier, nous étions dans une atmosphère de joie : la joie de Noël qui approche, la joie de l’attente de la naissance de notre Sauveur. Aujourd’hui, ce serait plutôt le dimanche de la confiance : la confiance de David envers son Seigneur, la confiance du psalmiste « Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut », la confiance de saint Paul dans son épître aux Romains « Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous rendre forts conformément à l’Évangile que je proclame en annonçant Jésus-Christ » et enfin, dans l’évangile de ce jour, la confiance totale de Marie qui accueille les paroles de l’ange Gabriel.

Nous connaissons bien ce passage de l’Évangile où nous voyons naître la vocation de la Vierge Marie. Elle est appelée comblée-de-grâce, c’est-à-dire déjà tournée vers Dieu. C’est le mystère de l’Annonciation, l’accueil du don de Dieu, et par l’action de l’Esprit Saint, la libre réponse de Marie qui accepte de devenir la demeure du Fils de Dieu et qui dit oui en toute confiance.

Marie est un modèle pour toute l’Église et l’incarnation du Fils de Dieu en son sein annonce la maternité de l’Église, c’est-à-dire que chacun des croyants dans une relation personnelle à Dieu est appelé à participer à l’enfantement de l’Église, le Corps du Christ.

Dieu est relation et il veut habiter parmi nous, pour faire en nous sa demeure éternelle. Mais pour l’accueillir il faut faire un minimum de toilette intérieure : une toilette spirituelle bien sûr, mais aussi faire le vide de ce qui est inutile afin de lui laisser la place. Ne faisons-nous pas le ménage chez nous quand nous avons des invités ? Est-ce que nous laissons des cartons dans l’entrée qui les empêcheraient de rentrer ?

Marie a reçu de Dieu la grâce d’une conception immaculée, et Dieu veut également nous purifier pour que nous soyons dignes de l’accueillir. Cette transformation est déjà commencée puisque, de par notre baptême, comme le dit saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (1 Co, 3 16) « Nous sommes le temple de Dieu et l’Esprit de Dieu habite en nous ».

Et nous, pauvres pécheurs, et moi le premier, nous avons tant de mal à vivre notre foi chaque jour, à être fidèle à la Parole, à gérer nos doutes, à prier régulièrement, à porter un regard fraternel sur le pauvre rencontré au hasard de nos routes. Et nous serions appelés à un tel bonheur, à une telle gloire ?

Et bien oui, comme Marie, il nous faut avancer sans crainte, car nous avons trouvé grâce auprès de Dieu. Ce n’est pas une récompense parce qu’on serait les meilleurs ou presque, ce n’est pas du fait de nos propres mérites, mais c’est un don gratuit de Dieu. Un don gratuit de Dieu !

À chacun de nous, Dieu le Père promet comme à David « Je serai pour toi un père et tu seras pour moi un fils » et moi, Seigneur, je peux te dire en toute confiance « Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut », et je sais que toi, Seigneur, tu me garderas ton amour et que ton alliance me sera fidèle (Ps 88).

Nous ne pouvons que renouveler les promesses de notre baptême en disant comme Marie « Oui, me voici Seigneur, que tout se passe en moi selon ta parole ». Pour Marie ce n’est qu’un début, une confiance totale donnée à Dieu, sans connaître le chemin, un oui qui ouvre la voie. Marie prend le risque de la vraie liberté en ayant confiance dans la Parole de Dieu. À tous les moments de la vie de Jésus, au pied de la Croix, elle a redit sa confiance, elle a redit son oui et à la demande de Jésus elle nous accueille comme ses enfants.

Nous aussi, nous sommes invités à l’enfantement du Corps du Christ qui est l’Église. Le Seigneur attend aussi de nous notre fiat, notre oui de chaque jour sur le chemin qu’il nous a préparé. Un chemin que l’on ne trouvera pas sur une carte routière, mais que nous avons à tracer avec lui en étant fidèles à l’Évangile. Il y aura des cailloux sur la route, des passages qui nous paraîtrons infranchissables, mais aussi des autoroutes sans nids de poule avec des aires de repos accueillantes. Nous savons que nous ne serons pas seuls et que le Seigneur sera toujours là avec nous pour porter ce qui sera trop lourd.

Le Seigneur attend de nous un oui, le petit oui de chaque jour et le grand oui à certains moments de notre vie, un oui qui change tout. Seigneur, apprends-nous à dépasser nos peurs et nos incertitudes, et que notre oui nous permette de reconnaître ta présence dans notre vie. Ainsi soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre

16 décembre 2008

Homélie du 14 décembre 2008

Homélie du 3ème dimanche de l'Avent, dimanche du "Gaudete (de la joie)" - Année B
Le 28 juin dernier, le Saint-Père lançait une « année Saint Paul », pour permettre aux chrétiens du monde entier d’approfondir l’œuvre extraordinaire de l’« Apôtre des Nations » … à la rentrée, le diocèse d’Angers lançait une « année Saint Marc », en quelque sorte, puisqu’il invitait à une lecture continue de cet Evangile que l’on va lire jusqu’en novembre 2009 … et puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, depuis le 08 décembre dernier, l’Evêque de Lourdes a lancé une « année Sainte Bernadette », jusqu’en décembre 2009 ! Nous n’avons que l’embarras du choix !!!

Honorons saint Paul aujourd’hui : il nous donne un beau programme spirituel pour cette semaine, il ne nous restera plus qu’à donner une ou deux précisions. Thessalonique est une ville portuaire de Macédoine, Saint Paul y a fondé une communauté vers 50. Bien vite, à cause de l’hostilité de la communauté juive de cette ville, il est expulsé, le voilà contraint de s’adresser aux Thessaloniciens depuis la ville de Corinthe, vers la fin de l’année 50 : c’est le contexte historique de ce que nous avons reçu aujourd’hui comme « deuxième lecture ».

« Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans la Christ Jésus »

Voilà un magnifique programme pour l’Avent (et pour cette semaine !) : Joie, prière, action de grâce …

Tout le monde est forcément d’accord avec un tel programme ! mais il faut aller plus loin, et on peut continuer en remarquant une chose curieuse : chacune des parties de ce programme est affublée d’un mot ou d’une expression qui veut dire « toujours », d’une façon ou d’une autre.

Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche (toujours !), rendez grâce en toute circonstance (toujours !).

Cela signifie qu’il y a un élément qui accompagne l’attitude chrétienne fondamentale, et qui fait que l’on peut être toujours dans la joie, toujours en prière, toujours en action de grâce ! Evidemment, ce point de vue n’est pas psychologique, car psychologiquement, il est impossible d’être toujours joyeux, d’être toujours en prière et de remercier Dieu en permanence …

Imaginez une personne, même très sainte qui dirait : « merci, Seigneur, je viens d’attraper un PV ! …" le point de vue que St Paul adopte est spirituel, au sens premier du terme ( de « spiritus », en latin, l’Esprit) : il se repose sur l’Esprit, ne dit-il pas aussitôt après : « n’éteignez pas l’Esprit ! ». Dans l’épître aux Romains, il ajoute « nous ne savons pas prier comme il faut, l’Esprit lui-même intervient pour nous ». Et d’ailleurs, dans la 1ère lecture, Isaïe a dit « je tressaille de joie dans le Seigneur ». Autrement dit, je ne tressaille pas de joie par moi-même, car comme tout le monde, j’ai des soucis (on veut même ma mort !), je tressaille de joie dans le Seigneur, ou pour être encore plus précis, je tressaille à un niveau très profond en moi, là où Dieu réside, et cette joie de Dieu, personne ne peut l’éteindre, on ne peut pas éteindre Dieu … Saint Paul utilise très souvent cette expression « dans le Seigneur », pour montrer une attitude fondamentale en lui qui ne dépend pas de sa psychologie, mais qui est l’expression de la vie divine en lui.

Nous sommes, notre corps est le « temple » de la Trinité, et celle-ci est la source inépuisable de la joie, de la prière, et de l’action de grâce. Et sans doute que l’une des tâches les plus urgentes qui nous incombent est celle qui consiste à devenir des êtres de plus en plus intérieurs, de plus en plus habitués à descendre à l’intérieur d’eux-mêmes, pour y rencontrer Dieu qui y habite, et ainsi faire ce que Dieu attend de nous : être une source inépuisable de joie, de prière et d’action de grâce. Pour nous-mêmes, bien sûr, mais aussi pour ceux qui nous entourent, et qui ont soif de tout cela.

Inviter quelqu’un à Alpha, c’est lui donner accès à cette source intérieure !

Je termine en levant un autre difficulté, qui 1) nous empêchera de nous décourager dans l’application de cette parole de Dieu, 2) nous permettra d’approfondir l’art de la prière, puisque le Pape Benoît XVI nous a bien dit que l’une des choses qui nous caractérise, nous chrétiens, c’est cet art que nous avons à transmettre, et en particulier aux plus jeunes : c’est la question de la prière continuelle.

Dans une lettre splendide, la « lettre à Proba », Saint Augustin donne une définition de la prière : la prière est la mise en œuvre dans notre vie des trois vertus théologales, la Foi, l’Espérance et l’amour.

Ce que, habituellement, nous appelons prière, c’est en quelque sorte un concentré de Foi, d’Espérance et d’Amour ! Pour utiliser une petite image, tous les enfant savent bien qu’on ne boit pas du sirop de fruit concentré, on le dilue dans l’eau. L’eau, c’est notre vie de tous les jours, et les moments de prière nous aident à colorer toute notre vie, à chaque seconde, de la couleur de la Foi, de l’Espérance et de l’amour. Puisse notre vie avoir de la couleur et de la saveur, que nous ressemblions à Jean le Baptiste, annonçant un plus grand que soi, à la Vierge Marie, en devenant des serviteurs du Seigneur, à saint Paul, devenant des évangélisateurs infatigables, à sainte Bernadette, en devenant simples et purs … donnons ainsi de belles couleurs au monde !

P. Emmanuel d'Andigné

09 décembre 2008

Homélie du 07 décembre 2008

Homélie du 2ème dimanche de l’Avent - Année B

Nous venons d’allumer symboliquement au début de la messe, notre deuxième bougie de veille à l’attente du Sauveur. Pour que cette lampe symbole d’un peuple qui veille ne s’éteigne pas, il y a l’exigence d’une hygiène de vie qui se traduit dans les paroles du prophète Isaïe « tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits et les escarpements seront changés en plaine ». Basons notre méditation sur quelques termes.
L’aridité dont il est question c’est celle de nos cœurs qui ne donne pas toujours à la semence de Dieu enfouie en nous, les conditions optimales d’une croissance harmonieuse.
L’humus, l’engrais pour la fertilité de nos cœurs est une salade de vertu appelée l’amour de Dieu et des autres mais qui a pour ingrédients majeurs la charité, l’attention, le don de soi… enfin !
L’amour englobe tous ces aspects là et il est un vaste programme de vie, personne ne peut prétendre l’avoir épuisé. L’Avent est là pour nous stimuler à redoubler d’effort dans la réalisation de ce programme.
Il est aussi question de montagnes et de collines, c’est tout ce qu’il y a de démesuré dans notre vie de chrétien et qui constitue des remparts, des forteresses qui nous cloisonnent et nous empêchent de rencontrer le prochain. Ce sont elles, avec l’orgueil, la suffisance comme chef de fil qui sont causes de l’aridité de nos cœurs. Il faut accepter que Dieu opère en nous de grands chantiers, il faut des fouilles, des remblais, des constructions…il faut tailler, terrasser… ça fait mal mais il faut passer par là. Observer les grands chantiers de la ville, la construction de la ligne du tram way par exemple, Angers est défigurée mais pour redevenir dans 2 ou 3 ans une plus belle ville. Il en est de même pour nos vies, celui qui refuse le passage de Dieu dans son cœur avec le remue ménage que cela implique restera dans sa laideur initiale.
L’exemple n’est certainement pas applicable en Europe mais dans mon pays, le passage du président dans un village reculé est une chance pour ces populations d’avoir des infrastructures, la route en premier, si ce n’est pour la population le président a besoin d’un confort pour son déplacement.. une école où un centre de santé primaire, notre unique chance d’accès à la sainteté est d’accueillir Dieu dans nos vies, lui ouvrir les portes de nos cœurs, lui fera le reste du travail.
Nous sommes parfois confortablement installés dans nos jungles, c’est nos jardins secrets et on a peur de la présence de Dieu. Ayons confiance, c’est lui le jardinier, il n’apporte que la lumière nécessaire à la photosynthèse de nos fleurs, il n’arrachera que ce qu’il y a en nous de ronces et de mauvais herbes, mieux il sait attendre le moment propice pour ne pas confondre la rose, la marguerite, à l’herbe sauvage, le blé à l'ivraie. Il ne force pas, mais il est là à la porte, il attend pour entrer, pour y faire sa demeure et rétablir l’ordre.
Dans les cœurs où Dieu n’est pas, il n’y a certainement pas de lumière c’est le règne des ténèbres, c’est aussi la jungle où les plus forts écrasent les plus faibles, c’est le règne de l’homme du Cro-Magnon, ça fait peur. La sécurité dont avons tant besoin vient de Dieu, qu’il vienne dans nos vies.
Pour repartir au texte de la première lecture, il est aussi question de ravins. Les ravins de nos vies, c’est ces blessures, autres manques à la charité et à l’amour de Dieu et du prochain, que nous trainons et qui brise l’harmonie de notre vie. Il est bien vrai que le relief d’une région est à nos yeux d’homme un charme mais pour la communication, la surface plane est ce qu’il faut ; aussi bien pour les personnes, pour les différents moyens de transport que pour les ondes. Il faut donc combler tous les ravins, les fleuves qui nous empêchent d’aller vers Dieu et le frère.
Dans la deuxième lecture je partirai de l’avant dernière phrase qui dit « ce que nous attendons…c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice et pourquoi pas un développement durable pour être actuel et communier aux préoccupations des hommes de notre temps.
Il ne se passe pas un seul jour où on ne parle pas dans la presse de développement durable, de réchauffement climatique, de raréfaction des ressources en eau, ces angoisses doublées d’un contexte de crise financière et autres crises…il y a de quoi paniquer le plus serein, l’imperturbable. L’attente d’un ciel nouvelau et d’une terre nouvelle est bien d’actualité.
C’est vrai, les statistiques effraient, il semble qu’en 2050, 7 millions de personnes dans 60 pays n’auront pas d’eau à boire. C’est effrayant, pour moi en premier, parce que non seulement je serai là, un peu moins jeune mais toujours prêt pour la vie mais aussi parce que mon pays est parmi ces 60 pays puisqu’il manque déjà d’eau.
Saint Pierre en rajoute à l’angoisse « le jour du Seigneur viendra comme un voleur. (là n’est pas le problème) Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre avec tout ce qu’on y a fait, sera brulée »( Ah bon !).
Un jour en classe, on avait passé une journée entière sur la question développement et environnement qui date déjà des années 1970. Régulièrement les chefs d’Etat et les spécialistes de l’environnement se retrouvent en vue de trouver des solutions. Et c’est tout à fait normal, l’homme est responsable de la terre, le créateur lui a confié la grande mission de continuer la création.
Le constat reste cependant décevant et il semble qu’un jour, le président du comité d’organisation de ces sommets a fondu en larmes devant la presse en disant « on n'y arrivera jamais ». C’est l'impression que je partage, mais que faisons-nous devant l’échec ? Avons-nous le courage de réviser la stratégie ?
Quand on veut continuer la création sans le créateur, on finit par se rendre compte que ce n’est pas un brevet de fabrication qu’on a acheté à un savant... tant pis pour ce qu’il devient après. Le créateur n’a pas dévoilé tous les secrets, aurons-nous l’humilité de repartir à lui ? C’est le défi qui nous est posé, nos limites sont certaines, on n’a pas pouvoir à tout et le développement durable ne peut pas seulement se reposer sur la prise en compte de l’économique, du social, de l’environnemental chapoté par une bonne gouvernance. Il faut ajouter un pallier supérieur à l’organigramme si non, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer notre échec.
Les fondations du chantier du monde sont posées, ne les délocalisons pas. Ce chantier se repose sur Dieu surtout, le maître maçon et l’architecte, sans lui tout est base de sable. Quelle folie que de construire le monde sur du sable. Quelle perversion de la liberté que de conduire le navire du monde sur des chemins que le grand marin n’a pas tracés.
Pour finir je voudrais vous interpeller à partir de la deuxième lecture : « puisque tout cela est en destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir » et de l’évangile qui dit : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route », le monde édifié sur la base de l’amour de Dieu et du prochain prend en compte les autres socles (l’économie, le social, l’environnement et la gouvernance) et devrait marcher même sans la loi du pollueur payeur.
Chers frères et sœurs, comme dit le psalmiste, si Dieu ne construit la maison, c’est en vain que peinent les maçons. Seigneur Jésus, viens, viens nous sauver. Amen

Abbé Cyrille BOUDA

01 décembre 2008

Homélies

1er DIMANCHE DE L’ AVENT – ANNEE B


0 Novembre 2008



Aujourd’hui commence une nouvelle année liturgique. Nous disons l’année B. Rappelons quelques données simples à ce sujet.

Chaque année nous fait revivre la vie sur terre de Jésus, depuis l’attente de sa naissance jusqu’à son Ascension dans le Ciel, l’envoi de son Esprit, à la Pentecôte, pour que se poursuive la mission de l’Eglise, qui aboutira au règne du Christ sur l’Univers, que nous célébrons par la fête du Christ-Roi.

Avant le deuxième Concile du Vatican, qui se termina en 1965, nous avions tous les ans les mêmes lectures aux mêmes dates.
Le Concile a voulu que nous connaissions davantage les textes de la Bible, c’est pourquoi un plus grand choix a été décidé.

Pour les dimanches, la variation se fait sur trois ans. Nous venons de terminer l’année désignée par la lettre A, au cours de laquelle l’Evangile était le plus souvent selon Saint Matthieu.
Nous entrons donc dans l’année dite B ; l’Evangile sera habituellement selon Saint Marc. L’année suivante sera dite « année C », et l’Evangile sera pris chez Saint Luc. L’Evangile selon Saint Jean est réparti sur les trois années.
Précisons que pour les grandes fêtes, Noël, Pâques et d’autres, les textes sont les mêmes chaque année, car ils sont particulièrement importants et essentiels.

Par ailleurs, les personnes qui viennent à la messe sur la semaine, du lundi au samedi, savent que l’alternance se fait sur deux ans (et non pas trois). On suit tout simplement les années paires (2008) et impaires (2009). Cela du moins pour le temps ordinaire, c’est-à-dire en dehors de l’Avent, du Carême et du Temps pascal.
C’est donc le récit de Saint Marc que nous entendrons le plus souvent.

Marc était un jeune Juif de Jérusalem, devenu chrétien, cousin de Barnabé, compagnon du premier voyage missionnaire de Barnabé et Paul, devenu par la suite compagnon de Pierre.

Les quelques versets de l’Evangile que nous venons d’entendre ne sont pas le début du Livre ; ils sont tirés du 13ème chapitre. Jésus vient d’annoncer des événements graves, catastrophiques, tels que la ruine du Temple de Jérusalem. Les chapitres suivants relateront la Passion et la mort du Christ.
Cette page de l’Evangile a été choisie pour introduire le temps de l’Avent. Le mot essentiel est « Veillez ! » Soyez dans l’attente, soyez vigilants.

Il peut paraître arbitraire, artificiel, d’attendre la venue de Jésus. Nous ne pouvons, bien sûr, pas l’attendre comme les Juifs attendaient le Messie il y a plus de deux millénaires, au temps où le prophète Isaïe se plaignait : « Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin, pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ? »
Isaïe gardait cependant l’espérance : « Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et se souvient de toi en suivant ton chemin. »
« Tu étais irrité par notre obstination dans le péché, et pourtant nous serons sauvés. » « Seigneur tu es notre Père. »

Le Sauveur est venu, nous le savons. Mais l’avons-nous accueilli avec joie dans nos cœurs, pour que « nous pratiquions la justice », c’est-à-dire que nous agissions en tout comme il est « juste » pour un chrétien de se comporter à l’égard de Dieu et du prochain ? Si nous sommes satisfaits de nous-mêmes, c’est que nous sommes aveugles et inconscients.

La mission de l’Eglise, c’est-à-dire notre mission, chacun pour sa part, est de travailler au règne du Christ sur le monde entier. Imaginons un instant ce que serait l’humanité si chacun vivait selon le précepte de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Ce serait presque le paradis sur terre, au lieu des haines et tueries continuelles !

Essayons de mériter le témoignage de satisfaction qu’exprimait Saint Paul aux Corinthiens : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus… Aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ. »

« C’est lui qui vous fera tenir solidement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. »

« Réveille ta puissance, Seigneur, et viens nous sauver. »

Amen
Père Jean Rouillard