09 décembre 2008

Homélie du 07 décembre 2008

Homélie du 2ème dimanche de l’Avent - Année B

Nous venons d’allumer symboliquement au début de la messe, notre deuxième bougie de veille à l’attente du Sauveur. Pour que cette lampe symbole d’un peuple qui veille ne s’éteigne pas, il y a l’exigence d’une hygiène de vie qui se traduit dans les paroles du prophète Isaïe « tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits et les escarpements seront changés en plaine ». Basons notre méditation sur quelques termes.
L’aridité dont il est question c’est celle de nos cœurs qui ne donne pas toujours à la semence de Dieu enfouie en nous, les conditions optimales d’une croissance harmonieuse.
L’humus, l’engrais pour la fertilité de nos cœurs est une salade de vertu appelée l’amour de Dieu et des autres mais qui a pour ingrédients majeurs la charité, l’attention, le don de soi… enfin !
L’amour englobe tous ces aspects là et il est un vaste programme de vie, personne ne peut prétendre l’avoir épuisé. L’Avent est là pour nous stimuler à redoubler d’effort dans la réalisation de ce programme.
Il est aussi question de montagnes et de collines, c’est tout ce qu’il y a de démesuré dans notre vie de chrétien et qui constitue des remparts, des forteresses qui nous cloisonnent et nous empêchent de rencontrer le prochain. Ce sont elles, avec l’orgueil, la suffisance comme chef de fil qui sont causes de l’aridité de nos cœurs. Il faut accepter que Dieu opère en nous de grands chantiers, il faut des fouilles, des remblais, des constructions…il faut tailler, terrasser… ça fait mal mais il faut passer par là. Observer les grands chantiers de la ville, la construction de la ligne du tram way par exemple, Angers est défigurée mais pour redevenir dans 2 ou 3 ans une plus belle ville. Il en est de même pour nos vies, celui qui refuse le passage de Dieu dans son cœur avec le remue ménage que cela implique restera dans sa laideur initiale.
L’exemple n’est certainement pas applicable en Europe mais dans mon pays, le passage du président dans un village reculé est une chance pour ces populations d’avoir des infrastructures, la route en premier, si ce n’est pour la population le président a besoin d’un confort pour son déplacement.. une école où un centre de santé primaire, notre unique chance d’accès à la sainteté est d’accueillir Dieu dans nos vies, lui ouvrir les portes de nos cœurs, lui fera le reste du travail.
Nous sommes parfois confortablement installés dans nos jungles, c’est nos jardins secrets et on a peur de la présence de Dieu. Ayons confiance, c’est lui le jardinier, il n’apporte que la lumière nécessaire à la photosynthèse de nos fleurs, il n’arrachera que ce qu’il y a en nous de ronces et de mauvais herbes, mieux il sait attendre le moment propice pour ne pas confondre la rose, la marguerite, à l’herbe sauvage, le blé à l'ivraie. Il ne force pas, mais il est là à la porte, il attend pour entrer, pour y faire sa demeure et rétablir l’ordre.
Dans les cœurs où Dieu n’est pas, il n’y a certainement pas de lumière c’est le règne des ténèbres, c’est aussi la jungle où les plus forts écrasent les plus faibles, c’est le règne de l’homme du Cro-Magnon, ça fait peur. La sécurité dont avons tant besoin vient de Dieu, qu’il vienne dans nos vies.
Pour repartir au texte de la première lecture, il est aussi question de ravins. Les ravins de nos vies, c’est ces blessures, autres manques à la charité et à l’amour de Dieu et du prochain, que nous trainons et qui brise l’harmonie de notre vie. Il est bien vrai que le relief d’une région est à nos yeux d’homme un charme mais pour la communication, la surface plane est ce qu’il faut ; aussi bien pour les personnes, pour les différents moyens de transport que pour les ondes. Il faut donc combler tous les ravins, les fleuves qui nous empêchent d’aller vers Dieu et le frère.
Dans la deuxième lecture je partirai de l’avant dernière phrase qui dit « ce que nous attendons…c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice et pourquoi pas un développement durable pour être actuel et communier aux préoccupations des hommes de notre temps.
Il ne se passe pas un seul jour où on ne parle pas dans la presse de développement durable, de réchauffement climatique, de raréfaction des ressources en eau, ces angoisses doublées d’un contexte de crise financière et autres crises…il y a de quoi paniquer le plus serein, l’imperturbable. L’attente d’un ciel nouvelau et d’une terre nouvelle est bien d’actualité.
C’est vrai, les statistiques effraient, il semble qu’en 2050, 7 millions de personnes dans 60 pays n’auront pas d’eau à boire. C’est effrayant, pour moi en premier, parce que non seulement je serai là, un peu moins jeune mais toujours prêt pour la vie mais aussi parce que mon pays est parmi ces 60 pays puisqu’il manque déjà d’eau.
Saint Pierre en rajoute à l’angoisse « le jour du Seigneur viendra comme un voleur. (là n’est pas le problème) Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre avec tout ce qu’on y a fait, sera brulée »( Ah bon !).
Un jour en classe, on avait passé une journée entière sur la question développement et environnement qui date déjà des années 1970. Régulièrement les chefs d’Etat et les spécialistes de l’environnement se retrouvent en vue de trouver des solutions. Et c’est tout à fait normal, l’homme est responsable de la terre, le créateur lui a confié la grande mission de continuer la création.
Le constat reste cependant décevant et il semble qu’un jour, le président du comité d’organisation de ces sommets a fondu en larmes devant la presse en disant « on n'y arrivera jamais ». C’est l'impression que je partage, mais que faisons-nous devant l’échec ? Avons-nous le courage de réviser la stratégie ?
Quand on veut continuer la création sans le créateur, on finit par se rendre compte que ce n’est pas un brevet de fabrication qu’on a acheté à un savant... tant pis pour ce qu’il devient après. Le créateur n’a pas dévoilé tous les secrets, aurons-nous l’humilité de repartir à lui ? C’est le défi qui nous est posé, nos limites sont certaines, on n’a pas pouvoir à tout et le développement durable ne peut pas seulement se reposer sur la prise en compte de l’économique, du social, de l’environnemental chapoté par une bonne gouvernance. Il faut ajouter un pallier supérieur à l’organigramme si non, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer notre échec.
Les fondations du chantier du monde sont posées, ne les délocalisons pas. Ce chantier se repose sur Dieu surtout, le maître maçon et l’architecte, sans lui tout est base de sable. Quelle folie que de construire le monde sur du sable. Quelle perversion de la liberté que de conduire le navire du monde sur des chemins que le grand marin n’a pas tracés.
Pour finir je voudrais vous interpeller à partir de la deuxième lecture : « puisque tout cela est en destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir » et de l’évangile qui dit : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route », le monde édifié sur la base de l’amour de Dieu et du prochain prend en compte les autres socles (l’économie, le social, l’environnement et la gouvernance) et devrait marcher même sans la loi du pollueur payeur.
Chers frères et sœurs, comme dit le psalmiste, si Dieu ne construit la maison, c’est en vain que peinent les maçons. Seigneur Jésus, viens, viens nous sauver. Amen

Abbé Cyrille BOUDA

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