21 mars 2009

Homélie du 22 mars 2009

homélie du 4ème dimanche de carême - année B
Pour commencer, voici une histoire vraie racontée par Mr Jacques Ricot, philosophe, qui illustre assez bien ce qui se passe ces jours-ci dans les médias :
"Il arrive pourtant qu’on veuille tirer le philosophe hors de son coin pour l’inviter, par exemple, à participer à une émission de télévision. C’est la petite mésaventure qu’il m’a été donné de vivre en 2004. Approché téléphoniquement à plusieurs reprises par l’assistante de production d’une émission-phare d’une grande chaîne de télévision, on me demandait, au plus fort de l’affaire Humbert si je pouvais faciliter l’entrée des caméras dans des services où des mourants étaient censés demander l’euthanasie. J’avais répondu, en contrôlant de mon mieux la nausée provoquée par cette démarche, que ce type de demande s’évanouissait dès lors que l’on supprimait la douleur et qu’on accompagnait la personne. Du moins, était-ce la seule expérience que je pouvais personnellement attester. Puis le dialogue suivant s’était engagé :
« Je connais, avais-je déclaré à mon interlocutrice, Madame Pavageau, tétraplégique depuis plus de vingt ans, atteinte d’un locked-in-syndrom de même nature que celui de Vincent Humbert et dont le témoignage, accompagné de celui de son mari et de sa fille, conviendrait peut-être pour illustrer votre sujet.
– Pourquoi pas ? Mais dites-moi, est-ce que cette personne demande à mourir ?
– Elle connaît des moments d’abattement, mais, bien entourée par son mari et par ses proches, elle se bat pour vivre.
– Alors non, ce n’est pas ce que nous cherchons, il nous faut quelqu’un qui demande à mourir. »
Nos contacts ont cessé, l’émission s’est passée de moi et de mon idée visiblement incongrue. Et pour traiter le sujet, les responsables de la chaîne ont offert aux téléspectateurs le témoignage ambigu mais tellement plus alléchant et troublant de la fille d’une suicidée célèbre"

Voilà comment se prépare une émission de TV et un journal télévisé aussi … comment faire confiance à des médias dont la mauvaise foi est plus qu’évidente ? Vous trouverez à la sortie de l’église et sur ce blog quelques vérités rétablies sur l’affaire du Brésil et sur l’affaire de l’Afrique.

Avant de vous faire une opinion, quelle qu’elle soit : sachez bien de quoi il s’agit, soyez sûrs de vos informations, et n’ayez qu’une confiance relative dans des informations dont tout le monde sait qu’elles sont extrêmement partisanes et plus militantes que de nature à nous informer …

Je vous propose de prendre de la distance, un peu, avec les évènements, et d’étudier l’actualité avec l’aide de l’Evangile … je pense à trois passages de l’Ecriture, le dernier étant celui que nous venons d’entendre.

Je pense d’abord à la Passion du Christ : je suis frappé par le contraste entre la haine, la méchanceté, le déchaînement des médias et la douceur du Pape ! « Insulté, sans rendre l’insulte, maltraité sans proférer de menaces, il s’en remettait à celui qui juge avec justice », disait St Pierre (I PIERRE 2, 21-24)

Quant à la lettre écrite par le Saintè-Père aux évêques, elle est une illustration moderne de ce que l’on appelle en liturgie les « impropères », sorte de complainte du Christ qui s’étonne du déchaînement de violence à son égard et qui se tourne vers son propre peuple avec comme une sorte d’étonnement douloureux, en voici un exemple : « pour me traiter ainsi, ô mon peuple, qu’avais-tu contre moi ? Pour mériter cette rigueur extrême, que t’ai-je fait à toi ? »

Je pense également à un autre passage de l’Evangile, le Bon Berger (Jn 10), je cite : « il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront pas un étranger, mais elle le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers »

Depuis son accession au siège de Pierre, Benoît XVI est présenté aux catholiques eux-mêmes comme quelqu’un d’étranger à eux, et le but recherché est clair : couper le lien entre les catholiques et le pape, car c’est la stratégie la plus efficace pour empêcher l’Eglise de diffuser un message qui les dérange : et c’est finalement l’Evangile d’aujourd’hui qui nous fournit l’explication de cette haine, de ce déchaînement, de cet acharnement : « Tout homme qui fait le mal déteste la lumière … » Nous en avons la preuve aujourd’hui, tandis qu’on se sert honteusement de l’Afrique pour justifier nos débats internes et nos ébats immoraux. Cette affaire est un prétexte, bien sûr, pour justifier la résistance à l’enseignement de l’Eglise.

Pour terminer, je pense nécessaire d’ajouter deux choses très simples :

La première est que, à écouter les africains eux-mêmes, à regarder les chiffres précis, les données, on s’aperçoit sans peine, quelques heures suffisent, que une fois de plus, Benoît XVI avait raison, et les bains de foule sont là pour montrer que, pendant que les occidentaux s’excitent sur un bout de phrase sorti de son contexte, l’Afrique exulte, reconnaissante, de rencontrer à nouveau le successeur de Pierre qui a eu la délicatesse de préciser, avant de monter dans l’avion, qu’il se rendait "dans la deuxième patrie du Christ", allusion à la fuite en Egypte …

De nombreuses voix africaines sont là, dans l’Eglise et hors de l’Eglise pour attester de la profondeur des analyses de Benoît XVI, et j’ai envie d’ajouter « évidemment » !!!

Nous ne sommes pas en présence d’un cas d’infaillibilité pontificale, mais avant de manifester un désaccord avec l’un des chefs d’état les mieux informés de la terre, il me paraît nécessaire de bien vérifier ses positions, et de les vérifier sur place …

la deuxième et dernière chose nous concerne nous, catholiques, peut-être troublés par cette affaire : notre problème est que nous ne sommes pas des parangons de vertu en face d’un monde pourri et anti-pape : nous sommes pécheurs, nous aussi en proie aux mêmes idées tordues qui s’affichent sans vergogne sur nos écrans, et tout ceci est un appel puissant à la conversion, pour que nous soyons toujours plus des amants de la vérité et prophètes de la charité.

Le serpent de bronze est élevé par Moïse, Jésus est élevé sur la croix tout le monde le croyait anéanti, il est ressuscité ! Que l’Esprit Saint nous conduise dans la confiance et dans la paix !

P. Emmanuel d'Andigné

1 commentaire:

Unknown a dit…

Très belle homélie !! Je me permets d'y ajouter un texte fort pour aller dans votre sens, qui me parait illustrer avec justesse instrumentalisation de l'Afrique dans l'affaire.

« Le Cameroun vient de boucler avec une réussite insolente la troisième visite papale de son histoire », lit-on dans le Cameroon Tribune, après les quatre jours de visite de Benoît XVI sur le sol camerounais, qui déplore en même temps la polémique engagée par les médias occidentaux contre le pape durant cette visite.

« Le Cameroun et l'Afrique ont vécu quatre jours si intenses et si magiques, qu'ils peinent encore à en jauger l'insondable portée », souligne Marie-Claire Nnana dans son article, convaincue que cette visite du pape en Afrique est « une visite à succès, et un événement majeur qui marquera l'Eglise et tout le continent ».

« En posant l'acte d'amour que constitue sa visite, en nous assurant de l'amour de Dieu, nous les damnés de la terre, le pape nous comble d'espérance », souligne la journaliste.

Mais « on ne décrira jamais assez le rapt inélégant et la parfaite imposture des médias européens et en particulier français sur cette visite », souligne-t-elle. « C'était le temps de l'Afrique. L'Afrique n'aspirait qu'à la communion spirituelle et à la fête. Nos confrères se sont évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de cette visite, les chiens écrasés, l'écume des jours », ajoute-t-elle.

« Pas un mot sur le synode des évêques africains à venir, ni sur le document préparé à cet égard par le pape », commente-t-elle. « Ils ont parasité les ondes avec une polémique qu'ils ont créée de toute pièce. Car en sortant de son contexte la déclaration du pape sur le préservatif, ils en ont dénaturé la substance ».

Autre exemple de sabotage stratégique reproché aux médias occidentaux : avoir cherché, en Angola, à « éclipser le message apostolique en montant en épingle une déclaration sur l'avortement thérapeutique ».

« En résumant huit jours de visite en deux petites phrases, de préférence celles susceptibles de remuer une opinion publique formatée, il y a un risque de caricaturer et de fausser le message », souligne-t-elle. Et le comble pour la journaliste c'est lorsque « ces médias déclarent parler au nom des Africains ».

« Non, merci, chers confrères, vous parlez pour vous-mêmes, et pour votre public. Les Africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer, au besoin, les messages du pape, afin d'en tirer la substantifique moelle. ».

De plus, estime-t-elle, « les débats autour du SIDA et de l'avortement sont trop importants pour les biaiser de cette manière, en les réduisant à une polémique médiatique ».

« Si nous décrions cet opportunisme chez nos confrères, ce n'est pas que ces questions indiffèrent les Africains que nous sommes, précise la journaliste du Cameroon Tribune, simplement, il nous semble peu fécond de vouloir infléchir les prises de positions papales, parce qu'elles découlent des principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles dont il est le gardien ».

« Le pape, que les médias décrivent comme austère et peu charismatique, nous a paru au contraire sensible à nos démonstrations bruyantes et sincères », poursuit-elle. « Il les a reçues dans le tempérament qui est le sien : tout en retenue, le geste peu emphatique, le regard ardent ».

En conclusion la journaliste pense que « Benoît XVI en aura bien besoin » de l'affection des fidèles Africains pour continuer sereinement sa mission, dans une Europe, dit-elle, « dont il est le fils biologique, mais non pas spirituel puisque cette Europe nie désormais la dimension spirituelle du monde ».
(ZENIT.org) -
Merci