21 octobre 2009

Homélie du 18 Octobre 2009

Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Mercredi, j’ai eu la chance de faire un pèlerinage au Mont Saint-Michel avec des lycéens. Nous avons parlé de l’appel à la vie religieuse et à la vie sacerdotale et j’ai tenu à aborder les deux questions qui souvent posent problème à notre époque, à savoir : le célibat des prêtres et l’ordination réservée aux hommes (j’espère qu’on prendra le temps de traiter ces questions au cours de l’année sacerdotale !!!)

Après mon intervention, j’ai eu une longue conversation avec quelques lycéens, et en creusant avec eux, j’ai eu l’occasion de débusquer ce qui me paraît une des origines du problèmes, et l’origine est tellement lointaine
qu’on ne voit plus où cela remonte …

Une fois de plus, l’Evangile nous donne la clé : le pouvoir, c’est la question du pouvoir qui finalement installe en nous une façon qui n’est pas juste d’aborder le problème de savoir qui a droit ou non à l’ordination ( « accorde-nous de siéger, l’un à ta droite … »).

On considère spontanément, et c’est un peu normal puisque c’est ainsi dans de nombreux autres domaines, le sacerdoce comme un instrument de pouvoir, et il est vrai que, comme son nom l’indique le prêtre peut faire des choses, il a donc un pouvoir, et que celui qui ne peut pas faire les mêmes choses n’a pas le même pouvoir …

Il y a donc comme deux niveaux dans le pouvoir : le premier niveau qui est la capacité de faire quelque chose, et les devoirs qui y sont liés, et l’autre qui l’utilisation de cette capacité pour un usage personnel, comme une arme de domination. On franchit la frontière entre ces deux régions de l’âme en raison du péché fondamental : l’orgueil. Le livre de la Genèse a décrit admirablement cette maladie spirituelle, « vous serez comme des dieux », comme Dieu qui est tout-puissant … Il peut tout, il a tous les pouvoirs, ne voudriez-vous pas être comme Dieu ?

Dieu ne manque pas d’humour, d’avoir fait en sorte que le modèle des prêtres, l’un des meilleurs prêtres que l’histoire ait porté, le Curé d’Ars, soit un ignorant, qui parlait mal et le français et le latin, car sa langue était plutôt le patois, et d’ailleurs la patronne de notre paroisse, par exemple, partage avec lui cette caractéristique de mieux parler patois que français …

A propos du pouvoir des prêtres, il me semble que l’on peut dire trois choses :
la première, c’est que lorsque Jésus inventa les prêtres (si vous me passez l’expression), il prit soin d’en faire d’abord des diacres, en leur lavant les pieds pour leur faire comprendre que le douanier qui empêche l’homme de franchir la frontière entre le simple pouvoir (celui qui consiste à pouvoir faire quelque chose) et le pouvoir orgueilleux, c’est le service. Nous devons faire en sorte que le sens du service purifie la soif de domination que le péché met dans notre cœur.

En toute logique, donc, lorsque l’Eglise ordonne un prêtre, elle prend toujours soin, d’abord, d’en faire un diacre, un serviteur, comme pour le prévenir et le soumettre à un test : es-tu capable de servir, ou veux-tu te servir ? …

La seconde chose, c’est que Jésus prévient ses disciples que ceux qui le suivront de près sur le chemin de sa gloire (ceux-là même qui demandaient de siéger à sa droite et à sa gauche !) devront lui emboîter le pas dans sa passion auparavant : la « coupe » dont Jésus parle est la même que celle dont il parlera un peu plus tard le jeudi saint, et c’est bien sûr la passion et la croix. Celui qui suit Jésus et qui s’en trouve honoré doit savoir qu’i n’est pas plus grand que son maître et qu’il connaîtra des tourments semblables.

Enfin, pour revenir à la question des hommes et des femmes quant à l’ordination, le Pape Jean-Paul II, dans une magnifique note sur ce sujet (« ordinatio sacerdotalis ») rappelle que personne n’a le droit à l’ordination, pas plus un homme qu’une femme, ce n’est jamais un droit, ou une revendication, c’est un appel, dont les règles ont été fixées par Jésus, et dont Jésus reste le maître encore aujourd’hui.

Jésus n’a réuni que des hommes autour de lui, ce jour-là, lorsqu’il inventa les prêtres, faisant un choix très clair et aussi très libre : on pense facilement aujourd’hui, un peu naïvement, que si Jésus avait vécu à notre époque, il aurait agi différemment, mais ça ne résiste pas à l’analyse : il n’a cessé, pendant trois ans, de s’asseoir sur toutes les conventions étriquées de son époque… on imagine mal comment, la veille de sa mort, il aurait pu craindre une convention de plus, et n’appeler que des hommes pour avoir la paix avec son entourage (ça ne tient pas debout) …

En outre, nous sommes en train de parler du Fils de Dieu, libre s’il en est, parfaitement libre, y compris libre par rapport à la façon dont le pouvoir s’exerçait à l’époque, de sorte que son choix avait des profondeurs que nous ne connaîtrons jamais bien ici-bas car nous considérons inconsciemment le sacerdoce comme une façon de dominer et non comme un lieu de service …

Lorsque le Pape Jean-Paul abordait cette question, il terminait son intervention en adressant aux femmes une interpellation, que je résume ainsi : quelle est l’originalité de votre vocation ? Qu’avez-vous que les hommes n’ont pas ? Quel est votre pouvoir, dans le sens : quelles sont les capacités que Dieu a déposées en vous et quel est votre génie propre ?

Il ne faudrait pas que orgueil nous oblige à faire de l’homme un modèle pour la femme, un modèle qu’il faudrait égaler, car homme et femme ont tous deux même modèle, Dieu, qui n’est ni un homme ni une femme. Et ce que Dieu veut, c’est l’épanouissement de chacun de ses enfants, plutôt qu’une équation sociale.

Tournons vers la Vierge Marie, accomplissement éminent d’une vocation, avec les mots du même Jean-Paul II dans Redemptoris Missio :

Toute l'Eglise est invitée à vivre plus intensément le mystère du Christ, en collaborant dans l'action de grâce à l'œuvre du salut. Elle le fait avec Marie et comme Marie, sa mère et son modèle. Marie est le modèle de l'amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l'Eglise, travaillent à la régénération des hommes. C'est pourquoi, « soutenue par la présence du Christ [...], l'Eglise marche au cours du temps vers la consommation des siècles et va à la rencontre du Seigneur qui vient; mais sur ce chemin [...], elle progresse en suivant l'itinéraire accompli par la Vierge Marie »177.

C'est à la « médiation de Marie, tout orientée vers le Christ et tendue vers la révélation de sa puissance salvifique »178, que je confie l'Eglise et en particulier ceux qui se consacrent à la mise en œuvre du précepte missionnaire dans le monde d'aujourd'hui"

P. Emmanuel d'Andigné

BONUS ! Voici le texte intégral du texte de Jean-Paul II sur l'ordination réservée aux hommes

LETTRE APOSTOLIQUEORDINATIO SACERDOTALIS DU PAPE JEAN-PAUL IISUR L'ORDINATION SACERDOTALEEXCLUSIVEMENT RÉSERVÉEAUX HOMMES
Vénérables Frères dans l'épiscopat,
1. L'ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l'Église catholique depuis l'origine, exclusivement réservée à des hommes. Les Églises d'Orient ont, elles aussi, fidèlement conservé cette tradition.
Lorsque, dans la Communion anglicane, fut soulevée la question de l'ordination des femmes, le Pape Paul VI, fidèle à sa charge de gardien de la Tradition apostolique et désireux de lever un nouvel obstacle placé sur le chemin qui mène à l'unité des chrétiens, rappela à ses frères anglicans la position de l'Église catholique: «Celle-ci tient que l'ordination sacerdotale des femmes ne saurait être acceptée, pour des raisons tout à fait fondamentales. Ces raisons sont notamment: l'exemple, rapporté par la Sainte Écriture, du Christ qui a choisi ses Apôtres uniquement parmi les hommes; la pratique constante de l'Église qui a imité le Christ en ne choisissant que des hommes; et son magistère vivant qui, de manière continue, a soutenu que l'exclusion des femmes du sacerdoce est en accord avec le plan de Dieu sur l'Église»(1).
Mais, la question ayant été débattue même parmi les théologiens et dans certains milieux catholiques, le Pape Paul VI demanda à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d'exposer et de clarifier la doctrine de l'Église sur ce point. Ce fut l'objet de la Déclaration Inter insigniores, que le Pape lui-même approuva et ordonna de publier(2).
2. La Déclaration reprend et développe les fondements de cette doctrine, exposés par Paul VI, et conclut que l'Église «ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l'ordination sacerdotale»(3). À ces raisons fondamentales, le même document ajoute d'autres raisons théologiques qui mettent en lumière la convenance de cette disposition divine et il montre clairement que la pratique suivie par le Christ n'obéissait pas à des motivations sociologiques ou culturelles propres à son temps. Comme le précisa plus tard le Pape Paul VI, «la véritable raison est que le Christ en a disposé ainsi lorsqu'il a donné à l'Église sa constitution fondamentale et l'anthropologie théologique qui a toujours été observée ensuite par la Tradition de cette même Église»(4).
Dans la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, j'ai moi-même écrit à ce sujet: «En n'appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d'une manière totalement libre et souveraine. Il l'a fait dans la liberté même avec laquelle il a mis en valeur la dignité et la vocation de la femme par tout son comportement, sans se conformer aux usages qui prévalaient ni aux traditions que sanctionnait la législation de son époque»(5).
En effet, les Évangiles et les Actes des Apôtres montrent bien que cet appel s'est fait selon le dessein éternel de Dieu: le Christ a choisi ceux qu'il voulait (cf. Mc 3,13-14; Jn 6,70) et il l'a fait en union avec le Père, «par l'Esprit Saint» (Ac 1,2), après avoir passé la nuit en prière (cf. Lc 6,12). C'est pourquoi, pour l'admission au sacerdoce ministériel(6), l'Église a toujours reconnu comme norme constante la manière d'agir de son Seigneur dans le choix des douze hommes dont il a fait le fondement de son Église (cf. Ap 21,14). Et ceux-ci n'ont pas seulement reçu une fonction qui aurait pu ensuite être exercée par n'importe quel membre de l'Église, mais ils ont été spécialement et intimement associés à la mission du Verbe incarné lui-même (cf. Mt 10,1.7-8; 28,16-20; Mc 3,13-16; 16,14-15). Les Apôtres ont fait de même lorsqu'ils ont choisi leurs collaborateurs(7), qui devaient leur succéder dans le ministère(8). Dans ce choix se trouvaient inclus ceux qui, dans le temps de l'Église, continueraient la mission confiée aux Apôtres de représenter le Christ Seigneur et Rédempteur(9).
3. D'autre part, le fait que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église, n'ait reçu ni la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission des femmes à l'ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu'elles auraient une dignité moindre ni qu'elles seraient l'objet d'une discrimination; mais c'est l'observance fidèle d'une disposition qu'il faut attribuer à la sagesse du Seigneur de l'univers.
La présence et le rôle de la femme dans la vie et dans la mission de l'Église, bien que non liés au sacerdoce ministériel, demeurent absolument nécessaires et irremplaçables. Comme l'a observé la Déclaration Inter insigniores, «l'Église souhaite que les femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur mission: leur rôle sera capital aujourd'hui, aussi bien pour le renouvellement et l'humanisation de la société que pour la redécouverte, parmi les croyants, du vrai visage de l'Église»(10). Le Nouveau Testament et l'ensemble de l'histoire de l'Église montre abondamment la présence, dans l'Église, de femmes qui furent de véritables disciples et témoins du Christ, dans leurs familles et dans leurs professions civiles, ainsi que dans la consécration totale au service de Dieu et de l'Évangile. «L'Église, en effet, en défendant la dignité de la femme et sa vocation, a manifesté de la gratitude à celles qui, fidèles à l'Évangile, ont participé en tout temps à la mission apostolique de tout le Peuple de Dieu, et elle les a honorées. Il s'agit de saintes martyres, de vierges, de mères de famille qui ont témoigné de leur foi avec courage et qui, par l'éducation de leurs enfants dans l'esprit de l'Évangile, ont transmis la foi et la tradition de l'Église»(11).
D'autre part, c'est à la sainteté des fidèles que se trouve totalement ordonnée la structure hiérarchique de l'Église. Voilà pourquoi, rappelle la Déclaration Inter insigniores, «le seul charisme supérieur, qui peut et doit être désiré, c'est la charité (cf. 1 Co 12-13). Les plus grands dans le Royaume des Cieux, ce ne sont pas les ministres, mais les saints»(12).
4. Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours, elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.
C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église.
Priant pour vous, Vénérables Frères, et pour tout le peuple chrétien, afin que vous receviez constamment l'aide divine, j'accorde à tous la Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 22 mai 1994, solennité de la Pentecôte, en la seizième année de mon pontificat.
(1) Cf. PAUL VI, Réponse à la lettre de Sa Grâce le Très Révérend Dr Frederick Donald Coggan, Archevêque de Cantorbery, sur le ministère sacerdotal des femmes, 30 novembre 1975: AAS 68 (1976), pp. 599-600: «Your Grace is of course well aware of the Catholic Church's position on this question. She holds that it is not admissible to ordain women to the priesthood, for very fundamental reasons. These reasons include: the example recorded in the Sacred Scriptures of Christ choosing his Apostles only from among men; the constant practice of the Church, which has imitated Christ in choosing only men; and her living teaching authority which has consistently held that the exclusion of women from the priesthood is in accordance with God's plan for his Church» (p. 599).
(2) Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insigniores sur la question de l'admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976: AAS 69 (1977), pp. 98-116.
(3) Ibid., p. 100.
(4) PAUL VI, Allocution Il ruolo della donna nel disegno di Dio, 30 janvier 1977: Insegnamenti, vol. XV, 1977, p. 111. Cf. aussi JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique Christifideles laici, 30 décembre 1988, n. 51: AAS 81 (1989), pp. 393-521; Catéchisme de l'Église catholique, n. 1577.
(5) Lettre apostolique Mulieris dignitatem, 15 août 1988, n. 26: AAS 80 (1988), p. 1715
(6) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 28; Décret Presbyterorum ordinis, n. 2.
(7) Cf. 1 Tm 3,1-13; 2 Tm 1,6; Tt 1,5-9.
(8) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1577.
(9) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, nn. 20-21.
(10) CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insigniores, n. 6: AAS 69 (1977), pp. 115-116
(11) Lettre apostolique Mulieris dignitatem, n. 27: AAS 80 (1988), p. 1719
(12) CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insigniores, n. 6: AAS 69 (1977), p. 115

18 octobre 2009

Homélie du 11 octobre 2009

Homélie du 28ème dimanche du Temps ordinaire - Année B
Tout d’abord, je souhaiterais vous faire part d’une initiative fort intéressante pour laquelle j’ai été sollicité : il s’agit du « week-end des parrains ». Le principe est simple : on invite pendant un week-end les parrains et marraines des enfants, et au cours de ce week-end, qui est fait surtout de retrouvailles et de détente, on demande à un prêtre de nourrir la conversation du déjeuner du dimanche !!! Avis aux amateurs …

De loin, les lectures d’aujourd’hui donnent l’impression de n’être qu’une « charge » contre la richesse ou les riches … nous sommes en effet assez idéologues, et nous sommes tentés de faire à propos de ces textes une lecture de droite (c’est pas ce qu’il a voulu dire, rassurez-vous), ou alors « de gauche » (on vous exploite, les pauvres ! Révoltez-vous !) ; je souhaiterais, plutôt faire un commentaire spirituel, c’est à dire selon l’Esprit de Dieu. « Spirituel » ne signifie pas désincarné, car les conséquences pratiques ne tardent pas à venir après un tel commentaire. Laissons-nous donc enseigner par Dieu et l’Eglise.

De plus près, donc, le livre de la Sagesse et la Bible en général présentent plutôt l’argent et la réussite comme un signe de bénédiction … c’est la raison pour laquelle les apôtre sont si surpris quand Jésus parle de la difficulté des riches à entrer dans le Royaume !!!

En fait, le livre de la Sagesse se livre à une remise en ordre des priorités, à partir de l’argent que tout le monde considère avec respect et dont tout le monde perçoit l’importance, avec la santé la lumière et la beauté qui sont aussi de bonnes choses pourvu qu’on ne les divinise pas. Nous sommes évidemment en présence d’une provocation, très efficace en raison des « ressorts » choisis.

Provocation, aussi, dans l’Evangile, à la manière d’un « si ta main te conduit au péché, coupe-la !.. Car il est fort probable que vous n’allez pas appliquer l’Evangile d’aujourd’hui à la lettre, en vendant tout ce que vous avez, quoi que si vous y tenez, souvenez-vous qu’on peut toujours faire un don ou un legs à une paroisse …

Cette provocation n’est pas inutile, car il est en effet très difficile de posséder de l’argent sans que celui-ci vous possède. C’est donc purifiant pour le rapport à l’argent et efficace comme dans le livre de la Sagesse, afin de remettre en ordre sa vie.

C’est la preuve du réalisme de Jésus, qui connaît bien la nature humaine et traite de toutes les questions avec liberté, sans se dire « aië, aïe aïe, je vais me fait mal voir par cette catégorie de gens »

« Je veille à ne choquer personne en rien afin de ne pas exposer mon ministère à la critique », disait simplement St Paul (2 cor 6), puisque ni lui ni nous ne sommes Jésus.

De tout cela je voudrais tirer deux suggestions, sous forme d’une invitation à la lecture … avez-vous lu ces deux ouvrages ?

Le Manuel de survie de la mère de famille, qui fut écrit par l’une d’elles et qui invite à hiérarchiser les priorités pour rechercher la sainteté, en s’inspirant de ceux qui quittent tout. Et cela donne à titre d’exemple : Dieu, moi, mon mari, mes enfants et le reste …

L’Encyclique Veritatis Splendor de Jean-Paul II, dont la base est Mt 19, le parallèle de l’Evangile d’aujourd’hui : vous y trouverez un commentaire plus complet de cette rencontre lumineuse entre Jésus et « le jeune homme riche ».
Pour vous mettre en appétit, voici deux ou trois remarques du pape.
- l’homme n’est pas nommé dans cette rencontre, nous pouvons tous nous reconnaître en lui.

- « L'interlocuteur de Jésus pressent qu'il existe un lien entre le bien moral et le plein accomplissement de sa destinée personnelle », ce qui donne immédiatement une profondeur et un intérêt à la morale catholique.

- Tout se base sur la rencontre avec Dieu par le Christ

En fait, ce passage est proposé par Jean-Paul II comme la base de tout le discours moral de l’Eglise. Nous en avons pas mal parlé en prédication et en catéchèse adulte, je n’insiste pas … Voici simplement comment se termine l’encyclique, emplie non seulement d’un véritable enseignement, mais aussi d’un vrai souffle spirituel, voyez plutôt :
La Sagesse, c'est Jésus Christ lui-même, le Verbe éternel de Dieu, qui révèle et accomplit parfaitement la volonté du Père (cf. He 10, 5-10). Marie invite tout homme à accueillir cette Sagesse. C'est à nous aussi qu'elle adresse l'ordre donné aux serviteurs, à Cana de Galilée, durant le repas de noces : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jn 2, 5).

Marie partage notre condition humaine, mais dans une transparence totale à la grâce de Dieu. N'ayant pas connu le péché, elle est en mesure de compatir à toute faiblesse. Elle comprend l'homme pécheur et elle l'aime d'un amour maternel. Voilà pourquoi elle est du côté de la vérité et partage le fardeau de l'Eglise dans son rappel des exigences morales à tous et en tout temps. Pour la même raison, elle n'accepte pas que l'homme pécheur soit trompé par quiconque prétendrait l'aimer en justifiant son péché, car elle sait qu'ainsi le sacrifice du Christ, son Fils, serait rendu inutile. Aucun acquittement, fût-il prononcé par des doctrines philosophiques ou théologiques complaisantes, ne peut rendre l'homme véritablement heureux : seules la Croix et la gloire du Christ ressuscité peuvent pacifier sa conscience et sauver sa vie.
P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 04 octobre 2009

Homélie du 27ème dimanche du temps Ordinaire - Année B
Toutes les lectures de cette messe ont un rapport avec la famille, sa grandeur et sa dignité. « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un », nous disait le livre de la Genèse. « Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier », poursuivait le psaume 127. « Jésus, qui sanctifie les hommes, n’a pas honte de les appeler ses frères », ajoute la lettre aux hébreux. Et l’Evangile selon saint Marc, après avoir rappelé le texte de la genèse, nous parle des enfants : « laissez venir à moi les petites enfants, répond vivement Jésus à ses disciples.
Il est donc aujourd’hui tout d’abord indiqué de rendre grâce au Seigneur pour la création. « Le Seigneur Dieu façonna toutes les bêtes de champs et tous les oiseaux du ciel … c’était des êtres vivants ».
Puis il créa l’homme et la femme. Il mit un grand amour de l’un pour l’autre. On a tellement tendance à s’arrêter à tout ce qui contrarie le dessein de Dieu qu’on peut le louer pour la grandeur et la beauté de son œuvre.
Bien sûr, le récit des premières pages de la Bible n’est pas à prendre au sens scientifique et historique, tel qu’on l’entend aujourd’hui. Mais dans son apparente naïveté, il renferme des vérités fondamentales.
Le monde est l’œuvre d’un Dieu bon qui a créé de la beauté, qui a voulu que des êtres, à son image, vivent dans l’amour, dans le bonheur, dans la liberté guidée par l’amour.
Disons notre reconnaissance à Dieu pour tous ceux et celles qui nous ont transmis la vie et les valeurs essentielles d’une existence harmonieuse et paisible, nos parents en premier lieu, nos ancêtres et toutes les personnes qui d’une manière ou d’une autre ont contribué à notre bien. On se réjouit de voir des jeunes qui s’aiment s’orienter vers le mariage. La lettre aux hébreux nous ouvre à des horizons beaucoup plus vastes, quoique mystérieux : celui qui est le Fils de Dieu, Dieu lui-même, a été abaissé un peu au-dessous des anges. Lui qui est à l’origine du salut de tous, il a accepté de connaître la souffrance, la passion très douloureuse et la mort, et cela pour conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire.
Ainsi, « Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race. » Jésus confie à l’homme une dignité incroyable, au point de l’appeler « son frère ». L’homme doit donc répondre à cet immense privilège. C’est ce que chante le psaume : « heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ».
Il aura à se nourrir du travail de ses mains. Sa femme collaborera activement dans la maison pour réunir ses fils autour d’une table généreuse. « Voilà comment sera béni celui qui craint le Seigneur ». L’idéal est ainsi exprimé. Et le verset de l’alleluia l’explicite : « « Si nous demeurons dans l’amour, nous demeurons en Dieu : Dieu est amour ».
Mais l’Evangile aborde tout de suite les difficultés. L’harmonie du couple peut se détériorer. La tentation de rupture guette ceux qui s’aimaient sincèrement. Jésus rappelle que, si Moïse a consenti certaines permissions, c’est à cause de l’endurcissement du cœur. Mais au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme… ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ». L’Evangile se poursuit avec la scène concernant les enfants que l’on présentait à Jésus, alors que les disciples les écartaient sans ménagement.
Il se trouve que ces jours-ci, la liturgie est revenue à plusieurs reprise sur les enfants. Jeudi, en la fête de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, l’Evangile selon saint Matthieu répondait à la question : « qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? ». Jésus plaça un petit enfant au milieu de ses disciples et il déclara : « « si vous ne changez pas pour devenir comme des petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux … Et celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. »
Le lendemain, 02 octobre, en la fête des saints Anges Gardiens, Jésus nous redisait : « Celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le royaume des cieux … gardez-vous de mépriser u seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon père qui est au cieux. »
Ces remarques de Jésus devraient avoir d’autant plus de relief que la société de l’époque n’accordait guère d’importance aux enfants et les maintenait dans un état de complète dépendance.
Ce que Jésus nous donne en exemple ici, c’est la disponibilité, la confiance, l’obéissance simple et spontanée de l’enfant qui se sent aimé.
En la fête de Saint François d’Assise, demandons-lui de nous faire partager son esprit d’admiration pour la nature et de louange à son Créateur. Amen.

P. Jean Rouillard

06 octobre 2009

homélie du 27 septembre 2009

homélie du 26ème dimanche du temps de l’Eglise - Année B


Vous avez bien entendu la première lecture et l’évangile : l’Esprit souffle là où il veut.

Du temps de Moïse, les soixante-dix anciens du peuple reçoivent l’Esprit et ils se mettent à prophétiser. Cela ne pose problème à personne car ils étaient reconnus. Mais scandale : deux hommes, Eldad et Médad, qui étaient restés à l’écart dans le camp reçoivent également l’Esprit et se mettent eux aussi à prophétiser. Pour Josué, c’en est trop : il faut les arrêter, mais de quel droit font-ils cela !

Le passage de l’évangile de Marc de ce jour fait suite à celui de dimanche dernier. Jésus vient d’annoncer sa passion où il se fera le dernier et le serviteur de tous. Il vient de conseiller à ses disciples de se mettre en état de service, de se considérer comme des serviteurs et de ne pas chercher les premières places, alors que sur la route ils discutent pour savoir qui est le plus grand.

Et voilà que juste après l’un des douze, Jean, vient se plaindre au Maître que quelqu’un a osé chasser les esprits mauvais en son nom. Ce quelqu’un personne ne le connaît, il ne fait pas partie de ceux qui suivent Jésus. Il faut l’en empêcher, mais de quel droit fait-il cela !

Josué est serviteur de Moïse depuis sa jeunesse. Autrement dit il connaît bien son désir de rassembler tout le peuple, de ne laisser personne sur le bord du chemin. Alors pourquoi cette réaction de jalousie ?

Jean est l’un des meilleurs disciples de Jésus et pour autant il a la même réaction de jalousie et d’exclusion.

Il est vrai que quelque temps avant, dans le même chapitre au verset 18, les disciples ont essayé d’expulser un esprit mauvais d’un enfant et n’y sont pas parvenus. Et là maintenant, quelqu’un y est arrivé et sous-entendu « ce n’est pas nous ! ». Ce quelqu’un : un exorciste étranger en quelque sorte. Mais de quoi il se mêle ?

Les disciples sont pris dans le piège des jalousies, des mesquineries, de qui-a-le-droit-de-faire-quoi. La réaction de Jean est une réaction de domination, de volonté de puissance, alors que Jésus vient de leur demander de se considérer comme des serviteurs et de ne pas chercher les premières places.

Jésus répond à Jean : « Ne l’empêchez pas, … celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Autrement dit, vous êtes mes disciples, je vous aime, mais vous n’êtes pas les seuls dépositaires de l’Esprit de Dieu. Jésus intervient fermement et il a confiance en quelqu’un qu’il ne connaît même pas. Il invite ses disciples et Jean le premier à faire de même.

Mais attention leur dit Jésus à celui qui fait obstacle à ceux qui font du bien, à ceux qui sont faibles et sans défense, à ces petits qui croient en moi. Le ton change, il est sévère. C’est très imagé, mais ce n’est sûrement pas à prendre à la légère. Autant Jésus accepte que le bien se fasse en dehors des disciples, autant il ne supporte pas qu’on puisse laisser se développer le mal. Ce mal dont il nous a délivrés une fois pour toutes en mourrant sur la croix.

L’Esprit souffle là où il veut. Personne n’a le monopole de l’Esprit si ce n’est Dieu lui-même. Est-ce que l’Esprit ne soufflerait que dans des limites bien précises ? Est-ce que la grâce n’agirait que dans un périmètre bien précis ?

Il y a sans doute des gens qui sont des nôtres mais qui ne sont pas sur nos listes, dans nos carnets d’adresses, qui ne sont pas de notre sensibilité, de notre famille spirituelle. Il y a des gens qui font le bien sans être de la communauté. Et si le mal agit à l’extérieur de la communauté, il agit également à l’intérieur. Ce qui est en jeu et vous l’aurez compris, c’est de vivre ensemble une même passion pour le Royaume et de vivre fraternellement les uns avec les autres.

Le concile Vatican II nous le rappelle : « En vertu de la mission qui est la sienne … de réunir en un seul Esprit tous les hommes, l’Eglise apparaît comme le signe de cette fraternité qui rend possible un dialogue loyal et le renforce. Cela exige en premier lieu qu’au sein même de l’Eglise, nous fassions progresser l’estime, le respect et la concorde mutuels, dans la reconnaissance de toutes les diversités légitimes … » (GS 92, 1-2).

Seigneur, nous te le demandons en ce début d’année, aide-nous à vivre pleinement cette fraternité que tu nous proposes.

Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre

homélie du 20 septembre 2009

Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Quelle définition donneriez-vous de la Bible, spontanément ? Je vous propose deux définitions
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« c’est la Trace écrite de l’histoire d’amour en entre Dieu et les hommes », façon simple de parler de l’Alliance …nous parlons d’Ancien et de Nouveau Testament, mais ça n’a rien a voir avec les dernières volontés de quelqu’un ! Testamentum essaie de traduire « berit », en hébreu, qui signifie « Alliance ».
C’est pourquoi Jésus parle du « sang de l’alliance, nouvelle et éternelle » dans l’institution de l’Eucharistie. La Bible est la trace écrite de l’alliance amoureuse entre Dieu et les hommes

2
La seconde définition complète la première, et va dans le même sens, mais plus profondément, et elle est illustrée par les textes que nous avons reçu aujourd’hui …

La Bible est une révélation sur Dieu et sur l’homme : Dieu révèle qui il est et nous révèle qui nous sommes. Un chant dit « Que vive mon âme à te louer, tu as posé une lampe, une lumière sur ma route, ta parole Seigneur !

Savoir qui est Dieu nous fait sortir de la ténèbre, et projette sur le cœur de l’homme une lumière, de sorte qu’il se connaît mieux lui-même. Vous avez entendu parler de l’inscription qui figurait sur le fronton de Delphes et dont Socrate a fait ses « choux gras », si vous me passez l’expression qui n’est pas utilisée à ma connaissance dans l’œuvre de Platon …

Gnoti séauton : connais-toi toi-même ! Socrate disait justement, contrairement à cette expression, que l’homme pouvait très difficilement se connaître, et que c’était sans doute même impossible. Et au stade où il en était, lui qui n’avait pas reçu la révélation juive puis chrétienne manquait de cette lumière qu’apporte l’Ecriture. Sans la lumière de la présence de Dieu, sans la révélation de Dieu, il est extrêmement difficile, voire impossible, à l’homme, de se connaître lui-même …

Les textes d’aujourd’hui nous apportent une lumière dont on se serait bien passée, il faut l’admettre, sur la réalité de nos cœurs humains : le drame intime de la jalousie, qui apparaît dans le complot contre le juste et qui se manifeste très tôt dans les écoles par la méfiance qui entoure les premiers de classe, par exemple … Les réflexions légères du Petit Nicolas sur Agnan, « Le chouchou de la maîtresse », sont une parabole moderne de cette maladie du cœur humain.

Et puis la recherche du pouvoir, de la première place, qui apparaît chez les apôtres, pour nous être révélée à nous-mêmes.

Dieu nous éclaire aujourd’hui sur ces deux maladies qui ne touchent pas que les autres, reconnaissons-le avec courage ! Nous avons là une révélation purifiante, la question est : « comment allons- nous guérir ?

Après nous avoir révélé les méandres inavouables de notre cœur, le Christ nous montre le chemin de la guérison : c’est par l’offrande de la souffrance, par la manière dont la croix a été vécue puis vaincue (les deux !) que Jésus fait reprendre à l’humanité un chemin droit ; « la sagesse qui vient de Dieu est d’abord droiture », dit Saint Jacques.

C’est la passion du Christ qui a été en quelque sorte le point de départ du renouvellement de l’humanité et cela signifie que nous devons prendre le même chemin : « En effet, puisque le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu’à la gloire, il était normal qu’il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l’origine du salut de tous », dit la lettre aux hébreux.

Et nous-mêmes, après avoir constaté que notre cœur était impur, nous devons passer par la croix pour reprendre un « chemin de droiture ». Ce ne sera pas la peine de rechercher les croix, elles vont venir toutes seules, elles font partie de la vie. Mais si au moins nous ne fuyons pas la croix, alors nous faisons un grand pas en avant, pour notre propre rédemption et la beauté de notre existence.

Voici ce que disait St Jean-Marie Vianney, à qui fut confiée cette année sacerdotale : « la croix est l’échelle du ciel. Il est consolant de souffrir sous le regard de Dieu, et de pouvoir se dire à la prière du soir : -j’ai eu aujourd’hui deux ou trois heures de ressemblance avec Jésus : j’ai été flagellé, couronné d’épines, crucifié avec lui »

Si la croix a été le moyen pour Dieu de faire mourir le péché, alors pour nous aussi, c’est le moyen par lequel nous ferons mourir les nôtres, avec la grâce de Dieu. Les catholiques ont subi une nouvelle fois une attaque, dimanche dernier : le sacrilège par lequel on singeait la messe durant les accroche-cœurs

A l’extérieur, il nous faut réagir, et nous l’avons fait, mais à l’intérieur il faut en faire un chemin de conversion et une occasion supplémentaire de s’attacher à la croix ; ça n’est que sur un autre plan que nous pouvons légitimement nous émouvoir de la pornographie infligée aux enfants ce même jour et lutter contre aussi. Car dès le plus jeune âge, un arbre doit pousser droit, d’où la présence d’un tuteur, afin que d’une belle enfance jaillisse une belle vie.

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 13 septembre 2009

Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Isaïe, dans la première lecture, nous fait don de ce que l’on a fini par appeler le « chants du Serviteur », on en compte quatre en tout dans l’œuvre toute entière, où Isaïe décrit avec une précision redoutable la Passion du Christ par exemple, mais aussi d’autres traits de sa personne ou de sa mission …

La Liturgie de la parole (c’est un bon rappel), fonctionne de la même façon que les disciples du temps de Jésus : il faut déterminer si oui ou non Jésus est bien le Messie, c’est l’un des objets principaux de l’Evangile. Le psaume fonctionne comme un écho de la première lecture, et la seconde lecture est une lecture suivie, pour la « nourriture » et l’édification de la communauté chrétienne, qui puise dans ces textes de quoi vivre encore aujourd’hui.

Cette affirmation « Jésus est le Messie » vaut aujourd’hui pour les juifs, dont les rabbins, ces temps-ci, ont tendance à dire que la venue du messie aura lieu à la fin des temps !!! Nous sommes d’accord, finalement, bien que pour nous, ce soit un retour …

Cette affirmation est valable aussi pour les chrétiens d’aujourd’hui, pour qu’ils réactivent leur foi en Jésus, pour qu’ils la « réinitialisent » diraient les informaticiens. En effet, pour qu’une mise à jour d’un logiciel soit opérationnelle, il faut « redémarrer le système » : il en va de même pour nos cœurs et nos intelligences, lorsqu’ils « téléchargent » la Parole de Dieu !

Cette affirmation est valable pour tous les hommes, tous les autres ! Ils ont essentiellement deux types d’attente :

Une attente intellectuelle (Dieu existe-t-il , mais aussi une attente psychologique (la souffrance et la mort ont-elles un sens ?). Et cette attente psychologique se transforme en attente spirituelle, lorsque quelqu’un se demande si Dieu fait quelque chose, quand il souffre …

Moi je connais deux réponses à cette question : la principale réponse de Jésus à la question de la souffrance, c’est la croix ! Jésus semble nous dire « je souffre avec toi, quand tu souffres ». Dans un seconde temps, il me semble, Dieu répond parfois par la guérison du cœur et parfois du corps. Claudel disait "Jésus n'est pas venu pour expliquer la souffrance, il n'est même pas venu pour la soulager, il est venu pour l'emplir de sa présence"

L’Evangile se révèle donc très moderne, et c’est normal puisqu’il est éternel, nous n’avons plus qu’à transposer ce que nous entendons à l’époque d’aujourd’hui. Faisons l’exercice !

Jésus parle à la cantonade et demande ce que les gens pensent sur lui, et ce que les disciples, eux pensent …tous les disciples prennent la parole pour le sondage d’opinion, mais seul Pierre parle pour la définition de foi et c’est la même chose aujourd’hui : le successeur de Pierre, le Saint-Père, a la charge de donner la doctrine officielle parce que, immanquablement, des opinions circulent, y compris à l’intérieur du groupe des disciples et c’est à celui qui occupe le siège de Pierre de dire ce qui est vrai, finalement … nous devons donc toujours l’écouter avec intérêt, et avec docilité, même si ce n’est pas la mode.

J’ai connu un monsieur qui ne changeait jamais de cravate. Au moment de l’achat de celle-ci, sans doute correspondait-elle à la mode en cours … mais lorsque la mode a changé, il a continué à porter toujours la même cravate ! Est arrivé ce qui devait arriver : il fut démodé, un temps, pour devenir quelques années plus tard à la pointe de la mode, qui avait encore changé … Dieu nous a donné une belle cravate dans le trésor de la foi, n’en changeons pas au gré des modes !!!

Objection votre honneur ! On voit dans l’Evangile que Pierre dérape … le successeur de Pierre ne peut-il pas déraper (sans compter qu’il a abandonné son maître …) ?

Réponse à l’objection :

1) tous les successeurs de Pierre, jusqu’à aujourd’hui connaissent l’ensemble de l’Evangile, avec les erreurs et les formidables définitions de foi. Ils connaissent donc parfaitement cette erreur fondamentale qu’il a faite à l’époque de vouloir fabriquer un Dieu ou un Messie qui ne dérange personne et qui bêle avec le troupeau et qui ne connaît pas de difficulté telle que la passion.

Notre pape actuel, comme le précédent, est donc dans la situation inverse de celle de l’Evangile d’aujourd’hui : c’est au contraire par fidélité à l’Evangile et au Christ qu’il reçoit la désapprobation des faiseurs d’opinion. Il y en avait à l’époque de Jésus, des faiseurs d’opinion : « pour les gens, qui suis-je ? Jean-Baptiste, pour d’autres, Elie, pour d’autres, un des prophètes… »

2) deuxième réponse à l’objection, et c’est plus fondamental encore.

Jésus a dit : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »

Jésus prie pour le pape !!! Nous aussi, remarquez, mais quand Jésus fait une prière, elle est forcément exaucée. Et c’est si vrai, d’ailleurs, que Saint-Pierre le couard qui a lâché Jésus au moment de la Passion, ne l’a plus lâché, ensuite, une fois ressuscité, il est même mort martyr pour lui. Il existe des formes modernes de martyrs, bien que la brutalité n’ai jamais vraiment disparue.

Concrètement, nous devons être à l’écoute de nos contemporains et de leurs souffrances pour déposer le Messie dans leur cœur et prier pour demander le courage (après la sagesse et l’intelligence).

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 06 septembre 2009

Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire - Année B
Habituellement j’attends la rentrée officielle pour présenter le programme pastoral de l’année, pour en faire une « lecture spirituelle » mais cette année, c’est différent … vous allez comprendre pourquoi (Alpha commence dans 15 jours !).

Si je devais faire le résumé de l’année, je dirai ceci : elle comporte trois mouvements pour trois trimestres
- Evangélisation à l’extérieur des quatre murs de l’église (le mot mission revient souvent dans la charte synodale)
- Formation pour les « anciens » et les nouveaux
- et enfin vie fraternelle, ainsi que la charte synodale nous l’indique dans cette formule : « tisser un réseau de communautés proches et fraternelles ». Cette période comporte moins d’activités, afin de développer les initiatives de petits groupes dans le sens de la vie fraternelle

Mais alors, me direz-vous, n’y a-t-il pas un problème de logique à commencer par l’extérieur ?

A vrai dire, on ne commence pas vraiment, on ne commence jamais vraiment quelque chose dans l’Eglise, on continue toujours une œuvre qui fut initiée bien avant nous, nous sommes des héritiers des anciens de la paroisse, qui ont porté la foi jusqu’à ce jour, tout est toujours une continuation, la gestion d’un héritage …

Par ailleurs, il y a beaucoup d’évangélisations discrètes, dont celle-ci n’est que la preuve communautaire et la relance communautaire, afin que les mille autres façons d’évangéliser s’en trouvent renforcées et encouragées.

Au fond, nous faisons d’une pierre trois coups :
1 nous développons notre caractère missionnaire
2 nous évangélisons en effet des personnes
3 nous nous évangélisons nous-mêmes, puisque nous avons toujours quelque chose à apprendre, à un niveau ou à un autre, nous recevons l’évangile comme tout le monde

Autre problème : la vie fraternelle en fin d’année, est-ce bien logique, là encore ?

Comme nous n’allons pas commencer à avoir une vie fraternelle au mois de mai (…), la question intéressante est de savoir comment nous allons pouvoir faire en sorte que nos assemblées qui sont importantes, que notre paroisse qui est une institution (avec ce que cela pourrait comporter d’impersonnel) puisse tout de même offrir à toute personne qui s’approche un vrai cadre fraternel ? C’est, vous le savez bien, ce qui fait la fierté de petites communautés protestantes, en particulier de type pentecôtistes ou baptistes, et qui est le talon d’Achille des paroisses catholiques.

Autant l’avouer tout simplement : s’il y a moins d’activités au troisième trimestre, c’est aussi parce qu’on sait bien que le chapelet des communions et autres professions de foi et l’approche des beaux jours rendent difficile des rendez-vous réguliers, des choses suivies. On pourrait s’en affliger, mais je choisis de m’en réjouir, en me disant que l’événement culturel du 1er mai, le tournoi de football inter paroissial sont d’un autre ordre que la catéchèse, mais qu’ils font partie de ce « bassin favorable » dans lequel formation et évangélisation peuvent s’épanouir d’une façon plus humaine et aussi plus efficace …

Evangéliser / se former/ développer vie fraternelle … cette séquence a deux conséquences :

1) je demande à toute la paroisse de s’investir dans le parcours alpha : prière, cuisine, témoignage, invitation, fleurs, décoration, organisation … l’absence de catéchèse adulte créant symboliquement une sorte de « vide » que vous pourrez combler par votre investissement dans Alpha.

2) il n’y aura plus de catéchèse toute l’année une fois par mois, mais seulement pendant trois mois tous les 15 jours : nous espérons ainsi que la formation s’effilochera un peu moins et permettra à ceux qui vont la suivre de mettre cet enseignement à profit. Cette année, la catéchèse portera sur la prière, suite logique de l’enseignement sur Foi, sacrement et morale, ainsi que nous l’indique le Catéchisme de l’Eglise Catholique : nous découvrirons le trésor de la prière chrétienne et un commentaire systématique du Notre Père.

Je termine par une mention spéciale qui concerne bien sûr la parole de Dieu (on pense au principe synodal « se laisser former par la parole de Dieu ») : nous avons proposé, avec la commission suivi du synode, que cette année 2009-2010 soit placée, du moins quant à la lecture de l’Ecriture, sous la férule de Saint Luc, en présentant aux équipes qui le souhaitent une lecture continue des Actes des Apôtres, puisque nous entrerons en décembre dans l’année « C », dominée par le troisième évangéliste. C’est la raison pour laquelle vous verrez en novembre, dans le calendrier concocté avec amour et avec l’EAP, une soirée « Actes des apôtres », pour lancer l’aventure.

Pour terminer, comme je le fais chaque année, j’interroge la Parole de Dieu sur la « couleur » qu’elle veut donner à toute cette année : l’Evangile d’aujourd’hui présente la mission de Jésus comme une mission de guérison, et c’est donc dans ce sens que je vous suggère de vivre toute cette année, encouragés que nous sommes par le récent miracle de Lourdes (début août, une sclérose en plaques). Nous savons bien que la majorité des miracles de Lourdes sont intérieurs et c’est sans doute ceux-là que nous sommes en mesure de favoriser par l’ensemble de nos activités.Vivons de ce trésor de guérison qui se trouve en Dieu et partageons-le abondamment !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 30 août 2009

Homélie du 22ème dimanche du Temps Ordinaire - Anné B

En regardant attentivement la première lecture, vous noterez avec moi que Dieu fait deux cadeaux spécifiques à son peuple et donc aussi à son peuple d'aujourd'hui, l'Eglise ! Il leur fait don de la sagesse et de l'Intelligence... Jusque là, rien d'extraordinaire ! Mais j'attire votre attention sur le possessif "votre" : " ce sera votre sagesse aux yeux de tous les autres peuples". On est alors en droit de se poser la question de savoir ce que la sagesse donnée par Dieu a de si spécial.
En latin, "sagesse" se dit "sapientia". Ce mot vient d'un autre, plus court, "sapor" qui signifie "saveur, goût". Le Sage est donc celui qui sait "goûter" les choses importantes de la vie, qui sait distinguer le vrai du faux, le bon du mauvais, comme on distingue un très bon vin d'une piquette ... Ceci est précieux pour les parents, dans le domaine de l'éducation. Avoir des enfants sages, au sens chrétien, c'est pourquoi pas avoir des enfants pas trop remuants, mais c'est surtout communiquer cette "sagesse" de Dieu, à savoir la capacité de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, etc ... La perspective éducative devient plus large et passionnante !
De même, "intelligence" est un mot qui signifie "lire à l'intérieur" : autrement dit, un chrétien est "intelligent" dans la mesure où il sait regarder les évènements "à l'intérieur", voyant les origines profondes des choses et des personnes, de sorte qu'on n'en reste pas à l'apparence, l'extérieur. Je pense à "l'extérieur" des personnes, mais aussi des évènements. Il est frappant de constater que les ministres se succèdent pour essayer de juguler la violence de certains jeunes sans jamais se demander si les raisons de cette violence n'est pas d'avantage une question intérieure qu'une affaire de personnels sociaux ou de nombre de policiers ... Pareillement, pour tout évènement, demandons à Dieu l'intelligence qui vient de lui.
Avec Sagesse et Intelligence, nous voici armés merveilleusement pour cette "rentrée" qui, bien qu'elle ne concerne que les enfants en principe, concerne tout le monde, c'est évident, et comporte cette fraîcheur des recommencements qui nous met, espérons-le, dans dispositions d'esprit dociles à l'Esprit Saint !

P. Emmanuel d'Andigné