Homélie de la fête de la Sainte Trinité - Année B
Aujourd’hui, c’est
la fête des mères … Bonne fête, Mesdames ! J’ai une suggestion à vous
faire, à tous : pourquoi ne diriez-vous pas un Je vous salue Marie pour
votre maman, aujourd’hui ? En tous les cas, c’est le jour que nous avons
fixé pour renouveler notre « consécration à Marie », consécration qui
consiste en fait à renouveler les promesses de son baptême : il s’agit de
se consacrer à Dieu, bien sûr, mais en même temps de confier toute l’entreprise
à la Vierge Marie.
Et puisque nous
fêtons la Sainte-Trinité, je voudrais mentionner un détail sur la façon dont
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort disait son chapelet : il commençait –comme
il se doit- par trois « je vous salue Marie », mais il ajoutait
« Fille bien-aimée du Père » au premier, « Mère bien-aimée du
Fils » au second et « Epouse fidèle du Saint-Esprit »au
troisième, tant il est évident qu’elle est certainement le meilleur « professeur de Trinité » qui soit !
Essayez d’aller à ses cours, ils ont lieu le jour ou la nuit, selon votre convenance,
et vous en saurez long sur le sujet en la fréquentant assidûment …
Nous fêtons la
Sainte Trinité : il est beaucoup plus simple, selon moi, d’avoir affaire à
un Dieu Trinitaire, que d’avoir affaire à un Dieu solitaire, « seulement »
unique …
D’un point de vue
strictement intellectuel, ça n’est pas le cas : 1+1+1 = 1, ça ne marche
pas en principe. Mais je vous propose de considérer Dieu du point de vue de la révélation, ainsi que nous y invite
l’oraison de ce jour (« Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta
Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère ; donne-nous de
professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en
adorant son Unité toute-puissante. »)
Imaginons, un
instant, que nous soyons juifs ou musulmans : en apparence, c’est plus
simple : il y a un seul Dieu, point à la ligne. Mais le problème reste
entier : que veut dire ce mot, … « Dieu » ?
« Dieu »,
cela veut dire qu’il n’est pas humain, qu’il n’est pas animal, qu’il n’est pas
végétal, qu’il n’est pas minéral, qu’il n’est pas sidéral … et c’est pourquoi
nous l’appelons « Dieu », autrement dit : celui dont nous
n’avons aucune expérience physique, le « totalement mystérieux » !
Le mot Dieu est
un mot finalement « rapide » pour désigner quelqu’un qu’on ne peut
pas connaître : comme il est inaccessible, on l’appelle Dieu … ce mot qui
veut tout dire et qui ne dit rien.
Vous conviendrez
avec moi que l’image d’un grand barbu est insuffisante : ce grand
personnage est-il rigide ou au
contraire bonasse, selon notre éducation les uns ou les autres? Il n’est pas
rigide, il est rigoureux … il n’est pas bonasse, il est bon ! Et c’est
ainsi que la théologie procède volontiers par élimination (la théologie
négative), avant de passer aux affirmations sur ce grand mystère.
La Trinité, donc,
simplifie beaucoup notre approche de Dieu : je vous invite à vous réjouir
de ce que Dieu s’est montré ainsi plus précis dans la révélation de lui-même.
Avant Jésus, Dieu
n’avait pas de visage (d’où l’interdiction, dans le judaïsme, de représenter
Dieu), maintenant il en a un …
En fait, on le
savait plus ou moins : le livre de la Genèse (Beréshit pour les juifs) affirme
que Dieu a créé l’homme à son image, ce qui veut bien dire qu’il y a une
certaine forme de réciproque, et que Dieu ressemble à l’homme ! En voyant
un être humain, on voit un reflet de Dieu (pensez-y regardez votre voisin …) :
c’est la raison pour laquelle Saint Jean dit que l’amour de Dieu et l’amour du prochain
ne sont que les deux faces de la même pièce, leur objet est finalement le même.
Depuis Jésus,
nous connaissons Dieu beaucoup mieux !
Dans le judaïsme
ancien, Dieu était déjà considéré comme « un Père pour Israël (Jr 31, 9) »,
mais cette « paternité » était analogique, assez lointaine. Jésus a enseigné
(et saint Paul vient de le dire dans la deuxième lecture) que Dieu est un Papa,
qu’on appelle en araméen « abba » (« papa », littéralement).
Il y a en Dieu la tendresse que l’on trouve chez un vrai père.
Don du Fils, Don
de l’Esprit … la deuxième et la troisième personne de la Sainte Trinité sont
comparées par Saint Irénée comme « les deux mains du Père ». Regardons
maintenant le don de l’Esprit.
Le rôle de
l’Esprit est de révéler qui est Dieu, Père et Fils. Ne croyez-vous pas qu’il
il vaut mieux que ce soit Dieu qui se présente lui-même, plutôt que de laisser
quelqu’un d’autre le présenter ? C’est ce que fait l’Esprit, qui est Dieu.
D’Esprit à
esprit, il communique à l’homme la connaissance et l’amour du Père et du Fils,
qu’il enseigne d’autant mieux que c’est lui qui est en personne cet amour du Père
et du Fils.
Et puis il
précise encore les choses concernant l’union de l’humanité et de la divinité en
Jésus : 1 Cor 12, 3 « personne
n'est capable de dire : ‘Jésus est le Seigneur’ sans l'action de l'Esprit
Saint. »
Même « Dieu
tout-court » serait parfaitement inaccessible sans l’Esprit de Dieu …
Je voudrais bien
terminer par ce avec quoi j’ai commencé l’année dernière : Dieu s’est révélé être Père, Fils et
Saint-Esprit, c’est ainsi … et il est convenable de respecter cet état de fait,
avec réalisme ; votre époux, vous êtes bien obligée, Madame, de le
recevoir comme il est … votre épouse, vous êtes bien obligé, Monsieur, de la
recevoir comme elle est … vos paroissiens, vous êtes bien obligé, Mon Père, de
les recevoir comme ils sont … votre curé, vous êtes bien obligés, frères et sœurs,
de les recevoir comme il est ! Ayons vis-à-vis de Dieu le même réalisme
avec lequel on reçoit celui qui se présente à nous dans la vie courante.
Conclusion :
il faut rendre grâce à Dieu d’avoir « précisé son identité » et le
remercier de nous faire confiance pour le « présenter » aux hommes de
ce temps ; contemporains à qui nous dirons la très belle dignité de chaque
être humain, qui a pour vocation de ressembler à Dieu et qui a pour destination
de reposer en Dieu, en vrai fils adoptifs.
Nous sommes bien
heureux, nous sommes très heureux d’être chrétiens !
P. Emmanuel d'Andigné
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