10 juin 2012

Homélie du 03 juin 2012-le Dieu des chrétiens est bien plus simple que d'autres !


Homélie de la fête de la Sainte Trinité - Année B

Aujourd’hui, c’est la fête des mères … Bonne fête, Mesdames ! J’ai une suggestion à vous faire, à tous : pourquoi ne diriez-vous pas un Je vous salue Marie pour votre maman, aujourd’hui ? En tous les cas, c’est le jour que nous avons fixé pour renouveler notre « consécration à Marie », consécration qui consiste en fait à renouveler les promesses de son baptême : il s’agit de se consacrer à Dieu, bien sûr, mais en même temps de confier toute l’entreprise à la Vierge Marie.

Et puisque nous fêtons la Sainte-Trinité, je voudrais mentionner un détail sur la façon dont Saint Louis-Marie Grignon de Montfort disait son chapelet : il commençait –comme il se doit- par trois « je vous salue Marie », mais il ajoutait « Fille bien-aimée du Père » au premier, « Mère bien-aimée du Fils » au second et « Epouse fidèle du Saint-Esprit »au troisième, tant il est évident qu’elle est certainement le meilleur  « professeur de Trinité » qui soit ! Essayez d’aller à ses cours, ils ont lieu le jour ou la nuit, selon votre convenance, et vous en saurez long sur le sujet en la fréquentant assidûment …

Nous fêtons la Sainte Trinité : il est beaucoup plus simple, selon moi, d’avoir affaire à un Dieu Trinitaire, que d’avoir affaire à un Dieu solitaire, « seulement » unique …

D’un point de vue strictement intellectuel, ça n’est pas le cas : 1+1+1 = 1, ça ne marche pas en principe. Mais je vous propose de considérer Dieu du point de vue de la révélation, ainsi que nous y invite l’oraison de ce jour (« Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère ; donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, en adorant son Unité toute-puissante. »)

Imaginons, un instant, que nous soyons juifs ou musulmans : en apparence, c’est plus simple : il y a un seul Dieu, point à la ligne. Mais le problème reste entier : que veut dire ce mot, … « Dieu » ?

« Dieu », cela veut dire qu’il n’est pas humain, qu’il n’est pas animal, qu’il n’est pas végétal, qu’il n’est pas minéral, qu’il n’est pas sidéral … et c’est pourquoi nous l’appelons « Dieu », autrement dit : celui dont nous n’avons aucune expérience physique, le « totalement mystérieux » !

Le mot Dieu est un mot finalement « rapide » pour désigner quelqu’un qu’on ne peut pas connaître : comme il est inaccessible, on l’appelle Dieu … ce mot qui veut tout dire et qui ne dit rien.

Vous conviendrez avec moi que l’image d’un grand barbu est insuffisante : ce grand personnage est-il rigide ou       au contraire bonasse, selon notre éducation les uns ou les autres? Il n’est pas rigide, il est rigoureux … il n’est pas bonasse, il est bon ! Et c’est ainsi que la théologie procède volontiers par élimination (la théologie négative), avant de passer aux affirmations sur ce grand mystère.

La Trinité, donc, simplifie beaucoup notre approche de Dieu : je vous invite à vous réjouir de ce que Dieu s’est montré ainsi plus précis dans la révélation de lui-même.

Avant Jésus, Dieu n’avait pas de visage (d’où l’interdiction, dans le judaïsme, de représenter Dieu), maintenant il en a un …

En fait, on le savait plus ou moins : le livre de la Genèse (Beréshit pour les juifs) affirme que Dieu a créé l’homme à son image, ce qui veut bien dire qu’il y a une certaine forme de réciproque, et que Dieu ressemble à l’homme ! En voyant un être humain, on voit un reflet de Dieu (pensez-y regardez votre voisin …) : c’est la raison pour laquelle Saint Jean dit que l’amour de Dieu et l’amour du prochain ne sont que les deux faces de la même pièce, leur objet est finalement le même.

Depuis Jésus, nous connaissons Dieu beaucoup mieux !

Dans le judaïsme ancien, Dieu était déjà considéré comme « un Père pour Israël (Jr 31, 9) », mais cette « paternité » était analogique, assez lointaine. Jésus a enseigné (et saint Paul vient de le dire dans la deuxième lecture) que Dieu est un Papa, qu’on appelle en araméen « abba » (« papa », littéralement). Il y a en Dieu la tendresse que l’on trouve chez un vrai père.

Don du Fils, Don de l’Esprit … la deuxième et la troisième personne de la Sainte Trinité sont comparées par Saint Irénée comme « les deux mains du Père ». Regardons maintenant le don de l’Esprit.

Le rôle de l’Esprit est de révéler qui est Dieu, Père et Fils. Ne croyez-vous pas qu’il il vaut mieux que ce soit Dieu qui se présente lui-même, plutôt que de laisser quelqu’un d’autre le présenter ? C’est ce que fait l’Esprit, qui est Dieu.

D’Esprit à esprit, il communique à l’homme la connaissance et l’amour du Père et du Fils, qu’il enseigne d’autant mieux que c’est lui qui est en personne cet amour du Père et du Fils.

Et puis il précise encore les choses concernant l’union de l’humanité et de la divinité en Jésus : 1 Cor 12, 3 « personne n'est capable de dire : ‘Jésus est le Seigneur’ sans l'action de l'Esprit Saint. »

Même « Dieu tout-court » serait parfaitement inaccessible sans l’Esprit de Dieu …

Je voudrais bien terminer par ce avec quoi j’ai commencé l’année dernière : Dieu s’est révélé être Père, Fils et Saint-Esprit, c’est ainsi … et il est convenable de respecter cet état de fait, avec réalisme ; votre époux, vous êtes bien obligée, Madame, de le recevoir comme il est … votre épouse, vous êtes bien obligé, Monsieur, de la recevoir comme elle est … vos paroissiens, vous êtes bien obligé, Mon Père, de les recevoir comme ils sont … votre curé, vous êtes bien obligés, frères et sœurs, de les recevoir comme il est ! Ayons vis-à-vis de Dieu le même réalisme avec lequel on reçoit celui qui se présente à nous dans la vie courante.

Conclusion : il faut rendre grâce à Dieu d’avoir « précisé son identité » et le remercier de nous faire confiance pour le « présenter » aux hommes de ce temps ; contemporains à qui nous dirons la très belle dignité de chaque être humain, qui a pour vocation de ressembler à Dieu et qui a pour destination de reposer en Dieu, en vrai fils adoptifs.

Nous sommes bien heureux, nous sommes très heureux d’être chrétiens !

P. Emmanuel d'Andigné

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