08 juin 2012

Homélie du 27 mai 2012-les yeux fixés sur Jésus-Christ


Homélie du jour de la Pentecôte 2012 - Année B

Au cours de la Formation à l’Evangélisation, mercredi, j’ai prononcé une phrase trop rapidement, Dieu sait si pourtant elle est importante, et je voudrais m’attarder sur elle : « les yeux fixés sur Jésus-Christ »

Alors allons-y, fixons nos yeux sur Jésus, et demandons-nous comment nous allons pouvoir l’imiter et évangéliser comme lui ; c’est bien ce que semble indiquer Paul VI dans Evangelii Nuntiandi, lorsqu’il donne au chapitre deuxième le titre suivant : « du Christ évangélisateur à l’église évangélisatrice ».

Ce titre indique clairement, qu’il ne s’agit pas seulement d’une imitation, mais plutôt d’un prolongement : l’Eglise, c’est le Christ continué.

L’Evangile d’aujourd’hui est l’aboutissement de tout l’itinéraire de Jésus sur la terre, rien qu’en le regardant, nous savons comment évangéliser, dans les grandes lignes.

Bethléem : Jésus naît dans la pauvreté : il faut une certaine « pauvreté de moyens » dans l’évangélisation, de façon à ce que soit bien la puissance de Dieu qui soit à l’œuvre, et non la nôtre. Aux USA, on le sait bien, on ne peut pas devenir président si on est pauvre (il faut financer sa campagne) : pour l’évangélisation, c’est le contraire.

Nazareth : Jésus apprend une langue, une culture, un métier … Les missionnaires, on le sait, lorsqu’ils vont à l’autre bout du monde, apprennent eux aussi tout cela, c’est exactement la même démarche que celle du Fils de Dieu. Quant à nous, il nous faut être attentifs à la culture d’aujourd’hui en France, afin « d’apprendre la langue » de l’homme du XXIème siècle et lui annoncer l’Evangile de façon compréhensible pour lui. On peut prendre l’exemple de l’écologie : il est très prégnant aujourd’hui, il faut donc y être sensibles nous aussi, pourvu que l’on rattache clairement ce sujet de l’écologie au respect de la création et donc au respect du Créateur.

Au jour de son « baptême »,  Jésus « reçoit » l’Esprit Saint, pas au sens où nous le recevons nous –car il l’a toujours « eu », mais « pour nous, et pour notre Salut ». Nous avons reçu l’Esprit Saint au baptême, afin de pouvoir devenir missionnaires et « envoyés » comme Jésus.

Juste après son baptême, Jésus passe quarante jours au désert : il n’y pas d’évangélisation possible, au vrai sens de ce terme, sans la prière ; on peut même ajouter que la prière est ce qui distingue l’évangélisation du prosélytisme (celui-ci consiste à agrandir un groupe avec des moyens humains, pour faire du chiffre : l’évangélisation, elle, « fait les présentations » entre Dieu et la personne, puis se retire, en apprenant par le moyen de la prière à laisser Dieu agir)

La vie publique de Jésus commence par le choix des apôtres et les deux messages de Jésus : cela veut donc dire que celui-ci ne veut pas évangéliser sans l’Eglise et qu’il donne à l’Eglise le mandat de délivrer ces deux messages. Le « premier » message est celui de la vie : charité, bonté, tendresse, soin des pauvres. Le « deuxième » message consiste en la vérité dans la parole, quel qu’en soit le prix.

Lors de la semaine sainte –la première de toutes-, Jésus « abat son jeu » : il est venu combattre le péché et la mort ; cela veut dire que la question qui sous-tend à l’évangélisation, c’est le salut, il nous faut nous en souvenir toujours ! Il est vrai que si nous n’avons pas besoin d’être sauvés du péché et de la mort, alors l’évangélisation est inutile …

Nous en arrivons aux apparitions du ressuscité : celui-ci envoie formellement, en plus du baptême, l’Esprit Saint. Depuis ce jour, le sacrement de la confirmation est par excellence le sacrement de la mission.

Jn 20 mentionne deux personnages très différents, aux deux missions très différentes, et qui s’articulent toutes deux autour du ministère des apôtres, il s’agit de Marie-Madeleine et de Marie, mère de Jésus.

Marie-Madeleine –qu’on surnomme l’apôtre des Apôtres- a pour caractéristique de courir partout pour évangéliser ; en effet, on imagine qu’elle n’a pas réservé aux seuls apôtres l’annonce de sa rencontre avec le Christ vivant !

Quant à Marie, mère de Jésus, elle reste au cénacle, lieu de l’institution de l’Eucharistie, elle prie avec les apôtres, d’une façon plus évidemment « contemplative », dirait-on aujourd’hui …

Voilà les deux poumons de l’évangélisation : la prière discrète et silencieuse, l’élan missionnaire actif dans le monde, par la beauté de la vie et le témoignage de la rencontre de Jésus.

Pour aujourd’hui, c’est suffisant, mais on peut aller encore beaucoup plus précisément dans l’Evangile pour « fixer nos yeux sur Jésus-Christ », et résoudre des difficultés plus précises dans chaque situation : demandons à l’Esprit Saint de venir et de venir encore, pour nous éclairer à ce sujet et goûtons la présence indispensable de la Vierge Marie.

P. Emmanuel d'Andigné

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