Homélie du jour de la Pentecôte 2012 - Année B
Au cours de la Formation à l’Evangélisation, mercredi, j’ai prononcé une
phrase trop rapidement, Dieu sait si pourtant elle est importante, et je
voudrais m’attarder sur elle : « les
yeux fixés sur Jésus-Christ » …
Alors allons-y, fixons nos yeux sur Jésus, et demandons-nous comment nous
allons pouvoir l’imiter et évangéliser comme lui ; c’est bien ce que
semble indiquer Paul VI dans Evangelii Nuntiandi, lorsqu’il donne
au chapitre deuxième le titre suivant : « du Christ évangélisateur à
l’église évangélisatrice ».
Ce titre indique clairement, qu’il ne s’agit pas seulement d’une imitation,
mais plutôt d’un prolongement : l’Eglise, c’est le Christ continué.
L’Evangile d’aujourd’hui est l’aboutissement de tout l’itinéraire de Jésus
sur la terre, rien qu’en le regardant, nous savons comment évangéliser, dans
les grandes lignes.
Bethléem : Jésus naît dans la pauvreté : il faut une
certaine « pauvreté de moyens » dans l’évangélisation, de façon à ce
que soit bien la puissance de Dieu qui soit à l’œuvre, et non la nôtre. Aux USA,
on le sait bien, on ne peut pas devenir président si on est pauvre (il faut financer
sa campagne) : pour l’évangélisation, c’est le contraire.
Nazareth : Jésus apprend une langue, une culture, un métier …
Les missionnaires, on le sait, lorsqu’ils vont à l’autre bout du monde,
apprennent eux aussi tout cela, c’est exactement la même démarche que celle du
Fils de Dieu. Quant à nous, il nous faut être attentifs à la culture
d’aujourd’hui en France, afin « d’apprendre la langue » de l’homme du
XXIème siècle et lui annoncer l’Evangile de façon compréhensible pour lui. On
peut prendre l’exemple de l’écologie : il est très prégnant aujourd’hui,
il faut donc y être sensibles nous aussi, pourvu que l’on rattache clairement
ce sujet de l’écologie au respect de la création et donc au respect du
Créateur.
Au jour de son « baptême », Jésus
« reçoit » l’Esprit Saint, pas au sens où nous le recevons nous –car il
l’a toujours « eu », mais « pour nous, et pour notre Salut ».
Nous avons reçu l’Esprit Saint au baptême, afin de pouvoir devenir
missionnaires et « envoyés » comme Jésus.
Juste après son baptême, Jésus
passe quarante jours au désert : il n’y pas d’évangélisation possible, au vrai sens de ce terme, sans la
prière ; on peut même ajouter que la prière est ce qui distingue l’évangélisation
du prosélytisme (celui-ci consiste à agrandir un groupe avec des moyens
humains, pour faire du chiffre : l’évangélisation, elle, « fait les présentations »
entre Dieu et la personne, puis se retire, en apprenant par le moyen de la prière
à laisser Dieu agir)
La vie publique de Jésus commence par le choix des apôtres et les deux
messages de Jésus : cela veut donc dire que celui-ci ne veut pas
évangéliser sans l’Eglise et qu’il donne à l’Eglise le mandat de délivrer ces
deux messages. Le « premier » message est celui de la vie :
charité, bonté, tendresse, soin des pauvres. Le « deuxième »
message consiste en la vérité dans la parole, quel qu’en soit le prix.
Lors de la semaine sainte –la première
de toutes-, Jésus « abat
son jeu » : il est venu combattre le péché et la mort ; cela
veut dire que la question qui sous-tend à l’évangélisation, c’est le salut, il
nous faut nous en souvenir toujours ! Il est vrai que si nous n’avons pas
besoin d’être sauvés du péché et de la mort, alors l’évangélisation est inutile
…
Nous en arrivons aux
apparitions du ressuscité : celui-ci envoie formellement, en plus du baptême, l’Esprit Saint. Depuis ce
jour, le sacrement de la confirmation est par excellence le sacrement de la
mission.
Jn 20 mentionne deux personnages très différents, aux deux
missions très différentes, et qui s’articulent toutes deux autour du ministère
des apôtres, il s’agit de Marie-Madeleine et de Marie, mère de Jésus.
Marie-Madeleine –qu’on surnomme l’apôtre des Apôtres- a pour
caractéristique de courir partout pour évangéliser ; en effet, on
imagine qu’elle n’a pas réservé aux seuls apôtres l’annonce de sa rencontre
avec le Christ vivant !
Quant à Marie, mère de Jésus,
elle reste au cénacle, lieu de l’institution de l’Eucharistie, elle prie avec
les apôtres, d’une façon plus évidemment « contemplative », dirait-on
aujourd’hui …
Voilà les deux poumons de l’évangélisation : la prière discrète et
silencieuse, l’élan missionnaire actif dans le monde, par la beauté de la vie
et le témoignage de la rencontre de Jésus.
Pour aujourd’hui, c’est suffisant, mais on peut aller encore beaucoup plus
précisément dans l’Evangile pour « fixer
nos yeux sur Jésus-Christ », et résoudre des difficultés plus précises
dans chaque situation : demandons à l’Esprit Saint de venir et de venir
encore, pour nous éclairer à ce sujet et goûtons la présence indispensable de
la Vierge Marie.
P. Emmanuel d'Andigné
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire