Il y a les vertus « d’en-bas » et
les vertus « d’en-haut » … autrement dit les vertus
« humaines » et les vertus théologales (Foi, Espérance et Charité). La
vertu reine de l’ascension, c’est l’Espérance, c’est celle que nous cultivons
particulièrement aujourd’hui.
A force de poser des actes bons, on finit
par acquérir une vertu ; une vertu est quelque chose que l’on acquière, on
ne naît pas vertueux : c’est bien pour cela qu’il faut éduquer les enfants,
afin qu’ils deviennent vertueux.
Le code de la route est un exemple
classique : au tout début, un enfant ne le respecte pas du tout, puis il
le respecte sans le comprendre, puis il le respecte en l’apprenant comme une
règle absolue et sans nuance, et parvenu à l’âge adulte, il s’arrête au feu en
pensant à ceux qui vont dans l’autre sens et qu’il faut respecter tout autant
qu’on veut l’être soi-même.
Les vertus « d’en-bas », les
vertus humaines, ont quatre reines : Prudence, Justice, Force Tempérance. Elles
sont fondamentales et structurantes, et c’est pourquoi on les appelle
« cardinales », comme les quatre points cardinaux, elles nous
permettent de nous repérer dans le monde des vertus.
Exemple : la vertu de religion (qui
est une vertu humaine !) est en fait une application à Dieu de la vertu de
Justice, laquelle consiste à donner à chacun ce à quoi il a droit.
La religion cherche Dieu … mais ne trouve
celui-ci que si Dieu se révèle et donne ses vertus « d’en-haut » !
Les vertus théologales ont pour fonction de
nous adapter à Dieu, elles nous permettent de toucher Dieu. La Foi est un lien
filial avec Dieu (et non seulement des convictions intellectuelle). L’Espérance consiste
à habiter au ciel avec le cœur et l’intelligence, en attendant d’y être tout à
fait. La Charité consiste à faire descendre l’amour de Dieu, la charité divine
sur la terre (ne regardez pas au Ciel, disent les anges aux apôtres le jour de
l’Ascension, la Charité a été répandu sur la terre, elle n’est pas restée au
Ciel !)
La Foi est à la religion ce qu’est la
monture aux verres dans une paire de lunettes : le plus important est la
Foi (les verres), mais sans monture (sans la religion), les verres ne tiennent
pas !
Lorsque nous disons notre chapelet (aujourd’hui,
ce serait bien !!!), nous demandons en méditant sur Pâques (premier
mystère joyeux) une augmentation de Foi, en méditant sur l’Ascension une plus
grande Espérance, en méditant sur la Pentecôte une plus haute Charité.
Quant à l’Espérance, faisons-lui la part
belle en citant Péguy :
Au commencement était l'espérance...
L'espérance est une toute petite fille.
La foi est celle qui tient bon dans les siècles
des siècles.
La charité est celle qui se donne dans les
siècles des siècles.
Mais ma petite espérance est celle
qui se lève tous les matins...
qui tous les matins nous donne le bonjour,
qui dit bonjour au pauvre et à
l'orphelin...
La foi est un grand arbre et sous les ailes
de cet arbre,
la charité abrite toutes les détresses du
monde.
Et ma petite espérance n'est rien
que cette promesse de bourgeon,
qui s'annonce au fin commencement
d'avril...
C'est lui qui a l'air de se nourrir de
l'arbre...
et pourtant c'est de lui que tout vient au
contraire.
Sans un bourgeon qui est une fois venu,
l'arbre ne serait pas...
La foi ça ne m'étonne pas.
Ça n'est pas étonnant :
j'éclate tellement dans ma création
que pour ne pas me voir il faudrait
que ces pauvres gens fussent aveugles.
Mais l'espérance dit Dieu,
voilà ce qui m'étonne
Moi-même.
Ça c'est étonnant
Quelle ne faut-il pas que soit ma grâce
et la force de ma grâce pour que cette
petite espérance,
vacillante au souffle du péché, tremblante
à tous les vents ,
anxieuse au moindre souffle, soit aussi
invariable,
se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi
pure.
Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est
l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de
rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.
Car mes trois vertus, dit Dieu
Les trois vertus mes créatures
Mes filles mes enfants
Sont elles-mêmes comme mes autres créatures
De la race des hommes.
La Foi est une Épouse fidèle.
La Charité est une Mère.
Une mère ardente, pleine de coeur.
Ou une soeur aînée qui est comme une mère.
L'Espérance est une petite fille de rien du
tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de
l'année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Amen
P. Emmanuel d'Andigné
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