Juste après cet
Evangile, une précision s’impose tout d’abord : non, Jésus n’a pas eu de
frères et sœurs au sens moderne du terme ; la notion orientale de frère et
de sœur est beaucoup plus large que celle que nous avons généralement aujourd’hui,
du moins dans le langage courant, car nous disons des moines et des moniales
ainsi que de tout religieux que ce sont des « frères » et des « sœurs » ;
les « frères » et « sœurs » de l’Evangile sont donc des
gens de la famille de Joseph ou de Marie, mais en aucun cas de la « fratrie »
de Jésus.
Regardez l’icône
de la Vierge qui se trouve dans l’église (sur ce blog, en-haut à droite, "Vierge de tendresse") : trois étoiles ornent chacun de
ses épaules et sa tête (la troisième étoile est masquée par Jésus) ; il s’agit
de la virginité de Marie, « avant, pendant et après l’enfantement »
de Jésus, celui-ci est « fils unique », aussi bien sur la terre que
dans le Ciel, d’ailleurs. C’est la manière dont la tradition iconographique a
relayé cette certitude de la tradition selon laquelle Jésus n’a jamais eu de
frères et de sœurs au sens moderne du terme.
Par ailleurs, il
est intéressant de signaler que Jésus lui-même a commenté cet Evangile :
Mt 12, 47 et
suivants :
« 47
Quelqu'un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te
parler. » 48 Jésus répondit à cet homme : « Qui est ma mère, et qui sont mes
frères ? » 49 Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma
mère et mes frères. 50 Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux,
celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. »
Nous sommes
vraiment, selon les paroles mêmes de Jésus, ses frères et ses sœurs, puisque,
malgré tout, nous écoutons les volontés de Dieu et qu’il nous arrive tout de
même de nous y conformer de temps à autre ! Le baptême est un sacrement
(qui nous rend frères et sœurs de Jésus), pas une analogie : Philomène,
que nous baptisons aujourd’hui, va très réellement devenir sœur de Jésus-Christ !
Et puis, Jésus
fait par là un grand compliment à sa mère, car s’il y a bien quelqu’un qui a
fait la volonté du Père, c’est bien elle.
Par ailleurs,
Marie a prononcé dans le Magnificat ce qui pourrait servir de commentaire aux
autres lectures : « Il s’est penché sur son humble servante. »
Les lectures, en
effet, sont dominées par une tension entre l’humilité et l’orgueil, et ceci
tombe très bien pour cette période dite « de vacances », car à bien y
regarder, l’humilité est très reposante, tandis que l’orgueil est finalement
très fatigant … Il est beaucoup plus reposant de faire la volonté de celui dont
on reconnaît l’autorité, plutôt que de vouloir tout faire soi-même, sans être
sûr qu’on est sur le bon chemin.
Je vous livre une
anecdote : lors d’un rassemblement où je confessais des jeunes, je me suis
retrouvé par hasard à l’infirmerie, pour saluer le médecin que je connaissais
bien. Arrive un prêtre franciscain, visiblement extenué, qui demande à profiter
du lit de l’infirmerie, afin de se reposer. Cinq minutes montre en main après s’être
allongé, il se relève et déclare vouloir repartir !!! Je lui dis : « pardon,
mais si tu veux vraiment de te reposer, c’est minimum vingt minutes, cinq
minutes, ça ne sert à rien ... » eh bien, savez-vous ce qu’il fit ?
Il retourna se coucher quelques minutes, sentant que ce qu’il venait d’entendre
était juste, bien qu’il soit bien plus expérimenté et plus âgé que moi …
Pour ma part, je
rêve d’avoir une humilité comme celle-là, qui d’ailleurs, en l’occurrence, s’est
avérée reposante dans tous les sens du terme …
Il faut savoir
être lucides aussi sur notre époque : l’orgueil s’est installé partout,
nous sommes des insoumis. Quelle jeune fille aujourd’hui se dit spontanément :
« moi, quand je me marierai, je serai soumise à mon mari … » ?
Saint Paul, qui a
dit « femmes, soyez soumises à vos maris», a
dit aussi (Ep 5, 21) « Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux
autres ») ; il faut donc également que les hommes soient
soumis à leurs femmes, et ensuite, à chaque ménage de voir, dans quel domaine,
dans quelles circonstances il est bon pour le foyer ou la famille que l’un se
soumette à l’autre. « Rivalisez de respect les uns pour les autres »,
a dit aussi saint Paul (Rm 12, 10).
J’ai pris le
sujet délicat des relations entre maris et femmes, mais ceci peut s’étendre à
toute la relation à l’autorité, dans tous les domaines.
Une autre anecdote :
des guides, pendant un camp, décident de faire cuire des pâtes à la bolognaise ;
celles qui sont chargées de la cuisine trouvent un moyen –peu importe lequel- pour que la sauce bolognaise ne
refroidisse pas l’ensemble des pâtes ; à deux reprises, j’entends deux
autres personnes dire, sans se concerter : « mais, ce n’est pas comme
ça qu’on fait ! » … pour ensuite dire « bon, fais comme tu veux,
après tout »... On voit bien que
nous avons du mal à ne pas contrôler tout, notre orgueil est toujours prêt à se
réveiller.
La période des
vacances est une occasion idéale pour faire des prises de conscience, mais
spécialement sur l’humilité, puisque nous devons reconnaître, et c’est plus
humiliant que flatteur, que nous avons besoin de nous reposer, de temps à autre.
Heureux
êtes-vous, vous qui êtes venus ici vous reposer, dans les deux sens du terme, faire
une pause dans votre semaine et re-poser votre vie sous le regard de Dieu, en
plaçant sous vos yeux ce qui est vraiment important et ce qui l’est moins.
P. Emmanuel d'Andigné
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