16 août 2012

Homélie du 15 juillet 2012 - Vive la grâce, en matinée !


Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire - Année B

« Mon Père, pourquoi allez-vous à Lourdes (ou aux JMJ) ? Est-ce bien utile, cela porte-t-il réellement des fruits ? »

A cette question, je réponds toujours que, à mon sens c’est une « occasion de grâce » … « Ob, cadere » signifie « tomber devant » : l’occasion, c’est lorsque quelque chose tombe, alors qu’on ne l’avait pas forcément prévu. Mais comme on dit, on peut créer des occasions, et donc favoriser la « tombée » de la grâce. Elle est fameuse, la plaisanterie qui met en scène cet homme qui n’avait gagné aucun lot dans une kermesse, mais qui en fait s’aperçoit à la fin qu’il n’avait jamais joué …

Les communautés du Renouveau ont, au sujet de la grâce, une qualité et peut-être un défaut : leur qualité, c’est de demander souvent la grâce, le défaut, c’est de donner l’impression à ceux qui les regardent de loin que Dieu va forcément donner la grâce au moment où on prie avec ferveur …

Je dis « donner l’impression »,  car ils savent bien, de l’intérieur, que cela ne fonctionne pas comme ça …

Les camps, les retraites, les sessions, les pèlerinages, les vacances … sont des « occasions de grâce », ce qui veut dire :
1)      Qu’il faut créer les occasions
2)      Qu’il faut laisser Dieu décider de ce qu’il va nous donner

Créer les occasions, c’est relativement simple. De même, répondre à une invitation, s’inscrire à une session … mais se pose alors la question : quelle grâce demander ? Et d’ailleurs, faut-il demander une grâce précise ?

En 50 ans on a connu pratiquement trois « cultures » :

Une culture de la grâce qui vient naturellement à la bouche (« l’an de grâce » était une expression à la mode il n’y a encore pas si longtemps) ; une culture de l’ignorance de la grâce (la liturgie continuait à prononcer ce mot, mais il a disparu du vocabulaire courant, par crainte de la désincarnation de la religion) ; une culture du temps fort (que nous connaissons actuellement), de l’extraordinaire palpable, des témoins exceptionnels, qui focalise sur l’exception et dédaigne un peu le quotidien qui apparaît comme terne.

Il faudrait retrouver un équilibre, d’où la question : quelle grâce demander ? Et d’ailleurs, faut-il demander une grâce précise ?

On aura profit à interroger La parole de Dieu et la liturgie. Dieu, vous le savez, se révèle de trois manières : par l’Ecriture, la Tradition et le Magistère.

L’Ecriture, aujourd’hui, parle davantage de la façon de recevoir la grâce

Amos nous rappelle que la grâce de Dieu sait mieux que nous ce qui est bon pour nous (notre Evêque nous disait lors de l’ordination d’Emmanuel que Dieu avait l’air de manquer de discernement de nous choisir nous, avec nos défauts et nos péchés !)

Le psaume nous intime l’ordre d’écouter Dieu, il serait bon que le XXIème siècle nous fasse passer du besoin psychologique d’écoute à une attitude proprement spirituelle du besoin de l’écoute de Dieu !

La deuxième lecture, quant à elle, nous dit que la grâce, c’est Jésus lui-même, c’est ce qu’il apporte en venant lui-même, comme le rappelle la formule de saint Paul passée dans la liturgie : « la grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père … »

L’Evangile nous dit qu’il faut se dépouiller de ce qui donne sécurité ici-bas, afin de pouvoir se reposer sur la grâce et non sur nous-même (et on retrouve ainsi Amos !!!)

La liturgie, véhiculant par là la Tradition nous fait dire ceci : « Dieu qui montres aux égarés la lumière de ta vérité pour qu'ils puissent reprendre le bon chemin ; donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom, et de rechercher ce qui lui fait honneur. »

Du côté de la nature, la démarche est simple : rechercher ce qui fait honneur à notre nom, rejeter ce qui en est indigne, et pour couronner le tout demander à Dieu de nous donner la grâce qu’il veut … chacun son job !

Nous avons beaucoup de retard dans l’application de ce passage de l’Evangile (Matthieu 6) :
« Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : 'Qu'allons-nous manger ?' ou bien : 'Qu'allons-nous boire ?' ou encore : 'Avec quoi nous habiller ?'Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »

La  grâce ne sera pas forcément celle qu’on aura voulue, mais qui sera certainement excellente, puisqu’elle vient de Dieu, et que Dieu sait ce qui est bon pour nous !

P. Emmanuel d'Andigné

Aucun commentaire: