28 août 2012

Homélie du 29 juillet : multiplication des pains


17ème dimanche du Temps Ordinaire

Dans nos pays civilisés, lorsque quelqu’un dit « j’ai faim », cela signifie qu’il a de l’appétit… Cela n’a rien à voir avec la faim dont parle le prophète Elisée dans la première Lecture. Il s’agit là d’une famine qui a duré 7 ans, d’après le Livre des Rois, et la recette donnée par le prophète à son serviteur ne nous satisfait guère : « Prépare la grande marmite et fais cuire un bouillon pour les fils de prophètes… L’un d’eux sortit dans la campagne pour ramasser des herbes. Il trouva une vigne sauvage où il ramassa des concombres sauvages plein son vêtement. Il rentra et les coupa en morceaux dans la marmite du bouillon. » Et ce brouet se révéla immangeable !
L’offrande à Elisée des vingt pains d’orge et du grain frais était particulièrement bienvenue. Mais l’homme de Dieu, obéissant au Seigneur, a réalisé ce qu’il n’avait pas prévu : rassasier largement 100 personnes. « Ils mangèrent et il en resta. »

La foi chrétienne a vu dans cet événement comme une annonce d’une autre multiplication des pains, montrant la libéralité, la générosité du Seigneur, et préfigurant déjà la multiplication du pain eucharistique.

Les circonstances sont très différentes en ce qui concerne la scène rapportée par saint Jean dans son Evangile. Jésus a opéré des prodiges, notamment à Cana. Sa réputation se propage. Il excite la curiosité des gens intrigués par tout ce qu’ils entendent raconter. « Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades », écrit l’évangéliste, qui précise « que c’était un peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs. »

Il ne s’agit pas ici de famine. C’est Jésus lui-même qui provoque ses disciples en disant à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Et il y a une disproportion manifeste entre le peu de nourriture disponible _ cinq pains d’orge et deux poissons _ et une foule de cinq mille hommes.
Les paroles et les actes de Jésus comportent toujours une part de symbolisme. Le Maître suggère que tous ces gens qui le suivent ont faim, faim de pain sans doute, mais aussi faim de plus que cela… et qu’il est capable de leur apporter cette nourriture qui leur manque, nourriture matérielle, mais surtout spirituelle.
Et il demande à ses disciples de s’impliquer dans cette mission qui les dépasse, mais qui supposera leur totale confiance en celui qui les envoie.
Plus encore que du temps d’Elisée, la réponse dépasse tout ce que les apôtres pouvaient imaginer. La puissance et la générosité de l’Envoyé du Ciel n’ont pas de limite.

On comprend d’autant mieux la réaction des gens déclarant : « C’est vraiment lui le grand Prophète… Et ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi. » Mais Jésus « se retira, tout seul, dans la montagne », car son royaume n’est pas de ce monde.

Saint Paul exhorte les Ephésiens à se reconnaître comme sujets de ce royaume. « Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous. »
« Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il n’y a qu’un seul Corps et un seul esprit. »
En quelques lignes, l’apôtre résume l’essentiel de la manière d’être de véritables disciples du Christ : « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. »

En ces jours où commencent les jeux olympiques à Londres, rendons grâce pour tout ce qui s’exprime dans le sens de la fraternité, de l’accueil, de l’unité du genre humain, au-delà des religions, des races, des couleurs de peau, des orientations politiques, et même des conflits en cours. Tous les habitants de la planète se retrouvent dans des valeurs essentielles, telles que la recherche de la paix. On peut admirer aussi le travail accompli par les athlètes, au prix d’une grande persévérance et de nombreux sacrifices pour se surpasser.
Sans doute ne faut-il pas idéaliser, car rien de ce qui est humain n’est parfait. Et rappelons-nous ce que saint Paul écrivait aux Corinthiens : Ne savez-vous pas que les coureurs dans le stade courent tous, mais qu’un seul gagne le prix ? Courez donc de manière à le remporter. »
Tous les athlètes s’imposent une ascèse rigoureuse ; eux, c’est pour une couronne périssable, nous, pour une couronne impérissable. »

Prions pour que ces sportifs ne se contentent pas d’exploits éphémères et qu’ils découvrent le sens profond de leur vie : la recherche de la couronne impérissable que seul peut leur remettre le Maître de la vie.
Amen.
Père Jean Rouillard

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