17ème dimanche du Temps Ordinaire
Dans nos pays civilisés, lorsque quelqu’un
dit « j’ai faim », cela signifie qu’il a de l’appétit… Cela n’a rien
à voir avec la faim dont parle le prophète Elisée dans la première Lecture. Il
s’agit là d’une famine qui a duré 7 ans, d’après le Livre des Rois, et la
recette donnée par le prophète à son serviteur ne nous satisfait guère :
« Prépare la grande marmite et fais cuire un bouillon pour les fils de
prophètes… L’un d’eux sortit dans la campagne pour ramasser des herbes. Il
trouva une vigne sauvage où il ramassa des concombres sauvages plein son
vêtement. Il rentra et les coupa en morceaux dans la marmite du
bouillon. » Et ce brouet se révéla immangeable !
L’offrande à Elisée des vingt pains d’orge
et du grain frais était particulièrement bienvenue. Mais l’homme de Dieu,
obéissant au Seigneur, a réalisé ce qu’il n’avait pas prévu : rassasier
largement 100 personnes. « Ils mangèrent et il en resta. »
La foi chrétienne a vu dans cet événement
comme une annonce d’une autre multiplication des pains, montrant la libéralité,
la générosité du Seigneur, et préfigurant déjà la multiplication du pain
eucharistique.
Les circonstances sont très différentes en
ce qui concerne la scène rapportée par saint Jean dans son Evangile. Jésus a opéré
des prodiges, notamment à Cana. Sa réputation se propage. Il excite la
curiosité des gens intrigués par tout ce qu’ils entendent raconter. « Une
grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait
en guérissant les malades », écrit l’évangéliste, qui précise « que
c’était un peu avant la Pâque ,
qui est la grande fête des Juifs. »
Il ne s’agit pas ici de famine. C’est Jésus
lui-même qui provoque ses disciples en disant à Philippe : « Où
pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Et il y
a une disproportion manifeste entre le peu de nourriture disponible _ cinq
pains d’orge et deux poissons _ et une foule de cinq mille hommes.
Les paroles et les actes de Jésus comportent
toujours une part de symbolisme. Le Maître suggère que tous ces gens qui le
suivent ont faim, faim de pain sans doute, mais aussi faim de plus que cela… et
qu’il est capable de leur apporter cette nourriture qui leur manque, nourriture
matérielle, mais surtout spirituelle.
Et il demande à ses disciples de s’impliquer
dans cette mission qui les dépasse, mais qui supposera leur totale confiance en
celui qui les envoie.
Plus encore que du temps d’Elisée, la
réponse dépasse tout ce que les apôtres pouvaient imaginer. La puissance et la
générosité de l’Envoyé du Ciel n’ont pas de limite.
On comprend d’autant mieux la réaction des
gens déclarant : « C’est vraiment lui le grand Prophète… Et ils
étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur
roi. » Mais Jésus « se retira, tout seul, dans la montagne »,
car son royaume n’est pas de ce monde.
Saint Paul exhorte les Ephésiens à se
reconnaître comme sujets de ce royaume. « Il n’y a qu’un seul Seigneur,
une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne
au-dessus de tous, par tous, et en tous. »
« Comme votre vocation vous a tous
appelés à une seule espérance, de même il n’y a qu’un seul Corps et un seul
esprit. »
En quelques lignes, l’apôtre résume
l’essentiel de la manière d’être de véritables disciples du Christ :
« Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les
uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit
par le lien de la paix. »
En ces jours où commencent les jeux
olympiques à Londres, rendons grâce pour tout ce qui s’exprime dans le sens de
la fraternité, de l’accueil, de l’unité du genre humain, au-delà des religions,
des races, des couleurs de peau, des orientations politiques, et même des
conflits en cours. Tous les habitants de la planète se retrouvent dans des
valeurs essentielles, telles que la recherche de la paix. On peut admirer aussi
le travail accompli par les athlètes, au prix d’une grande persévérance et de
nombreux sacrifices pour se surpasser.
Sans doute ne faut-il pas idéaliser, car
rien de ce qui est humain n’est parfait. Et rappelons-nous ce que saint Paul
écrivait aux Corinthiens : Ne savez-vous pas que les coureurs dans le
stade courent tous, mais qu’un seul gagne le prix ? Courez donc de manière
à le remporter. »
Tous les athlètes s’imposent une ascèse
rigoureuse ; eux, c’est pour une couronne périssable, nous, pour une
couronne impérissable. »
Prions pour que ces sportifs ne se contentent
pas d’exploits éphémères et qu’ils découvrent le sens profond de leur
vie : la recherche de la couronne impérissable que seul peut leur remettre
le Maître de la vie.
Amen.
Père
Jean Rouillard
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