Homélie du 3ème dimanche de Pâques-année C
En ce qui concerne le temps qu’il fera demain, je suis bien obligé de faire confiance à Météo France … Mais il y a deux autres « météo » que l’on trouve pas à la radio ou à la télévision : la « météo » liturgique et la « météo » intérieure en chacun de nous. Ne laissez pas des personnes étrangères et hostiles à l’Eglise décider de la météo liturgique ou de votre forme spirituelle ! Tout au plus, munissez-vous des armes minimum pour tenir une conversation à quelqu’un qui attend que la télévision lui dise ce qui est important et ce qui ne l’est pas (un feuillet au fond de l’église vous attend concernant les récentes affaires). Je vais donc me concentrer sur la liturgie et sur la vie spirituelle.
La météorologie liturgique nous indique aujourd’hui dans l’immédiat beaucoup de joie, dans quelques jours comme un fort coup de vent la venue de l’Esprit-Saint et dans un délai plus lointain, le retour du Christ, auquel nous préparons par une vie qui ressemble à la sienne.
Je commence donc par la grande joie sur toute l’Eglise : il est vraiment ressuscité ! Voici ce que dit l’oraison du début de la messe « garde à ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse » ; la prière sur les offrandes, quant à elle déclare : « accueille, Seigneur, les dons de ton Eglise en fête : tu es à l’origine d’un si grand bonheur, qu’il s’épanouisse en joie éternelle » ; la préface, enfin, se termine durant tout le temps pascal : « c’est pourquoi, le peuple des baptisés, rayonnant de la joie pascale, exulte par toute la terre… »
Nous sommes les prophètes de la joie, nous sommes les ambassadeurs de la joie, parce que cette joie n’habite pas tous les cœurs et tant qu’elle n’habitera pas tous les cœurs, nous n’aurons pas d’autre mission que de la répandre.
Prenez l’exemple du facteur, à la campagne : il est fréquent qu’un chien hurle quand il arrive, mais il continue, pourtant de distribuer le courrier. Notre mission consiste à comprendre qu’il est vital pour l’homme de savoir si oui ou non il y a une vie après la mort, de même qu’il est vital pour le facteur de faire son travail qui lui fait gagner sa vie : nous sommes les messagers de la joie !
Il me semble que cette joie procède d’un événement d’une part, et d’un personne d’autre part. L’événement c’est la résurrection, qui annonce la nôtre ; la personne, c’est Jésus, car je crois que seule une personne peut faire la joie d’une autre personne. Notre cœur ne peut pas être rempli par une idée, même catholique et romaine (et Dieu sait si je cherche à l’être, catholique et romain) : n’est-ce pas ce qui se passe lors de la communion ? Nous recevons une personne en nous, qui est la cause la plus profonde de notre joie.
On trouve dans un poème de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de la sainte Face ces deux aspects : la prise de conscience de l’injustice infligée à ceux qui ne connaissent pas la joie -d’où le désir de faire connaître cette joie (elle est la patronne des missions), et le fait que seul Jésus nous donne une joie vraiment durable.
"Il est des âmes sur la Terre
Qui cherchent en vain le bonheur .
Mais pour moi , c'est tout le contraire ,
La joie se trouve dans mon coeur .
Cette joie n'est pas éphémère ,
Je la possède sans retour .
Comme une rose printanière
Elle me sourit chaque jour. (...)
Ma joie, c’est la Volonté Sainte
De Jésus mon unique amour
Ainsi je vis sans nulle crainte
J’aime autant la nuit que le jour. (...)
L’amour, ce feu de la Patrie
Ne cesse de me consumer
Que me font la mort ou la vie ?
Jésus, ma joie, c’est de t’aimer !"
Mais évidemment, la joie ne s’installe pas dans un cœur sans l’action de l’Esprit Saint, sans la venue en nous de Dieu par l’Esprit Saint. La fin de la deuxième lecture, à ce sujet, nous fait, je crois beaucoup de bien : « L’Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ».
De nos jours, peut-être aurions-nous tendance à dire plutôt : « l’Esprit, que Dieu a donné à ceux qui ont prié très fort pour l’avoir » … vous ne croyez pas ?
Cela veut dire que, d’une manière habituelle, car il est déjà arrivé que Dieu force les barrages de certains cœurs, l’Esprit Saint ne descend pas dans un cœur désobéissant …
Or nous savons que « Jésus, bien qu’il soit le Fils, a appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion » (Saint Pierre). Cela signifie donc que nous apprendrons l’obéissance par nos souffrances, dans la mesure où celles-ci seront « habitées » par le Christ. Habités par le Christ, obéissants au Père, nous pourrons alors recevoir l’Esprit en plénitude, dans une véritable « Pentecôte personnelle », à l’occasion de la Pentecôte ou à tout autre occasion.
Et comme l’Esprit Saint dépasse les limites de nos cœurs, alors il débordera et pourra se déverser dans le monde. Amen, alleluia !
P. Emmanuel d'Andigné
24 avril 2010
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