02 avril 2010

Pédophilie-la vérité et les fantasmes

Lutter contre la pédophilie ?
Quelques mises au point …
Que fait l’Eglise ?

Depuis toujours, et même à une époque ou personne d’autre ne le faisait (on pense à Mai 68), l’Eglise condamne toutes les contrefaçons de l’amour, qu’elles concerne les adultes ou les enfants. Celles qui touchent les mineurs sont bien sûr beaucoup plus graves (delicta graviora). Le Pape Benoît XVI, qui, à la vérité, lutte contre ce fléau depuis plus de 20 ans, a écrit récemment une lettre aux catholiques Irlandais, car ce pays a été très secoué par de nombreux cas, on peut la trouver sur vatican.va. Il déclare notamment : « Comme vous, j'ai été profondément bouleversé par les nouvelles apparues concernant l'abus d'enfants et de jeunes vulnérables par des membres de l'Eglise en Irlande, en particulier par des prêtres et des religieux. Je ne peux que partager le désarroi et le sentiment de trahison que nombre d'entre vous ont ressentis en prenant connaissance de ces actes scandaleux et criminels »

Les évêques de France viennent de publier sur ce sujet au moins deux textes très courts et très beaux, que vous pouvez consulter sur cef.fr

Les mêmes évêques de France avaient publié en 2002, dans l’indifférence médiatique générale, un manuel intitulé « lutter contre la pédophilie », distribué largement à tous les responsables de jeunes. Mgr Vingt-trois, à Lourdes en Mars dernier, déclarait : « Nous sommes confrontés à un problème qui concerne toute notre société, et pas seulement l’Église. Nous aurions été intéressés de voir d’autres institutions faire un travail équivalent au nôtre. »
Y a-t-il un rapport entre pédophilie et célibat des prêtres ?
Quelques chiffres

96% des actes pédophiles sont commis dans le cadre familial …

4%, donc, en dehors de ce cadre ; à l’intérieur de cette minorité, on compte toutes les professions en contact avec la jeunesse, l’Eglise représentant une toute petite minorité dans la minorité.
Il y a 400 000 prêtres dans le monde. 3000 dépôts de plaintes sont actuellement en cours un peu partout, ce qui signifie que 0,75 % des prêtres sont actuellement sur la sellette (ce qui veut dire aussi que 99,25 % d’entre eux ne sont pas concernés par ces affaires). Notons que ces dépôts de plaintes concernent des situations qui remontent pour les plus anciennes (aux Etats Unis) en 1937 ! Nous soldons le passé, …. serons-nous les seuls à le faire ?

A l’heure actuelle, depuis 10 ans, 250 prêtres dans le monde ont fait l’objet d’une condamnation dans ce domaine, soient 0,0625 % d’entre eux, ce qui veut dire que 99,9375% ne sont pas concernés par ces affaires).

Bien entendu, ces chiffres ne changent rien sur le péché grave que cela représente, et ce sont 3000 cas en cours de trop, 250 condamnations effectives de trop.

Le saviez-vous ? 15% des cas de pédophilie concernent les femmes.
Deux questions : ces chiffres correspondent-ils au traitement de l’information par les médias ? N’y a-t-il donc que des prêtres catholiques touchés par la pédophilie ?

Il n’y a pas de prêtres pédophiles, il y a des pédophiles qui deviennent prêtres : c’est très différent ! En effet, la plupart de ceux que l’on appelle un peu trop rapidement les « pédophiles » (voir plus bas la précision de vocabulaire) souffrent d’un névrose grave qui n’est pas produite par le célibat (puisque les pédophiles célibataires sont ultra-minoritaires) ni régulée par le mariage (puisque la grande majorité des pédophiles sont mariés) ; en réalité, le vrai problème qui se pose à l’Eglise Catholique aujourd’hui est de faire en sorte que ladite névrose soit détectée suffisamment tôt pour que la personne malade n’accède pas aux ordres sacrés, d’une part, et suive une thérapie adaptée d’autre part.

Il y a beaucoup de joie à vivre le célibat sacerdotal, de même qu’il y a beaucoup de joie à vivre dans le mariage, pourvu que l’un et l’autre soient vécus avec amour et dans le don de soi ! La pédophilie n’a rien à voir avec le célibat, rien du tout, c’est manifeste !
Attention aux anachronismes ! On traite avec le style du XXIème siècle des affaires qui se sont produites à des époques où l’on ne connaissait pas grand chose sur ces questions et où la loi du silence était monnaie courante, quelle que soit l’institution. Là encore, cela n’excuse en rien de tels actes, mais ils se trouvent considérés à leur juste place.
Il faudrait que cesse l’hypocrisie qui consiste, dans notre société, d’un côté à dénoncer les crimes sexuels et de l’autre à faire de la sexualité une obsession, évidemment mal gérée par ceux qui souffrent dans ce domaine. Si nous luttons contre la pédophilie, il faut lutter en même temps contre la pornographie, et notamment protéger les adolescents des agressions télévisuelles et électroniques dans ce domaine.
Enfin, faisons un peu de vocabulaire …

 
Pédophilie vient de « païs, païdos » « l’enfant » et « philein », « aimer » ; ce terme est donc en réalité mal utilisé, dans un sens uniquement péjoratif et criminel. Il désigne aujourd’hui une relation malsaine avec des jeunes pré pubères.
Pédérastie est un terme plus juste pour désigner les agressions sexuelles sur mineurs (« païdos » « enfant » et « erastes », c’est-à-dire « amoureux » au sens de l’éros, « qui a des relations sexuelles »). On retrouve ce terme dans la Bible.
Ephobophilie est un terme qui désigne en principe l’attirance d’un homme adulte pour les jeunes hommes (18-20 ans). Les victimes sont donc des majeurs normalement. L’éphobophilie n’est pas un crime, évidemment, mais c’est une pente dangereuse ; elle représente 60% des cas de pédophilie. 30% des cas concernent l’attirance pour la jeunesse du sexe opposé.
La prière est vraiment nécessaire : prions pour les victimes, prions aussi pour ceux qui les ont fait souffrir. Demandons à Dieu qu’il panse les blessures des uns et des autres, et qu’il change les cœurs des coupables, car pour Dieu, jamais personne n’est un cas désespéré, et un homme peut toujours changer de vie.

P. Emmanuel d’Andigné

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