28 janvier 2007

Homélies

Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire - 28 janvier 2007

« Vous devriez donner le texte de vos homélies », me disait un jour une personne rencontrée au hasard, « cela nous permet de la relire, de nous en nourrir … ». Ce n’était pas la première fois que cette demande m’était faite, et puis il se trouve que, dès demain, 29 janvier, jusqu’au 04 février, ce sont les Journées Chrétiennes de la Communication …Tout ceci me conduit à dire un mot, très simple, sur cette partie pas si anodine que cela de la messe qu’est l’homélie. L’événement de cette semaine, la Mort de l’Abbé Pierre, nous fournira d’ailleurs la conclusion qui s’impose à ce sujet.

La liturgie de la Messe, on le sait, se joue en 2 actes principaux : la liturgie de la Parole, et la liturgie de l’Eucharistie (Dieu nous parle …Dieu se donne à nous). Dieu nous parle, mais nous lui répondons : la liturgie de la Parole est un DIALOGUE : Après la 1ère lecture, « Parole du Seigneur », un psaume, inspiré par Dieu, nous éduque dans la réponse qui a été un jour donné et qu’il faut donner toujours à Dieu. Et à nouveau Dieu nous parle (c’est la 2ème lecture), et il nous parle encore dans l’Evangile, Parole définitive, « acclamons la Parole de Dieu », car Dieu a tout dit en Jésus …

Dieu nous parle aussi dans l’homélie, à travers son ministre, prêtre, diacre, évêque, Dieu nous parle dans l’homélie, et nous lui répondons, avec les mots très sûrs du Credo, unis avec tous les chrétiens qui partagent cette foi au mot près ; et nous lui parlons à nouveau, en lui donnant nos intentions de prière (c’est la Prière Universelle).

Revenons sur l’homélie : Dieu nous parle, que nous soyons captivés ou à moitié endormis, que la tête du prêtre nous revienne ou non, qu’il s’agisse de Mgr Barbarin (vendredi), ou de l’un des humbles serviteurs de sainte Bernadette ! Dieu nous parle pendant l’homélie, et je vous propose deux choses très simples, deux choses à faire, lesquelles seront couronnées, en quelque sorte, par deux enseignements de la vie et de la mort de l’Abbé Pierre.

Je vous propose de faire avec moi, c’est la première chose, quelle que soit l’église où nous nous trouvons, un acte de foi avant chaque homélie : je crois que le Seigneur va me parler, à travers, malgré, grâce à la pauvreté de son ministre ; je crois que Dieu, même s’il n’a pas besoin des hommes, au sens strict de la phrase (n’en déplaise à Pierre Fresnay), je crois que Dieu veut passer par eux, il veut que son enseignement, sa révélation passe par eux … avec ce que cela représente de danger, de gâchis, et de liberté aussi pour nous les auditeurs (n’oubliez jamais que le prêtre est le premier auditeur de ses homélies, car il en a autant besoin que quiconque).

Je vous propose donc cet acte de foi, et celui-ci transformera complètement notre façon d’écouter et de goûter ce temps de grâce qu’est l’homélie

Mais pour achever cette transformation, nous avons besoin d’un allié puissant, et c’est ma deuxième proposition concrète : prier l’Esprit Saint, Le prier pour le prédicateur, Le prier pour l’assemblée, afin qu’il réalise le prodige suivant : faire comprendre à chacun ce que le ministre de Dieu ne parvient pas à dire comme il faut. Je connais plus d’une histoire vraie qui prouve qu’un cœur disponible à l’action de Dieu reçoit des lumières que la prédicateur d’alors ne pouvait même pas imaginer, lui qui a en général si bien préparé son homélie ! Si nous prions l’Esprit Saint, il fera des merveilles en nous …

La vie et la mort de l’Abbé Pierre vont nous rendre aujourd’hui deux services : commenter la deuxième lecture d’une façon éloquente et donner une touche finale à cette simple méditation sur la grâce de l’homélie : « J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante », dit Saint Paul. Tout le monde connaît bien l’appel de l’hiver 54, cependant, ce n’est pas les discours qui nous resteront de l’Abbé Pierre (ce qui est d’ailleurs préférable, en particulier pour son dernier livre), ce n’est pas tant le discours que la vie de charité qui vient comme valider ces principes de charité sur lesquels nous sommes tous d’accord.

Et voilà l’intérêt de l’homélie : nous faire mieux connaître la pensée et la vie du Christ, nous amener à la contemplation et la fréquentation de celui-ci, afin que l’amour du Christ change notre vie.

Et à ce sujet, pour terminer, je voudrais signaler un fait qui n’a guère été souligné sur la vie de l’Abbé Pierre, mais qu’il souligne lui-même. Depuis l’âge de 19 ans, jusqu’à 25 ans, il connaîtra une expérience singulière chez les capucins, je lui laisse la parole :

« Réveillés à minuit, nous veillions et priions deux heures durant, d’abord soutenus par le chant des psaumes, puis vivant l’écoulement de la seconde heure dans l’obscurité et le silence absolu, devant le saint-Sacrement. Ces heures bouleversantes ont gravé en moi des besoins qui m’ont accompagné tout au long des autres heures de mon existence.

Et je crois que ces années de "désert" qui ont marqué le début de ma vie d’adulte ont créé en moi un état d’adoration. Etat habituel, y compris dans les journées les plus débordantes d’activité. »

Acte de foi, invocation de l’Esprit-Saint, vie transformée par la fréquentation du Christ, voilà les ingrédients que je propose pour l’élaboration que nous ferons ensemble des prochaines homélies.
P. Emmanuel d'Andigné

15 janvier 2007

Homélies

Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire- 14 janvier 2007

Ils étaient 40 000 jeunes, du 28 décembre au 1er janvier, à Zagreb en Croatie, pour le 29ème pèlerinage de confiance sur la terre organisé par la communauté de Taizé.

Que s’est-il donc passé ? Comment se fait-il qu’un tel phénomène dure encore
sans essoufflement depuis près de 30 ans ?

On pourrait croire que c’est le résultat d’un tapage médiatique ou que le frère Roger a eu un excellent conseiller en communication …rien de tout cela, cette vague de fond est née d’une histoire toute simple, et je ne me lasse pas de la raconter, tant elle est source d’espérance pour chacun de nous et pour le monde entier.
Par ailleurs, nous entrons cette semaine dans une prière spéciale pour l'unité des chrétiens, il est donc fort utile de mieux connaître cette histoire, cette communauté, elles ont fait considérablement avancer la question de l'unité ...

En 1940, un certain Roger Schütz, alias Frère Roger, s’enterre dans un tout petit village de Bourgogne, Taizé, pour notamment y méditer et chercher Dieu. Deux questions agitent le cœur de Fère Roger : comment se fait-il que les hommes s’entredéchirent depuis toujours dans la guerre (nous sommes en 1940 …) ? Comment se fait-il que les chrétiens soient divisés, après la fondation par le Christ d’une seule et même Eglise ?
C’est alors qu’il a peu à peu l’intuition de fonder une communauté, dont le but serait de revenir à la Source de la paix et de l’unité (le Christ) ; très vite, la petite communauté réunit des chrétiens de plusieurs confessions : protestants (ce qu’il est lui-même) et catholiques prennent en 1949 l’engagement de vivre ensemble dans la simplicité et la prière … Quelques années plus tard, 7 frères, 12, 50, … aujourd’hui, les frères sont une centaine, principalement à Taizé, mais aussi dans des endroits défavorisés de la planète.
En 1978, est organisée à Paris la première rencontre européenne, première étape de ce que la communauté appelle le « pèlerinage de confiance sur la terre ». Confiance en la paix, confiance en l’unité, confiance en en soi et surtout en Dieu : le Frère Roger prend son bâton de pèlerin, pour conduire les jeunes du monde entier dans la résolution de construire la paix et l’unité, en commençant par soi.

Ce que nous apprend cette aventure du Fr Roger, c’est essentiellement deux choses :

Tout d’abord que chaque personne a le pouvoir de faire progresser la paix et l’unité de l’Eglise, sans nécessairement que cela prenne des dimensions politiques internationales mesurables par des médias. Ce serait trop facile de dire : « comme je ne peux pas réconcilier Israël et la Palestine à moi tout seul, eh bien je ne fais rien et je me réfugie pieusement dans la prière, espérant que Dieu, avec sa grande baguette magique, va intervenir pour séparer les belligérants »…La paix et l’unité de l’Eglise dépendent de chaque individu : nous pouvons répandre la paix, ne serait-ce que dans notre entourage immédiat, enseigner cette paix et cette unité aux enfants, aider les jeunes à la construire en eux-mêmes par une vie cohérente et non pas divisée (ce n’est pas pour rien qu’ils disent qu l’on « s’éclate » ….).

Et c’est ce qui m’amène à la deuxième leçon de cette vie : le point de départ de la guerre et de la division est aussi le point de départ de la paix et de l’unité de l’Eglise : le cœur de l’homme.

Alors la question est la suivante : comment allons-nous, concrètement, unifier notre cœur ? Eh bien en luttant contre le principal facteur de division en nous : le péché.
Le péché, qu’est-ce que c’est ? C’est savoir que quelque chose est mauvais, savoir que ce quelque chose nous est défendu par Dieu, et le faire tout de même : c’est le péché par action. Et puis il y a le péché par omission : savoir qu’une chose est bonne et ne pas la faire, par peur, par respect humain, par paresse ou pour la gloire des hommes. Nous souffrons de voir guerre et divisions ? Eh bien luttons contre leur racine : le péché !

Il est excellent de dénoncer les mauvaises actions qui se déroulent à des milliers de kilomètres de chez nous, mais il est encore plus urgent de faire la paix et l’unité en nous-mêmes.

Demandons au Seigneur de nous éclairer sur notre péché, et de nous donner confiance en sa miséricorde (il fait toujours les deux en même temps). Le Seigneur a préparé pour nous un sacrement, dans lequel s’éclaire le péché et brille sa miséricorde : il est bon d’y avoir recours souvent, pour mieux connaître Dieu, et pour être vraiment des artisans de paix.

A Zagreb, des Serbes et Croates ont prié ensemble … les jeunes ont eu la visite du grand Rabbin et du grand Mufti de Croatie, voyez : l’amour fait des miracles, il peut en faire en nous aussi, heureux les artisans de paix !

P. Emmanuel d’Andigné

12 janvier 2007

Homélies

Homélie de l'Epiphanie 2007 - 07 janvier

Est-il encore besoin de les nommer : Gaspard, Balthasar et Melchior. Un africain, un européen, un asiatique. Un jeune, un d’âge moyen et un plus âgé. A trois, ils représentent tant de choses : l’annonce de la venue dans notre monde à toutes les cultures et pour tous les âges. Sans discrimination aucune. L’incarnation du Fils de Dieu n’est pas révélée à un petit nombre. Elle vaut pour toutes les nations, de tout temps et en tout lieu. Le tout résumé dans les trois personnages venus à la crèche. Chiffre d’ailleurs étonnant puisqu’il n’est même pas cité dans l’évangile où est seulement mentionnée l’expression « des mages venus d’Orient ». Ils étaient peut-être finalement plus nombreux. Nous n’en savons rien et cela n’a aucune importance. Alors permettez-moi de vous parler du quatrième mage. Celui dont l’évangile ne parle pas. Le conte perse
Une légende russe et un conte perse en ont fait leur héros. Le roi de Perse partit avec les trois autres mages et il emporta comme cadeau trois belles perles précieuses de la taille d’un œuf de pigeon chacune. Mais en chemin il les donna. La première lui servit à payer des soins à un vieil homme malade. Avec la seconde il sauva une femme de la violence de brigands et enfin, avec la troisième, il monnaya la vie d’un enfant qui allait être tué par les soldats et rendit celui-ci à sa mère. Il arriva les mains vides à la crèche et s’excusa auprès de Jésus de n’avoir plus rien à lui offrir. L’enfant le regarda et son visage rayonnait. Il étendit ses deux petites mains vers les mains vides. Et l’enfant Jésus sourit, conclut le conte. La légende russe
En ce qui concerne la légende russe, il s’agit d’un roi qui ayant vu l’étoile quitta son pays et s’en alla par les chemins. Mais ce roi était tellement généreux qu’en cours de route, il s’arrêta à de multiples occasions pour aider celles et ceux en détresse qui croisaient sa route. En conséquence, quand il arriva à la crèche, Marie, Joseph et l’enfant étaient déjà partis. Il poursuivit sa marche durant une bonne trentaine d’années pour se retrouver un jour à Jérusalem face à une colline où se dressaient trois gibets. Voyant l’homme du milieu, il sut tout de suite que c’était celui qu’il avait cherché toute sa vie. Il n’était donc pas arrivé trop tard. Cette légende et ce conte concernant le quatrième mage, certains d’entre nous les ont déjà peut-être entendus. Les quatrième mage, c’est nous
En fait, ce quatrième mage, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Et avec Dieu, il n’est jamais trop tard. Nous sommes nous aussi conviés à partir à la recherche de cette étoile nous conduisant à l’enfant-Dieu pour nous prosterner devant la divinité de celui qui s’agenouille face à notre humanité. Dieu n’a pas besoin de cadeaux achetés ou récoltés, il attend que nous nous donnions nous-mêmes à lui et ce, à chaque souffle de l’Esprit.
Les dons des mages que nous sommes ne sont pas extérieurs à nous. Il me semble que la méditation du geste des mages doit inspirer beaucoup dans un monde où la Fête de noël est la fête des cadeaux. Nous nous appliquons à ces coutumes comme à des devoirs sacrés. Mais quel cadeau faisons-nous à Jésus ? Ces cadeaux sont en nous. Ils viennent de nous. A nous alors de choisir de nous donner entièrement au mystère de la foi non seulement dans la rencontre intime de la prière, lieu de dialogue par excellence où se noue en nous l’humain et le divin, mais également dans la manière dont nous conduisons nos vies c’est-à-dire par le don de notre temps aux autres. Ceux qui font partie de nos vies ou qui croisent nos routes. Ceux qui nous rappellent la présence de Dieu en chacune et chacun de nous. Si vous aussi vous souhaitez vous déposer aux pieds de Dieu et donner au Seigneur ce que vous êtes, alors ensemble, partons à la recherche de cette étoile de Noël. Elle brille à jamais au fond de nous. Amen.
Père Joseph Kinda

Homélies

Homélie du 31 décembre 2006 - sainte famille

Un petit mot s’est glissé dans l’Evangile d’aujourd’hui : pour peu que vous ayez eu une distraction pendant l’écoute de l’évangile, vous êtes passés à côté …

Ce petit mot est un intrus pour la pensée toute faite d’aujourd’hui, ce petit mot est interdit de séjour dans le politiquement correct et même dans le religieusement correct !

C’est un mot que vous ne devez pas prononcer, si vous voulez vous faire accepter
à la télévision, sur France info’, ou même au bureau.

Si vous le prononcez, vous prenez un risque : celui de passer pour dépassé ( !).
On a tellement réussi à bannir ce mot, on a si bien réussi à faire croire à tout le monde que celui qui pensait différemment des autres est un ringard, que même les catholiques n’osent pas le prononcer et ne veulent même plus le penser :
SOUMIS
« Jésus leur était soumis … », nous dit l’Evangile

Nous fêtons aujourd’hui la sainte famille : Jésus, Marie, Joseph …

L’Eglise croit à la famille,
L’Eglise aime les familles, les soutient,
Elle veut les aider à se construire
(elle le fait en particulier dans la préparation au mariage, elle est en fait la seule institution en France qui prépare réellement au mariage, vérifiez sur Internet …)

Or, le premier service que l’Eglise rend à la famille, c’est de lui procurer un modèle : la sainte famille. Réécoutons l’oraison du début de la messe : Tu as voulu, Seigneur, que la sainte famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous la grâce de pratiquer comme elle, les vertus familiales et d’être unis par les liens de ton amour, avant de nous retrouver pour l’éternité dans la joie de ta maison.

La question est : que sont ces vertus familiales ?

Eh bien nous en avons un exemple, un exemplaire, devrais-je dire, dans l’Evangile :
« Jésus leur était soumis … ». La soumission est une vertu familiale, c’est une vertu conjugale aussi. La pensée unique, aujourd’hui, a rejeté cette vertu (et d’autres avec elle, d’ailleurs, peut-être est-ce l’idée même de vertu qui est rejetée) ; on a rejeté cette vertu parce que la société est devenue « adolescentrique » (pour reprendre un terme des sociologues d’aujourd’hui). En effet, au début de l’adolescence, on a l’illusion que se soumettre à l’autorité (celle des parents ou celle de tout autre autorité) constitue une capitulation, une négation de soi … et l’on rejette, un peu naïvement, tout ce qui ressemble à un ordre ou à une supériorité. C’est l’une des manifestations, à cet âge-là, de l’orgueil, le père de tous les péchés : je refuse de dépendre de qui que ce soit. Or l’Evangile nous fait contempler l’humilité de Jésus : Il est le Fils de Dieu, et il se soumet à deux fils d’homme : Marie et Joseph !
Noël, qu’est-ce que c’est ? C’est Dieu, le Tout-Puissant, qui se met à genoux devant nous, qui s’abaisse devant les hommes, afin de montrer que le chemin de l’humilité
est le seul chemin qui sauve.
Dieu, qui est le seul être qui pourrait avoir de l’orgueil, est rempli d’humilité, et il nous montre, en fait, que l’humilité est la seule force que rien ne peut détruire, car comment détruire ce qui est tout petit ? Comment anéantir ce qui est s’est déjà anéanti soi-même ? On ne peut rien faire contre l’humilité, elle est la vrai puissance qui sauve …

Femmes, soyez soumises à vos maris,
Maris, soyez aussi soumis à vos femmes, dans des domaines autres que ceux pour lesquels elles vous seront soumises ;
Enfants, soyez soumis à vos parents,
Paroissiens, soyez soumis à vos prêtres,
Prêtres, soyez aussi soumis à vos paroissiens, dans des domaines autres que ceux pour lesquels ils vous seront soumis,

Nous devons imiter le Christ, et donc nous soumettre ou nous soustraire, comme il le fait dans l’Evangile, dosant intelligemment une part d’autonomie et une soumission de fond, par humilité, pour le bien de la famille, et non pas pour satisfaire, d’une manière immature, notre ego toujours prêt à être froissé.

Il n’y a pas de rivalité entre les personnes divines, dans la Trinité … entre nous non plus, à l’exemple de Dieu, il ne doit y avoir de rivalité :
L’homme n’est pas fait pour dominer la femme, ni la femme pour dominer l’homme, mais chacun se soumet à l’autre, dans tel ou tel domaine de la vie familiale, sociale, car la mission est la même : construire des êtres heureux et libres, à partir des enfants qui nous sont confiés. Jésus, l’Esprit et le Père ont une mission, ils poursuivent, Il poursuit, devrais-je dire, une seule mission, aussi n’y a-t-il aucune lutte pour le pouvoir.

J’ai eu la chance de côtoyer à Rome une certaine Lucienne Sallé, qui a travaillé toute sa vie au sein du conseil pontifical pour les laïcs ; son travail, entre autres, aura été de rechercher les bases de ce que j’appellerais volontiers un « féminisme catholique ». Le point de départ de sa pensée à ce sujet n’a pas été –grâce à Dieu !- la comparaison stérile (d’origine marxiste) entre la condition féminine et la condition masculine, mais bien plutôt une femme accomplie, qui a réussi sa vie : la Vierge Marie.

Nous devrions, dans la famille, dans la société, et dans cette famille qu’on appelle l’Eglise, nous préoccuper d’avantage de la mission commune que d’une parité un peu naïve qui fait semblant de croire qu’un homme et une femme sont interchangeables.

Que chacun de nous cherche plutôt à se construire, elon la grâce de son propre mystère, plutôt que de nous comparer les uns aux autres, et d’en concevoir finalement de la tristesse …

Concrètement, cela veut dire, peut-être, se regarder soi-même avec réalisme
et avec l’aide de Dieu, considérer chacun quels sont nos dons, et les mettre au service des autres, en imitant Dieu, plutôt que les hommes, amen !

11 janvier 2007

Questions relatives à la catéchèse du 18 décembre 2006


Pourquoi les anges apparaissent-ils ?

Pour le temps présent, il est difficile de répondre … pour les temps bibliques, On peut dire que les anges sont apparus parce qu’il était nécessaire à tel ou tel moment de l’histoire du salut de manifester une volonté, une annonce, une requête de Dieu et c’est la raison pour laquelle ils se sont montrés d’une façon qui était sans doute proche de l’apparence humaine : il faut bien en effet que nous puissions voir quelque chose et nous apercevoir que nous avons affaire à quelqu’un, même si en toute rigueur de terme, un ange est un pur esprit et que l’on ne peut pas voir son « visage » ou son « corps » !


Comment les noms des différents anges sont-ils attribués ?

Les noms que l’on donne aux différents chœurs des anges (pour employer le terme traditionnel) viennent tout simplement de l’Ecriture. Certains théologiens et Pères de l’Eglise ont tout simplement « listé » dans la Bible chaque mention des anges, de sorte que l’on peut identifier aujourd’hui les différentes « familles » d’anges.

Pourquoi y a-t-il neuf sortes d’anges ? Est-ce que cela existe dans les Ecritures ?

C’est après avoir scruté toutes les mentions des anges dans la Bible que les Pères de l’Eglise ont déterminé neuf chœurs d’anges. Cependant, cette classification ne débouche pas sur du concret dans notre vie chrétienne : il s’agit surtout de recherches qui intéressent plutôt les spécialistes.

La chute des anges correspond-elle au péché originel ?

La chute des anges précède naturellement le péché originel et par conséquent quand nous contemplons le péché d’Adam et Eve dans la Genèse, nous voyons le reflet (c’est l’expression employée dans le catéchisme de l’Eglise catholique) de la chute des anges qui consiste à ne pas accepter d’être seulement des créatures mais à vouloir être « comme des dieux ».

Les anges ont-ils été préexistants à l’humanité ?

Oui bien entendu ; ajoutons simplement que les anges sont bien des créatures et par conséquent non éternels ! Ils ont été créés dans le temps.

Pouvez-vous préciser la mission précise de l’ange gardien ? Nous protège-t-il physiquement du danger, ou bien nous guide-t-il uniquement spirituellement ?

Un fait est certain : attendre de l’ange gardien une protection physique tient plus de la magie que de la spiritualité. Cependant, il est vrai que l’on ne peut pas décider, nous humains, qu’un ange ne doit jamais physiquement nous éloigner ou nous protéger du danger, cela reste toujours possible, je n’ai pas de réponse à cette question.

Il est certain également que l’ange gardien nous guide spirituellement et ce phénomène se réalise dans le fait que son esprit communique à notre esprit des choses diverses qui concernent Dieu comme une sorte d’influence…
On pourrait utiliser l’image de deux flaques d’eau qui sont éloignées de quelques centimètres l’une de l’autre : une goutte peut venir se mettre entre les deux et fait se rejoindre les deux flaques. Nous avons un esprit, les anges sont des purs esprits, Dieu est esprit … imaginons qu’il y a comme trois flaques : Dieu, l’ange gardien et nous-mêmes, de sorte qu’il y a communication entre les esprits d’une manière un peu subtile, une manière que nous avons du mal à cerner exactement.

Pouvez-vous définir le terme Providence ?

Providence vient de deux mots latins : « pro » qui signifie : avant et « videre » qui signifie voir. La « Pro-vidence » est cette capacité que Dieu a de voir avant, de voir les évènements avant qu’ils ne se produisent : Dieu dispose sur notre route un certain nombre de choses dont nous pourrions avoir besoin pour accomplir sa volonté et pour être heureux. La Providence est donc cet ensemble d’actions mystérieuses de Dieu sur les cœurs et sur les choses qui lui permettent de nous guider vers lui. Elle peut agir par des biais matériels ou par des biais spirituels, nous découvrirons au ciel tout ce que Dieu aura posé comme jalons sur notre route pour nous conduire dans la béatitude avec lui .

Est-ce que Dieu crée encore ? Comment peut-on concilier l’idée que Dieu ne peut plus agir dans sa création avant la fin du monde et le fait qu’on le prie pour qu’il intervienne dans nos problèmes quotidiens ?

Oui, Dieu crée « encore » le monde : la création du monde n’est pas un acte qui s’est déroulé il y a quinze milliards d’années, la création est un acte éternel de Dieu. Dire que Dieu a créé le monde il y a quinze milliard d’années, ce serait enfermer Dieu dans le temps alors qu’en réalité Dieu a créé le temps en même temps que l’espace (l’espace et le temps vont ensemble). Dieu peut agir dans sa création et c’est la raison pour laquelle nous faisons bien de prier pour qu’il intervienne, mais il ne faut pas attendre que Dieu règle nos petits problèmes quotidiens, car nous inverserions cette prière du Notre Père : « Que ta volonté soit faite ».Il faut vraiment que nous convertissions notre manière de prier pour demander que sa volonté soit faite et non la nôtre. Dieu aime que nous le priions, même si la prière que nous faisons est impure, insuffisante etc.… peut-être faut-il ajouter qu’il serait bon de développer davantage la prière d’action de grâce et de louange, plus que la prière de demande qui est tellement spontanée qu’elle ne nécessite aucun apprentissage.

Prie-t-on nos anges ou avec nos anges ?

Nous faisons les deux : nous pouvons prier les anges et nous prions en fait avec eux notamment à la messe, lorsque nous les invoquons à la fin de la préface juste avant le « sanctus », ou alors au moment du « je confesse à Dieu », ou encore pendant la prière eucharistique …

Les anges ont-ils un rôle uniquement protecteur ?

S’il s’agit des anges gardiens, oui leur rôle est uniquement protecteur.
S’il s’agit des anges en général, les missions des anges varient en fonction de la volonté de Dieu.

Après notre mort que devient notre ange gardien ?

La réponse la plus franche et la plus juste à l’heure où je réponds est que je n’en sais rien ... si ce n'est qu'il ne cesse pas d'exister, en tous les cas !

Comment peut-on parler d’Adam et Eve aux enfants ?

Cela dépend de l’âge des enfants, car on ne dit pas la même chose à un enfant de 4 ans qu’un un enfant d’une douzaine d’années.
Pour les petits ( même si je ne suis pas psychologue ), étant donné qu’ils ne font pas ou peu la différence entre ce qu’ils entendent de leurs parents, à l’école, à la télévision, entre les réalités, les mythes, les légendes, les histoires, etc … il est préférable de raconter l’histoire de la même façon que la Genèse le fait, afin qu’ils la connaissent ne serait-ce que culturellement.
Et puis au fur et à mesure qu’ils grandissent, on peut leur expliquer que cet arbre n’est pas un pommier mais que c’est l’arbre de la connaissance du bien et du mal, que le péché d’Adam et Eve a consisté à vouloir décider à la place de Dieu ce qui était bien ce qui était mal. C’est la deuxième étape.
Et la troisième étape, à partir de 15 ans par exemple, on peut commencer à analyser la Genèse comme un récit remplis de vérité mais parsemé d’inexactitudes « scientifiques » ; on expliquer que ce n’est pas un livre de science, mais une révélation du mystère de Dieu, de l’homme ; on les aidera à distinguer dans ce récit quelques éléments de la mythologie babylonienne que l’on peut identifier en comparant la Genèse avec des textes contemporains ; on abordera enfin la question du rapport à la vérité, rapport qui n’était pas le même à cette époque que notre propre rapport à la vérité (il est possible de parvenir à la vérité par des chemins différents).

Que peut-on répondre sur l’image de l’enfer et du paradis ?

Si cela concerne les enfants, se reporter à la question précédente … par ailleurs, on peut se plier à l’imagerie traditionnelle de l’enfer qui le présente avec des flammes, beaucoup de souffrances et beaucoup de laideur, et lorsque l’enfant grandit, on pourra lui expliquer que l’enfer n’est pas un lieu tel que nous l’imaginons sur terre, mais plutôt un « état » de ceux qui vivent loin de Dieu pour toujours.
Cependant, il est nécessaire de se représenter les choses, car on ne peut pas se représenter un état sinon en dessinant quelqu’un qui est dans cet état (on se représente ce qu’est la peur en dessinant le visage de quelqu’un qui a peur ou en montrant des gens qui ont peur …). De la même façon on ne peut parler de l’enfer sans un minimum d’imageries et de folklore pour faire comprendre ce qu’est l’enfer.
Cela nous ramène à ce dont nous avons parlé sur Fatima : ce que les enfants ont vu, c’est une représentation de l’enfer mais on ne peut pas dire que ce soit l’enfer en lui-même, car on ne peut pas voir quelque chose qui n’est pas dans l’espace.

Que peut-on dire de la liberté des possédés ?

La possession diabolique est une aliénation d’une personne qui ne se contrôle plus elle-même mais qui est comme « téléguidée » par les forces du mal (dans le cas d’une véritable possession, par Satan lui-même).
Il est difficile, en effet, de parler de liberté, au sens le plus noble du terme, mais dans un cas de possession diabolique, il est hautement probable qu’à un moment ou à un autre de son existence, la personne a effectivement consenti au mystère du mal dans sa vie, peut-être pas directement dans un acte de culte à Satan, mais au moins dans une compromission très forte et résolue avec le mystère du mal.
A vrai dire, la détermination de la liberté d’un possédé est très difficile, car il y a plusieurs degrés dans la possession diabolique, il y a des états extrêmement graves, ceux qui sont décrits dans les films d’une façon plus ou moins réalistes, mais aussi des degrés moins forts comme les obsessions par rapport au mystère du mal et qui ne sont pas à proprement parler des possessions.

La création d’Adam et Eve est-elle « terminée » après la faute ? Adam et Eve étaient-il complètement créés avant la faute ou l’ont-ils été après la faute ?

Adam et Eve (nos premiers parents) ont été entièrement créés lorsqu’ils sont venus au monde. Il n’y a pas eu de continuation de leur création après la faute. La faute a altéré les créatures que sont Adam et Eve, ils ont eu un amoindrissement d’être par le péché, ce qui veut dire que lorsque nous péchons nous-mêmes, nous amoindrissons en nous la liberté, la joie, le bonheur pour lesquels nous sommes faits. C’est la principale leçon que nous pouvons en tirer.

Ne sommes nous pas en train de retomber dans le péché originel dans la mesure où nos parlements démocratiques nous laissent entendre que ce qui est légal est moral et réciproquement ? cf. la réaction de la présidente de l’association française contre la myopathie qui dit qu’elle ne sort pas du cadre de la loi (et donc du cadre moral)

La nature du péché originel (qui est essentiellement un péché d’orgueil) fait que nous continuons de pécher de la même manière qu’Adam et Eve. A chaque fois que nous commettons un péché d’orgueil, nous retombons dans le même péché que le péché originel, mais nous ne retombons pas dans le péché originel lui-même, qui est le péché commis dans les origines. Donc nos péchés d’orgueil sont de même nature que le péché de nos premiers parents.
Il est vrai que ce qui est légal n’est pas forcement moral et nous devons résister à cette idée que ce qui est légal soit forcement bon : nous en avons l’exemple dans l’avortement ou dans certains projets de lois sur l’euthanasie.

04 janvier 2007

Catéchèse du 18 décembre 2006
l’exposé

Le Credo commence par cette phrase : « Je crois en un seul Dieu, créateur du ciel et la terre, de l’univers visible et invisible »

Tâchons de répondre à la question suivante : que signifie « le ciel et la terre » (question posée à l’époque et aujourd’hui) ?

A la première annonce (le « kérygme »), la première formulation détaillée de la foi, le symbole des apôtres (215 environ) a évidemment ajouté le dogme de la Création (« créateur du ciel et de la terre »), premier dogme du judaïsme et premier dogme aussi de l’Eglise catholique (Même si le premier annoncé fut la Résurrection). Au symbole des apôtres, le symbole de Nicée-Constantinople) (381) ajoute : « de l’univers visible et invisible »

Apparemment, c’est une description physique …
Mais il s’agit aussi d’une description théologique qui signifie « tout » et qui montre que l’existence des anges fait partie de la foi. Nous allons détailler cela.

a- cette expression (« ciel et terre ») est un MERISME

par ce mot, on décrit une habitude chère au judaïsme qui consiste à accoler deux termes opposés, afin de signifier la totalité, voici quelques exemples :

au commencement, Dieu créa le ciel et terre , en genèse I
« à lui la mer, c’est lui qui l’a faite,
et les terres car ses mains les ont pétries »
« il tient en main les profondeurs de la terre,
et les sommets des montagnes sont à lui » dans le ps 95 (94)
« jeunes et vieux se réjouiront ensemble » dans le livre de Jérémie 31,13

Mais à vrai dire, nous utilisons nous aussi des mérismes, aujourd’hui :
« pour les hommes et pour les femmes … » refrain de Prière Universelle.
« les petits et les grands » … dans les publicités

b- cette expression (« de l’univers visible et invisible ») permet de préciser ce que l’on entend par « ciel et terre » : elle désigne les anges parmi les créatures invisibles

Qu’est-ce qu’un ange ? Il s’agit d’un être spirituel, créé, un pur esprit, doué d’intelligence et de volonté, qui a principalement deux fonctions :
louer & adorer Dieu
remplir une mission de la part de Dieu (angelos est un mot grec qui signifie messager)

CEC 328 « l’existence des êtres spirituels, non corporels, que l’Ecriture sainte nomme habituellement « anges », est une vérité de foi. Le témoignage de l’Ecriture est aussi net que l’unanimité de la Tradition »

En effet, 1040 versets dans la Bible mentionnent leur existence
80 références dans le CEC
La Tradition à ce sujet est constante, ce qui signifie qu’on a jamais cessé de « croire aux anges », comme on dit (à noter le concile du Latran en 1215 – le « Credo » de Paul VI (juin 1968) – le concile Vatican II (LG 49 50 66 69) – le Pape Jean-Paul II (catéchèses de 1986), le cardinal Ratzinger en 1991 …

La liturgie, quant à elle ne cesse de faire référence aux anges : conclusion des préfaces ; je confesse à Dieu ; antiennes ; prières eucharistiques ; fêtes, etc …

Il y a toutes sortes d’anges, anges et archanges …
Denys l’Aéropagite compte neuf chœurs d’anges :
séraphins chérubins trônes
dominations, puissances vertus
principautés archanges anges

c- la chute des anges

la Bible ne la décrit pas, mais elle l’atteste (2ème épitre de saint Pierre 2,4) ;
nous en avons « comme le reflet », dit le CEC, en Gn 3,5 « vous serez comme des dieux » : la chute des mauvais anges consiste essentiellement en un péché d’orgueil, dans le refus d’être simplement créatures.

Le premier des anges déchus, qu’on appelle communément « Diable » a plusieurs noms : Satan (qui signifie adversaire) ; Démon (qui signifie esprit) ; Diable (qui signifie diviseur) …

NB. Malgré la récente mise de côté de la réalité des anges, il faut bien noter que cette existence de ces êtres célestes est, en outre, un lieu supplémentaire pour l’Eglise d’annoncer le Salut en Jésus-Christ, plus puissant que l’orgueil et son cortège de péchés.

d- la chute des hommes, le péché originel

ce péché personnel de nos premiers parents fait désormais partie de nos « gènes spirituels », il est pour nous devenu « originel ». Notons que :

le baptême efface le péché originel (il efface la « blessure originelle » préfère dire Mgr Bruguès)
tandis que la concupiscence demeure, comme une inclination au mal qui demeure même après le baptême.

Le problème actuel de l’acceptation du péché originel concerne en réalité moins le péché originel lui-même que le statut de la Bible (du XIXème siècle à nos jours), et particulièrement l’existence d’Adam et Eve, le rapport à la vérité dans la Bible et aujourd’hui, … de sorte que l’on a de la peine à admettre purement et simplement le fait du péché originel tel qu’il nous est raconté, en raison notamment de la distinction que nous ne faisons qu’à grand’ peine entre vérité et exactitude (reportez-vous à la précédente catéchèse).

Le mouvement de cette doctrine de cette doctrine du péché originel est le suivant :

A la suite du récit biblique, la doctrine catholique à ce sujet suit un mouvement qui part de Dieu et revient à lui, mais en empruntant une route sinueuse …
Lorsque Dieu établit toutes choses dans l’amour, Il fixe simplement une limite : ne pas décider à sa place ce qui est bien et ce qui est mal (manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal)
Il n’est pas question de pomme dans la Genèse (on doit cette représentation à St Augustin qui joua avec les mots « malum » [le pommier] et « malum » [le mal !]).
L’homme respecte au départ cette disposition divine, et il ne connaît ni honte ni division intérieure.
L’homme est tenté de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal
Il risque de rompre alors quatre harmonies : avec Dieu, avec les autres, avec lui-même, avec la création.
L’homme cède à la tentation
Dieu prend acte de sa décision
La condition humaine sera celle-ci jusqu’à nouvel ordre
Les harmonies sont rompues, l’histoire de l’homme devient chaotique
Dieu envoie son Fils, plus puissant que la mort et le péché
L’homme peut ainsi « revenir à Dieu », dans une vie de conversion
Cette condition de l’homme sauvé par Jésus-Christ est meilleure encore que l’ancienne (du paradis terrestre).
Catéchèse du 20 novembre 2006
l’exposé

1) L’Eglise expose sa foi

La dernière fois, nous avons eu l’occasion d’évoquer le « parcours » qui fut celui de la, première annonce de la Foi, du kérygme au Credo (de 33 à 381). L’Eglise a donc été en position d’exposer avec de plus en plus de précision ce en quoi elle croit, et plus exactement Celui en qui elle croit, le Christ …

2) « Je crois en un seul Dieu, créateur du Ciel et de la terre »

Prononcer cette phrase, aujourd’hui, n’est pas sans difficulté, y compris pour les chrétiens eux-mêmes. Nous sommes tellement rationalistes et matérialistes –baignés que nous sommes dans une pensée dominante, que l’exposé « brut » de la Foi n’est plus capable de nous convaincre intérieurement, d’une façon inébranlable : nous avons besoin, plus encore que nos anciens, de revenir à la source de l’acte de foi, de savoir exactement ce que signifie le mot « croire », et si cette foi est compatible avec la science (celle-ci représente, même pour nos esprits de croyants, une référence vraiment solide et fiable !). Je propose d’aborder cette question de la « compatibilité » entre foi et science au moyen de cinq « couples », couples de mots qui sont éclairants à ce sujet …

1er couple : Vérité et exactitude

Tout ce qui est dans la Bible est vrai, car ce livre est inspiré par Dieu (Lui qui ne peut pas inspirer du faux). Mais tout ce qui est dans la Bible n’est pas forcément exact, car ce livre fut écrit par des gens qui ignoraient beaucoup de choses encore en matière de science physique.
NB. C’est une grande différence avec le Coran, dont les musulmans disent qu’il fut dicté mot à mot à Mahomet par Dieu et que on ne peut pas lire autre chose que ce qui est strictement écrit. L’Islam est selon ses propres termes une « religion du livre », le Christianisme, lui est une religion de la Parole, pas du livre !

A l’inverse, tout ce que nous dit la science physique est exact (ou du moins tend à l’exactitude), mais pas forcément vrai (le Big Bang est une hypothèse, sérieuse, certes, mais notre approche de ce phénomène est très mythique, nous utilisons des images et des descriptions qui permettent de fixer notre esprit sans pour autant être ni vérifié ni vérifiable) !!!

Prenons deux exemples :
La création de la femme, telle qu ‘elle est décrite par la Genèse, nous donne l’impression que Dieu a pris une côte à l’homme pour former, comme par magie une femme … sans pouvoir le vérifier absolument, il est tout de même difficile d’admettre que ce texte est exact ; cependant, il dit certainement la vérité, et voici comment nous pouvons détailler cette vérité :
La femme est de la même chair que l’homme (il y a entre eux une égalité de dignité)
Elle forme avec l’homme une unité (il y a entre eux une besoin réciproque et une parfaite complémentarité)
Avec l’homme elle est image de Dieu (« homme et femme il les créa, à son image…)

Ajoutons, pour notre nourriture spirituelle, l’interprétation mystique que fait Saint Augustin de ce passage de la Genèse : la côte, élément du corps le proche du cœur, nous indique que la femme a un rôle particulier à jouer pour l’éducation du cœur de l’homme, du petit d’homme comme de son homme ; si la femme avait été tirée de la tête de l’homme elle aurait eu pour vocation de diriger l’homme, si elle avait été tirée d’un membre inférieur, elle aurait eu pour vocation d’être l’esclave de l’homme… Rien de tout cela, ce fut la côte qui fut choisie.

Autre exemple : le passage de la mer rouge
Il est raisonnable de penser que ce texte comporte des inexactitudes, cependant, en conformité avec ce qui est écrit et que nous tenons pour parfaitement vrai, nous pouvons ajouter :
Que le peuple hébreu est bien passé à travers la mer
Que les égyptiens ont bien péri dans la mer
mais comment exactement, en combien de jours, d’heures ?? Mystère…


2ème couple : Mythe et réalité

Lorsqu’une réalité nous échappe, et que nous voulons la décrire quand même car elle donne sens à notre vie, nous pouvons avoir recours au mythe

Voici deux exemples de mythes :
le mythe de Prométhée, qui vola aux dieux les arts et l’art du feu en particulier, dont le but est de nous expliquer l’étincelle divine qui est en l’homme et son incapacité politique
le mythe de Frankenstein (Mary Shelley), ce savant dépassé par sa créature dont le but est de nous expliquer le caractère incontrôlable des progrès de la science

Qu’est-ce qu’un mythe ? Il s’agit d’une histoire inventée, composée, même, pour faire comprendre une théorie ou approcher un mystère
histoire, c’est-à-dire quelque chose que l’on raconte, qui intéresse forcément, on aime les histoires
inventée, ça n’a jamais existé
pour faire comprendre ou approcher un mystère, car sa compréhension est vitale.

Une question se pose alors : la Genèse est-elle un mythe ?
C’est une histoire, en effet, mais une histoire vraie qui emprunte des éléments à des mythes déjà connus à cette époque (des mythes babyloniens) pour nous faire approcher le mystère de la Création. Cependant, la Genèse n’est pas un mythe, elle est même un « anti-mythe », dans la mesure où, utilisant ces éléments de la mythologie babyloniennes, les désacralisent en ne sacralisant que la personne de Dieu. Celui-ci est placé, en tant que Créateur, bien au-dessus de tous les éléments créés.

A l’inverse, la science nous propose
Une histoire (la soupe originelle, la chaleur, l’explosion, le refroidissement et le mouvement)
Une histoire qui se repose sur des données exactes (mais à vérifier !)
Pour nous expliquer le mystère de nos origines, car cela vital pour nous.
En somme, le Big Bang est beaucoup plus mythologique que la Genèse !!!

3ème couple : Physique et métaphysique

La science physique a pour but d’étudie le réel.
Dans l’espace : il va de plus en plus profondément dans la connaissance de la matière (dans le sens de l’infiniment petit et dans le sens de l’infiniment grand)
Dans le temps : il remonte celui-ci grâce à des instruments de mesure et par déduction à partir du présent ; il remonte le temps sans pouvoir en établir l’origine !!!

La métaphysique (mot à mot « après la physique ») est une opération de l’intelligence humaine qui consiste à remonter plus loin encore dans l’explication de l’espace et du temps, dans des explications qui ne sont plus le fruit direct de l’observation du réel, mais qui interprètent celui-ci pour avoir le dernier mot sur l’être, le monde, l’homme … ; la métaphysique est une partie de cette grande œuvre de connaissance et de réflexion qu’on appelle la philosophie.

La tentation permanente de la science physique est de ne pas travailler humblement dans sa sphère de compétence, et de se servir du crédit qu’on apporte à cette science pour faire passer un « message » sur le monde et sur l’homme, message qui est d’ordre métaphysique. On peut constater alors ici ou là une certaine malhonnêteté qui part de présupposés métaphysiques (ex : « Dieu n’existe pas » !) et utilisent des données physiques brutes pour appuyer la thèse de départ …

A l’inverse, la métaphysique a tout intérêt à ce que ses interprétations du réel ne viennent pas contredire ce que la science physique établit de manière solide. De part et d’autre, il ne doit y avoir ni mépris, ni méfiance, car en fait, ces deux tâches sont complémentaires et même successives.

Le scientisme est l’ensemble des courants d’idées qui consiste à ne faire crédit qu’à la science physique, lui attribuant des pouvoirs métaphysiques (ex : « le monde est éternel, la « science » nous le prouve »).

4ème couple : Foi et Raison

« La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité »(fides et ratio – Jean Paul II) L’une et l’autre ont besoin l’une de l’autre.

La foi sans la raison produit le « fidéisme », on croit sans réfléchir, on se rend incapable de communiquer avec l’extérieur, on finit même par faiblir dans la foi, car celle-ci a besoin de se structurer dans le cœur et l’intelligence.

La raison sans la foi produit le « rationalisme », on refuse de croire quoi que ce soit en dehors de ce que la raison nous présente.

Le divorce entre foi et raison s’est produit environ à la fin du mal nommé « Moyen-Age », en particulier sous l’impulsion de Descartes et dans une certaine mesure Galilée (qui n’a pas été condamné pour ses découvertes, mais parce qu’il a cru que celles-ci mettaient fin à la pertinence et à la vérité du texte biblique, ce qui va contre la foi et même –et donc- contre la vérité).

Pour revenir à l’union harmonieuse entre foi et raison, l’Eglise a retenu deux formules inséparables :
fides quaerens intellectum : la foi qui recherche l’intelligence, la foi qui cherche sans cesse à comprendre, à se comprendre et à comprendre les autres.
intellectus quaerens fidem : l’intelligence qui recherche la foi, c’est-à-dire l’intelligence –qui par nature cherche à comprendre- cherche ce qui va « couronner » sa recherche, la foi, explication dernière et totale de tout l’univers.

5ème couple : Création et Rédemption (l’enseignement du CEC)

Le CEC commence par dire que l’affirmation de la Création est inséparable de celle de la rédemption, c’est-à-dire la création nouvelle dans le Christ. Il est insuffisant pour un chrétien de dire que Dieu a créé au « début » le ciel et la terre, il est indispensable d’ajouter que si Dieu a créé au début, il continue en fait de créer, il ne cesse jamais de créer, dans le but de faire partager à sa création et en particulier à l’homme sa gloire et sa béatitude (c’est un des signes très sûrs de l’amour que de ne pas garder pour nous ce qui fait notre joie, n’est-ce pas ?) ; or, il se trouve que l’homme s’est détourné de Dieu après avoir eu pourtant la révélation de son amour, voilà pourquoi le Christ, le Fils éternel de Dieu le Père, apporte à l’humanité la Rédemption (il nous a « rachetés »), et cette rédemption, ce rachat, est une véritable re-création, une restauration de la Création initiale.

On le constate aussi, la création est l’œuvre de la Trinité, et non du Père « seul » … St Irénée dit que le Fils et l’Esprit sont comme les deux bras du Père (la comparaison est faible mais parlante).

Lorsque l’on dit « du ciel et de la terre », on veut dire que Dieu a créé la totalité de l’univers (on appelle cette figure de style un mérisme), mais aussi que Dieu n’a pas créé que le visible mais aussi l’invisible (on pense aux anges en particulier).

C’est à partir de rien que Dieu a tout créé : on appelle cela la « création ex nihilo » … Alors Dieu a-t-il fait le Big Bang ? Si cette hypothèse s’avère juste, alors, oui, car cette explosion primitive a réorganisé une matière préexistante, laquelle fut créée par Dieu ; et c’est encore Dieu qui, mystérieusement, a présidé à cette réorganisation de la matière, et à tous les stades de la « construction » de l’univers, jusqu’à l’homme.

La création est « en état de cheminement », dit le CEC, vers sa perfection. A aucun moment cette affirmation n’est reliée explicitement aux théories de l’évolution et ce pour 2 raisons : d’abord parce que ces théories n’entrent pas dans la doctrine de la création (dont le but est de dire que Dieu a créé l’univers et non comment exactement il le fait), et ensuite parce que les théories de l’évolution ne commentent pas un plan préétabli de création et d’entretien de celle-ci (point de vue théologique), mais tente de comprendre un phénomène qu’elle finit par qualifier de « aléatoire ».
Ce n’est qu’à la fin que nous aurons le fin mot de l’histoire de la Création, de la Providence, et puisqu’il est question de celle-ci, il faut bien se garder de décréter catégoriquement que Dieu ne fait rien, qu’il laisse tout faire, ou au contraire qu’il empêche le pot de fleur de tomber sur ma tête, nous ne savons pas comment Dieu agit, pas plus que nous ne savons comment exactement il a créé ; ce qui est sûr, c’est qu’il a créé, qu’il agit, et surtout qu’il nous aime et veut nous conduire à la Béatitude.
Questions relatives à la catéchèse du 20 Novembre 2006


1 – Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance.
Quelle différence entre ces deux mots ?

A vrai dire, en hébreu, les deux mots que l’on traduit en français par « image et ressemblance », sont synonymes et par conséquent il s’agit originellement d’une répétition ou si vous préférez d’une redondance. Etant donné que deux mots différents ont été prononcés, un très grand nombre d’interprétations ont été données, mais ces interprétations sont souvent anachroniques, en ce sens qu’elles essaient de comprendre une expression hébraïque avec une mentalité contemporaine, qui n’a plus rien à voir avec la mentalité juive de l’époque : nous avons la tentation de durcir la différence entre l’image et la ressemblance alors que c’est sans doute deux fois la même chose. Ce que je dis là n’exclue pas une intention divine (nos interprétations sont toujours partielles), de sorte que Dieu nous indique quelque chose par cette répétition. Je ne prétends pas avoir le dernier mot à ce sujet.
Je vous invite plutôt à vous concentrer sur le fond, c’est-à-dire sur le fait que l’homme est la seule créature de Dieu à être créé à l’image et à la ressemblance du créateur, ce qui est déjà en soi un programme extraordinaire !

2 - On comprend la notion de péché originel avec l’existence du Malin.
Ce qui est incompréhensible c’est la question suivante : comment un être parfait, un ange (Lucifer) a-t-il pu choisir le mal ? Cela ne suppose-t-il pas que le principe du mal était en germe en lui … or si l’on admet cela, cela revient à dire qu’au départ de tout, préexiste un principe du bien et un principe du mal ?

Vous parlez d’une réalité « absolument incompréhensible » … « incompréhensible » certes ! « Absolument », le mot est sans doute trop fort. Il y a, c’est vrai, quelque chose de mystérieux dans le fait que Lucifer (celui qui « porte la lumière », c’est le sens de ce mot ), un être aussi parfait, puisse avoir refusé l’amour de Dieu alors qu’il n’était pas embourbé comme nous le sommes dans les désirs terrestres contradictoires.
Mais au fond le choix du mal chez un ange n’est pas plus mystérieux que le choix du mal chez vous et moi. Nous sommes tous mystérieusement attirés par des choses dont nous savons bien qu’elles sont mauvaises, mais nous les préférons, sans doute par orgueil. L’essence du péché de Satan et l’essence de notre péché à nous est la même : l’orgueil … « vous serez comme des dieux » a dit le serpent à Adam et Eve.
On ne peut pas dire que le principe du mal était en germe en lui, car il n’y a pas un principe du bien et un principe du mal qui président tous deux à toutes choses, c’est justement l’erreur du manichéisme.
Le « manichéisme » est un mouvement philosophique suscité par un certain Manès au troisième siècle de notre ère (216-277). Cette philosophie ne prenait pas en compte la création du monde par Dieu, mais une préexistence de deux principes (le Bien et le Mal) avant même l’apparition de l’homme.

3 – Quelle est la date de l’écriture de la Genèse ?

Les spécialistes de la Bible aujourd’hui supposent que la Genèse a été écrite environ 500 ans ou 450 ans avant JC, à une époque où le peuple juif, conscient d’avoir été sauvé par Dieu, a demandé à Dieu des lumières sur ses origines, et sur l’origine du monde.
La Genèse, même si elle se trouve en premier dans nos éditions de la Bible, n’est probablement pas le premier livre qui ait été écrit parmi les livres bibliques, mais sans doute après un certain nombre de livres comme par exemple l’Exode.

4 – La création du monde invisible : les anges, l’ange gardien, le messager ?

Comme l’indique votre question, le mot « ange » signifie « messager ( angelos en grec ) » : les anges sont en effet concernés par la phrase du Credo qui dit que Dieu a créé le monde « invisible » et non pas seulement le monde visible. Cette création des anges n’est pas racontée dans le livre de la Genèse, mais l’existence et la réalité des anges ainsi que des démons est attestée par toute l’Ecriture, de la Genèse à l’Apocalypse, c’est pourquoi le fait de croire en l’existence des anges et des démons fait bien partie de la foi.
Il n’a pas semblé nécessaire au rédacteur de la Bible de mentionner, même d’une manière imagée, de quelle manière les anges ont été créés ; ce qui est fondamental c’est que Dieu a tout créé sans aucune exception.
Tout ce dont l’existence est attestée dans la Bible trouve son origine en Dieu, évidemment, à l’exception du mal.

5 – Comment aborder la question de la Création avec les enfants de l’âge du catéchisme ?

Je commencerai par dire que puisque ce sont des enfants, nous devons leur parler comme à des enfants, c’est à dire ne pas mettre dans leurs esprits des questions d’adultes sur le temps, l’histoire, la relation entre la science et la foi … tant que ces questions ne se posent pas à eux. Il faut laisser les enfants être des enfants tant qu’ils le sont.
Il faut dire le fait brut de la création, il faut dire que Dieu est créateur et simplement cela, car c’est la chose la plus simple et la plus vraie à dire : tout ce qui nous entoure, c’est Dieu qui l’a fait.
Si la question du Big Bang ou la question de la science intervient, on peut aller plus loin et dire que le langage de la science et celui de la Bible sont deux langages différents et complémentaires : la Bible nous dit qui a créé le ciel et la terre, et la science recherche comment ce monde créé entièrement par Dieu s’est peu à peu constitué comme il est aujourd’hui.
On peut, par ailleurs, utiliser deux images. La première servira à expliquer le langage biblique, la seconde à ne pas mélanger la science biblique et la science physique.
La première image est celle de l’amoureux : quand un amoureux parle de son amoureuse, il parle d’une certaine manière qui n’est pas toujours très rigoureuse mais qui est en général très vraie. Reprenons donc cette phrase que nous avons vue la dernière fois : tout ce qui est dans la Bible est vrai, mais pas forcément exact.
On peut utiliser une autre image pour montrer que les deux compétences de l’écrivain de la Bible et du scientifique sont deux compétences différentes.
Il ne faut pas demander à un boulanger des renseignements sur la boucherie, ni à un boucher sur la boulangerie. Donc le scientifique ne peut pas dire que Dieu a créé ou n’a pas créé le ciel et la terre, cela ne relève pas de sa compétence. De même, celui qui commente la Genèse n’a pas pour compétence d’expliquer scientifiquement le phénomène de la naissance des planètes et l’apparition de la vie.

6 – Pourquoi la Nature créée par Dieu provoque-t-elle la souffrance par ses cataclysmes : éruption volcanique, tsunami etc..

Je crois que pour répondre à cette question extrêmement délicate il faut mettre dans notre panier plusieurs choses
1° La question du péché originel ( ce sera notamment l’objet de notre catéchèse du 18 décembre ) : en effet, le péché d’Adam et Eve, comme on l’appelle, est un péché qui n’a pas simplement rompu la relation entre l’homme et Dieu, en réalité il a rompu quatre relations :
- la relation de l’homme avec Dieu,
- la relation de l’homme avec les autres hommes (ils se sont aperçus qu’ils étaient nus, ils ont eu honte l’un devant l’autre).
- la relation de l’homme avec lui-même
- et la relation entre l’homme et la nature. Le livre de la Genèse dit que cette perturbation a fait que désormais rien n’est plus comme avant, le monde tourne moins bien.
Voilà la première chose que nous pouvons mettre dans notre panier.
2° Mais il faut ajouter une autre chose qui est importante : l’autonomie de la Création. La Création n’est pas une marionnette entre les mains de Dieu de sorte que Dieu ferait toutes les belles choses et aussi toutes les mauvaises.
En réalité, il y a des choses, peut-être, qui se font sans que Dieu agisse directement ; cependant, cela est mystérieux, ne soyons pas trop précis ! Il faut manier ces idées avec beaucoup de précaution parce que nous ne savons pas et ne nous saurons jamais jusqu’à notre arrivée au ciel, de quelle manière exactement Dieu intervient ou n’intervient pas dans la Création .
3° Et enfin dans le panier je mettrai une troisième chose : la présence de Jésus et en particulier de Jésus crucifié.
J’ai eu l’occasion dans cette catéchèse de citer cette phrase de Claudel qui me paraît éclairante à ce sujet « Jésus n’est pas venu pour expliquer la souffrance, il n’est même pas venu pour la soulager, il est venu pour l’emplir de sa présence » … autrement dit, à chaque fois que nous souffrons et en particulier de manière injuste, Jésus qui a souffert de manière injuste également est avec nous, il sait ce que nous avons vécu, ce que nous vivons, il l’a vécu lui-même et il est véritablement à même de nous accompagner.

7 - La Foi ne peut contredire la Raison
Quid de la Résurrection et de l’Eucharistie ?

La Foi en la Résurrection et la Foi en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie ne sont pas en contradiction avec la raison. Ces deux réalités et toutes les autres réalités mystérieuses de notre Foi dépassent la raison.
En fait le problème que nous avons, n’est pas qu’il y ait en effet contradiction entre les deux ( car il n’y en a pas ! ), le problème est que nous avons donné le statut de certitude uniquement à ce qui est à la portée de notre raison , ou si vous préférez nous sommes rationalistes.
Le rationalisme consiste à ne tenir pour vrai que ce qui est dominé par notre raison, or il y a des choses qui ne sont pas dominées par la raison comme la Résurrection ou la présence de Jésus dans l’Eucharistie : elles ne sont compréhensibles que par la Foi.
Il nous faut redonner ses lettres de noblesse à la Foi de sorte que, comme le dit Jean Paul II dans son encyclique « Fides et Ratio » la Foi et la Raison « sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité ». Nous sommes devenus, nous aussi chrétiens, tellement rationalistes, que nous ne croyons plus que ce que nous dit la Foi est absolument certain et beaucoup plus certain encore que ce que nous dit notre raison.
Dieu est infiniment plus concret, infiniment plus sûr que tout ce que notre raison est capable de comprendre …

03 janvier 2007

CATECHESE – FORUM des QUESTIONS
questions relatives à la catéchèse du 23 octobre 2006

1 - Pourquoi Dieu a-t-il choisi Abraham et son peuple ?
Pourquoi ce peuple-là et à cette époque-là, était-ce une civilisation plus mûre qu’une autre, plus en recherche ?
Il me semble que le choix d’Israël, le choix d’Abraham par Dieu n’est pas plus mystérieux que le choix d’un mari pour une femme ou d’une femme par son mari, c’est une question d’amour.
Il y avait à cette époque des peuples beaucoup plus développés, beaucoup plus structurés, et beaucoup plus prestigieux et par conséquent nous comprenons que le choix de Dieu n’est pas celui du prestige humain, mais celui de son amour gratuit qui a fait d’un seul homme, avec une toute petite tribu, Abraham et sa famille, un grand peuple que l’on appelle Israël

2 – Pouvez-vous préciser l’idée de « l’homme capable de Dieu », tandis que Jésus Christ nous demande d’aller enseigner toutes les nations ?
Les deux versants de la question se complètent parfaitement, parce que si l’homme est capable de Dieu, cela signifie que tous les hommes qui nous entourent ici dans notre quartier et partout dans le monde sont capables de Dieu ! Nous devons aller enseigner tous les hommes avec cette certitude que Dieu prépare leur cœur, que Dieu veut qu’ils soient évangélisés, que son amour soit connu de tous les hommes.

3 - L’expression « homme capable de Dieu » équivaut-elle à celle d’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ?
A vrai dire les deux expressions ne sont pas exactement équivalentes mais évidemment elles sont très liées, si l’homme est capable de Dieu, c’est parce qu’il a été créé à l’image de Dieu.

4 – Dieu crée l’homme « capable de Dieu », pourquoi ce « divorce » entre Dieu et l’homme à l’origine ?
Le divorce dont vous parlez est le résultat du mauvais usage de la liberté par l’homme. L’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et par conséquent libre, mais il a mal usé de cette liberté, croyant qu’être libre consistait à choisir entre le bien et le mal, alors qu’en réalité la définition de la liberté que l’on comprend à la lecture de la Bible serait plutôt la suivante : être libre c’est savoir faire le bien sans aucune entrave, sans que le mal nous enchaîne et nous empêche de faire le bien.
Etre libre c’est en fait être libéré de tous les esclavages qui nous empêchent de faire le bien.
Le divorce dont vous parlez est seulement le résultat du péché de l’homme et non d’une quelconque action de Dieu. Celui-ci prend acte de la décision libre de l’homme de l’abandonner.

5 – Comment amener une personne à la connaissance de Dieu de manière intrinsèque ?
Je regrette un peu d’avoir prononcé les deux mots de « intrinsèque » et « extrinsèque » qui finalement ont plus embrouillé les choses que clarifié.
Par ce mot « intrinsèque » je voulais dire que, parce que Dieu l’a bien voulu et disposé ainsi, l’homme qui veut parvenir à l’existence de Dieu par lui-même, avec les forces de sa raison, peut parvenir à la conclusion que Dieu existe : c’est « intrinsèque » en ce sens que cela se passe à l’intérieur de lui-même. Cela signifie qu’un homme qui recherche honnêtement la vérité, et qui recherche la cause de toutes choses, l’origine de toutes choses, peut arriver à l’existence de Dieu.
Cependant -et cette restriction est importante, il ne s’agit pas encore de la foi chrétienne, il ne s’agit que de l’existence d’une cause à l’univers, d’une cause intelligente qu’on appelle DIEU
Mais ce n’est pas le Dieu des chrétiens, ni le Dieu des Juifs, ce n’est pas le Dieu auquel nous croyons, ce n’est encore que le Dieu des philosophes c’est à dire une explication de l’univers.
Notre Dieu est beaucoup plus que cela, c’est un créateur, bon, Père, que nous découvrons dans la foi.
La foi est une grâce que Dieu nous fait et non le résultat de l’action par laquelle nous réfléchissons à la cause de l’univers.

6 – Comment ces preuves de l’existence de Dieu peuvent-elles amener par la raison un athée à croire ?
Je crois qu’il est difficile de dire que les preuves de l’existence de Dieu peuvent amener un athée à croire.
Les preuves de l’existence de Dieu peuvent simplement évangéliser la raison et dire à la raison de quelqu’un qu’il est raisonnable de croire.
Ce qui amènera un athée à croire, c’est la conjugaison de plusieurs facteurs : d’abord la grâce de Dieu, puis le témoignage des chrétiens et enfin quelque chose en lui qui déclenche et pas seulement par la raison, une sorte d’acceptation humble de l’existence et de l’amour de Dieu.

7 – Quelles sont les preuves de l’existence de Dieu dans Vatican I ?
Il n’y a pas dans le Concile Vatican I de catalogue, de liste de preuves de l’existence de Dieu car cette idée de preuves de l’existence de Dieu a été relayée par la philosophie depuis toujours et le concile ne veut pas canoniser une philosophie ou une autre. La seule chose que le Concile Vatican I déclare est la suivante : il est raisonnable de croire et par conséquent la raison humaine peut parvenir à affirmer d’une façon honnête et certaine que Dieu existe.
Dans ce concile, l’Eglise se borne à étudier les rapports entre la foi et la raison. Sa conclusion est qu’il n’y a jamais aucune opposition entre foi et raison : c’est ce qui est développé dans l’encyclique de Jean Paul II fides et ratio. Foi et Raison y sont décrites par le pape comme étant les deux ailes qui nous permettent de nous élever dans la connaissance de la vérité.

8 – Est- ce que Dieu ne révèle pas aussi dans la prière ?
Il est certain en effet que Dieu se révèle dans la prière, même si le point de vue que vous adoptez dans la question n’est pas celui que j’avais adopté dans la catéchèse.
Au plan théologique on dit que Dieu se révèle de trois manières : dans l’Ecriture, dans la Tradition et le Magistère, mais au plan mystique, c’est-à-dire au plan de la vie spirituelle amoureuse avec Dieu, il est évident que Dieu révèle quelque chose de lui-même lorsque nous le prions.

9 – Que penser du projet de rite pour célébrer la liturgie ? Pie V et Vatican II ?
A la question « que penser », je voudrais tout d’abord répondre que chacun peut penser ce qu’il veut, car ceci ne concerne ni la foi ni les mœurs, mais concerne la façon dont l’Eglise doit vivre la liturgie concrètement dans les diocèses et les paroisses.
Pour ma part voici ce que je pense :
1° Je crois que le pape se comporte comme un père qui a vu des enfants quitter la maison familiale et qui souffre de cette situation … il est prêt à faire un certain nombre de choses pour que les enfants qui sont partis reviennent dans la maison. Après il s’agit de savoir jusqu’où peut aller un père pour faire revenir ses enfants ?
2° Les deux rites dits « de St Pie V » et « de Paul VI » coexistent concrètement dans de nombreux diocèses dans le monde et coexistent plutôt bien.
3° Celui que l’on appelle le rite « de saint Pie V » est un rite qui a été maintes et maintes fois remanié, le dernier remaniement remontant au bienheureux Jean XXIII en 1962. Cela signifie qu’on pourrait le nommer « rite de Jean XXIII » ! On devrait parler en réalité de rite « tridentin » (qui émane du Concile de Trente ) remanié pour la dernière fois par le pape Jean XXIII.
Ce rite n’a pas été « effacé » ou banni, mais remplacé pour l’ensemble de la chrétienté par un nouveau rite sous l’autorité du pape Paul VI, et il faut s’attendre à ce que des remaniements contribuent à l’adaptation de ce rite aux besoins des fidèles de chaque époque. C’est ainsi que vivent les rites dans l’Eglise.
4° Tout le monde sait bien que la récente polémique n’est pas une question de latin ou de français, en particulier parce que le rite dit « de Paul VI » a été rédigé en latin, afin d’être traduit ensuite dans la langue du pays ou d’être célébré dans sa langue d’origine le latin !…
Ce n’est pas non plus une question de « dos » au peuple ou d’être « face » au peuple, c’est avant tout une question d’amour de l’Eglise et d’application du Concile Vatican II. Le problème de fond est celui-là.
Et c’est sur cette question et sur cette question seulement que la fermeté de l’Eglise sera sans doute très grande. Cependant, pour ce qui est de savoir si l’on pourra librement célébrer un rite ou l’autre d’un diocèse à l’autre ou d’une paroisse à l’autre, c’est une question beaucoup plus complexe et nous devons faire grande confiance et à Benoît XVI et à nos évêques pour mener à son terme cette discussion.

Pour terminer sur ce point, j’aimerais tourner votre attention vers les jeunes d’aujourd’hui : ils ne se posent guère la question de savoir si l’on doit prier Dieu en latin ou en français, avec un rite ou un autre. La question des jeunes aujourd’hui est : comment peut-on être sur que Dieu existe et une fois qu’on a cette certitude, qu’ils n’ont pas pour beaucoup d’entre eux, on peut éventuellement parler de rites. Au fond les jeunes, aujourd’hui, nous ramènent à des questions essentielles : à savoir que nous devons rechercher l’unité entre catholiques et entre chrétiens dans le cadre de la Nouvelle Evangélisation et que cette tâche est plus urgente que de savoir si l’on permettra à des fidèles catholiques de célébrer dans un rite plus ancien ( ce qui est bien légitime.)

10 – « La révélation est complète en Jésus Christ »
Mais qu’apporte de plus les « compléments de révélation » que sont les apparitions ?
Pour répondre à cette question j’utiliserais volontiers l’image de la lampe torche. Imaginez que vous êtes dans une pièce déjà éclairée mais d’une manière insuffisante pour vous dans certains coins… la lampe torche vous permettra d’éclairer plus précisément des zones obscures.
Les apparitions sont par rapport à la révélation divine un peu comme la lampe torche, elles éclairent mieux pour un certain nombre de gens certaines réalités du mystère chrétien et elles sont donc très utiles et très bonnes mais n’ajoutent rien à la révélation divine.
Nous en avons un bon exemple avec sainte Bernadette qui reçu en 1858 la révélation de Marie comme « Immaculée Conception » alors que le dogme avait été proclamé 4 ans plus tôt en 1854. L’apparition de Lourdes a mis comme un coup de « projecteur » sur cette réalité que l’Eglise avait déjà avalisée comme étant une révélation divine.

11- Nous sommes encore loin de l’application de Vatican II, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce qui n’est pas encore appliqué ?
Au moment où le Concile Vatican II a été écrit et promulgué, c’est-à-dire en 1965, un certain nombre de choses ont circulé sur le contenu de ce concile et la plupart des gens se sont placés soit en conformité, soit en opposition à ces quelques assertions qui avaient été vulgarisées, tout particulièrement par les médias.
Aujourd’hui avec le recul de l’histoire, on se penche sur la réalité des textes et non pas sur un « esprit » de Vatican II, un esprit unique, une pensée unique vis à vis de laquelle chacun devrait se positionner. En réalité le concile a dit beaucoup de choses, souvent ignorées par la plupart des gens et c’est en cela qu’il y a des progrès à faire dans son application.
Nous pouvons prendre deux exemples tout simple : dans le décret sur la formation des prêtres (Optatam totius), le concile préconise une année préparatoire au séminaire proprement dit, pour assurer certains fondements de spiritualité, de vie ecclésiale, etc … A ce jour, en France, des années dites de « propédeutique », ou des écoles de la foi existent en effet ça et là, mais d’une manière très sporadique, de sorte qu’on peut souhaiter leur développement, conformément à ce que demande le Concile ; dans un tout autre registre, la constitution sur la liturgie déclare au n)116 : « L'Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d'ailleurs, doit occuper la première place. » Aujourd’hui, en France, le chant grégorien est souvent malmené, brandit par les uns comme un étendard, honni par les autres comme un vestige inutile du passé : le Concile, loin d’être appliqué sur ce point, appelle à ce sujet les chrétiens à un équilibre retrouvé pour le bien de tous.


12 – Comment peut-on discerner le bien du mal ?
Comment peut-on savoir ce qui est bien et ce qui est mal ?
Il faut commencer par relire les premiers chapitres de la Genèse et notamment la question du péché originel, lorsque Adam et Eve ont goûté du fruit de ce fameux arbre, il s’agissait de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : seul Dieu peut déterminer ce qui est bien et ce qui mal. Il l’a déterminé par avance et notre travail, à nous humains, est de découvrir peu à peu cette loi que Dieu a déposée dans les éléments, dans les hommes et dans le monde. De la sorte, nous reconnaissons ce qui est bien et ce qui est mal, mais sans pouvoir décider de ce qui est bien et de ce qui est mal.

Ceci signifie que non seulement nous devons relire le livre de la Genèse, mais aussi le livre de l’Exode et le Deutéronome où sont détaillés les dix commandements qui nous sont aussi une source pour distinguer le bien et le mal Il faut également nous tourner vers le Christ dans l’Evangile qui ajoute une dimension définitive à cette distinction entre bien et mal. Par exemple, dans le discours de la Montagne Jésus dit : « quand on te frappe la joue droite, présente aussi l’autre ». Il est évident que cette attitude est tout sauf naturelle, mais justement Jésus nous enseigne que « se venger » fait partie des choses mauvaises, alors que dans l’Ancien Testament préconisait de se venger au pro rata de l’injure subie, ce qui constituait déjà un progrès par rapport à une époque précédente où on avait tendance à se venger plus fortement que l’insulte reçue.

P. Emmanuel d'Andigné
Catéchèse adulte à sainte Bernadette 2006-2007

23 octobre 2006 - l’exposé

1) présentation historique du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC)

le point de référence du CEC est le concile Vatican II … la question pour le catéchisme étant la suivante : comment présenter de manière FIDELE et MODERNE la foi catholique,
- Aux catholiques eux-mêmes (en particulier pour la catéchèse)
- A ceux qui voudraient connaître ce que croît l’Eglise Catholique

En 1985 : le Saint- Père consulte les évêques du monde entier ;
1986 : il lance une équipe de spécialistes conduits par … un certain Cardinal Ratzinger !
11 octobre 1992 : à l’occasion du 30ème anniversaire de l’ouverture du Concile, le Pape Jean-Paul II décide de promulguer le Catéchisme.
En 1998, une réédition permet d’améliorer forme et contenu.

2) présentation organique du CEC

le CEC est composé de 4 grandes parties
a) la profession de la foi,
b) les sacrements de la foi,
c) la vie de la foi,
d) la prière dans la vie de la foi

Ces quatre parties constituent en fait un tout cohérent, de sorte que aucune des parties ne se suffit à elle-même, ce qui nous indique, d’ailleurs que les différents « pôles » de notre existence chrétienne sont les « membres » les uns des autres, pour que nous soyons des chrétiens intégraux. Dans l’introduction au catéchisme, on notera un enseignement de la plus haute importance : la personne du Christ réalise cette unité entre foi, sacrement, morale et prière, et dans sa personne et dans notre façon de vivre ces quatre réalités.

3) commençons la lecture du CEC
Avant d’exposer la foi catholique,
Le CEC commence par définir ce que signifie « croire »
En 4 mouvements :

a- Dieu crée l’homme « capable de Dieu »
(à la différence de toutes les autres créatures)
b- l’homme est capable de Dieu et le recherche
On pourrait faire référence à « l’homo religiosus » de Mircéa Eliade (cet anthropologue hongrois, historien des religions a inventé ce terme de « homo religiosus » tant il fut frappé, au cours des ses pérégrinations sur la toute la surface du globe, que la dimension religieuse faisait partie de l’homme tel qu’on peut l’observer aujourd’hui).
Dans ce chapitre, on peut se référer également aux « preuves de l’existence de Dieu (relire le concile Vatican I) », expression à laquelle le CEC préfère les « voies pour accéder à la connaissance de Dieu ».
c- Dieu vient au secours de l’homme, il se révèle
De Abraham à Jésus, Dieu révèle les traits de son vrai visage, avec une précision de plus en plus grande ; cependant, la Bible n’et pas la seule source de révélation sur Dieu, il y en a en réalité trois en tout : la Parole de Dieu, en effet, mais aussi la Tradition et le Magistère. La Tradition est la façon dont l’Eglise a « prolongé » l’enseignement du Christ par différents textes, déclarations, etc … avec l’assistance de l’Esprit Saint. Le Magistère, lui, a pour rôle de conserver le dépôt de la Révélation et de l’enrichir pour l’époque moderne (nous en avons deux exemples récents dans la promulgation de deux nouveaux dogmes : en 1854, de l’Immaculée Conception, en 1950 de l’Assomption)
d- L’homme croit, seul et dans l’Eglise
Lorsque l’on parle de la religion chrétienne, on parle d’un « monothéisme trinitaire (nous croyons en un seul Dieu, mais un seul Dieu en trois personnes) » C’est à la fois une grâce (un don de Dieu) et un acte humain, raisonnable et libre …
La foi n’est jamais un acte solitaire, bien que ce soit un acte personnel : il est en permanence « porté » par l’Eglise (d’où la nécessité d’un « Credo », formulation officielle dans laquelle se reconnaissent tous les chrétiens)

Et n’oublions pas, pour finir, le but de tout cela : la vie avec Dieu pour toujours dans l’éternité.

4) La foi chrétienne, du « kérygme » au « Credo »

La première annonce de la foi, qui fut faite par les apôtres et leurs premiers successeurs, était surnommée « l’annonce », « kerygma », en grec ; le kérygme était très simple, il consistait à dire ceci : Jésus, qui était mort sur le croix, est ressuscité des morts, il s’est montré à Pierre et aux autres disciples, et il est monté aux cieux. Avec le temps, l’annonce s’enrichit de tous les détails dont les chrétiens eux-mêmes avaient besoin pour comprendre leur propre foi et dont ils avaient besoin aussi pour expliquer leur foi aux non-croyants. Il a fallu plusieurs siècles (presque quatre) pour que la formulation définitive, le symbole de Nicée Constantinople, connaisse son expression définitive (381).

P. Emmanuel d'Andigné

01 janvier 2007

Homélie du matin de Noël 2006

Quel évangile difficile –diront les uns
Quel évangile magnifique –diront les autres

Tous auront raison :
Il est magnifique et très difficile

Peut-être faudrait-il dire, au fond,
Pour dire en un seul mot les deux précédents :
C’est un évangile mystérieux.

J’aime bien comparer le mystère à un iceberg,
Les choses de Dieu,
Et tout ce qui est mystérieux, même dans la création,
Sont semblables à un iceberg.

Vous savez qu’un iceberg a une partie émergée
(toute petite)
et une partie immergée (énorme)

le mystère,
et c’est particulièrement vrai du mystère de Dieu,
a une partie de lui que l’on peut voir et comprendre

mais il faut bien reconnaître
que la plus grand partie nous échappe …

Même saint Jean,
Celui qui a écrit cet Evangile,
Même lui ne saisit pas tout :

Il a besoin de l’inspiration divine,
Sous la commande de laquelle il parle,
Pour approcher ce mystère qu’on appelle Dieu,
Et ce mystère dans le mystère qu’on appelle Noël

« au commencement était le Verbe,
la Parole de Dieu
et le Verbe était auprès de Dieu
et le Verbe était Dieu »

dans cet Evangile,
Saint Jean se lance dans une méditation :
Il a longuement réfléchi
En contemplant les évènements :
La naissance de Jésus,
Son annonce par Jean le Baptiste,
Sa passion
« la lumière brille dans les ténèbres
et les ténèbres ne l’ont pas arrêté »

cet Evangile est le fruit d’une longue méditation
c’est au prix d’une longue méditation
que nous pourrons approcher vraiment ce texte

Je suggère donc que nous fassions deux choses :
Je me charge de la première
Et chacun de nous (moi y compris)
Se chargera de la seconde
Plus tard dans la journée ou dans la semaine

La première chose
C’est un éclaircissement sur deux mots de cet évangile
Et la seconde,
Eh bien nous verrons plus tard.

Au commencement était le Verbe,
Voilà les deux mots : commencement Verbe

« Au commencement »
Nous connaissons bien cette expression
Elle est utilisée par le livre de la Genèse :
C’est le premier verset du premier chapitre de la Bible
« au commencement, Dieu créa le ciel et la terre »

le commencement, dans la Bible,
appartient à Dieu,
seul Dieu commence, au fond,
l’homme ne fait que continuer,
bien ou mal,
mais il continue

Au commencement, Dieu crée,
Car c’est la première chose à faire,
Et aussi, et surtout, il est le seul à pouvoir le faire
Le commencement,
C’est le temps de Dieu …
Et de même,
Le recommencement,
La re-création de l’homme par Dieu
Parce que l’homme avait défiguré la création,
La re-création
Est suggérée par cette expression :
« au commencement »

ou si vous préférez,
cette expression semble nous dire :
attention !
ce que vous allez entendre là est de la même importance que la création elle-même :
ce sera l’œuvre de Dieu,
et elle va re-faire ce qu’elle avait fait déjà :
une œuvre divine pour l’homme

Cela signifie
Que l’Evangile selon saint Jean
Commence dans le Ciel, et non sur la terre,
Il commence par une méditation sur le Ciel,
Sur le mystère de Dieu en lui-même.
Nous pouvons dire des choses sur Dieu :
Nous avons le droit de dire des choses sur Dieu

Jésus a révélé qu’il était Fils de Dieu,
Que en Dieu, il y a trois personnes :
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Le Père a plusieurs surnoms :
Le Puissant, le Très-Haut, l’Eternel …
L’Esprit aussi a des surnoms :
Le défenseur, le Paraclet, le Souffle

Et le Fils a comme surnoms :
La Parole, la Sagesse, le Verbe

C’est l’un de ces surnoms (si je puis dire)
Que Saint Jean utilise :
Le Verbe

Là encore, il faut revenir au livre de la Genèse :
Dieu dit que la lumière soit …fut
Dieu qu’il y ait … et cela fut fait ainsi

C’est par sa Parole que Dieu crée
Quand Dieu dit, cela se fait,
Et il y a une autre façon de dire « Parole »
C’est le mot « Verbe » (logos)
Au commencement était le Verbe,
Et le Verbe était auprès de Dieu
(le Fils était auprès du Père et de l’Esprit)
Et le Verbe était Dieu

Et le Verbe s’est fait chair,
En Jésus.

Durant les prochains jours,
Je vous invite à faire une chose toute simple,
C’est la « deuxième chose » dont je parlais :

Vous placer devant la crèche,
Le temps qu’il faut,
Chez vous ou dans une église,
Et méditez,
Regardez les personnages,
Pensez à ce qu’ils ont fait,
A ce qu’ils ont ressenti

Et demandez à Dieu une inspiration
Pour qu’Il vous fasse découvrir
un peu du mystère de Noël
un peu de son mystère,
comme il fit pour Saint Jean.

homélies

Homélie de la messe de la nuit de Noël 2006

L’américain Otis invente le premier ascenseur
En 1852,
En 1867,
L’invention arrive en France et prend le mot d’ « ascenseur »

C’est la raison pour laquelle,
A trois reprises dans les œuvres de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus ((1873 - 1897) ,
Il est question d’ascenseur …
En effet, le problème de Sainte Thérèse ,
C’est aussi le mien et celui de tout homme :
Il est double :
son incapacité à s’élever jusqu’à Dieu
et les chutes chroniques,
à chaque fois qu’il réussit à s’élever un peu …

l’homme n’a jamais réussi
par ses propres moyens
à s’élever efficacement jusqu’à Dieu

Alors Dieu,
Lorsque le moment fut favorable,
« lorsque les temps furent accomplis »
a dit Saint Paul,
Décida de prendre les choses en main :
C’est lui qui est descendu …

Mais attention :
Il n’est pas descendu avec condescendance,
En restant bien haut, bien grand,
Bien trop haut, bien trop grand pour nous,
Il n’est pas venu
nous tapoter gentiment sur l’épaule,
en nous disant,
« Ne vous en faites pas, je suis là, ça va aller »
Il est descendu vraiment
au même niveau que nous :
il est devenu l’un de nous :

« Et le Verbe s’est fait chair,
et il a demeuré parmi nous »

le Verbe, c’est la seconde personne de la Trinité, Dieu le Fils, par qui tout a été créé
Le Verbe s’est fait chair
Chair : c’est notre condition, nous sommes des êtres de chair, faibles et inconstants …
« et le Verbe …

« Et le Verbe s’est fait chair,
et il a demeuré parmi nous » :
voilà le mystère de Noël …

Dieu n’est pas resté au ciel,
Il est devenu l’un de nous
Ou plutôt, tout en restant au Ciel,
Il est descendu sur la terre,
En Jésus de Nazareth,
Dieu s’est « mouillé » (si on peut dire),
Il a pris le risque d’être méprisé, incompris,
Souffrant, apeuré, crucifié, mort,

Car beaucoup d’hommes sont méprisés, incompris,
Souffrants, apeurés, crucifiés, morts,
Et pour les sauver, Dieu a jugé nécessaire
De passer par les mêmes chemins qu’eux …

Et il est ressuscité des morts,
Noël est déjà une annonce de Pâques.
Aussi, lorsque la souffrance vient,
Ou que nous sentons notre petitesse,
Ne pensons pas que Dieu est trop grand,
incapable de savoir de quoi nous parlons,
Regardons l’enfant de la crèche
et disons « c’est Dieu ! »

c’est Dieu fait homme, il sait de quoi je parle,
non seulement parce qu’il a créé l’homme,
« au commencement, Dieu créa … »
mais aussi et surtout parce qu’il l’a recréé,
durant les 3 jours saints
par la Passion, la mort et la résurrection.

Le premier inventeur de l’ascenseur, c’est Dieu !

Il a inventé le seul ascenseur
capable de relier le ciel et la terre :
Jésus,
vrai homme et vrai Dieu,
Capable de descendre, car il est Dieu,
Capable de monter, car il est homme et Dieu,

Et c’est ce qui fait dire à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897) :

« Nous sommes dans un siècle d’inventions,
maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches, un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors, j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur objet de mon désir et j’ai lu ces mots (…) « si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi ». Alors, je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais (…) : l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! »

Cet événement de « descente » de Dieu :
L’incarnation
Et le mouvement inverse : l’ascension
Tout cela s’est produit … il y a fort longtemps !

Voilà pourquoi,
Avant son ascension,
Jésus a confié la maintenance de l’ascenseur
A ce que nous appelons aujourd’hui l’Eglise
Qui de génération en génération
Est chargée de faire descendre la grâce de Dieu
(les sacrements)
Et de faire monter la prière de l’homme.

C’est la raison pour laquelle
Il y a toujours eu dans l’Eglise
quelque chose d’ancien, de traditionnel,
car l’homme n’a pas inventé le salut,
c’est Dieu qui sauve, depuis toujours,

il y a quelque chose d’ancien
et quelque chose de moderne :
les portes de l’ascenseur, les boutons, le sol, la couleur …
voilà ce qu’il faut rénover !

Ce beau mystère de l’Eglise,
Chargée de faire descendre Dieu et monter l’homme,
a commencé avec une femme,
La Très sainte Vierge Marie,
A qui Dieu a demandé, un jour,
Nous fêtons ce jour le 25 mars,
9 mois avant le 25 décembre,

« Veux-tu mettre au monde le Sauveur ? »

Dieu a eu la délicatesse
de demander à une représentante de l’humanité
si l’humanité voulait bien être sauvée par lui …

Ne passons pas Noël sans dire merci,
Merci à la Mère de Jésus,
Elle est aussi la Mère de l’Eglise,
Grâce à qui nous montons vers Dieu
sans effort surhumain,
Amen !