Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire - 28 janvier 2007
« Vous devriez donner le texte de vos homélies », me disait un jour une personne rencontrée au hasard, « cela nous permet de la relire, de nous en nourrir … ». Ce n’était pas la première fois que cette demande m’était faite, et puis il se trouve que, dès demain, 29 janvier, jusqu’au 04 février, ce sont les Journées Chrétiennes de la Communication …Tout ceci me conduit à dire un mot, très simple, sur cette partie pas si anodine que cela de la messe qu’est l’homélie. L’événement de cette semaine, la Mort de l’Abbé Pierre, nous fournira d’ailleurs la conclusion qui s’impose à ce sujet.
La liturgie de la Messe, on le sait, se joue en 2 actes principaux : la liturgie de la Parole, et la liturgie de l’Eucharistie (Dieu nous parle …Dieu se donne à nous). Dieu nous parle, mais nous lui répondons : la liturgie de la Parole est un DIALOGUE : Après la 1ère lecture, « Parole du Seigneur », un psaume, inspiré par Dieu, nous éduque dans la réponse qui a été un jour donné et qu’il faut donner toujours à Dieu. Et à nouveau Dieu nous parle (c’est la 2ème lecture), et il nous parle encore dans l’Evangile, Parole définitive, « acclamons la Parole de Dieu », car Dieu a tout dit en Jésus …
Dieu nous parle aussi dans l’homélie, à travers son ministre, prêtre, diacre, évêque, Dieu nous parle dans l’homélie, et nous lui répondons, avec les mots très sûrs du Credo, unis avec tous les chrétiens qui partagent cette foi au mot près ; et nous lui parlons à nouveau, en lui donnant nos intentions de prière (c’est la Prière Universelle).
Revenons sur l’homélie : Dieu nous parle, que nous soyons captivés ou à moitié endormis, que la tête du prêtre nous revienne ou non, qu’il s’agisse de Mgr Barbarin (vendredi), ou de l’un des humbles serviteurs de sainte Bernadette ! Dieu nous parle pendant l’homélie, et je vous propose deux choses très simples, deux choses à faire, lesquelles seront couronnées, en quelque sorte, par deux enseignements de la vie et de la mort de l’Abbé Pierre.
Je vous propose de faire avec moi, c’est la première chose, quelle que soit l’église où nous nous trouvons, un acte de foi avant chaque homélie : je crois que le Seigneur va me parler, à travers, malgré, grâce à la pauvreté de son ministre ; je crois que Dieu, même s’il n’a pas besoin des hommes, au sens strict de la phrase (n’en déplaise à Pierre Fresnay), je crois que Dieu veut passer par eux, il veut que son enseignement, sa révélation passe par eux … avec ce que cela représente de danger, de gâchis, et de liberté aussi pour nous les auditeurs (n’oubliez jamais que le prêtre est le premier auditeur de ses homélies, car il en a autant besoin que quiconque).
Je vous propose donc cet acte de foi, et celui-ci transformera complètement notre façon d’écouter et de goûter ce temps de grâce qu’est l’homélie
Mais pour achever cette transformation, nous avons besoin d’un allié puissant, et c’est ma deuxième proposition concrète : prier l’Esprit Saint, Le prier pour le prédicateur, Le prier pour l’assemblée, afin qu’il réalise le prodige suivant : faire comprendre à chacun ce que le ministre de Dieu ne parvient pas à dire comme il faut. Je connais plus d’une histoire vraie qui prouve qu’un cœur disponible à l’action de Dieu reçoit des lumières que la prédicateur d’alors ne pouvait même pas imaginer, lui qui a en général si bien préparé son homélie ! Si nous prions l’Esprit Saint, il fera des merveilles en nous …
La vie et la mort de l’Abbé Pierre vont nous rendre aujourd’hui deux services : commenter la deuxième lecture d’une façon éloquente et donner une touche finale à cette simple méditation sur la grâce de l’homélie : « J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante », dit Saint Paul. Tout le monde connaît bien l’appel de l’hiver 54, cependant, ce n’est pas les discours qui nous resteront de l’Abbé Pierre (ce qui est d’ailleurs préférable, en particulier pour son dernier livre), ce n’est pas tant le discours que la vie de charité qui vient comme valider ces principes de charité sur lesquels nous sommes tous d’accord.
Et voilà l’intérêt de l’homélie : nous faire mieux connaître la pensée et la vie du Christ, nous amener à la contemplation et la fréquentation de celui-ci, afin que l’amour du Christ change notre vie.
Et à ce sujet, pour terminer, je voudrais signaler un fait qui n’a guère été souligné sur la vie de l’Abbé Pierre, mais qu’il souligne lui-même. Depuis l’âge de 19 ans, jusqu’à 25 ans, il connaîtra une expérience singulière chez les capucins, je lui laisse la parole :
« Réveillés à minuit, nous veillions et priions deux heures durant, d’abord soutenus par le chant des psaumes, puis vivant l’écoulement de la seconde heure dans l’obscurité et le silence absolu, devant le saint-Sacrement. Ces heures bouleversantes ont gravé en moi des besoins qui m’ont accompagné tout au long des autres heures de mon existence.
Et je crois que ces années de "désert" qui ont marqué le début de ma vie d’adulte ont créé en moi un état d’adoration. Etat habituel, y compris dans les journées les plus débordantes d’activité. »
Acte de foi, invocation de l’Esprit-Saint, vie transformée par la fréquentation du Christ, voilà les ingrédients que je propose pour l’élaboration que nous ferons ensemble des prochaines homélies.
P. Emmanuel d'Andigné
28 janvier 2007
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