Homélie de l'Epiphanie 2007 - 07 janvier
Est-il encore besoin de les nommer : Gaspard, Balthasar et Melchior. Un africain, un européen, un asiatique. Un jeune, un d’âge moyen et un plus âgé. A trois, ils représentent tant de choses : l’annonce de la venue dans notre monde à toutes les cultures et pour tous les âges. Sans discrimination aucune. L’incarnation du Fils de Dieu n’est pas révélée à un petit nombre. Elle vaut pour toutes les nations, de tout temps et en tout lieu. Le tout résumé dans les trois personnages venus à la crèche. Chiffre d’ailleurs étonnant puisqu’il n’est même pas cité dans l’évangile où est seulement mentionnée l’expression « des mages venus d’Orient ». Ils étaient peut-être finalement plus nombreux. Nous n’en savons rien et cela n’a aucune importance. Alors permettez-moi de vous parler du quatrième mage. Celui dont l’évangile ne parle pas. Le conte perse
Une légende russe et un conte perse en ont fait leur héros. Le roi de Perse partit avec les trois autres mages et il emporta comme cadeau trois belles perles précieuses de la taille d’un œuf de pigeon chacune. Mais en chemin il les donna. La première lui servit à payer des soins à un vieil homme malade. Avec la seconde il sauva une femme de la violence de brigands et enfin, avec la troisième, il monnaya la vie d’un enfant qui allait être tué par les soldats et rendit celui-ci à sa mère. Il arriva les mains vides à la crèche et s’excusa auprès de Jésus de n’avoir plus rien à lui offrir. L’enfant le regarda et son visage rayonnait. Il étendit ses deux petites mains vers les mains vides. Et l’enfant Jésus sourit, conclut le conte. La légende russe
En ce qui concerne la légende russe, il s’agit d’un roi qui ayant vu l’étoile quitta son pays et s’en alla par les chemins. Mais ce roi était tellement généreux qu’en cours de route, il s’arrêta à de multiples occasions pour aider celles et ceux en détresse qui croisaient sa route. En conséquence, quand il arriva à la crèche, Marie, Joseph et l’enfant étaient déjà partis. Il poursuivit sa marche durant une bonne trentaine d’années pour se retrouver un jour à Jérusalem face à une colline où se dressaient trois gibets. Voyant l’homme du milieu, il sut tout de suite que c’était celui qu’il avait cherché toute sa vie. Il n’était donc pas arrivé trop tard. Cette légende et ce conte concernant le quatrième mage, certains d’entre nous les ont déjà peut-être entendus. Les quatrième mage, c’est nous
En fait, ce quatrième mage, c’est vous, c’est moi, c’est nous. Et avec Dieu, il n’est jamais trop tard. Nous sommes nous aussi conviés à partir à la recherche de cette étoile nous conduisant à l’enfant-Dieu pour nous prosterner devant la divinité de celui qui s’agenouille face à notre humanité. Dieu n’a pas besoin de cadeaux achetés ou récoltés, il attend que nous nous donnions nous-mêmes à lui et ce, à chaque souffle de l’Esprit.
Les dons des mages que nous sommes ne sont pas extérieurs à nous. Il me semble que la méditation du geste des mages doit inspirer beaucoup dans un monde où la Fête de noël est la fête des cadeaux. Nous nous appliquons à ces coutumes comme à des devoirs sacrés. Mais quel cadeau faisons-nous à Jésus ? Ces cadeaux sont en nous. Ils viennent de nous. A nous alors de choisir de nous donner entièrement au mystère de la foi non seulement dans la rencontre intime de la prière, lieu de dialogue par excellence où se noue en nous l’humain et le divin, mais également dans la manière dont nous conduisons nos vies c’est-à-dire par le don de notre temps aux autres. Ceux qui font partie de nos vies ou qui croisent nos routes. Ceux qui nous rappellent la présence de Dieu en chacune et chacun de nous. Si vous aussi vous souhaitez vous déposer aux pieds de Dieu et donner au Seigneur ce que vous êtes, alors ensemble, partons à la recherche de cette étoile de Noël. Elle brille à jamais au fond de nous. Amen.
Père Joseph Kinda
12 janvier 2007
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