CATECHESE – FORUM des QUESTIONS
questions relatives à la catéchèse du 23 octobre 2006
1 - Pourquoi Dieu a-t-il choisi Abraham et son peuple ?
Pourquoi ce peuple-là et à cette époque-là, était-ce une civilisation plus mûre qu’une autre, plus en recherche ?
Il me semble que le choix d’Israël, le choix d’Abraham par Dieu n’est pas plus mystérieux que le choix d’un mari pour une femme ou d’une femme par son mari, c’est une question d’amour.
Il y avait à cette époque des peuples beaucoup plus développés, beaucoup plus structurés, et beaucoup plus prestigieux et par conséquent nous comprenons que le choix de Dieu n’est pas celui du prestige humain, mais celui de son amour gratuit qui a fait d’un seul homme, avec une toute petite tribu, Abraham et sa famille, un grand peuple que l’on appelle Israël
2 – Pouvez-vous préciser l’idée de « l’homme capable de Dieu », tandis que Jésus Christ nous demande d’aller enseigner toutes les nations ?
Les deux versants de la question se complètent parfaitement, parce que si l’homme est capable de Dieu, cela signifie que tous les hommes qui nous entourent ici dans notre quartier et partout dans le monde sont capables de Dieu ! Nous devons aller enseigner tous les hommes avec cette certitude que Dieu prépare leur cœur, que Dieu veut qu’ils soient évangélisés, que son amour soit connu de tous les hommes.
3 - L’expression « homme capable de Dieu » équivaut-elle à celle d’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ?
A vrai dire les deux expressions ne sont pas exactement équivalentes mais évidemment elles sont très liées, si l’homme est capable de Dieu, c’est parce qu’il a été créé à l’image de Dieu.
4 – Dieu crée l’homme « capable de Dieu », pourquoi ce « divorce » entre Dieu et l’homme à l’origine ?
Le divorce dont vous parlez est le résultat du mauvais usage de la liberté par l’homme. L’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et par conséquent libre, mais il a mal usé de cette liberté, croyant qu’être libre consistait à choisir entre le bien et le mal, alors qu’en réalité la définition de la liberté que l’on comprend à la lecture de la Bible serait plutôt la suivante : être libre c’est savoir faire le bien sans aucune entrave, sans que le mal nous enchaîne et nous empêche de faire le bien.
Etre libre c’est en fait être libéré de tous les esclavages qui nous empêchent de faire le bien.
Le divorce dont vous parlez est seulement le résultat du péché de l’homme et non d’une quelconque action de Dieu. Celui-ci prend acte de la décision libre de l’homme de l’abandonner.
5 – Comment amener une personne à la connaissance de Dieu de manière intrinsèque ?
Je regrette un peu d’avoir prononcé les deux mots de « intrinsèque » et « extrinsèque » qui finalement ont plus embrouillé les choses que clarifié.
Par ce mot « intrinsèque » je voulais dire que, parce que Dieu l’a bien voulu et disposé ainsi, l’homme qui veut parvenir à l’existence de Dieu par lui-même, avec les forces de sa raison, peut parvenir à la conclusion que Dieu existe : c’est « intrinsèque » en ce sens que cela se passe à l’intérieur de lui-même. Cela signifie qu’un homme qui recherche honnêtement la vérité, et qui recherche la cause de toutes choses, l’origine de toutes choses, peut arriver à l’existence de Dieu.
Cependant -et cette restriction est importante, il ne s’agit pas encore de la foi chrétienne, il ne s’agit que de l’existence d’une cause à l’univers, d’une cause intelligente qu’on appelle DIEU
Mais ce n’est pas le Dieu des chrétiens, ni le Dieu des Juifs, ce n’est pas le Dieu auquel nous croyons, ce n’est encore que le Dieu des philosophes c’est à dire une explication de l’univers.
Notre Dieu est beaucoup plus que cela, c’est un créateur, bon, Père, que nous découvrons dans la foi.
La foi est une grâce que Dieu nous fait et non le résultat de l’action par laquelle nous réfléchissons à la cause de l’univers.
6 – Comment ces preuves de l’existence de Dieu peuvent-elles amener par la raison un athée à croire ?
Je crois qu’il est difficile de dire que les preuves de l’existence de Dieu peuvent amener un athée à croire.
Les preuves de l’existence de Dieu peuvent simplement évangéliser la raison et dire à la raison de quelqu’un qu’il est raisonnable de croire.
Ce qui amènera un athée à croire, c’est la conjugaison de plusieurs facteurs : d’abord la grâce de Dieu, puis le témoignage des chrétiens et enfin quelque chose en lui qui déclenche et pas seulement par la raison, une sorte d’acceptation humble de l’existence et de l’amour de Dieu.
7 – Quelles sont les preuves de l’existence de Dieu dans Vatican I ?
Il n’y a pas dans le Concile Vatican I de catalogue, de liste de preuves de l’existence de Dieu car cette idée de preuves de l’existence de Dieu a été relayée par la philosophie depuis toujours et le concile ne veut pas canoniser une philosophie ou une autre. La seule chose que le Concile Vatican I déclare est la suivante : il est raisonnable de croire et par conséquent la raison humaine peut parvenir à affirmer d’une façon honnête et certaine que Dieu existe.
Dans ce concile, l’Eglise se borne à étudier les rapports entre la foi et la raison. Sa conclusion est qu’il n’y a jamais aucune opposition entre foi et raison : c’est ce qui est développé dans l’encyclique de Jean Paul II fides et ratio. Foi et Raison y sont décrites par le pape comme étant les deux ailes qui nous permettent de nous élever dans la connaissance de la vérité.
8 – Est- ce que Dieu ne révèle pas aussi dans la prière ?
Il est certain en effet que Dieu se révèle dans la prière, même si le point de vue que vous adoptez dans la question n’est pas celui que j’avais adopté dans la catéchèse.
Au plan théologique on dit que Dieu se révèle de trois manières : dans l’Ecriture, dans la Tradition et le Magistère, mais au plan mystique, c’est-à-dire au plan de la vie spirituelle amoureuse avec Dieu, il est évident que Dieu révèle quelque chose de lui-même lorsque nous le prions.
9 – Que penser du projet de rite pour célébrer la liturgie ? Pie V et Vatican II ?
A la question « que penser », je voudrais tout d’abord répondre que chacun peut penser ce qu’il veut, car ceci ne concerne ni la foi ni les mœurs, mais concerne la façon dont l’Eglise doit vivre la liturgie concrètement dans les diocèses et les paroisses.
Pour ma part voici ce que je pense :
1° Je crois que le pape se comporte comme un père qui a vu des enfants quitter la maison familiale et qui souffre de cette situation … il est prêt à faire un certain nombre de choses pour que les enfants qui sont partis reviennent dans la maison. Après il s’agit de savoir jusqu’où peut aller un père pour faire revenir ses enfants ?
2° Les deux rites dits « de St Pie V » et « de Paul VI » coexistent concrètement dans de nombreux diocèses dans le monde et coexistent plutôt bien.
3° Celui que l’on appelle le rite « de saint Pie V » est un rite qui a été maintes et maintes fois remanié, le dernier remaniement remontant au bienheureux Jean XXIII en 1962. Cela signifie qu’on pourrait le nommer « rite de Jean XXIII » ! On devrait parler en réalité de rite « tridentin » (qui émane du Concile de Trente ) remanié pour la dernière fois par le pape Jean XXIII.
Ce rite n’a pas été « effacé » ou banni, mais remplacé pour l’ensemble de la chrétienté par un nouveau rite sous l’autorité du pape Paul VI, et il faut s’attendre à ce que des remaniements contribuent à l’adaptation de ce rite aux besoins des fidèles de chaque époque. C’est ainsi que vivent les rites dans l’Eglise.
4° Tout le monde sait bien que la récente polémique n’est pas une question de latin ou de français, en particulier parce que le rite dit « de Paul VI » a été rédigé en latin, afin d’être traduit ensuite dans la langue du pays ou d’être célébré dans sa langue d’origine le latin !…
Ce n’est pas non plus une question de « dos » au peuple ou d’être « face » au peuple, c’est avant tout une question d’amour de l’Eglise et d’application du Concile Vatican II. Le problème de fond est celui-là.
Et c’est sur cette question et sur cette question seulement que la fermeté de l’Eglise sera sans doute très grande. Cependant, pour ce qui est de savoir si l’on pourra librement célébrer un rite ou l’autre d’un diocèse à l’autre ou d’une paroisse à l’autre, c’est une question beaucoup plus complexe et nous devons faire grande confiance et à Benoît XVI et à nos évêques pour mener à son terme cette discussion.
Pour terminer sur ce point, j’aimerais tourner votre attention vers les jeunes d’aujourd’hui : ils ne se posent guère la question de savoir si l’on doit prier Dieu en latin ou en français, avec un rite ou un autre. La question des jeunes aujourd’hui est : comment peut-on être sur que Dieu existe et une fois qu’on a cette certitude, qu’ils n’ont pas pour beaucoup d’entre eux, on peut éventuellement parler de rites. Au fond les jeunes, aujourd’hui, nous ramènent à des questions essentielles : à savoir que nous devons rechercher l’unité entre catholiques et entre chrétiens dans le cadre de la Nouvelle Evangélisation et que cette tâche est plus urgente que de savoir si l’on permettra à des fidèles catholiques de célébrer dans un rite plus ancien ( ce qui est bien légitime.)
10 – « La révélation est complète en Jésus Christ »
Mais qu’apporte de plus les « compléments de révélation » que sont les apparitions ?
Pour répondre à cette question j’utiliserais volontiers l’image de la lampe torche. Imaginez que vous êtes dans une pièce déjà éclairée mais d’une manière insuffisante pour vous dans certains coins… la lampe torche vous permettra d’éclairer plus précisément des zones obscures.
Les apparitions sont par rapport à la révélation divine un peu comme la lampe torche, elles éclairent mieux pour un certain nombre de gens certaines réalités du mystère chrétien et elles sont donc très utiles et très bonnes mais n’ajoutent rien à la révélation divine.
Nous en avons un bon exemple avec sainte Bernadette qui reçu en 1858 la révélation de Marie comme « Immaculée Conception » alors que le dogme avait été proclamé 4 ans plus tôt en 1854. L’apparition de Lourdes a mis comme un coup de « projecteur » sur cette réalité que l’Eglise avait déjà avalisée comme étant une révélation divine.
11- Nous sommes encore loin de l’application de Vatican II, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce qui n’est pas encore appliqué ?
Au moment où le Concile Vatican II a été écrit et promulgué, c’est-à-dire en 1965, un certain nombre de choses ont circulé sur le contenu de ce concile et la plupart des gens se sont placés soit en conformité, soit en opposition à ces quelques assertions qui avaient été vulgarisées, tout particulièrement par les médias.
Aujourd’hui avec le recul de l’histoire, on se penche sur la réalité des textes et non pas sur un « esprit » de Vatican II, un esprit unique, une pensée unique vis à vis de laquelle chacun devrait se positionner. En réalité le concile a dit beaucoup de choses, souvent ignorées par la plupart des gens et c’est en cela qu’il y a des progrès à faire dans son application.
Nous pouvons prendre deux exemples tout simple : dans le décret sur la formation des prêtres (Optatam totius), le concile préconise une année préparatoire au séminaire proprement dit, pour assurer certains fondements de spiritualité, de vie ecclésiale, etc … A ce jour, en France, des années dites de « propédeutique », ou des écoles de la foi existent en effet ça et là, mais d’une manière très sporadique, de sorte qu’on peut souhaiter leur développement, conformément à ce que demande le Concile ; dans un tout autre registre, la constitution sur la liturgie déclare au n)116 : « L'Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d'ailleurs, doit occuper la première place. » Aujourd’hui, en France, le chant grégorien est souvent malmené, brandit par les uns comme un étendard, honni par les autres comme un vestige inutile du passé : le Concile, loin d’être appliqué sur ce point, appelle à ce sujet les chrétiens à un équilibre retrouvé pour le bien de tous.
12 – Comment peut-on discerner le bien du mal ?
Comment peut-on savoir ce qui est bien et ce qui est mal ?
Il faut commencer par relire les premiers chapitres de la Genèse et notamment la question du péché originel, lorsque Adam et Eve ont goûté du fruit de ce fameux arbre, il s’agissait de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : seul Dieu peut déterminer ce qui est bien et ce qui mal. Il l’a déterminé par avance et notre travail, à nous humains, est de découvrir peu à peu cette loi que Dieu a déposée dans les éléments, dans les hommes et dans le monde. De la sorte, nous reconnaissons ce qui est bien et ce qui est mal, mais sans pouvoir décider de ce qui est bien et de ce qui est mal.
Ceci signifie que non seulement nous devons relire le livre de la Genèse, mais aussi le livre de l’Exode et le Deutéronome où sont détaillés les dix commandements qui nous sont aussi une source pour distinguer le bien et le mal Il faut également nous tourner vers le Christ dans l’Evangile qui ajoute une dimension définitive à cette distinction entre bien et mal. Par exemple, dans le discours de la Montagne Jésus dit : « quand on te frappe la joue droite, présente aussi l’autre ». Il est évident que cette attitude est tout sauf naturelle, mais justement Jésus nous enseigne que « se venger » fait partie des choses mauvaises, alors que dans l’Ancien Testament préconisait de se venger au pro rata de l’injure subie, ce qui constituait déjà un progrès par rapport à une époque précédente où on avait tendance à se venger plus fortement que l’insulte reçue.
P. Emmanuel d'Andigné
03 janvier 2007
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1 commentaire:
Vous écrivez :
Mais ce n’est pas le Dieu des chrétiens, ni le Dieu des Juifs, ce n’est pas le Dieu auquel nous croyons, ce n’est encore que le Dieu des philosophes c’est à dire une explication de l’univers.
Notre Dieu est beaucoup plus que cela, c’est un créateur, bon, Père, que nous découvrons dans la foi.
Plutôt que de dire "notre Dieu", ne serait-il pas plus juste de parler de "notre connaissance de Dieu" qui est plus complète que celle des philosophes. De même que, chrétiens, nous croyons en Jésus, Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme alors que les juifs s'arrêtent à Dieu le Père et ne croient pas à la Trinité...
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