Homélie du 31 décembre 2006 - sainte famille
Un petit mot s’est glissé dans l’Evangile d’aujourd’hui : pour peu que vous ayez eu une distraction pendant l’écoute de l’évangile, vous êtes passés à côté …
Ce petit mot est un intrus pour la pensée toute faite d’aujourd’hui, ce petit mot est interdit de séjour dans le politiquement correct et même dans le religieusement correct !
C’est un mot que vous ne devez pas prononcer, si vous voulez vous faire accepter
à la télévision, sur France info’, ou même au bureau.
Si vous le prononcez, vous prenez un risque : celui de passer pour dépassé ( !).
On a tellement réussi à bannir ce mot, on a si bien réussi à faire croire à tout le monde que celui qui pensait différemment des autres est un ringard, que même les catholiques n’osent pas le prononcer et ne veulent même plus le penser :
SOUMIS
« Jésus leur était soumis … », nous dit l’Evangile
Nous fêtons aujourd’hui la sainte famille : Jésus, Marie, Joseph …
L’Eglise croit à la famille,
L’Eglise aime les familles, les soutient,
Elle veut les aider à se construire
(elle le fait en particulier dans la préparation au mariage, elle est en fait la seule institution en France qui prépare réellement au mariage, vérifiez sur Internet …)
Or, le premier service que l’Eglise rend à la famille, c’est de lui procurer un modèle : la sainte famille. Réécoutons l’oraison du début de la messe : Tu as voulu, Seigneur, que la sainte famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous la grâce de pratiquer comme elle, les vertus familiales et d’être unis par les liens de ton amour, avant de nous retrouver pour l’éternité dans la joie de ta maison.
La question est : que sont ces vertus familiales ?
Eh bien nous en avons un exemple, un exemplaire, devrais-je dire, dans l’Evangile :
« Jésus leur était soumis … ». La soumission est une vertu familiale, c’est une vertu conjugale aussi. La pensée unique, aujourd’hui, a rejeté cette vertu (et d’autres avec elle, d’ailleurs, peut-être est-ce l’idée même de vertu qui est rejetée) ; on a rejeté cette vertu parce que la société est devenue « adolescentrique » (pour reprendre un terme des sociologues d’aujourd’hui). En effet, au début de l’adolescence, on a l’illusion que se soumettre à l’autorité (celle des parents ou celle de tout autre autorité) constitue une capitulation, une négation de soi … et l’on rejette, un peu naïvement, tout ce qui ressemble à un ordre ou à une supériorité. C’est l’une des manifestations, à cet âge-là, de l’orgueil, le père de tous les péchés : je refuse de dépendre de qui que ce soit. Or l’Evangile nous fait contempler l’humilité de Jésus : Il est le Fils de Dieu, et il se soumet à deux fils d’homme : Marie et Joseph !
Noël, qu’est-ce que c’est ? C’est Dieu, le Tout-Puissant, qui se met à genoux devant nous, qui s’abaisse devant les hommes, afin de montrer que le chemin de l’humilité
est le seul chemin qui sauve.
Dieu, qui est le seul être qui pourrait avoir de l’orgueil, est rempli d’humilité, et il nous montre, en fait, que l’humilité est la seule force que rien ne peut détruire, car comment détruire ce qui est tout petit ? Comment anéantir ce qui est s’est déjà anéanti soi-même ? On ne peut rien faire contre l’humilité, elle est la vrai puissance qui sauve …
Femmes, soyez soumises à vos maris,
Maris, soyez aussi soumis à vos femmes, dans des domaines autres que ceux pour lesquels elles vous seront soumises ;
Enfants, soyez soumis à vos parents,
Paroissiens, soyez soumis à vos prêtres,
Prêtres, soyez aussi soumis à vos paroissiens, dans des domaines autres que ceux pour lesquels ils vous seront soumis,
Nous devons imiter le Christ, et donc nous soumettre ou nous soustraire, comme il le fait dans l’Evangile, dosant intelligemment une part d’autonomie et une soumission de fond, par humilité, pour le bien de la famille, et non pas pour satisfaire, d’une manière immature, notre ego toujours prêt à être froissé.
Il n’y a pas de rivalité entre les personnes divines, dans la Trinité … entre nous non plus, à l’exemple de Dieu, il ne doit y avoir de rivalité :
L’homme n’est pas fait pour dominer la femme, ni la femme pour dominer l’homme, mais chacun se soumet à l’autre, dans tel ou tel domaine de la vie familiale, sociale, car la mission est la même : construire des êtres heureux et libres, à partir des enfants qui nous sont confiés. Jésus, l’Esprit et le Père ont une mission, ils poursuivent, Il poursuit, devrais-je dire, une seule mission, aussi n’y a-t-il aucune lutte pour le pouvoir.
J’ai eu la chance de côtoyer à Rome une certaine Lucienne Sallé, qui a travaillé toute sa vie au sein du conseil pontifical pour les laïcs ; son travail, entre autres, aura été de rechercher les bases de ce que j’appellerais volontiers un « féminisme catholique ». Le point de départ de sa pensée à ce sujet n’a pas été –grâce à Dieu !- la comparaison stérile (d’origine marxiste) entre la condition féminine et la condition masculine, mais bien plutôt une femme accomplie, qui a réussi sa vie : la Vierge Marie.
Nous devrions, dans la famille, dans la société, et dans cette famille qu’on appelle l’Eglise, nous préoccuper d’avantage de la mission commune que d’une parité un peu naïve qui fait semblant de croire qu’un homme et une femme sont interchangeables.
Que chacun de nous cherche plutôt à se construire, elon la grâce de son propre mystère, plutôt que de nous comparer les uns aux autres, et d’en concevoir finalement de la tristesse …
Concrètement, cela veut dire, peut-être, se regarder soi-même avec réalisme
et avec l’aide de Dieu, considérer chacun quels sont nos dons, et les mettre au service des autres, en imitant Dieu, plutôt que les hommes, amen !
12 janvier 2007
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