Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire- 14 janvier 2007
Ils étaient 40 000 jeunes, du 28 décembre au 1er janvier, à Zagreb en Croatie, pour le 29ème pèlerinage de confiance sur la terre organisé par la communauté de Taizé.
Que s’est-il donc passé ? Comment se fait-il qu’un tel phénomène dure encore
sans essoufflement depuis près de 30 ans ?
On pourrait croire que c’est le résultat d’un tapage médiatique ou que le frère Roger a eu un excellent conseiller en communication …rien de tout cela, cette vague de fond est née d’une histoire toute simple, et je ne me lasse pas de la raconter, tant elle est source d’espérance pour chacun de nous et pour le monde entier.
Par ailleurs, nous entrons cette semaine dans une prière spéciale pour l'unité des chrétiens, il est donc fort utile de mieux connaître cette histoire, cette communauté, elles ont fait considérablement avancer la question de l'unité ...
En 1940, un certain Roger Schütz, alias Frère Roger, s’enterre dans un tout petit village de Bourgogne, Taizé, pour notamment y méditer et chercher Dieu. Deux questions agitent le cœur de Fère Roger : comment se fait-il que les hommes s’entredéchirent depuis toujours dans la guerre (nous sommes en 1940 …) ? Comment se fait-il que les chrétiens soient divisés, après la fondation par le Christ d’une seule et même Eglise ?
C’est alors qu’il a peu à peu l’intuition de fonder une communauté, dont le but serait de revenir à la Source de la paix et de l’unité (le Christ) ; très vite, la petite communauté réunit des chrétiens de plusieurs confessions : protestants (ce qu’il est lui-même) et catholiques prennent en 1949 l’engagement de vivre ensemble dans la simplicité et la prière … Quelques années plus tard, 7 frères, 12, 50, … aujourd’hui, les frères sont une centaine, principalement à Taizé, mais aussi dans des endroits défavorisés de la planète.
En 1978, est organisée à Paris la première rencontre européenne, première étape de ce que la communauté appelle le « pèlerinage de confiance sur la terre ». Confiance en la paix, confiance en l’unité, confiance en en soi et surtout en Dieu : le Frère Roger prend son bâton de pèlerin, pour conduire les jeunes du monde entier dans la résolution de construire la paix et l’unité, en commençant par soi.
Ce que nous apprend cette aventure du Fr Roger, c’est essentiellement deux choses :
Tout d’abord que chaque personne a le pouvoir de faire progresser la paix et l’unité de l’Eglise, sans nécessairement que cela prenne des dimensions politiques internationales mesurables par des médias. Ce serait trop facile de dire : « comme je ne peux pas réconcilier Israël et la Palestine à moi tout seul, eh bien je ne fais rien et je me réfugie pieusement dans la prière, espérant que Dieu, avec sa grande baguette magique, va intervenir pour séparer les belligérants »…La paix et l’unité de l’Eglise dépendent de chaque individu : nous pouvons répandre la paix, ne serait-ce que dans notre entourage immédiat, enseigner cette paix et cette unité aux enfants, aider les jeunes à la construire en eux-mêmes par une vie cohérente et non pas divisée (ce n’est pas pour rien qu’ils disent qu l’on « s’éclate » ….).
Et c’est ce qui m’amène à la deuxième leçon de cette vie : le point de départ de la guerre et de la division est aussi le point de départ de la paix et de l’unité de l’Eglise : le cœur de l’homme.
Alors la question est la suivante : comment allons-nous, concrètement, unifier notre cœur ? Eh bien en luttant contre le principal facteur de division en nous : le péché.
Le péché, qu’est-ce que c’est ? C’est savoir que quelque chose est mauvais, savoir que ce quelque chose nous est défendu par Dieu, et le faire tout de même : c’est le péché par action. Et puis il y a le péché par omission : savoir qu’une chose est bonne et ne pas la faire, par peur, par respect humain, par paresse ou pour la gloire des hommes. Nous souffrons de voir guerre et divisions ? Eh bien luttons contre leur racine : le péché !
Il est excellent de dénoncer les mauvaises actions qui se déroulent à des milliers de kilomètres de chez nous, mais il est encore plus urgent de faire la paix et l’unité en nous-mêmes.
Demandons au Seigneur de nous éclairer sur notre péché, et de nous donner confiance en sa miséricorde (il fait toujours les deux en même temps). Le Seigneur a préparé pour nous un sacrement, dans lequel s’éclaire le péché et brille sa miséricorde : il est bon d’y avoir recours souvent, pour mieux connaître Dieu, et pour être vraiment des artisans de paix.
A Zagreb, des Serbes et Croates ont prié ensemble … les jeunes ont eu la visite du grand Rabbin et du grand Mufti de Croatie, voyez : l’amour fait des miracles, il peut en faire en nous aussi, heureux les artisans de paix !
P. Emmanuel d’Andigné
15 janvier 2007
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