04 janvier 2007

Catéchèse du 18 décembre 2006
l’exposé

Le Credo commence par cette phrase : « Je crois en un seul Dieu, créateur du ciel et la terre, de l’univers visible et invisible »

Tâchons de répondre à la question suivante : que signifie « le ciel et la terre » (question posée à l’époque et aujourd’hui) ?

A la première annonce (le « kérygme »), la première formulation détaillée de la foi, le symbole des apôtres (215 environ) a évidemment ajouté le dogme de la Création (« créateur du ciel et de la terre »), premier dogme du judaïsme et premier dogme aussi de l’Eglise catholique (Même si le premier annoncé fut la Résurrection). Au symbole des apôtres, le symbole de Nicée-Constantinople) (381) ajoute : « de l’univers visible et invisible »

Apparemment, c’est une description physique …
Mais il s’agit aussi d’une description théologique qui signifie « tout » et qui montre que l’existence des anges fait partie de la foi. Nous allons détailler cela.

a- cette expression (« ciel et terre ») est un MERISME

par ce mot, on décrit une habitude chère au judaïsme qui consiste à accoler deux termes opposés, afin de signifier la totalité, voici quelques exemples :

au commencement, Dieu créa le ciel et terre , en genèse I
« à lui la mer, c’est lui qui l’a faite,
et les terres car ses mains les ont pétries »
« il tient en main les profondeurs de la terre,
et les sommets des montagnes sont à lui » dans le ps 95 (94)
« jeunes et vieux se réjouiront ensemble » dans le livre de Jérémie 31,13

Mais à vrai dire, nous utilisons nous aussi des mérismes, aujourd’hui :
« pour les hommes et pour les femmes … » refrain de Prière Universelle.
« les petits et les grands » … dans les publicités

b- cette expression (« de l’univers visible et invisible ») permet de préciser ce que l’on entend par « ciel et terre » : elle désigne les anges parmi les créatures invisibles

Qu’est-ce qu’un ange ? Il s’agit d’un être spirituel, créé, un pur esprit, doué d’intelligence et de volonté, qui a principalement deux fonctions :
louer & adorer Dieu
remplir une mission de la part de Dieu (angelos est un mot grec qui signifie messager)

CEC 328 « l’existence des êtres spirituels, non corporels, que l’Ecriture sainte nomme habituellement « anges », est une vérité de foi. Le témoignage de l’Ecriture est aussi net que l’unanimité de la Tradition »

En effet, 1040 versets dans la Bible mentionnent leur existence
80 références dans le CEC
La Tradition à ce sujet est constante, ce qui signifie qu’on a jamais cessé de « croire aux anges », comme on dit (à noter le concile du Latran en 1215 – le « Credo » de Paul VI (juin 1968) – le concile Vatican II (LG 49 50 66 69) – le Pape Jean-Paul II (catéchèses de 1986), le cardinal Ratzinger en 1991 …

La liturgie, quant à elle ne cesse de faire référence aux anges : conclusion des préfaces ; je confesse à Dieu ; antiennes ; prières eucharistiques ; fêtes, etc …

Il y a toutes sortes d’anges, anges et archanges …
Denys l’Aéropagite compte neuf chœurs d’anges :
séraphins chérubins trônes
dominations, puissances vertus
principautés archanges anges

c- la chute des anges

la Bible ne la décrit pas, mais elle l’atteste (2ème épitre de saint Pierre 2,4) ;
nous en avons « comme le reflet », dit le CEC, en Gn 3,5 « vous serez comme des dieux » : la chute des mauvais anges consiste essentiellement en un péché d’orgueil, dans le refus d’être simplement créatures.

Le premier des anges déchus, qu’on appelle communément « Diable » a plusieurs noms : Satan (qui signifie adversaire) ; Démon (qui signifie esprit) ; Diable (qui signifie diviseur) …

NB. Malgré la récente mise de côté de la réalité des anges, il faut bien noter que cette existence de ces êtres célestes est, en outre, un lieu supplémentaire pour l’Eglise d’annoncer le Salut en Jésus-Christ, plus puissant que l’orgueil et son cortège de péchés.

d- la chute des hommes, le péché originel

ce péché personnel de nos premiers parents fait désormais partie de nos « gènes spirituels », il est pour nous devenu « originel ». Notons que :

le baptême efface le péché originel (il efface la « blessure originelle » préfère dire Mgr Bruguès)
tandis que la concupiscence demeure, comme une inclination au mal qui demeure même après le baptême.

Le problème actuel de l’acceptation du péché originel concerne en réalité moins le péché originel lui-même que le statut de la Bible (du XIXème siècle à nos jours), et particulièrement l’existence d’Adam et Eve, le rapport à la vérité dans la Bible et aujourd’hui, … de sorte que l’on a de la peine à admettre purement et simplement le fait du péché originel tel qu’il nous est raconté, en raison notamment de la distinction que nous ne faisons qu’à grand’ peine entre vérité et exactitude (reportez-vous à la précédente catéchèse).

Le mouvement de cette doctrine de cette doctrine du péché originel est le suivant :

A la suite du récit biblique, la doctrine catholique à ce sujet suit un mouvement qui part de Dieu et revient à lui, mais en empruntant une route sinueuse …
Lorsque Dieu établit toutes choses dans l’amour, Il fixe simplement une limite : ne pas décider à sa place ce qui est bien et ce qui est mal (manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal)
Il n’est pas question de pomme dans la Genèse (on doit cette représentation à St Augustin qui joua avec les mots « malum » [le pommier] et « malum » [le mal !]).
L’homme respecte au départ cette disposition divine, et il ne connaît ni honte ni division intérieure.
L’homme est tenté de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal
Il risque de rompre alors quatre harmonies : avec Dieu, avec les autres, avec lui-même, avec la création.
L’homme cède à la tentation
Dieu prend acte de sa décision
La condition humaine sera celle-ci jusqu’à nouvel ordre
Les harmonies sont rompues, l’histoire de l’homme devient chaotique
Dieu envoie son Fils, plus puissant que la mort et le péché
L’homme peut ainsi « revenir à Dieu », dans une vie de conversion
Cette condition de l’homme sauvé par Jésus-Christ est meilleure encore que l’ancienne (du paradis terrestre).

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