16 juin 2011

Homélie du 22 mai 2011-Jésus n'est pas un chemin mais le chemin

Homélie du 5ème dimanche de Pâques - Année A

« Petites querelles entre juifs … » c’est ainsi que l’on pourrait résumer la première lecture ! En dépit du décalage de mentalité et de contexte avec les juifs d’alors, comment ne pas penser à nos querelles à nous ? Cela ne fonctionne-t-il pas de la même façon ?

C’est le signe que la révélation divine (en l’occurrence les Actes des Apôtres) se déroule sur terre, pas sur un vaisseau spatial (et tant mieux).  Dieu se révèle progressivement, avec les lourdeurs et les erreurs des hommes. C’est pour cela qu’on trouve des passages extrêmement violents ou surprenants dans l’Ecriture, et que c’est tout de même certainement la parole de Dieu.

Dieu se révèle dans l’Ecriture, la Tradition et le Magistère, et donc, de la même façon que dans l’Ecriture, il y a des aspects qui sont marqués par leur époque dans les textes de la tradition et du magistère : Dieu s’y révèle fort bien tout de même.

Jésus déclare : je suis le Chemin, la vérité et la Vie. Dimanche dernier, nous avons eu l’occasion de redire que Jésus est La porte, vrai Dieu et vrai homme, seul être capable de conduire l’homme à Dieu et Dieu à l’homme, d’ailleurs avant tout … Jésus ajoute aujourd’hui la notion de Chemin.

Ceci m’inspire deux choses : l’une d’entre elles est à la mode, l’autre ne l’est pas du tout …

Ce qui n’est pas à la mode :
Il n’y a pas d’autres chemins que Jésus pour aller à Dieu
Jésus ne dit pas je suis un chemin, il dit qu’il est « le » chemin, avec l’article défini. On n’est pas sauvé parce qu’on est un brave type, un bouddhiste honnête, un musulman droit, un juif généreux, un chrétien dévoué, ou un athée qui a le cœur sur la main … on est sauvé par Jésus-Christ, il est le chemin, parce qu’il est mort et ressuscité (le salut vient de là), parce que notre vie valide notre appartenance à Jésus-Christ, dans la mesure où nous aurons fait mourir en nous le péché, qui est à la source de la mort éternelle …et non simplement parce que nous serions inscrits sur les registres de catholicité. « Personne ne va vers le Père sans passer par lui »(je ne fais que citer l’Evangile !)

La deuxième chose est plus dans l’air du temps, et tant mieux !
« Jésus est le Chemin », cela signifie que personne d’entre nous n’est arrivé au bout de ce chemin ; bien malin celui qui peut dire qu’il est plus avancé que son voisin sur la route qui mène à Dieu ! Il y en a certains qui croient être très éloignés du Christ et qui en sont proches
et l’inverse est vrai …

Mais ce qui compte, c’est d’avancer, sans savoir où on en est exactement, cette évaluation en effet appartient à Dieu et à l’Eglise.

Connaissez-vous le livre « je veux voir Dieu »(du père marie-Eugène de l’Enfant-Jésus) ?
Il se propose de faire un apprentissage de l’oraison, dans une récapitulation de toute l’école carmélitaine, au cours d’un itinéraire qui va de la décision de vivre sérieusement sa foi (la conversion) à l’apostolat pour faire connaître et aimer celui qu’on a appris à connaître intimement dans la prière.

Avec des prêtres, nous lisons JVVD régulièrement ensemble, et nous étudions les illusions qui guettent ceux qui progressent dans la vie de prière (et celles qui tombent sur les personnes qui vivent superficiellement leur foi aussi !)

On peut résumer, je crois, ainsi les dangers de cette manière : nous marchons sur une ligne de crête, et à tout moment, on peut basculer dans le désespoir ou au contraire la vanité : in medio stat virtus

Et la conclusion, à chacune de nos rencontres est d’une platitude extrême : en fait, il faut continuer à faire oraison, qu’on ait l’impression de progresser ou non, il faut continuer, « écrire chaque jour sa page d’écriture », dirait Bernanos, « à chaque jour suffit sa peine », dit la sagesse populaire, humblement, « sur le métier remettre son ouvrage » disait Montaigne et se dire qu’on est sur le chemin, qu’il ne faut pas lâcher la main de Dieu, et ne pas s’écarter du chemin.

La Vierge Marie est présente à chacun de nos pas. Parfois, nous lui tendons la main, mais quand nous omettons de le faire, elle pose ses mains sur nos épaules et continue à nous accompagner.

En fait, on ne peut pas faire l’économie de Marie : c’est le choix de Dieu ; il a voulu passer par elle pour se frayer un chemin jusqu’à nous, et nous allons passer par elle pour nous frayer un chemin jusqu’à lui !

Heureux sommes-nous de savoir tout cela, amen !

P. Emmanuel d'Andigné

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