16 juin 2011

Lettre pastorale Mgr Emmanuel Delmas 1er juin 2011

EMMANUEL DELMAS
Evêque d’Angers

Le 1er juin 2011




    Aux ministres ordonnés ; aux personnes consacrées ;
    Aux laïcs en mission ecclésiale ; à tous les fidèles laïcs
    du doyenné « Angers Centre ».

Chers amis,

          Au retour de ma semaine de visite pastorale, je tiens à vous exprimer ma reconnaissance pour le bon accueil qui m’a été réservé et pour le programme qui a été soigneusement préparé pour cette semaine de rencontres. Je veux dire merci à toutes les personnes qui ont donné de leur temps et travaillé pour me présenter leur mission ou engagement. Merci aussi pour les moments de convivialité, en particulier les repas auxquels j’ai été invité dans vos presbytères, dans des familles. Je sais qu’une visite pastorale engendre du travail et demande une grande attention, une organisation sans faille, afin que tout se passe bien. Je reviens heureux de cette visite et tiens à vous l’exprimer vivement tout d’abord.

          Au début de cette semaine, la présentation des grands projets de la municipalité, soulignant le souci de mettre en œuvre une proximité avec, en particulier, une présence des élus au sein de chaque quartier de la ville me confirme qu’il y a bien, sur le plan municipal, un terrain commun avec le travail des paroisses. Même si l’objet est différent, il me semble que ce projet commun favorise les échanges entre les élus d’une part et les chrétiens de vos paroisses.

          La rencontre avec les « équipes d’animation paroissiale » a été une opportunité, pour moi, de mesurer à la fois la richesse et la diversité de vos paroisses. Toutes n’ont pas le même visage, la même personnalité, c’est bien évident. Vous avez tous à coeur, en effet, de prendre des initiatives missionnaires au sein de chacune de vos paroisses. Je m’en suis réjoui et vous encourage à intensifier votre travail. Parmi ces initiatives, je note les « après midi soleil » à Saint Laud, les « tables ouvertes » à Saint-Joseph, les « groupes Alpha » à Sainte Madeleine et Saint léonard ainsi qu’à Sainte Bernadette, la messe à l’adresse des étudiants à la paroisse Cathédrale-Notre-Dame.

          J’ai été heureux de célébrer dans chacune des paroisses. Chacun donne de l’importance à la liturgie célébrée lors des eucharisties dominicales. Je me réjouis du beau service rendu par les chorales paroissiales, par les servants d’autel également. J’ai eu aussi la joie de rencontrer chacun des curés personnellement et d’échanger avec les diacres et leurs épouses.

          Je mets dans cette lettre quelques réalités en lumière. Elles n’épuisent pas tout ce qui est vécu et réalisé chez vous, c’est bien clair.

          I - La mission de l’Eglise auprès des enfants et des jeunes vivant sur votre doyenné.

          Je souligne la présence de l’Eglise catholique auprès des enfants et des jeunes de ce doyenné. Cette présence se réalise d’une part, grâce aux établissements scolaires de l’enseignement catholique du premier degré comme du second degré, et d’autre part, dans les aumôneries des collèges et lycées de l’enseignement public. Ces écoles, ces aumôneries sont des lieux où l’Evangile est annoncé aux jeunes eux-mêmes, à leurs familles également et aux enseignants, pour ceux qui travaillent dans l’enseignement catholique.

          J’aborde maintenant chacun de ces points pour eux-mêmes et vous fais entendre quelques appels pour vous encourager dans cette mission confiée.

          1. La mission des directeurs des écoles catholiques.

          Je sais la conscience qu’ils ont de leur responsabilité pastorale. Je sais leurs difficultés. Je sais aussi leurs joies d’être les ouvriers de l’annonce de l’Evangile. Je les encourage bien entendu dans cette volonté affirmée par chacun d’entre eux de promouvoir la culture chrétienne pour tous les enfants scolarisés et de proposer une catéchèse pour ceux qui en ont exprimé la demande. J’en viens maintenant à faire une proposition :
  •  Je suggère que chaque école puisse être en lien avec une des paroisses proches et qu’elles puissent ainsi bénéficier des propositions spirituelles de cette paroisse, en particulier pour des temps de célébrations. La mise en œuvre de cette proposition répondrait à l’une des attentions portées par le projet pastoral de l’enseignement catholique de notre diocèse qui est de créer des liens entre les paroisses du diocèse et la vie en réseau des écoles de l’enseignement catholique. Cette attention fait d’ailleurs l’objet d’un chantier du comité diocésain de l’enseignement catholique.

          2. La mission des aumôneries dans les collèges et lycées publics et celle des collèges et lycées de
    l’enseignement catholique.

          Lors de notre rencontre, les responsables m’ont confié leurs difficultés, constatant que leurs moyens humains diminuent. Ils déplorent que la présence d’un prêtre pour rencontrer les jeunes, préparer et célébrer les sacrements, devienne plus difficile. Ils font l’expérience d’un manque de culture chrétienne de ces jeunes. Ils notent l’absence de rattachement à une communauté paroissiale. Ceci me permet de faire la suggestion suivante à l’adresse des pasteurs des paroisses, des animateurs en pastorale scolaire et des responsables des aumôneries de l’enseignement public.

  • J’encourage la mise en place d’une organisation des célébrations de la réconciliation dans les paroisses du centre ville qui permettent d’accueillir les jeunes présents dans les collèges et lycées, aussi bien de l’enseignement catholique que de l’enseignement public présents sur le doyenné.    
  • De façon plus large, j’encourage une organisation de célébrations eucharistiques dans les paroisses qui permette d’accueillir des élèves scolarisés dans les établissements du doyenné.
          3. La mission des catéchistes.

          Un autre lieu essentiel où les enfants entendent l’Evangile et s’initient à la vie de l’Eglise est la catéchèse. La rencontre avec les catéchistes présents dans les paroisses du doyenné a été un moment important de cette semaine pastorale où j’ai noté la belle générosité des catéchistes oeuvrant dans les paroisses, leur inventivité également qui s’exprime dans de belles propositions, telles les écoles de prière et la mise en place de l’éveil à la foi. En même temps, j’ai entendu les questions qui m’étaient posées : l’absence de catéchèse en CE1, l’ « absence » des parents des enfants catéchisés, comment répondre à l’attente de certains enfants qui veulent aller plus loin que ce qui est proposé ? Comment faire pour atteindre les enfants des écoles publiques ? J’ai entendu aussi une demande de formation chez les catéchistes.

          Tout ceci m’incite à vous faire les propositions suivantes :
  • J’encourage chaque curé à veiller à la formation des catéchistes présents sur sa paroisse en travaillant « la charte de la catéchèse de la province ecclésiastique de Rennes » publiée en 2009. Elle donne de nombreux éléments très concrets et intéressants à mettre en œuvre. Elle soutiendra, j’en suis convaincu, les catéchistes dans leur mission et nourrira la catéchèse dans les paroisses.
  • La famille est la première communauté chrétienne de l’enfant. Les parents croyants et pratiquants sont les premiers catéchètes de leurs enfants. Les catéchistes en sont bien convaincus. Si je le dis ici, c’est pour les encourager à ne pas hésiter à se tourner vers leur curé.
  • Une attention particulière doit être portée aux parents éloignés de l’Eglise. Beaucoup peuvent redécouvrir la foi par la catéchèse donnée à leurs enfants. J’invite les catéchistes en lien avec les curés de leur paroisse à se fonder sur cette espérance et à ne pas hésiter à faire des propositions de rencontre qui leur soit adaptée. Dans ce domaine plus qu’en tout autre, il est important de ne jamais oublier que la grâce de Dieu est à l’œuvre avant nous et travaille à nos côtés. Il est sans doute opportun de trouver les moyens appropriés d’une catéchèse qui soit ajustée aux questionnements des parents.
  • Les catéchistes ont besoin d’avoir du temps pour leur ressourcement personnel et leur formation. Pour ce faire, les curés sont les premiers responsables de cette formation ; ils savent qu’ils peuvent s’appuyer sur les membres du Service de la « formation permanente » et bien sûr compter sur l’office diocésain de la catéchèse.
  • Chaque personne est unique aux yeux de Dieu et appelle une pédagogie appropriée. J’ai souligné à l’instant l’attention qui devait être portée aux parents éloignés de la foi. Il convient, de même, de prendre en compte l’attente des enfants qui demandent à aller plus loin dans leur formation chrétienne. J’encourage les curés à proposer des lieux où une catéchèse plus approfondie soit assurée en lien avec l’office diocésain de la catéchèse. Une telle proposition peut se réaliser au niveau du doyenné.
          II - La mission des aumôneries dans les maisons de retraite.

          L’attention aux personnes présentes dans les foyers logements ou maisons de retraite est aussi bien présente dans la vie des paroisses. J’en ai été le témoin, tout particulièrement lors de ma rencontre avec les bénévoles travaillant dans les équipes d’aumônerie de maisons de retraite sous la responsabilité du diacre permanent. Je suis heureux également de la présence des prêtres qui témoignent, avec la célébration des sacrements, de la place indispensable du sacerdoce ministériel auprès des résidents de ces établissements.

          Je souligne ce que j’ai eu l’occasion de dire, lors de ma rencontre, aux membres des équipes d’aumôneries.

  • Le service rendu est à considérer dans toute sa profondeur : avec leur présence, c’est la présence aimante et agissante du Christ qui se donne à voir. Il est présent dans ce regard respectueux porté sur les personnes âgées, dans cette attention à leur vie chrétienne, dans l’espérance manifestée par leur sollicitude vis-à-vis de personnes qui sont au soir de leur vie.
  • D’où l’importance des temps de partage et de réflexion qui sont autant de lieux de renouvellement, de ressourcement. Je les encourage à approfondir leur responsabilité et d’en voir la dimension sacramentelle. Pour les aider, le diacre responsable saura s’appuyer sur le soutien que lui apporteront les services diocésains.


         III - La vie consacrée.

          L’importance de la vie consacrée ne m’est pas étrangère dans notre diocèse et j’ai été heureux de pouvoir rencontrer les communautés religieuses présentes sur le doyenné. Elles ont été fondées pour permettre à l’Eglise de répondre à des besoins de la société de l’époque où elles sont nées. Cette rencontre m’invite à faire entendre un appel aux communautés chrétiennes de votre doyenné :

  • Lors de l’année qui vient qui est une année de la vie consacrée, j’encourage les baptisés à développer une plus grande connaissance des congrégations religieuses présentes sur le territoire de leur paroisse. Ils approfondiront ainsi l’importance de la vie consacrée pour la vie de l’Eglise diocésaine.

          IV - La vie en doyenné

          J’en viens à parler de la vie en doyenné et de l’importance que je donne à celle-ci. Souvenez vous ! Avant ma visite, je vous ai adressé une lettre où vous exprimais être particulièrement attentif à la façon dont se vivait, chez vous, la vie en doyenné. Les rencontres vécues me montrent bien évidemment que vous faîtes partie d’un même doyenné. Cependant, je me demande si le doyenné est suffisamment mis en valeur ? Avez-vous eu le temps nécessaire pour mesurer l’aide qu’il apporte à la vie et à la mission de vos paroisses ? En même temps, je comprends aisément que cette question se pose davantage pour un doyenné tel que le vôtre, un doyenné de centre ville où chaque paroisse est suffisamment riche et où elle pourrait se suffire à elle seule.

          Cependant, je redis ce que j’ai eu l’occasion de souligner lors de la création des doyennés dans le diocèse et que j’ai écrit dans la charte des doyens : le doyenné n’est pas là seulement pour les paroisses qui en éprouveraient le besoin. N’a-t-il pas une finalité plus profonde ? Celle d’être le lieu d’une communion privilégiée entre des paroisses appartenant à un même secteur. Un lieu où peut se vivre un partage d’expériences, un lieu d’enrichissement réciproque, un lieu d’entraide également. En fait, un lieu suffisamment important où il est possible de vivre une expérience d’Eglise qui ne dispense pas de la vie en diocèse bien entendu, mais qui ouvre à plus grand que la seule vie paroissiale. Le doyenné vient enrichir les fruits missionnaires vécus au sein de chaque paroisse.

          Au retour de ma visite, il m’est apparu que vous pouvez progresser sur cette question de la vie en doyenné et je vous fais les suggestions suivantes. Ce sont là des propositions qui aident à vivre une entraide, à faire l’expérience d’un enrichissement mutuel. Il ne s’agit en aucun cas de vouloir aller vers une seule grande paroisse avec des unités satellites tout autour, ce qui n’est pas souhaitable, bien entendu.

  • Les rencontres des curés, ou des curés avec leur EAP, permettent de prendre conscience de l’ampleur de la mission, en mettant en lumière des besoins qui ne sont pas traités lors de la pastorale ordinaire. Pourquoi alors ne pas attendre du doyenné qu’il réponde à ces besoins nouveaux ? Ex : il est souhaité une attention à des enfants qui souhaitent une catéchèse approfondie ; le doyenné peut être le lieu d’une mise en œuvre de cette proposition supplémentaire. Autre exemple : une attention doit être portée aux parents éloignés de l’Eglise ; le doyenné n’est il pas le lieu où pourrait se déployer une proposition dans leur direction ?
  • Vous vivez déjà des « temps forts » au sein de votre doyenné. Je vous encourage à les penser en mettant en œuvre une action commune qui aidera à une plus grande connaissance mutuelle et permettra un enrichissement de tous.

          Quelques mots de conclusion.

          Au terme de cette rapide synthèse de ma visite pastorale, je rends grâce pour tout ce dont j’ai été témoin durant cette semaine passée avec vous. J’ai pris le temps d’une vraie visite et je vous remercie encore du bon accueil reçu. J’ai bien conscience, en même temps, de ne pas avoir fait le tour de tout ce qui existe.

          Je vous encourage à approfondir votre mission. Il est nécessaire que vous gardiez des moments de gratuité où vous puissiez « relire » votre apostolat, prendre conscience des questions que vous vous posez dans ce service de l’évangélisation, vous réjouir des fruits que vous percevez. Vous ferez alors l’expérience que la mission est plus grande que vous vous l’imaginiez et que vous ne parvenez pas à répondre à la demande. D’autres appels se font entendre et demandent à « votre charité de se faire inventive ».

          Cette visite pastorale aidera, je le souhaite, vos paroisses, vos aumôneries, vos écoles, à donner un souffle nouveau pour que vous soyez, « à temps et à contretemps », des témoins de l’Evangile.

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