Homélie du 6ème dimanche de Pâques - Année A
J’attire tout d’abord votre attention sur le fait que nous venons d’écouter Jésus, aussi certainement que les apôtres l’ont fait, tout simplement par le truchement de la messe. « Louange à toi, Seigneur Jésus », dit-on après l’Evangile … de temps à autre, c’est bon de faire un arrêt sur image et de se dire : je viens d’avoir une conversation avec Jésus … « Il y a quelque chose de pire qu’un chrétien mauvais, disait Péguy, c’est un chrétien habitué. »
Dans son discours, Jésus annonce la venue de l’Esprit-Saint et il lui donne ce surnom curieux de « Défenseur (traduction liturgique) ». On essaie de traduire le mot « parakklètos » comme on peut, que certaines traductions rendent tout simplement par « paraclet » !
Il n’y a que cinq mentions de ce mot dans tout le Nouveau Testament, dont quatre dans l’Evangile selon saint Jean (où il désigne le Saint-Esprit), et une dans la première lettre de Saint Jean (où cette fois il désigne Jésus lui-même !)
Ce mot signifie donc, « défenseur », « avocat », et la question qui se pose alors est : défendre de quoi ou de qui ??? A vrai dire, l’actualité nous a montré qu’un avocat n’est pas seulement celui qui défend, mais aussi celui qui plus largement prend soin des intérêts de son client.
« Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu'il s'occupe de vous », dit Saint Pierre (1 P 5,7). Nous devons confier toutes nos affaires, qu’elles soient simples ou difficiles, heureuses ou malheureuses, à Dieu.
Et saint Pierre continue, dans la même lettre, juste après cette première recommandation : « soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire, le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. »
Nous sommes défendus, donc, contre le démon, et d’ailleurs, le démon a aussi un surnom, chez Saint jean : « l’accusateur » (en effet, on peut lire [Ap 12,10] « l’accusateur de nos frères est rejeté, lui qui nous accusait jour et nuit devant notre Dieu »)
A vrai dire, Saint Jean n’a rien inventé, car déjà dans l’Ancien Testament, dans le livre de Job, Satan est l’accusateur qui dit à Dieu que Job le prie et le révère parce que tout va bien pour lui, mais dit-il : « étends seulement la main, et touche à tout ce qu'il possède : je parie qu'il te maudira en plein visage ! (Job, 1,11)»
A vrai dire, il arrive, dans l’Ancien Testament que Dieu accuse (ps 49) : « Je ne t’accuse pas pour tes sacrifices ; tes holocaustes sont toujours devant moi. « Tu t’assieds, tu diffames ton frère, tu flétris le fils de ta mère. Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence ? … Penses-tu que je suis comme toi ? Je mets cela sous tes yeux, et je t’accuse. »
Dieu accuse parfois, il se met légitimement en colère pour nous réveiller, mais le même Seigneur, l’instant d’après console, bénis, encourage … de sorte que vous ne pouvez pas enfermer Dieu dans un surnom trop simple et d’ailleurs le mot « Dieu » est un mot très vague, qui dénote simplement qu’il est bien au-dessus de nous, mais on ne dit pas grand-chose sur lui quand on prononce le mot « Dieu » !
A l’inverse, il est assez simple d’enfermer le démon dans une appellation précise -« l’accusateur »- car il ne sait qu’accuser, il ne sait pas consoler ou encourager.
C’est de lui, donc, que Jésus nous défend, c’est de lui que l’Esprit Saint nous défend, parce que nous ne sommes pas de taille à lutter (j’ai évoqué cette question vendredi saint, avec Jésus qui s’avance, en première ligne, au moment où ses disciples dorment, car ils n’ont pas la force de veiller)
Jésus et l’Esprit sont nos avocats, ils prennent soin de nos affaires, et ils nous défendent contre les attaques de l’ennemi
Mais à vrai dire, et il est convenable d’en parler en beau de mois de Mai, nous avons aussi une avocate, au féminin : « Eia ergo, advocata nostra, illos tuos misericordes oculos, ad nos converte » … dans le Salve Regina, on surnomme la sainte Vierge « notre avocate » : c’est ni plus ni moins la traduction latine de parakklètos –Paraclet. Encore une fois, ce que l’on dit de façon incréée du Fils et de l’Esprit, on peut le dire de Marie, de façon créée.
Elle s’occupe de nos intérêts, elle nous défend des agressions, et c’est pour cette raison que tant de gens dans le monde se consacrent à elle, ce qui en fait revient à prendre au sérieux la consécration à Dieu (le baptême) et à agrandir encore en nous l’espace que Dieu a creusé par le sacrement du baptême. Cet « espace » sera élargi encore par le sacrement de la confirmation.
P. Emmanuel d'Andigné
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