Homélie de l'Ascension 2011- Année A
L’Ascension fait partie des mystères du Christ qui soulignent la Toute-Puissance de Dieu (comme Résurrection et Pentecôte par exemple). Alors qu’à l’inverse, certains mystères du Christ soulignent l’humanité de Jésus : naissance de pauvre, fuite en Egypte et vie toute simple à Nazareth …
J’ai eu à plusieurs reprises des discussions -et encore récemment- sur la réticence, même chez les catholiques, à admettre la toute-Puissance de Dieu. Il est bien vrai que les exemples de toute-puissance que nous a laissés le XXème siècle nous a donné une drôle d’impression. Il est certain que quand la toute-puissance est mise entre les mains d’êtres humains, cela produit les génocides et les totalitarismes les plus violents. Alors on aimerait bien pouvoir penser Dieu sans cette notion de Toute-Puissance, de façon à ce que Dieu nous reste sympathique …
Sauf que nous avons trois obstacles : le premier obstacle est métaphysique, le second est liturgique, et le troisième est évangélique !
Sur le plan métaphysique, il est nécessaire et logique que Dieu soit Tout-puissant : même quelqu’un qui n’est pas chrétien admet, intellectuellement, que penser Dieu, c’est forcément penser un être qui a toutes les perfections. Dieu est « celui au-delà duquel on ne pas penser », disait saint Anselme. Cet être est par définition parfait et il peut tout faire : s’il y avait une limitation à son pouvoir, cela signifierait qu’il y a un être encore au-dessus de lui, et qui du coup, en fait, lui ravirait le titre de Dieu …
C’est peut-être un affaiblissement de la métaphysique dans la mentalité générale qui explique que beaucoup de gens, même chrétiens, ont du mal à saisir ne serait-ce que la logique de cette Toute-puissance …
Cela signifie que nous devons interroger les professeurs de philosophie dans les lycées, pour savoir s’ils enseignent la métaphysique aux enfants qui leurs sont confiés… sans quoi, lorsque ceux-ci arrivent à la messe le dimanche et qu’ils entendent la plupart des prières commencer par « Dieu éternel et tout-puissant … », cette expression ne veut pas dire grand’ chose pour eux, et cette prière peut plus difficilement faire son chemin en eux.
Et c’est la seconde chose qui nous pousse à admettre, tout simplement, à nous nourrir, même, de la toute-puissance de Dieu : la liturgie. Elle ne cesse de nous dire cela : le Dieu que nous prions est Tout-puissant !
La troisième source qui nous confirme la toute-puissance de Dieu, c’est l’Evangile, bien sûr, qui relate notamment ce fait merveilleux de l’Ascension. Jésus dit « tout pouvoir m’a été donné ». Tout pouvoir : il s’agit bien de la toute-puissance ; mais le même Evangile réconcilie les deux versants de la connaissance de Dieu (le versant sympathique … humilité, simplicité, soif, faim, douleur, prière … qui rendent Jésus proche de nous, et le versant divin … affranchissement des lois de la nature, pouvoir sur la mort … qui rendent Jésus proche du Ciel).
Et notez que les deux versants sont nécessaires : le premier pour nous atteindre et le second pour nous habituer au Ciel …
Dieu, le tout-puissant, montre sa toute-puissance de la façon la plus éclatante au moment où il la retient, pour mieux la libérer lorsque c’est opportun …
L’Ecriture sainte et l’histoire de l’Eglise sont remplis de récits qui montrent de quelle manière Dieu a déployé sa Puissance. Tous les régimes qui ont écrasé l’homme au XXème sont tombés, l’Eglise de Dieu est toujours debout.
L’Eglise n’est pas au-dessus de son maître : elle éprouve le silence de Dieu quand ses membres souffrent et quand elle souffre en tant que telle. Elle éprouve aussi la puissance de Dieu quand elle connaît des renaissances, et des beaux évènements de grâce comme les jmj !
P. Emmanuel d'Andigné
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