Homélie du vendredi saint - Année A
Je voudrais vous adresser deux invitations :
La première est une invitation à la lecture. Le père Rouillard nous a fait découvrir hier quelques aspects de la richesse du dernier livre de benoît XVI, qui n’est un livre de pape, mais un livre de théologien, qui tente de faire une synthèse entre l’intelligence et le cœur dans la connaissance de Jésus.
Puisque le carême et en fait la vie toute entière est une affaire de conversion, il faut convertir notre intelligence autant que notre cœur (j’en ai fait part aux lycéens, l’autre jour, de ma crainte à ce sujet : il ne faudrait pas que leur foi se « sentimentalise »)
La seconde invitation se situe d’avantage dans le cœur et je voudrais vous proposer une méditation sur les armes utilisées au moment de la Passion …
Les armes des ennemis de Jésus
Les armes des amis de Jésus
Les armes de Jésus lui-même
Les ennemis utilisent lanternes, torches, armes militaires (épées, boucliers, lances, poignards …), chaînes (ou des cordes ???), soupçons, feu, gifle, moquerie, fouet (flagellation), clous et marteaux
Judas, dont on ne sait pas s’il faut le classer parmi les ennemis ou les amis, a quant à lui recours à l’arme de l’argent !
La chose devient plus subtile et plus intéressante pour les amis de Jésus : Pierre a comme premier mouvement d’utiliser une épée, mais cette fois pour la bonne cause…
On croit souvent que, lorsqu’une épée s’avance, Il faut qu’une autre s’avance en face pour la contrer (précision : je ne parle pas du tout de l’art de la guerre, je ne parle pas des soldats, je parle du combat spirituel, cette lutte entre le bien et le mal à l’intérieur de nous et parfois à l’extérieur)
Pierre a l’illusion que c’est une épée qui va résoudre la question, et nous, lorsqu’une épreuve ou une tentation se présentent, nous avons tendance à nous agiter avec nos propres armes, avec nos propres forces, en demandant de l’aide à Dieu, mais en comptant sur nos propres forces, je pourrais dire nos propres armes …
Or il se trouve que lorsqu’on se tourne vers Jésus pour savoir quelles sont ses armes, on a la surprise de constater que l’arme unique qu’il utilise est lui-même !!! « Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s'avança et leur dit : ‘Qui cherchez-vous’ ? »
A cette arme unique, on pourrait ajouter sa parole, mais c’est une façon de dire une seconde fois la même chose. Jésus n’est-il pas lui-même La PAROLE ?
L’épître aux Hébreux déclare : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » Hb 4,12
La conclusion de tout cela, c’est que le combat spirituel consiste à laisser Jésus s’avancer devant les gardes, à laisser Jésus combattre en nous, au moyen de sa Parole et de lui-même.
Je me souviens d’une belle homélie d’un diacre qui nous rappelait qu’un temple est un lieu vide, vidé pour que Dieu puisse le remplir ; eh bien notre corps est le temple de Dieu, mais il est souvent plein de lui-même, et Dieu a bien de la peine à faire sa demeure en nous pour s’avancer et combattre en nous.
Il y a de l’activité dans la vie spirituelle, aucun doute là-dessus, mais l’activité sert à creuser un espace en nous pour que Dieu s’y installe et s’avance lui-même pour combattre les forces du mal. Ainsi-soit-il !
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