27 mai 2009

Homélie du 24 mai 2009

Homélie du 6ème dimanche de Pâques - Année B
Jeudi dernier, j’ai évoqué le baptême et la foi comme nécessaires, ensemble, au Salut, à partir de Marc 16,16 … la lecture d’un passage du concile m’a obligé (et c’est tant mieux !) le mot de « religion ». Un Monsieur m’interpelle à la fin de la messe et me demande « religion ou foi ? Ne faut-il pas préférer la foi à la religion ? »

Dans nos lunettes, le plus important est la monture ou les verres ? Les verres, me direz-vous, mais sans la monture, vous répondré-je, les verres ne tiennent pas : nous avons besoin de la religion pour tenir la foi ; Dieu lui, c’est vrai, peut se passer de religion, mais nous non …

Jn 17, que nous venons d’entendre, est ce que l’on appelle traditionnellement la « prière sacerdotale » : elle exprime l’essence du sacerdoce, elle fait comprendre l’âme du prêtre (que le prêtre lui-même tente d’explorer, car seul Jésus est prêtre au sens parfait et plénier du terme, nous ne faisons que participer au sacerdoce du Christ).

Etre prêtre, c’est faire le lien entre la terre et le Ciel, et c’est d’ailleurs bien ce que les gens sentent, même lorsque la religion leur paraît lointaine et inaccessible …

Et cette période de l’Ascension est favorable pour comprendre ce lien entre ciel et terre, elle montre que nous sommes faits pour monter, que le Ciel est notre destination, la vie éternelle !!!

Jn 17, c’est aussi une « fenêtre ouverte » sur la Trinité, l’intimité trinitaire nous est dévoilée, non pas une indiscrétion mystico-bizarre, mais un avant-goût de cette intimité familiale dont nous jouirons au Ciel, une intimité toute simple entre le Fils et son Père, au regard de laquelle nous découvrons qu’elle est accessible à tous. Ceci illustre une grande partie de la vie du Christ, et à vrai dire la raison de sa venue sur la terre : pour nous, « pro nobis » ! Nous prononçons cette expression dans le Credo de Nicée : « pour nous, les hommes et pour notre Salut, il descendit du Ciel ».

Cette expression est très précieuse, malgré sa simplicité ! Pourquoi Jésus a-t-il été baptisé, lui qui n’en n’avait pas besoin ? Pour nous ! Pourquoi Jésus a-t-il soudain un jour exulté sous l’action de l’Esprit Saint , lui qui de toutes façons en était rempli en permanence ? Pour nous ! Pourquoi Jésus a-t-il souffert la Passion et pourquoi est-il mort, alors qu’il aurait pu nous sauver de mille autres manières ? Pour nous, pour que nous puissions, tout d’abord, gravir toutes les marches de la vie en prenant appui sur l’exemple du Christ, et faire de toute la vie un escalier qui mène à Dieu. Il a franchi toutes nos marches pour que franchissant les nôtres, que nous connaissons bien, nous nous apercevions que le bout de notre route est en fait le début d’une autre, bien plus belle encore, et qui ressemble donc, à cette intimité familiale qu’on appelle Trinité et qu’il nous ouvre dans cette grande prière.

Nous devenons alors capables de comprendre comme de l’intérieur, avec des mots humains, ce qui se passera là-haut et ce qui se passe en fait déjà dans la vie spirituelle : c’est ce que nous appelons la vie mystique, c’est-à-dire ce coin de ciel qu’il y a en nous et qui nous paraît tour à tour très simple et très mystérieux, comme l’amour …

Mais encore une fois, l’amour est un grand mot qui réclame des actes …

Dans ce court passage de la prière sacerdotale, Jésus émet quatre vœux : que Dieu nous rende fidèles (ce qui veut dire que nous ne faisons pas tout dans la lutte pour la fidélité !), que nous soyons bien unis les uns aux autres, que notre joie soit parfaite (Jésus le dit souvent !) et enfin que nous soyons « consacrés dans la vérité », c’est-à-dire mis à part pour un usage noble (c’est bien le sens du mot « consécration »), à savoir la recherche de la vérité, l’amour de la vérité.

Or cette « consécration » à la vérité a un prix : la haine du Christ existe bel et bien ! En Egypte, vous le savez, il y a eu l’affaire des cochons détruits par l’Etat pour en fait asphyxier les éleveurs de porcs, tous chrétiens par définition, au prétexte de la grippe porcine … La haine du Christ existe bel et bien, les chrétiens d’Irak, du Soudan, de Palestine, d’Indonésie, … le savent bien !

La mystique enseignée par le Christ est très réaliste, elle a les pieds sur terre, et c’est sans doute pour cela que Jésus, sur la croix, a confié l’Eglise à Marie sa mère, une femme, afin qu’elle communique son sens pratique à chacun de ses enfants. Confions-lui toutes nos affaires, tant matérielles que spirituelles, d’ailleurs elle saura en prendre soin !

P. Emmanuel d'Andigné

22 mai 2009

Homélie du 21 mai 2009

Homélie du jour de l'Ascension 2009 - Année B
Pour la fête de l’Ascension, les textes sont invariables, sauf l’évangile : l’année A nous fait écouter saint Mathieu, l’année B saint Marc, l’année C, saint Luc …

Chacun de ces évangiles (on les appelle « synoptiques », car ils « regardent les choses de la même façon ») raconte la fin du passage de Jésus sur la terre à sa manière ...

Saint Mathieu, par exemple, ne parle pas de l’Ascension ; il a été frappé par l’une des dernières rencontres sur une montagne de Galilée, et il parle des doutes de certains, ce qui est rassurant pour nous ! Il insiste sur le baptême et la mission.

Saint Luc, quant à lui, est sensible à l’accomplissement des Ecritures, et il précise que l’Ascension a eu lieu à Béthanie (à l’Est de Jérusalem), répondant ainsi à l’une de nos préoccupations modernes, c’est le plus « scientifique » des trois, dirions-nous aujourd’hui.

Saint Marc, que nous lisons cette année insiste lui sur les signes qui accompagnent l’œuvre de Dieu ; par ailleurs, il cite cette phrase de Jésus, dont on se serait bien passés au XXIème siècle : celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui refusera de croire sera condamné. Vous imaginez-vous en train de dire cela lors d’un témoignage sur votre foi ?

Je vous propose d’affronter la question !!!

Premièrement, on écarte une tentation : celle de « zapper » la phrase et de faire comme si on ne l’avait pas entendue. Soyons un peu courageux !

Deuxièmement, on accepte la phrase de Jésus, telle qu’elle est, en faisant confiance totalement à saint Marc et à l’Eglise, qui ont porté fidèlement cette phrase jusqu’à nos oreilles et jusqu’à nos yeux. On ne bâtit pas sa religion à partir de la mesquinerie de nos esprits, on la reçoit de Dieu avec une totale confiance, en cherchant à comprendre.

Troisièmement, on cherche donc à comprendre … je vous propose de consulter deux sources : L’Evangile lui-même, bien sûr, mais aussi le Concile Vatican II, puisque, précisément, les problèmes que pose cette phrase viennent du décalage de mentalité entre l’Evangile et l’époque moderne, et que la principale intention du Concile est de permettre au monde moderne de comprendre l’héritage de la foi catholique avec les mots d’aujourd’hui …

L’Evangile, d’abord : rien que dans la phrase de Jésus, il y a déjà un enseignement assez précis sur l’obtention du Salut : il s’agit 1) de croire 2) d’être baptisé, ce qui veut dire, déjà, que le baptême lui-même n’est pas un acte magique qui est un ticket d’entrée au paradis, et que celui qui n’a pas son ticket …

Croire, c’est-à-dire, ratifier son baptême, c’est un acte du cœur, mais aussi de l’intelligence, et de la vie, qui est une adhésion à Jésus-Christ par toutes les dimensions de la vie (corps, cœur et âme, ainsi que j’ai pu le rappeler aux enfants qui faisaient leur 1ère communion). Celui qui est « techniquement » baptisé doit donc ratifier par sa vie le baptême qu’il a reçu, et alors, c’est sûr, il sera sauvé !

Nous emportons donc, dans notre bagage, dans un premier temps, ces deux réalités complémentaires (être baptisé et « croire »).

Et nous pouvons nous réjouir, au moins pour nous, de ce que nous sommes nous, dans cette logique, installée par Jésus lui-même !

Il ne faudrait pas que, sous prétexte de nous soucier du salut des autres, et en particulier de la difficulté intellectuelle de penser qu’il puisse y avoir des gens qui ne soient pas sauvés, on en oublie que nous-mêmes, en attendant, sommes sur la voie du Salut, une voie sûre, belle, joyeuse, profonde, difficile, et que Dieu nous a fait le grand cadeau de nous en apercevoir …

Toujours dans l’Evangile, Jésus dit : « celui qui refusera de croire sera condamné »

En fait, la question est : par qui ? Dans l’épisode de la femme adultère, Jésus conclut l’affaire par « moi non plus, je ne te condamne pas, va, et ne pèche plus ». Le Fils de Dieu lui-même ne condamne pas ! En Jn 16, Jésus dit «le Prince de ce monde est déjà condamné ». Le condamnateur est celui-là même qui est condamné, on se condamne soi-même ! Dieu, lui, « veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tim) » et l’Evangile selon saint Jean (au même chapitre 16), précise que l’œuvre de l’Esprit est de « dénoncer l’erreur du monde sur le péché, sur le bon droit et sur la condamnation » et que l’Esprit « montrera où est la condamnation », il n’est pas dit qu’il la prononce …

Pour terminer, je vais avoir besoin d’un passage du Concile, car je n’ai toujours pas répondu, il me semble, à la question telle qu’elle se pose à un chrétien d ‘aujourd’hui, en particulier en ce qui concerne le salut des non-chrétiens …

Juste avant de l’écouter, rappelons-nous que tous les évangiles rappellent cette exigence du Christ de ne pas garder pour un petit groupe la Bonne Nouvelle, mais de le diffuser à tous les hommes, ce qui est d’ailleurs cohérent avec notre fameuse phrase !!!

Ecoutons Lumen Gentium (la lumière des Nations), aux numéros 14 et 16 (le n° 17 évidemment, parle de mission !!) :

14. Le saint Concile s'adresse donc avant tout aux fidèles catholiques. Il enseigne, pourtant, en s'appuyant sur la Sainte Ecriture et la Tradition, que cette Eglise voyageuse est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est Médiateur et voie du salut, lui qui se rend présent pour nous dans son Corps, qui est l'Eglise. Enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Me 16, 16; Jn 3, 5) le Christ lui-même a du même coup affirmé la nécessité de l'Eglise, dans laquelle on est introduit par le baptême comme par une porte. Aussi ne pourraient-ils pas être sauvés, ceux qui, sans ignorer que Dieu, par Jésus-Christ, a établi l'Eglise catholique comme nécessaire, refuseraient cependant d'y entrer ou de demeurer en elle.

Sont pleinement incorporés à la communauté ecclésiale ceux qui, possédant l'Esprit du Christ, acceptent toute son économie et tous les moyens de salut établis en elle et sont, par les liens de la profession de foi, des sacrements, de la direction et de la communion ecclésiastiques, unis dans ce même ensemble visible de l'Eglise, avec le Christ qui la régit par le souverain Pontife et les évêques. D'autre part, n'est pas sauvé, même s'il est incorporé à l'Eglise, celui qui, faute de persévérer dans la charité, demeure dans le sein de l'Eglise "de corps ". mais non pas " de coeur". Au surplus, tous les fils de l'Eglise se rappelleront qu'ils ne doivent pas attribuer leur condition privilégiée à leurs propres mérites, mais à une grâce spéciale du Christ; et que, s'ils n'y correspondent pas dans leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, bien loin d'être sauvés, ils seront jugés plus sévèrement. »

16. « Enfin, ceux qui n'ont pas encore reçu l'Evangile sont ordonnés de façons diverses au Peuple de Dieu (18). Et d'abord, le peuple qui reçut les alliances et les promesses et dont le Christ est né selon la chair (cf. Rom. 9, 4-5); peuple élu de Dieu et qui lui est très cher en raison de ses ancêtres, car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance (Rom. 11, 28-29). Mais le dessein de salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi eux, d'abord, les Musulmans qui, en déclarant qu'ils gardent la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au dernier jour. Quant à ceux qui cherchent le Dieu inconnu sous les ombres et les figures, Dieu lui-même n'est pas loin d'eux non plus, puisqu'il donne à tous la vie, le souffle et toutes choses (cf. Act. 17, 25-28), et que le Sauveur veut le salut de tous les hommes (cf. I Tim. 2, 4). En effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l'Evangile du Christ et son Eglise et cependant cherchent Dieu d'un coeur sincère et qui, sous l'influence de la grâce, s'efforcent d'accomplir dans leurs actes sa volonté qu'ils connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent obtenir le salut éternel (19). Et la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu'il y ait de leur faute, à la connaissance claire de Dieu et s'efforcent, avec l'aide de la grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l'on trouve chez eux de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme un terrain propice à l'Evangile (20) et un don de Celui qui éclaire tout homme, pour qu'il obtienne finalement la vie. Mais bien souvent les hommes, trompés par le Malin, se sont abandonnés à la vanité de leurs pensées et ont échangé la vérité divine pour le mensonge, en servant la créature à la place du Créateur (cf. Rom. 1, 21 et 25). Ou encore, en vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils s'exposent au plus grand désespoir. Aussi, en vue de promouvoir la gloire de Dieu et le salut de tous ces hommes, l'Eglise, se souvenant du commandement du Seigneur qui dit: "Prêchez l'Evangile à toute créature" (Mc 16, 15), s'emploie-t-elle avec sollicitude à développer les missions. »

Confions-nous à Marie « étoile de la nouvelle évangélisation », afin qu’elle nous accompagne dans cette grande œuvre de salut qu’est l’annonce du baptême et de la foi !

P. Emmanuel d'Andigné

20 mai 2009

Homélie du 17 mai 2009

Homélie du 5ème dimanche de Pâques - Année B
"Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie"

Voilà l’intention du Christ : nous partager gratuitement sa joie ; car le mot grec que l’on traduit par « joie » est « chara », qui est de la même famille que « charis », qui veut dire « don », don gratuit, grâce …

La grâce que Dieu possède, la joie que Dieu possède n’attendent qu’une chose : se déverser dans les cœurs, et nous combler de plénitude, d’une plénitude de joie !

Cet évangile me fait penser à une cascade, mais par n’importe laquelle : une cascade construite, avec des bassins disposés avec une intention précise, comme on peut le voir dans des jardins princiers ; chaque bassin est disposé de manière à ce que, lorsqu’il déborde, il se déverse naturellement dans le suivant, qui est disposé en dessous, et ainsi de suite …

La source, c’est le Père, bien sûr : « comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés ». Le second bassin, c’est le Fils, donc, « comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés » ! Le troisième bassin, c’est nous : « Pierre se releva et lui dit ; reste debout, je ne suis qu’un homme, moi aussi ». Saint Pierre révèle que la force, la joie, l’amour, tout cela ne vient pas de lui, mais du premier bassin, Dieu, et de son Fils, qui est Dieu aussi, et que en fait, le don en question, force, joie, amour, ce n’est pas quelque chose, c’est quelqu’un, l’Esprit Saint, l’eau qui coule éternellement en Dieu et qui est l’explication la plus parfaite de Dieu.

Et il y a une chose à ajouter, à laquelle nous sommes habitués, c’est que le troisième bassin, l’homme, le juif, ne doit pas garder pour lui l’eau qu’il a reçue, il doit la « déverser », « reverser » la joie de Dieu jusque dans les nations païennes : et nous devons quant à nous, verser la joie de Dieu dans une nation aujourd’hui redevenue païenne : La France …

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis »

Tout vient de Dieu, les bassins ne se sont pas construits eux-mêmes, et l’humilité ne consiste pas à déclarer qu’on est un mauvais bassin et que l’on est incapable de verser la joie de Dieu dans le cœur des autres. L’humilité consiste à savoir que nous avons été créés par un autre, et que si nous faisons du bien à qui que ce soit, ce bien est d’origine divine, le flot est assuré par la source. L’humilité consiste donc à se rendre compte que nous sommes capables de donner la joie de Dieu à tous les cœurs qui ont soif d’elle, et qui en seront comblés !

Déclarer que nous sommes incapables de la mission, c’est retourner le bassin, de sorte que l’eau ne nous remplit pas, elle éclabousse et elle est perdue …

Bien entendu, il faut du temps pour que le bassin se remplisse … et ce qui permet au bassin de se remplir, ce sont les bords incurvés et relevés, ce sont ces frontières qui font que l’on peut parler de bassin et non simplement de « plaques », et Jésus les définit clairement : les commandements. « Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour ».

Pour que l’eau de la joie et de l’amour de Dieu, résident réellement en nous, il faut garder les commandements de Dieu, car tous ces commandements se voient comme résumés dans la dernière phrase de cet évangile : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres »

Autrement dit, il faut ajouter cela au XXIème siècle : celui qui prétend aimer Dieu et son prochain sans conserver ses commandements, contredit l’enseignement du Christ et falsifie sa religion … « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je commande ! »

Mais au fait, les catholiques d’aujourd’hui connaissent-ils les commandements ? On ne peut pas observer des commandements qu’on ne connaît pas …

1. Tu adoreras Dieu seul
2. Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain.
3. Tu sanctifieras le jour du Seigneur.

4. Tu honoreras ton père et ta mère
5. Tu ne tueras pas.
6. Tu ne commettras pas d’adultère.
7. Tu ne voleras pas.
8. Tu ne mentiras pas.
9. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain.
10. Tu ne convoiteras le bien d’autrui.

Pardon, je suis sûr que la plupart d’entre vous les connaissez par cœur et par … cœur ! Par ailleurs, Jésus a mis en garde ceux qui, à l’inverse, connaîtraient leur religion sur le bout des doigts (c’était le cas, à son époque) et seraient tentés éventuellement d’en oublier la « substantifique mœlle », comme dirait Rabelais : l’amour …

Pas d’amour sans commandement, pas de commandement sans amour. Ou, pour le dire autrement, un bassin parfait et bien découpé, s’il est sec et sans eau, il ne sert à rien, de même qu’une planche qui n’a pas de bornes ou de limites, ce n’est plus un bassin et il ne sert à rien non plus …

« Marie retenait tous ces évènements et les gardait dans son cœur », dit l’Evangile selon saint Luc … Elle est un bassin qui sait retenir l’amour de Dieu, elle est pour nous ce modèle du mois de Mai, qui nous apprend comment remplir sa mission à la perfection, avec discrétion et efficacité !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 10 mai 2009

Homélie du 5ème dimanche de Pâques - Année B


On a bien souvent du mal à traduire par nos pauvres mots la relation entre Dieu et nous d’une part et notre rapport à Jésus d’autre part. Au sujet de la relation entre nous, nous héritons de la première communauté, le terme de frère. L’évangile de ce jour parle de sarments, de vraie vigne et de vigneron.

Si nous sommes aujourd’hui sarments de la vraie vigne qu’est le Christ, on se rappelle par ailleurs qu’Israël a été aussi désigné comme vigne du Seigneur.

Le premier Testament parle beaucoup de la vigne et du vigneron « amoureux » qui plante un merveilleux plant. Il creuse une tour de garde pour que les bêtes sauvages ne viennent pas la détruire. Il l’entoure d’amour et de tendresse, il attendait un bon raisin ! Le prophète ajoute : Il n’a obtenu qu’un mauvais vinaigre ! Jésus est venu justement à la suite des missions infructueuses des prophètes pour ramener à son Père qui est le Vigneron, le fruit de la vigne et lui l’héritier a été maltraité et tué par des ouvriers.

Alors il détruit l’ancienne image trop pyramidale et s’annonce d’amblée comme étant la vigne. Ainsi donc toute vie lui est désormais liée par le Père. Le vigneron est bien à l’origine de la vigne, montrant le lien de filiation entre le Père et Jésus d’une part et le Père et nous les sarments, nous qui faisons corps avec le Christ. Nous sommes divinisés par son incarnation, notre humanité a été porté par Dieu vers Dieu par l’abaissement et la résurrection du Christ. S’il est descendu jusqu’à la nuit du tombeau, c’est bien pour nous porter dans son ascension pour que désormais nous ne soyons plus loin de Dieu, ni d’esprit , ni de corps. C’est aussi l’unité de la divinité et de l’humanité qui a été opérée par ce geste.

Le Christ est « vigne avec nous » en tant qu’homme, et « vigneron avec le Père » en tant que Dieu, nous explique saint Augustin. En effet il donne la grâce et en ce sens il est vigneron qui donne l’eau, l’engrais, la terre riche en sel minéraux, et la lumière pour le bien des sarments. La vigne est belle par ses sarments, mais les sarments ne valent que par leur attachement à la vigne.

Les sarments sont en effet la partie la plus visible quand ils bourgeonnent et commencent à porter du fruit. Nous sommes donc la beauté de l’Eglise, la face visible de l’église, nous faisons l’image de l’Eglise. De l’image des premières communautés, nous retenons une communauté bien soudée, partage, vivant comme des frères et des sœurs de sang. Quelle image de l’Eglise donnons-nous aujourd’hui ? Quelle est ma part dans le rayonnement de l’image de l’Eglise ?

Par son incarnation et par la belle image de la vigne intimement liée aux sarments, le Christ nous montre que le rendez-vous avec Dieu n’est plus à dix mille lieux d’ici, l’heure de l’adoration en esprit et en vérité a sonné. Le Christ est présent dans nos frères les hommes, juste à côté de nous dans notre quotidien. Le frère, la sœur que je côtois est un tour que Dieu me donne pour me rapprocher de lui, pour lui être intimement lié.

La division et la haine sont les emblèmes du règne du démon tandis que l’unité et l’amour sont les insignes royaux de Dieu. Quel insigne caractérise ma relation aux autres ? Car comme le dit clairement Saint Jean dans la deuxième lecture, « nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ». C’est le grand commandement que le Christ nous a apporté, puissions nous l’observer fidèlement pour rester attacher à la vigne et produire ainsi des fruits qui demeurent.

P. Cyrille Bouda

19 mai 2009

Homélie du 03 mai 2009

Homélie du 4ème dimanche de Pâques - Année B
Les angevins connaissent le boulevard du Bon Pasteur, surtout s’ils habitent au-delà de la Maine. C’est cette large voie qui mène à la route de Nantes en bordant des terrains souvent inondés par la rivière.

Pourquoi lui a-t-on donné ce nom ?
Parce qu’elle a été construite sur des terrains vagues qui longent la vaste propriété des Religieuses du Bon Pasteur, dont c’est la Maison-Mère.

Et pourquoi cette communauté porte-t-elle ce nom ?
C’est en 1828 que, venant d’une maison dénommée « Le refuge », à Tours, la religieuse Mère Marie-Euphrasie Pelletier, avec les conseils et l’aide du curé de la cathédrale, put acquérir une ancienne manufacture et y fonder l’année suivante une petite congrégation.

La Mère Pelletier était une femme de tête. Qu’il suffise de citer ces nombres : quand elle mourut le 24 avril 1868, le Bon Pasteur comptait 118 monastères répartis dans le monde entier, et en 1945, il y avait 360 maisons dans 43 nations. Ces maisons accueillent toujours des jeunes filles et femmes en grand danger pour de multiples raisons.

La Mère Marie-Euphrasie Pelletier avait choisi ce nom de « Bon Pasteur » en référence à la Parole de Jésus dans l’Evangile de ce jour.

Le mot « pasteur » rappelle le contexte rural de l’époque, où l’on voyait couramment des troupeaux de brebis avec leurs bergers. Ce n’est plus aussi parlant pour nous aujourd’hui. Mais l’image est facile à transposer.
Il est vrai qu’actuellement le nom de « pasteur » désigne plutôt les responsables de communautés protestantes. Mais au sens large on parlera du pasteur d’une paroisse, son curé ; du pasteur d’un diocèse, son évêque ; et du pasteur de l’Eglise Catholique, le Pape. Les crosses des évêques rappellent les bâtons des bergers qui guidaient leurs brebis.

Il ne suffit pas de s’intituler pasteur pour en avoir les qualités et l’autorité requises. Et Jésus met en garde contre les faux bergers, les mercenaires qui égarent leurs disciples. Nous voyons combien les sectes prolifèrent de nos jours ! Combien de faux prophètes prétendent apporter le bonheur à l’humanité, alors que leurs intentions sont bien obscures. Elles peuvent aller de l’illuminisme à l’escroquerie pure et simple.
Pour contrecarrer l’action néfaste de ces dangereux personnages, il faut de bons pasteurs, des vrais disciples de Celui qui est l’unique Bon Pasteur. C’est la mission du prêtre.

L’Eglise nous invite, d’une façon encore plus particulière ce 4ème dimanche de Pâques, à prier pour les vocations sacerdotales, pour que ceux qui entendent cet appel y répondent généreusement, et qu’ils trouvent un encouragement dans leur entourage.

Toute personne qui exerce une responsabilité se voit critiquée un jour ou l’autre. Le Pape en sait quelque chose. Mais évitons les jugements hâtifs, les dénigrements non fondés. C’est tout aussi vrai pour les responsables professionnels ou politiques.

L’Apôtre Pierre déjà connaissait la contradiction. Il a guéri un infirme de naissance, à la « Belle Porte » du Temple de Jérusalem. Plutôt que de se réjouir de cette merveilleuse guérison, on le convoque devant le grand conseil d’Israël, cherchant à mettre en doute ses bonnes intentions. Mais, loin de s’enorgueillir d’une grande puissance qui viendrait de lui, rempli de l’Esprit-Saint, il reporte totalement sur Jésus la réalisation de ce miracle et il n’hésite pas à proclamer sa totale confiance en ce Nazaréen qui a été crucifié et qui est ressuscité. « En dehors de Lui, il n’y a pas de salut. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. »
Ce qui ne veut pas dire que seuls les baptisés dans la religion chrétienne parviendront au salut ; mais que Jésus a donné sa vie pour l’humanité entière et que, à leur insu ou non, tous les êtres humains qui seront sauvés le seront par la mort et la résurrection du Christ.

Si nous essayons d’être de fidèles brebis du Seigneur, arrêtons-nous surtout sur ce que nous dit saint Jean dans sa lettre : « Mes Bien-aimés, voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblé ; il a voulu que nous soyons appelés Enfants de Dieu, et nous le sommes… Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à Lui parce que nous le verrons tel qu’il est. »

Destinée qui dépasse toute imagination !
Et devant laquelle nous ne pouvons que reprendre l’acclamation du Psaume :
« Rendez grâce au Seigneur : il est bon !
Eternel est son amour ! » Amen

Père Jean Rouillard

Homélie du 26 avril 2009

Homélie du 3ème dimanche de Pâques - Année B
En lisant l’évangile de ce dimanche, je m’imaginais être à la fois dans la peau des disciples de retour d’Emmaüs, et dans celle des onze apôtres et de leurs compagnons qui entendent cette nouvelle incroyable : le Seigneur leur est apparu sur la route et il a rompu le pain avec eux.

Nous avons sans doute tous fait l’expérience de la présence du Seigneur à nos côtés dans des moments de joie, mais aussi de peine, de trouble et d’angoisse. Une présence qui fait chaud au cœur. Et en même temps, nous pouvons être envahis par le doute car notre foi est bien faible.

Les apôtres et leurs compagnons avaient vécu des évènements terribles : l’arrestation de Jésus et son transfert devant Pilate, le reniement de Pierre, l’un des leurs, la parodie de jugement imposée à Jésus, sa mort sur la Croix et dans le même temps la pendaison de Judas, l’un des leurs lui aussi, un disciple qu’ils avaient accueilli et aimé comme les autres. Ils étaient douze, ils ne sont plus que onze.

Et ensuite Marie de Magdala et d’autres femmes qui viennent leur annoncer la résurrection du Seigneur, mais ils ne les croient pas. Et pour clore le tout, les disciples de retour d’Emmaüs : ils leur disent qu’ils ont rencontré le Seigneur et qu’ils l’ont reconnu lorsqu’il a rompu le pain.

Ils ont beaucoup de mal à avaler tout cela. Et maintenant le Seigneur se trouve au milieu d’eux et vient leur dire « La paix soit avec vous ! » Cette paix qu’il leur avait promise avant sa Passion. Et là, ils ne sont pas plus rassurés pour autant. Ils finissent quand même par le reconnaître, mais il leur a fallu du temps.

Ne sommes–nous pas inquiets parfois comme les apôtres ? Certes, nous venons d’entendre la Parole de Dieu, nous sommes de grands habitués de l’Ancien et du Nouveau Testament, n’est-ce pas, et pourtant nous aussi comme les onze après la résurrection, nous avons parfois du mal à croire.

Il s’agit de croire qu’il est ressuscité et il ne faudrait pas réduire Jésus à ses paraboles ou à un simple signe de ralliement « Aimez-vous les uns les autres ». Jésus est vrai Dieu et vrai homme, il est le chemin et la vie, il est mort et il est ressuscité.

Cette paix que le Seigneur nous a promise, nous la cherchons dans le monde où nous vivons. Oui Seigneur, nous savons bien que tu es ressuscité, mais il y a tant de mensonges, tant de haine, tant de souffrance, tant d’innocence bafouée que le doute quelquefois nous envahit. Mais Seigneur Jésus nous savons que tu es en ce moment avec nous. Malgré nos doutes, c’est le mystère de notre foi.

Et si nous regardons bien autour de nous, il y a plein de signes qui nous disent ta présence parmi nous : notre rassemblement dominical, les baptisés durant la nuit pascale, les étudiants en pèlerinage au Mont Saint-Michel le week-end des Rameaux, le pèlerinage diocésain des malades à Lourdes, les chrétiens qui se forment pour mieux témoigner de leur foi, les jeunes qui laissent tout pour s’engager à ton service.

Le Seigneur rappelle aux disciples qu’il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de lui dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes, et il leur propose de faire un lien entre ce qui s’est passé avant Pâques et ce qu’ils vivent après Pâques. Et pour cela il ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures, non pas pour leur dire que tout est programmé mais que tout ce qui est arrivé est bien dans la logique de l’œuvre de Dieu. Il fallait bien que lui, le fils du Dieu d’amour, traverse la mort et ressuscite pour nous entraîner à sa suite.

La réforme liturgique du concile Vatican II nous offre la possibilité de lire beaucoup plus de textes qu’auparavant. N’hésitons pas à nous nourrir de la Parole, à nous ouvrir nous aussi à l’intelligence des Écritures. Et c’est à la lumière de la Passion, de la mort et de la résurrection de Jésus que nous pouvons comprendre la mission des disciples : proclamer au monde entier la Bonne Nouvelle, proclamer les merveilles de Dieu à tous les peuples.

Oui Seigneur, que ton projet s’accomplisse et que ta volonté soit faite. Nous en sommes les témoins nous aussi, tu es mort et ressuscité. Tu es vivant au milieu de nous et tu nous envoies en mission. Fais de nous des disciples en marche avec nos frères sur la route qui nous conduira à ton Royaume. Ainsi-soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre

17 mai 2009

Homélie du 19 avril 2009 - Année B

Homélie du 2ème dimanche de Pâques 2009
Quelle est la différence entre le carême et le Temps pascal ? Question à mon avis plus complexe qu’il n’y paraît …

Il y a, c’est vrai, un rapport entre la liturgie et la vie de Jésus, d’accord … mais de notre point de vue, concrètement, qu’est-ce qui va changer dans notre vie durant le temps pascal ?

Nous avons pris conscience de nos péchés …allons-nous négliger cette question pendant 50 jours ? Nous avons fait des efforts de conversion …allons-nous tranquillement retomber dans nos mauvaises habitudes ? Nous avons fait un geste en faveur des chrétiens d’Irak … allons-nous désormais les oublier ?

La richesse spirituelle, la fécondité du carême ne sera-t-elle qu’une parenthèse entre la morne plaine du temps ordinaire et la célébration voluptueuse de la puissance de notre estomac ?

Pour résoudre cette difficulté, je vous propose une image insuffisante et parlante à la fois ! C’est l’image d’un montagne. Pour l’escalader, il nous faut un bâton (le jeûne), un sac à dos (le partage) et de la crème solaire (la prière).

Nous avons gravi cette montagne et nous sommes restés sur le sommet pendant 8 jours (octave de Pâques, les huit jours au cours desquels on fête Pâques chaque jour comme si c’était Pâques elle-même). Nous avons pris de la hauteur et constaté qu’il faut sans cesse renouveler le sens de Dieu dans la prière, le sens des autres dans le partage des biens, le vrai sens de soi-même par la maîtrise de nos avidités.

Nous avons constaté que notre carême n’a pas été forcément exemplaire … eh bien bonne nouvelle !!! Les cloches de Pâques n’ont pas sonné le glas de ces activités qui structurent notre personnalité spirituelle.

Dans le versant pascal de la montagne, les chemins sont les mêmes, la beauté du paysage est la même, les cailloux sont les mêmes, mais nous sommes en descente, ou autrement dit : nous nous reposons sur la facilité que représente malgré tout la victoire de Jésus sur le péché dans la passion et la croix, sa victoire sur la mort le jour de sa résurrection.

Et donc, le combat du temps pascal est le même que celui du carême, mais sous l’angle de la victoire du Christ, et à vrai dire, pour que l’image soit intéressante et qu’elle puisse porter du fruit, il faut ajouter un dernier détail : une fois descendue la montagne des 50 jours du temps pascal, le temps dit ordinaire reprend ses droits, et à vrai dire, il les a repris sans doute un peu avant … ce qui signifie que cette ascension et cette descente que sont carême et temps pascal sont une œuvre annuelle de sanctification du temps, qui se reproduit à vrai dire chaque semaine ; chaque semaine étant, que Dieu nous l’accorde, une semaine sainte, qui repose sur l’expérience du Christ et sur sa victoire, pour que le Royaume se manifeste en nous, et s’étende un peu plus loin …

Aujourd’hui, c’est Pâques, comme chaque dimanche, nous devons donc sanctifier ce jour ( « tu sanctifieras le jour du Seigneur, dit le 3ème commandement »)

Je vous invite à vous demander comment vous sanctifiez le jour du Seigneur … bien sûr, il y a la messe du Dimanche, le sommet de la semaine, et qui est le minimum que l’Eglise indique à ses fidèles pour que chaque semaine sainte mérite ce nom. Mais il me semble qu’il y a aussi mille petites choses qui feront de nos dimanches des pâques hebdomadaires : il y en a qui disent le benedicite le dimanche, d’autres qui disent le chapelet, d’autres qui s’habillent mieux (n’existe-t-il pas une expression « être endimanché » qui manifeste cette coutume ? C’est bien de se faire beau le jour du Seigneur ! D’autres font un repas plus travaillé, c’est aussi une sanctification du dimanche, d’ailleurs à ce propos, je signale que je suis souvent libre pour le déjeuner …

Bref, la participation à la messe du dimanche est évidemment le noyau dur de cette sanctification. Cependant, il est bon de s’interroger et de s’appuyer, en fait, sur la grâce de Pâques, pour relancer ces petites choses qui font les grands dimanches et qui nous font progresser dans la sainteté.

C’est dans ce contexte que l’on comprend mieux l’invitation du Pape Jean-Paul II à faire de ce 2ème dimanche de Pâques le dimanche de la miséricorde, car celle-ci n’est pas seulement pénitentielle, elle est l’inclination de Dieu sur la terre ; je cite Sœur Faustine (ou plutôt Jésus dans le récit de sœur Faustine), qui aura le dernier mot : « Que les âmes qui tendent à la perfection adorent particulièrement ma miséricorde, car l’abondance des grâces que je leur accorde découle de ma miséricorde. Je désire que ces âmes se distinguent par une confiance illimitée en ma miséricorde. Je leur procure tout ce qui peut être nécessaire à leur sainteté. Les grâces de ma miséricorde se puisent à l’aide d’un unique moyen – et c’est la confiance ».

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 12 avril 2009- Pâques Année B

Homélie du matin de Pâques
Connaissez-vous l’histoire de Steve Jobs et Steve Wosniak ? Ce sont les deux hommes qui font naître Apple … dans un garage ( !) de 1979 à 1984. Le secret de leur réussite ? La Passion et le travail, malgré une pauvreté de moyens (un garage !!!)

Lorsque les 12 apôtres ont pris la parole, sur une place de Jérusalem et que Jésus était mort et enterré depuis 40 jours, sans que les foules de Jérusalem aient pu le voir ressuscité, un bookmaker n’aurait pas donné cher de cette aventure … Nous sommes en 2009, cela fait plus de 2000 ans, pourtant, que l’aventure de l’Evangile a commencé … et elle est loin d’être terminée !!!

Ceci nous amène à nous pencher sur la 1ère lecture : quel était le bagage des apôtres ?

A la différence de nos deux amis Steve, il s’agissait plutôt d’ignorants, il ne faut donc pas chercher de bagage intellectuel ; Saint Luc, tout au plus, Saint Jean peut-être, mais la plupart ne savaient ni lire ni écrire …

Pour désigner avec précision leur bagage, il faut prononcer un gros mot : « Kérygme »

Après tout, on apprend des tas de mots compliqués dans bien des domaines : algorithme, anticonstitutionellement, Bifidus, acariens, coléoptères … on peut bien apprendre un mot compliqué qui concerne la religion, puisque c’est le bagage des apôtres, et donc le nôtre ! C’est avec cela, le « kérygme », qu’ils ont mis le feu au monde entier. Et le kérygme, qu’est-ce que c’est ? La première lecture !

Jésus de Nazareth, Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. « Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts. Il nous a chargés d'annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts. C'est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés

S’il fallait, donc, résumer le kérygme, je dirais qu’il y a deux éléments essentiels :
1) une expérience de Jésus
2) un récit des évènements de sa vie ou « kérygme »

une expérience de Jésus
« Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts »

A la base de notre foi, il y a le témoignage des apôtres qui l’ont vu vivant. Sur quoi repose notre foi ? On peut répondre avec assurance : sur le témoignage des apôtres qui l’ont vu vivant ! Et cette expérience de Jésus, nous la faisons aujourd’hui ! Nous la faisons dans notre vie de Foi, d’Espérance et de Charité, lorsque nous parlons à Dieu dans la prière, lorsque nous tenons dans l’Espérance malgré des épreuves, lorsque nous sommes attentifs les uns aux autres, et en particulier aux pauvres, lorsque toute notre vie devient Eucharistie, comme nous le disait le Père Cyrille …

Dieu n’est-il pas présent dans notre frère ? Jésus n’est-il pas présent dans l’Eucharistie ? Jésus n’est-il pas présent dans sa parole ? Jésus n’est-il pas présent quand ou deux trois sont réunis en son nom ? Jésus n’est-il pas présent dans le diacre, le prêtre, l’Evêque ? Jésus n’est-il pas présent dans l’icône, image sainte ?

Oui, nous faisons l’expérience de Jésus, nous mangeons et nous buvons en sa présence, nous mangeons et nous buvons sa présence !

A la base de l’aventure de l’Evangile, hier, comme aujourd’hui, il y a bien l’expérience de Jésus …

Et puis il y a le kérygme (kerugma, en grec, l’annonce), à savoir :
Jésus, Fils de Dieu, après avoir vécu sur la terre est mort, il est ressuscité d’entre les morts, il est apparu aux disciples, et il est monté au ciel.

C’est tout ce qu’il y a à savoir pour mettre le feu au monde entier, un feu d’amour, mais enfin un feu !

Voyez comme la semaine sainte s’éclaire : la semaine sainte nous fait goûter le kérygme, il nous fait vivre, revivre le kérygme, afin que, le connaissant avec notre tête et avec notre cœur, nous puissions continuer l’aventure de l’Evangile.

Pour terminer, je dois tout de même, avec l’aide bien involontaire d’Apple, ajouter deux éléments déterminants : la passion et le travail.

La passion pour le Christ et pour l’Evangile, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint : c’est pourquoi le temps pascal se termine par la Pentecôte, car sans l’Esprit, comment recevoir la passion ? Sans lui, pourquoi nous fatiguerions-nous à annoncer Jésus-Christ à des gens qui ne s’y intéressent pas, ou à des gens qui sont hostiles à la religion ? Sans lui, les apôtres n’auraient rien fait du tout, et sans lui, nous serons incapables de porter cette bonne nouvelle de la résurrection. Il est donc un élément indispensable de l’évangélisation du XXIème siècle (c’est la PASSION).

et le second élément, c’est le travail : il nous faut travailler, c’est-à-dire nous former,
lire, suivre des formations, des catéchèses … nous avons maintenant avec Internet la possibilité de suivre des émissions de toutes les radios et télévision du monde sur des sujets qui nous forment …

Travailler, c’est aussi se jeter à l’eau (le parcours Alpha est un exemple…), bien qu’il y ait mille manières, c’est vrai, d’évangéliser…

Expérience de Jésus, kérygme, Esprit Saint, Travail, voilà les ingrédients de l’évangélisation du XXIème siècle, à nous d’imaginer les recettes …

P. Emmanuel d'Andigné
Connaissez-vous l’histoire de Steve Jobs et Steve Wosniak ? Ce sont les deux hommes qui font naître Apple … dans un garage ( !) de 1979 à 1984. Le secret de leur réussite ? La Passion et le travail, malgré une pauvreté de moyens (un garage !!!)

Lorsque les 12 apôtres ont pris la parole, sur une place de Jérusalem et que Jésus était mort et enterré depuis 40 jours, sans que les foules de Jérusalem aient pu le voir ressuscité, un bookmaker n’aurait pas donné cher de cette aventure … Nous sommes en 2009, cela fait plus de 2000 ans, pourtant, que l’aventure de l’Evangile a commencé … et elle est loin d’être terminée !!!

Ceci nous amène à nous pencher sur la 1ère lecture : quel était le bagage des apôtres ?

A la différence de nos deux amis Steve, il s’agissait plutôt d’ignorants, il ne faut donc pas chercher de bagage intellectuel ; Saint Luc, tout au plus, Saint Jean peut-être, mais la plupart ne savaient ni lire ni écrire …

Pour désigner avec précision leur bagage, il faut prononcer un gros mot :
« Kérygme »

Après tout, on apprend des tas de mots compliqués dans bien des domaines : algorithme, anticonstitutionellement, Bifidus, acariens, coléoptères … on peut bien apprendre un mot compliqué qui concerne la religion, puisque c’est le bagage des apôtres, et donc le nôtre ! C’est avec cela, le « Kérygme », qu’ils ont mis le feu au monde entier. Et le Kérygme, qu’est-ce que c’est ? La première lecture !

Jésus de Nazareth, Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. « Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts. Il nous a chargés d'annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts. C'est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés

S’il fallait, donc, résumer le kérygme, je dirais qu’il y a deux éléments essentiels :
1) une expérience de Jésus
2) un récit des évènements de sa vie ou « kérygme »

une expérience de Jésus
« Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts »

A la base de notre foi, il y a le témoignage des apôtres qui l’ont vu vivant. Sur quoi repose notre foi ? On peut répondre avec assurance : sur le témoignage des apôtres qui l’ont vu vivant ! Et cette expérience de Jésus, nous la faisons aujourd’hui ! Nous la faisons dans notre vie de Foi, d’Espérance et de Charité, lorsque nous parlons à Dieu dans la prière, lorsque nous tenons dans l’Espérance malgré des épreuves, lorsque nous sommes attentifs les uns aux autres, et en particulier aux pauvres, lorsque toute notre vie devient Eucharistie, comme nous le disait le Père Cyrille …

Dieu n’est-il pas présent dans notre frère ? Jésus n’est-il pas présent dans l’Eucharistie ? Jésus n’est-il pas présent dans sa parole ? Jésus n’est-il pas présent quand ou deux trois sont réunis en son nom ? Jésus n’est-il pas présent dans le diacre, le prêtre, l’Evêque ? Jésus n’est-il pas présent dans l’icône, image sainte ?

Oui, nous faisons l’expérience de Jésus, nous mangeons et nous buvons en sa présence, nous mangeons et nous buvons sa présence !

A la base de l’aventure de l’Evangile, hier, comme aujourd’hui, il y a bien l’expérience de Jésus …

Et puis il y a le kérygme (kerugma, en grec, l’annonce), à savoir :
Jésus, Fils de Dieu, après avoir vécu sur la terre est mort, il est ressuscité d’entre les morts, il est apparu aux disciples, et il est monté au ciel.

C’est tout ce qu’il y a à savoir pour mettre le feu au monde entier, un feu d’amour, mais enfin un feu !

Voyez comme la semaine sainte s’éclaire : la semaine sainte nous fait goûter le kérygme, il nous fait vivre, revivre le kérygme, afin que, le connaissant avec notre tête et avec notre cœur, nous puissions continuer l’aventure de l’Evangile.

Pour terminer, je dois tout de même, avec l’aide bien involontaire d’Apple, ajouter deux éléments déterminants : la passion et le travail.

La passion pour le Christ et pour l’Evangile, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint : c’est pourquoi le temps pascal se termine par la Pentecôte, car sans l’Esprit, comment recevoir la passion ? Sans lui, pourquoi nous fatiguerions-nous à annoncer Jésus-Christ à des gens qui ne s’y intéressent pas, ou à des gens qui sont hostiles à la religion ? Sans lui, les apôtres n’auraient rien fait du tout, et sans lui, nous serons incapables de porter cette bonne nouvelle de la résurrection. Il est donc un élément indispensable de l’évangélisation du XXIème siècle (c’est la PASSION).

et le second élément, c’est le travail : il nous faut travailler, c’est-à-dire nous former,
lire, suivre des formations, des catéchèses … nous avons maintenant avec Internet la possibilité de suivre des émissions de toutes les radios et télévision du monde sur des sujets qui nous forment …

Travailler, c’est aussi se jeter à l’eau (le parcours Alpha est un exemple…), bien qu’il y ait mille manières, c’est vrai, d’évangéliser…

Expérience de Jésus, kérygme, Esprit Saint, Travail, voilà les ingrédients de l’évangélisation du XXIème siècle, à nous d’imaginer les recettes …

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 11 avril 2009 - Pâques Année B

Homélie de la Vigile de Pâques 2009
Merci, Vous qui allez être baptisées ce soir pour ce cadeau merveilleux que vous nous faites : rajeunir notre baptême ! Je voudrais à mon tour vous faire un cadeau, c’est une histoire qu’on raconte dans les parcours alpha …

« On m’a parlé d’un jeune homme, qui avait perdu sa ferveur pour le Seigneur, et il a cherché le conseil d’un chrétien âgé et plein de sagesse. Mais celui-ci restait silencieux. Comme ils étaient assis près du feu, le vieil homme se lève, prends les pinces à charbon, saisit une braise ardente, la sort du feu, et la pose sur le rebord de la cheminée. Puis il revient s’asseoir, toujours silencieux. Et le jeune homme voit la braise refroidir, s’éteindre, et devenir toute noire. Le vieil homme se relève, ramasse le morceau de charbon refroidi, le remet dans le feu et la braise recommence à rougir. Et là, le jeune homme se lève et il sort ayant compris pourquoi il avait perdu son enthousiasme. « Un chrétien isolé; c’est un chrétien en danger. »

Et moi je serais pareil, croyez-moi, si je ne me plongeais pas régulièrement dans le feu de la paroisse !!!

Vous avez votre place dans la paroisse, tout le monde a sa place, prenez votre place ! Sinon, l’amour de Dieu va se refroidir en vous

Dans un feu, on ne range pas les braises, et donc il est bon qu’il y ait de la diversité, des jeunes, des vieux (il y en a ici ?), des gens qui sont sensibles à la tradition, d’autres qui sont d’avantage soucieux de communiquer avec le monde, bref … nous formons une famille et c’est très bien ainsi.

Je connais un lecteur du dimanche matin, qui lit très bien et qui a l’habitude de faire la première lecture …eh bien je suis sûr qu’il serait très heureux de vous laisser sa place si vous présentiez à la messe pour faire une lecture !

Priez la Vierge Marie, elle est la cheminée dans laquelle le feu est né. Le feu, le départ du feu, c’est Jésus, bien sûr, qu’elle a porté en elle, et c’est elle encore qui nous porte, avec l’Eglise, qui est comme une mère pour nous, chargée de porter le feu de l’amour de Dieu au monde.

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 10 avril 2009 - Vendredi saint année B

Homélie du Vendredi saint 2009
Chers frères et sœurs, il n’y a plus à proprement parlé de quoi dire en ce grand jour de silence. Dieu nous a parlé par la force de sa mort sur la croix.
Les questions que se posaient les disciples de Jésus après sa mort sont aussi aujourd’hui les nôtres.
Pourquoi est-il passé par la mort ? Pourquoi, passé par la crois, le signe des malfaiteurs ? la réponse ne se pas faite a force de paroles, mais une parole vivante : « la mort sur la croix » ; et comme si cela ne suffisait, on lui ouvre le côté.
Le côté ouvert de Jésus, c’est l’expression ultime du "jusqu’à l’extrême " énoncé par l’évangéliste avant le lavement des pieds que nous avons entendu hier. Non seulement ce corps crucifié est éteint après avoir tout donné de lui-même ; il y faut encore un coup ; un coup symbolique, puisqu’il atteint la région du cœur. Son sang, mêlé à l’eau dont nous parle l’écriture est l’expression de cela « jusqu’à l’extrême », pas une goûte ne fut épargnée. Quelle folie d’amour !
Et moi, quelle est ma réponse au quotidien à cet extrême de Dieu ? Puissions-nous mourir dans tout ce qui nous cloisonne, nous empêche d’aller vers Dieu et les autres pour ressusciter avec lui dans la gloire éternelle

P. Cyrille Bouda

Homélie du 09 avril 2009 - Jeudi saint année B

Homélie du Jeudi saint 2009
Chers frères et sœurs ;
Dans la même célébration l’église nous associe à la joie de l’institution du sacrement de l’eucharistie et du ministère sacerdotal. Chers confrères dans le sacerdoce, bonne fête ; bonne fête à toutes et à tous car nous participons tous au sacerdoce du christ.
« Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez ». Le symbole de la mort, de la souillure est désormais un signe de vie, un signe de salut. C’est le message transversal de ce tridium pascal qui commence ce soir par la célébration très sainte de la cène du Seigneur. Le sang de l’agneau est devenu une passerelle entre Dieu et les hommes, paradoxe d’un Dieu qui ne ménage rien pour libérer son peuple ; pour le racheter de l’esclavage du péché.
Le symbole a choqué et continue de choquer ; comment cela est-il pensable ?manger le corps de son Seigneur, boire de son sang et c’est ça l’aimer ? Vérité déconcertante qui nous amène à nous décentrer de nous même, pour voir autrement la noblesse du cœur, la dimension du cœur de Dieu.
Parmi autres richesses des textes de ce soir, figure aussi le devoir et l’héritage de l’imitation d’un Dieu qui s’est fait offrande, pour le salut du monde. « Faites ceci en mémoire de moi ». Que signifient toutes ces paroles pour moi aujourd’hui?
L’eucharistie, ce quotidien qui ne finit pas de dévoiler sa profondeur, sa teneur. Nous la vivons et nous l’approchons à des rythmes divers ; elle est le sacrement de notre réconciliation avec Dieu, elle est l’expression de notre communion fraternelle entre nous, fils et fille d’une même église qu’aucune frontière ne sépare ni ne divise. Elle est à ce titre un immense projet de solidarité pour l’humanité toute entière. Comme le disait le pape Jean-Paul II d’heureuse mémoire, « l’église renouvelle continuellement sa conscience d’être signe et instrument non seulement de l’union intime avec Dieu, mais aussi de l’unité de tout le genre humain » (lettre apostolique Mane nobiscum Domine, octobre 2004).

Ainsi donc l’Eglise fut au long des âges, reflet de l’amour de Dieu pour tous les hommes ; elle porta et continuera de porter sur elle la charge de la charité de Dieu. Ainsi donc la charité n’est plus une option ni pour l’Eglise ni pour le chrétien mais un impérieux devoir car eucharistie va de pair avec service de l’homme.
« faites ceci en mémoire de moi » voilà bien l’ordre de mission qui nous est délivré à l’issue de chaque eucharistie et qui nous renvoie au plus profond de la réalité. Ce programme se rattache à un a un grand pan de la vie de Jésus et en fait le récapitulatif. Jésus avait au long de son chemin dans l’histoire des hommes, le service des pécheurs et pauvres, la rencontre des pharisiens et des publicains, l’attention aux malades, aux personnes rejetées par la société et montrer du doigt.
« Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?...si je vous ai lavé les pieds…vous aussi vous devez vous lavez les pieds des autres » (Jean 13,14) voilà ce dont il s’agit de faire mémoire. C’est bien autre chose que de réitérer un rite d’ablution pour se purifier soi-même. A travers cette liturgie, nous faisons mémoire de tout ce que ce geste représente (rend présent) de l’existence de Jésus.
Faire mémoire est tout autre chose que de prendre un peu de pain, un peu de vin et de prononcer quelques paroles priantes et mystérieuses. Cela ne suffirait pas à se conformer et donner sens à l’héritage reçu du Christ. L’évangile nous invite par le signe du lavement des pieds que le Curé reproduira tout à l’heure à l’unité entre la célébration liturgique et le quotidien du service des frères. Il nous rappelle qu’en amont de chaque célébration eucharistique, nous sommes invités à servir à la manière dont le Christ a servi.
L’acte de mémoire ne s’achève pas dans une cohérence avec le passé de ce que nous avons vécu. Le lavement des pieds ouvre sur l’avenir, nous débarrasse de la lourdeur de nos égoïstes et nous propulse sur le chemin de l’amour vrai de nos frères et sœurs.
Pour le Christ la suite à consister à aller de l’autre côté du torrent du Cédron où sa parole s’est incarnée, car là il a livré sa vie jusqu’à l’extrême. Nos célébrations eucharistiques ont un au-delà par où il faut passer pour rendre plus vrai notre participation au sacrifice du Christ. C’est ainsi que nous nous inscrirons à notre mesure, dans la foi en cette tradition de l’évangile. C’est la cohérence entre célébration et notre vie quotidienne qui est mise en jeu.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous passer ce sacrifice unique, irremplaçable qui oriente désormais notre action. C’est l’unique source qui inspire, soutien et rend possible notre charité dans son ouverture la plus large.
Que son corps livré soit toujours notre force, pour que comme lui prêtre et holocauste, notre vie devienne offrande agréable à Dieu et participe à chaque instant au bonheur et à l’épanouissement de tous les hommes, nos frères. Que Marie, mère de Dieu et de l’Eglise nous accompagne de sa constante prière et protection.

P. Cyrille BOUDA

Homélie du 29 mars 2009

Homélie du 5ème dimanche de carême - Année B
« Voici venir des jours où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Judas une alliance nouvelle. » Cette parole est le signe de l’espérance de tout un peuple ; du pays de l’exil, plus rien ne leur restait humainement ; alors ils se souvinrent de la fidélité d’un Dieu à l’alliance. Un Dieu qui a toujours attendu le retour de l’homme et qui redit : « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple », c'est-à-dire qu’ils seront à nouveau dans un rapport de vérité, dans la vérité de leur relation filiale. Quand l’homme a perdu Dieu de vue, le Seigneur manifeste l’éclat de sa gloire et la splendeur de son dessein d’amour. Dieu est le maître de l’impossible, il est celui qui pardonne. Même lorsque la division est si profonde qu’une même famille ne porte plus le même nom, même quand le peuple élu est devenu la maison d’Israël et la maison de Juda, le Seigneur les appelle toujours « mon peuple ». un peuple sur lequel il veille en permanence et pour qui rien ne manque.
« Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai dans leur cœur ». Ne faisons pas de cette loi qui est inscrite au fond de nos cœurs des grains tombés au bord de la route que les oiseaux du ciel ramasseront ; n’ouvrons pas nos cœurs aux râpasses qui le videront de ses trésors ; cette loi est enfouie dans cœurs pour être au contact de la chaleur de nos cœurs, une chaleur qui la fera pousser et qui en fera des arbres de justices, de paix et d’amour.
La profondeur de nos cœurs est à priori le terrain propice que Dieu a trouvé pour que sa loi soit à l’abri des vents du malin et qui emportent ce qui est sans consistance et ce que nous exposons sur son passage. Le cœur de chacun est ce terrain aménagé par Dieu, protégé de l’érosion du mal, des tempêtes des courants contraires au respect de la vie, et de l’homme, ce terrain est ce qu’il y a de mieux pour que poussent le jardin de l’amour, de la paix et de la joie.
Il enfoui sa loi au plus profond de nous pour que rien ne déterre cette loi ; que les vagues du péché, que la recherche de facilité et de raccourci de ce monde ne déterre et n’emporte cette loi ; qui en fait est comme une source qui vient des profondeurs et qui donne la vie autour d’elle.
Désormais, les hommes reçoivent de Dieu la capacité d’aimer Dieu et de respecter son amour. Cela devient pour eux comme une seconde nature, cela fait partie d’eux-mêmes. Dieu a changé le cœur de l’homme pour que l’homme puisse aimer à nouveau et se reconnaître fils de Dieu.
Le psalmiste, lui aussi, place toute son espérance en Dieu et garde les yeux fixés sur lui. Lui seul peut faire quelque chose, la foi permet de formuler l’inimaginable : « crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu ». La Nouvelle Alliance est en effet une création nouvelle, qui est scellée dans le pardon de Dieu, dans l’initiative de Dieu.
C’est la continuité de la foi en l’homme malgré son passé, malgré sa faute au long de l’histoire. Il nous a crée sans nous mais il nous sauve pas sans nous. La liberté de l’homme de garder cette semence de la loi de Dieu dans son cœur reste totale. Celui qui accorde de l’intérêt, des soins à cette semence lui donne les moyens de pousser, de croître et de profiter à d’autres. Celui qui contredit, pire celui qui s’insurge contre cette loi, la tue en son sein et participe à sa destruction autour de soi. « qui n’est pas contre nous est pour nous ». Car la loi est profondément inscrite dans nos cœurs mais elle nous est donnée aussi dans l’église épouse du Christ qui a cette mission de conduire tous les hommes au Christ.
Le parcours des enfants de Dieu passe inexorablement par des chemins de vie ; des chemins propres qui ne peuvent être assimilés à d’autres « les chrétiens sont dans le monde mais ils ne sont pas du monde », ils doivent donc avoir perpétuellement les yeux levés vers leur modèle le Christ qui les appelle à sa suite. De leurs fréquences de communication au Christ dépendra la fécondité et l’efficacité de leur action. Et ce chemin est celui de la croix.
Le Christ, pendant sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort. Une prière qui fut exaucée autrement parce qu’il s’est soumis, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel. C’est cet aspect que nous devons voir aussi ; la vie du chrétien n’est pas tout rose, le Fils de Dieu n’a pas échappé à la souffrance. « Père ! Délivre-moi de cette heure ! » ! Souvenons-nous de ce que Jésus nous dit « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits ».
Seigneur, “l’heure” de ton Eglise et de tes fidèles ne sont pas séparables de la tienne, mais hélas ce sont mes résistances à entrer dans la logique du don total, de la confiance totale qui freinent la glorification de ton Epouse et de mes frères. Oui je le reconnais : j’aime encore ma vie d’un amour de convoitise ; ou pour le dire autrement, j’y suis attaché en ce monde pour d’autres motifs que le service de ceux que tu me confies. Apprends-moi à ne rien te préférer, de manière à chercher à te servir en toutes choses et à demeurer avec toi en toutes circonstances. Si j’accepte ainsi de mourir à moi-même, je suis sûr de “donner beaucoup de fruits” dans l’amour que toi et ton Père me portent. C’est pourquoi je te supplie : “Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle-moi dans ton Esprit Saint. Qu’il me soutienne chaque jour de ma vie, afin que je puisse enseigner aux pécheurs tes chemins et que reviennent vers toi les égarés”, selon ton dessein d’amour sur tout homme. »

P. Cyrille Bouda