27 mai 2009

Homélie du 24 mai 2009

Homélie du 6ème dimanche de Pâques - Année B
Jeudi dernier, j’ai évoqué le baptême et la foi comme nécessaires, ensemble, au Salut, à partir de Marc 16,16 … la lecture d’un passage du concile m’a obligé (et c’est tant mieux !) le mot de « religion ». Un Monsieur m’interpelle à la fin de la messe et me demande « religion ou foi ? Ne faut-il pas préférer la foi à la religion ? »

Dans nos lunettes, le plus important est la monture ou les verres ? Les verres, me direz-vous, mais sans la monture, vous répondré-je, les verres ne tiennent pas : nous avons besoin de la religion pour tenir la foi ; Dieu lui, c’est vrai, peut se passer de religion, mais nous non …

Jn 17, que nous venons d’entendre, est ce que l’on appelle traditionnellement la « prière sacerdotale » : elle exprime l’essence du sacerdoce, elle fait comprendre l’âme du prêtre (que le prêtre lui-même tente d’explorer, car seul Jésus est prêtre au sens parfait et plénier du terme, nous ne faisons que participer au sacerdoce du Christ).

Etre prêtre, c’est faire le lien entre la terre et le Ciel, et c’est d’ailleurs bien ce que les gens sentent, même lorsque la religion leur paraît lointaine et inaccessible …

Et cette période de l’Ascension est favorable pour comprendre ce lien entre ciel et terre, elle montre que nous sommes faits pour monter, que le Ciel est notre destination, la vie éternelle !!!

Jn 17, c’est aussi une « fenêtre ouverte » sur la Trinité, l’intimité trinitaire nous est dévoilée, non pas une indiscrétion mystico-bizarre, mais un avant-goût de cette intimité familiale dont nous jouirons au Ciel, une intimité toute simple entre le Fils et son Père, au regard de laquelle nous découvrons qu’elle est accessible à tous. Ceci illustre une grande partie de la vie du Christ, et à vrai dire la raison de sa venue sur la terre : pour nous, « pro nobis » ! Nous prononçons cette expression dans le Credo de Nicée : « pour nous, les hommes et pour notre Salut, il descendit du Ciel ».

Cette expression est très précieuse, malgré sa simplicité ! Pourquoi Jésus a-t-il été baptisé, lui qui n’en n’avait pas besoin ? Pour nous ! Pourquoi Jésus a-t-il soudain un jour exulté sous l’action de l’Esprit Saint , lui qui de toutes façons en était rempli en permanence ? Pour nous ! Pourquoi Jésus a-t-il souffert la Passion et pourquoi est-il mort, alors qu’il aurait pu nous sauver de mille autres manières ? Pour nous, pour que nous puissions, tout d’abord, gravir toutes les marches de la vie en prenant appui sur l’exemple du Christ, et faire de toute la vie un escalier qui mène à Dieu. Il a franchi toutes nos marches pour que franchissant les nôtres, que nous connaissons bien, nous nous apercevions que le bout de notre route est en fait le début d’une autre, bien plus belle encore, et qui ressemble donc, à cette intimité familiale qu’on appelle Trinité et qu’il nous ouvre dans cette grande prière.

Nous devenons alors capables de comprendre comme de l’intérieur, avec des mots humains, ce qui se passera là-haut et ce qui se passe en fait déjà dans la vie spirituelle : c’est ce que nous appelons la vie mystique, c’est-à-dire ce coin de ciel qu’il y a en nous et qui nous paraît tour à tour très simple et très mystérieux, comme l’amour …

Mais encore une fois, l’amour est un grand mot qui réclame des actes …

Dans ce court passage de la prière sacerdotale, Jésus émet quatre vœux : que Dieu nous rende fidèles (ce qui veut dire que nous ne faisons pas tout dans la lutte pour la fidélité !), que nous soyons bien unis les uns aux autres, que notre joie soit parfaite (Jésus le dit souvent !) et enfin que nous soyons « consacrés dans la vérité », c’est-à-dire mis à part pour un usage noble (c’est bien le sens du mot « consécration »), à savoir la recherche de la vérité, l’amour de la vérité.

Or cette « consécration » à la vérité a un prix : la haine du Christ existe bel et bien ! En Egypte, vous le savez, il y a eu l’affaire des cochons détruits par l’Etat pour en fait asphyxier les éleveurs de porcs, tous chrétiens par définition, au prétexte de la grippe porcine … La haine du Christ existe bel et bien, les chrétiens d’Irak, du Soudan, de Palestine, d’Indonésie, … le savent bien !

La mystique enseignée par le Christ est très réaliste, elle a les pieds sur terre, et c’est sans doute pour cela que Jésus, sur la croix, a confié l’Eglise à Marie sa mère, une femme, afin qu’elle communique son sens pratique à chacun de ses enfants. Confions-lui toutes nos affaires, tant matérielles que spirituelles, d’ailleurs elle saura en prendre soin !

P. Emmanuel d'Andigné

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